En passant, il est assez distrayant de voir la polémique violente entre Colin McGinn et Ted Honderich sur son dernier livre de philo de l'esprit (qui défend la thèse étrange dite de l'externalisme radical selon laquelle la pensée n'est pas un acte intentionnel sur son objet mais est son "objet"). McGinn l'a descendu avec les termes les plus radicaux de toute critique mais le terrain a enflé au-delà de la philosophie vers la politique (Honderich est un célèbre philosophe déterministe mais aussi un gauchiste connu pour des positions plutôt pro-palestiniennes qui l'ont fait accuser d'excuser le terrorisme, ce dont il se défend) et même des enjeux personnels qui apparaissent rarement dans le texte imprimé (Honderich l'accuse de lui en vouloir après une dispute il y a 25 ans). Voir les articles chez Honderich et chez Leiter.
While Robert Adams and Alvin Plantinga and William Alston were something of anomalies in their generation, the large number of overtly Christian philosophers, who are fairly prominent philosophers as well, in the younger generation (e.g., those under 50 roughly) is quite large, and includes, among others, John Hawthorne (Oxford & Rutgers), Dean Zimmerman (Rutgers), Keith DeRose (Yale), Michael Rea and Fritz Warfield (Notre Dame), Robert Koons (Texas), Michael Bergmann (Purdue), and Mark Murphy (Georgetown)--and that's just off the top of my head. To be sure, religious philosophers are probably still a minority in academic philosophy in the U.S., but my sense is they are less of a minority than 25 years ago.
Cela pourrait s'expliquer de plusieurs façons. Rea et Zimmerman par exemple ont simplement été formés par Plantinga et Van Inwagen, la nouvelle école calviniste de philosophie analytique, ce n'est donc qu'une expansion à partir de la génération précédente.
Mais s'il y a vraiment un essor de philosophes professionnels dévots aux USA après une période où les Aufklärer et positivistes dominaient clairement toute l'après-Guerre, cela conduit à 2 questions, l'une sociologique et l'autre philosophique :
1) se pourrait-il que le 4e Grand Réveil religieux américain que nous subissons actuellement aurait des effets dans la communauté philosophique, ce qui prouverait que les philosophes n'échappent pas du tout aux modes et préjugés de leur époque (c'est hélas une très vraisemblable démystification de toute la posture philosophique).
2) plus inquiétant encore, le renouveau actuel de la Métaphysique depuis le tournant ontologique des années 70 avec Kripke, Lewis, Fodor servirait-il aussi de retour du refoulé à la partie théologique de la Métaphysique ? Les divers adversaires de la Métaphysique qui n'y voient qu'une scolastique ou une idéologie subreptice conduisant à postuler des arrières-mondes auraient-ils en partie raison ? Kripke était religieux, Lewis et Fodor étaient athées (même si Fodor a une position que je ne comprends pas, physicaliste mais anti-adaptationiste, comme Chomsky), mais il est normal sociologiquement que les philosophes religieux aient saisi ces nouveaux outils métaphysiques et exploitent une partie du "champ" (même si le réalisme australien naturaliste et même résolument matérialiste a été l'un des paradigmes les plus vivaces dans la métaphysique contemporaine). Certes, on peut être anti-matérialiste et naturaliste (Chalmers), voire anti-naturaliste sans postuler d'explication surnaturelle non plus (je suppose que c'est le Mystérianisme post-wittgensteinien de McGinn ou de Chomsky).
Mais je pense que la Métaphysique est innocente au moins de cette faute. On peut le prouver par la précédente période anti-métaphysique. Le pragmatisme américain a toujours offert une résistance faible à la religion (rappelant que l'empirisme et le scepticisme ne sont pas toujours liés au projet anti-religieux des Lumières). En France, la religion allait avec le spiritualisme évolutionniste (de Bergson par exemple) puis avec une partie de l'existentialisme et de l'ontologie héideggerienne. Aux USA, James (et ensuite Wittgenstein) fournissait une sorte de manière "respectable" d'être religieux en surmontant une opposition entre science théorique et formes de vie (il en va de même avec la philosophie continentale qui s'implante aux USA dans des séminaires religieux sur une sorte de malentendu entrentenu).
"Fodor a une position que je ne comprends pas, physicaliste mais anti-adaptationiste, comme Chomsky"
RépondreSupprimerBizarrement, c'est l'adaptationnisme qui m'a toujours paru à la limite de l'anti-naturalisme. Il me semble qu'il y a là une ré-introduction subreptice de la téléologie qui fait assez bon marché de la contingence. Je suppose que je dois me tromper quelque part parce que la plupart de mes copains spécialistes de la philo de la biologie et de l'anthropologie cognitive sont adaptationnistes. N'empêche que j'ai beau y réflêchir, je n'arrive pas donner raison à Dennett face à Fodor.
Sinon je poste cette réponse principalement pour vous dire que j'aime beaucoup ce blog et parce que ce serait indécent de le dire sans commenter par ailleurs!
Merci !
RépondreSupprimerJe ne suis pas sûr mais avec assez de temps, l'adaptationnisme reste bien compatible avec le simple hasard + sélection environnementale, non ?
Mais je crois comprendre des arguments de Chomsky/Fodor qu'il ne voit pas comment l'adaptation pourrait expliquer des phénomènes cognitifs supérieurs mais cela revient à un Nouveau Mystérianisme un peu préoccupant (parce qu'il y a une analogie avec d'autres objections qui passeraient de l'anti-adaptationnisme à l'anti-évolutionnisme).
Le naturalisme, c'est avant tout chercher une explication et on n'a pas encore mieux sur le marché qu'un équivalent de l'adaptation, j'imagine (même si Pinker et les autres adaptationnistes sont peut-être trop optimistes sur ce qu'on a atteint, je ne sais pas).
Le problème que je vois avec l'adaptationnisme (OK je pille honteusement Gould & Lewontin) c'est qu'ils ont tendance à voir partout des adaptations alors qu'une approche résolument contingentiste accepterait que des 'évolutions' qui paraissent adaptatives ne le sont devenues qu'a posteriori et que ce n'est pas leur adaptation qui a permis leur persistance.
RépondreSupprimerSur votre le passage possible de la critique de l'adaptationnisme à l'anti évolutionnisme: je suis d'accord mais justement, je croyais que le but du jeu en science c'était de se dire que si je crois que ma théorie ne marche pas, je la corrige ou j'en cherche une nouvelle. Je me demande si Dennett ou Dawkins ne se sont pas laissé piéger par le militantisme créationniste US et s'ils n'ont pas tendance à considérer l'adaptationnisme comme un dogme concurrent. J'avoue que je préfère l'approche de quelqu'un comme Elliott Sober.
Ceci dit, je n'ai pas assez sérieusement creusé la question de l'adaptationnisme pour avoir un avis définitif.