Je me souviens d'un article très "historiciste" de l'historien Alain de Libéra qui disait (en gros) qu'il n'y a rien à voir entre la Lune antique d'Aristote et la Lune moderne depuis Galilée et Kepler. La première est le Nom Propre d'une sphère parfaite incorruptible en une sorte de quintessence idéale, qui ouvre le premier cercle d'un cosmos fermé. La seconde est le nom commun d'un tas de rocher irrégulier avec des cratères qui tourne autour d'un autre machin dans un univers infini.
Certains réalistes avaient rétorqué qu'il fallait bien que ces deux entités théoriques (Lune
Mais (après tous ceux qui croient à la Terre plate, ceux qui pensent qu'on n'a pas alluni, le Sylvain Gouguenheim de l'autre jour qui prétendait que Thomas d'Aquin n'a pas beaucoup cité Averroès, ou bien la théorie délirante d'Illig sur l'inexistence du VIIe-Xe siècle), on a enfin un vrai négationniste radical qui nie l'existence de la Lune. Et franchement, il faut regarder le doigt (je conseille aussi sur le même site les preuves que les juifs n'ont jamais existé, que les Belges n'existent pas non plus ou que ce sont les Canadiens qui sont derrière le 11 septembre).
Grandiose, cette théorie d'Illig, que je ne connaissais pas. C'est vraiment très drôle, et cela repose notamment sur une méconnaissance profonde de l'archéologie de cette période.
RépondreSupprimerOui, c'est l'extension paranoïaque la plus délirante que je connaisse d'une vraie méthode de révision.
RépondreSupprimerIl essaye même d'expliquer comment les Byzantins (et les Musulmans !) se sont associés à cette invention de l'époque carolingienne (voir leur FAQ).
Je crois souvent que la philosophie engendre trop de scepticisme mais finalement l'histoire ne serait-elle pas la discipline qui doit créer la déformation professionnelle du scepticisme. A force de découvrir des faux, des erreurs de datation réelles ou des "rétro-projections", la tendance doit être de devenir parano, non ?
Ce qui est drôle est que je lis en ce moment de l'histoire indienne et dans le cas indien, il y a des cas où ces Continuités Rétroactives existent vraiment.
Les Indiens sont tellement "platoniciens" qu'ils traitent les événements historiques comme des instanciations de formes cycliques. Le philosophe historique réel Śaṅkara qui vivait au VIIIe siècle de l'Ere commune est parfois considéré par des exégètes indiens comme une "incarnation" d'un Ur-Śaṅkara antique du Ve siècle avant notre ère (comme si les commentateurs occidentaux croyaient sérieusement que Bède le Vénérable n'est qu'un aspect de Pythagore...).
Cela dit, tu fais un amalgame un peu rapide en mettant Gougenheim sur le même plan que ces illuminés. J'ai pas mal discuté du cas avec des collègues de la fac (qui sont d'ailleurs signataires de la pétition publiée dans Libé) spécialistes du thème : le bouquin est mauvais, voire peut-être manipulateur, mais ce n'est quand même pas aussi délirant et mauvais méthodologiquement qu'Illig.
RépondreSupprimerPar ailleurs, la thèse d'Illig s'appuie sur un problème réel, la question des faux documents médiévaux, probablement falsifiés plusieurs siècles avant d'avoir été réellement utilisés pour soutenir la thèse qui motivait leur production. C'est une question tout à fait intéressante, à laquelle évidemment Illig apporte une réponse farfelue.
Oui, je plaisantais, il fait un mauvais livre, pas du négationnisme fou.
RépondreSupprimerUne des raisons d'en vouloir à Gouguenheim est qu'il y avait un vrai excès ces dernières années dans la valorisation du Califat de Cordoue, j'en ai vraiment assez d'entendre tout le temps parler de leur "tolérance" (concept anachronique) alors qu'ils avaient des pogroms (comme j'en ai déjà parlé.
Maintenant, dès qu'on cherchera à rectifier les choses on sera accusé de la même malhonnêteté d'extrême droite que lui.