lundi 28 avril 2008

Galimafrée



Juste quelques lectures dans le train.

  • Le Courrier International n° 912 (24 avril 2008) traduit à l'occasion de son numéro sur le Boson de Higgs un article paru dans New Scientist (#2640, 24 janvier 2008, réservé aux abonnés) qui explique la théorie des Non-particules et Non-gravité de Howard Georgi (en plus des articles sur arxiv, il y a aussi un article gratuit de vulgarisation sur PhysOrg). Georgi parle de sa théorie comme une Invariance d'échelle de ses "Unparticles". La théorie de la relativité d'échelles de Nottale n'est pas du tout mentionnée (dans les courts articles sur arxiv non plus) mais un commentaire de Christophe de Dinechin sur Backreaction évoque rapidement des différences entre la théorie des non-particules (qui semble être la nouvelle mode avec le déclin des Supercordes) et celles de la relativité d'échelle.

    (En parlant de physique théorique, il y a de brefs interviews de John Wheeler publiés à l'occasion de son décès.)

  • Amélie Nothomb a une critique intitulée Habeas corpus contre l'anonymat dans le dernier Charlie-Hebdo.
    Le corps existe par écrit : cela s'appelle la signature. Signer un article, un texte, un message de son nom, c'est produire son corps comme garantie de ce que l'on écrit.

    Sur Internet, le corps est le grand absent. Il n'y a pas de plus vertigineuse impunité potentielle que l'absence du corps. L'anonymat n'est rien d'autre que la représentation verbale de l'absence du corps. Tout texte courageux et juste comporte une signature.


    Cela n'a rien d'original (et j'imagine déjà comment un déconstructionniste jouerait sur la Métaphysique de la Présence que cela présuppose), mais cela me rappelle soudain que le pseudonymat du blog (tout comme le jeu de rôle) est finalement pour moi un des cas de ce que je diagnostiquerai comme mon "absence d'intégrité". L'intégrité selon Williams n'est pas une disposition particulière mais la vertu qui consiste à assumer les actes comme effets de ses dispositions (le "caractère" au sens normatif et non descriptif n'est pas seulement une régularité, ce n'est pas un type de personnalité mais le fait d'assumer sa personnalité, de choisir libement de rigidifier ses choix, se déterminer à être déterminé). Mon imaginaire un peu "monopsychiste" (croyant que toute pensée "singulière" n'est qu'une expression modale d'une même substance) et "réaliste modal" (croyant que l'actuel n'est qu'une expression modale d'une réalité potentielle) m'a souvent conduit à inverser totalement l'intégrité. Je prends mes actes et opinions non pas comme exprimant ce que je suis ou une responsabilité d'un sujet, mais simplement les actes et opinions contingents et arbitraires d'une réalisation possible. En un sens, j'ai des réflexes aberrants parce que je transforme cette absence en une norme. Je crois spontanément que notre devoir serait de tellement généraliser le point de vue objectif que nous considérions notre moi comme un objet non pas vraiment fictif (théorie bouddhiste ou humienne) mais, de manière sceptique, comme un point arbitraire. Au contraire Bernard Williams verrait dans ce "point de vue de nulle part" le signe même du formalisme abstrait des théories morales, contraire à toute éthique humaine ou "saine" qui doit tenir compte de "relativité de valeurs par rapport à l'agent".

  • My father was an alcoholic circus clown who used to beat me with his oversize shoes. Le brillant Matt Taibbi de Rolling Stone infiltre un camp d'évangélistes exorcistes.

    Il a ensuite une remarque qui fait penser qu'il devrait lire Pascal sur la "mécanisation" du rituel :

    Even if you're a degenerate Rolling Stone reporter inwardly chuckling and busting on the whole scene — even if you're intellectually enraged by the ignorance and arrogant prejudice flowing from the mouth of a terminal-ambition case like Phil Fortenberry — outwardly you're swaying to the gospel and singing and praising and acting the part, and those outward ministrations assume a kind of sincerity in themselves. And at the same time, that "inner you" begins to get tired of the whole spectacle and sometimes forgets to protest — in my case checking out into baseball reveries and other daydreams while the outer me did the "work" of singing and praising. At any given moment, which one is the real you?

    You may think you know the answer, but by my third day I began to notice how effortlessly my soft-spoken Matt-mannequin was going through his robotic motions of praise, and I was shocked. For a brief, fleeting moment I could see how under different circumstances it would be easy enough to bury your "sinful" self far under the skin of your outer Christian and to just travel through life this way. So long as you go through all the motions, no one will care who you really are underneath. And besides, so long as you are going through all the motions, never breaking the facade, who are you really? It was an incomplete thought, but it was a scary one; it was the very first time I worried that the experience of entering this world might prove to be anything more than an unusually tiring assignment.


    Add. En revanche, la vidéo de promotion de son nouveau bouquin, the Great Derangement, n'est pas très originale.
  • Aucun commentaire:

    Enregistrer un commentaire