mercredi 30 juillet 2008

La vanité des faits



Des études psychologiques sur l'opinion américaine (et les mensonges du complexe médiatico-industriel Cheney/FOX) montraient que mentir en disant P puis démentir en disant que finalement il n'y a pas de preuve que P est un très bon moyen de faire passer l'idée que P. Dans ce cas, tout se passe comme si notre mémoire ne respecte pas le principe élémentaire : "Possible que P mais non-P" est pris avant tout comme "P". On ne vous reprochera pas votre mensonge et on n'arrivera jamais à faire entrer profondément l'idée que non-P : toute nouvelle assertion qu'en réalité non-P ne fera que rappeler dans une partie de l'opinion l'idée qu'au fond P est vraisemblable et même vrai.

On sait bien que les Français ne travaillent pas moins que les autres mais l'idée conservatrice que nous sommes des oisifs tire-au-flanc peu productifs continuera à dominer le terrain (surtout chez les électeurs inactifs qui sont prompts à juger que les actifs ne travaillent plus assez). Toute la mythologie si brillante de simplicité "Revaloriser le travail / Travaillez Plus Pour Gagner Plus" semble dominer l'idéologie actuelle.

Ce reportage sur le temps de travail aux Pays-Pas (où le temps partiel très important concerne surtout les femmes, soit un taux moyen de 29h hebdo) rappelle
(1) que les 32h de mon nouveau héros Pierre Larrouturou (Motion Nouvelle Gauche, p. 231-248 dans les Contributions générales du Congrès de Reims, disponibles sur le site du Parti socialiste, touchante avec tous ses tableaux, ses chiffres et sa croyance naïve dans les arguments rationnels) ne sont pas si absurdes (même si le PS n'aura jamais l'audace de le reconnaître),
(2) que les Français ont un "bon" taux de travail hebdomadaire et annuel, mais un "mauvais" taux d'activité sur une vie professionnelle (arrivée tard et départ plus tôt que la retraite réelle).

Mais il est inutile de se faire des illusions. Nous avons perdu la guerre idéologique et même les simplifications les plus besancenotistes entretenues par notre ploutocratie AXA-Bouygues ont plus de chances de diriger les débats publics que le réformisme larrouturiste (que Rocard risque hélas d'avoir discrédité dans sa sénescence).

2 commentaires:

  1. Si, justement, il faut se "faire des illusions" et ne pas baisser les bras!
    Même si les imperfections et l'échec (n'ayons pas peur des mots) des 35h ont tendance à discréditer l'idée même de la RTT comme moyen efficace de lutte contre le chômage et la précarité dans l'opinion publique, nous devons intensifier le travail d'explication.
    Alors je me permets d'en "remettre une couche"...
    Voici tout d'abord le temps de travail hebdomaire moyen constaté (hors chômeurs) dans différents pays :
    USA : 33.7 - Allemangne : 33.6 - GB : 32.1 - Pays-bas : 29.9 (le seul pays ayant négocié une vraie RTT) - France : 36.2 !
    Ce phénomène est du à la précarisation du marché du travail et à l'explosion du temps partiel contraint.

    Le seul vrai projet crédible de RTT en France est la semaine de 4 jours à la carte (modulable sur 1 ou plusieurs années) pronée et testée par Pierre Larrouturou.
    Sur les 400 entreprises passées à 4j/semaine avec la loi De Robien - 1996 (dont Pierre Larrouturou - responsable PS depuis - est à l'origine), la plupart sont des PMEs voire TPEs.
    Les plus connues sont Mamie Nova, Fleury Michon... parmi les plus petites on trouve des sociétés informatiques (50 collaborateurs), des auto-écoles (passées de 5 à 6 coll.), voire des artisans structurés en réseaux locaux qui ont pu créer un poste mutualisé grâce à cette loi, etc...
    Ces entreprises sont actuellement TOUJOURS A 4 JOURS et cartonnent (super motivation des employés, moins de stress et de fatigue...)

    Cette mesure est très différente dans son mode de fonctionnement et financement avec les 35h (dont Larrouturou prédisait l'échec dans livre : "35h, le double piège" en 1998 !), elle ne coûte rien à l'état, rien à l'entreprise et lui permet d'embaucher au moins 10% de personnel sans un centime d'augmentation de la masse salariale, et rien aux salariés dont le salaire est sous les 1500 euros net/mois (certaines entreprises n'ont baissé aucun salaire).

    Selon une étude du ministère du travail, la généralisation de cette loi permettrait de créer dans l'hypothèse la plus pessimiste 1,6 millions d'emplois en CDI.

    Le cercle vertueux attendu est : 1,6 millions d'emplois stables créés => 1.6 millions de familles retrouvant un réel pouvoir d'achat => + de consommation et de cotisations sociales=> + de croissance et - de déficits => encore moins de chômage et de précarité => rééquilibrage du rapport de force entre salariés/employeurs => augmentation des salaires et donc du pouvoir d'achat.

    Le problème évidemment est le délai de mise en place d'une telle réforme (réorganisation / négociation entreprise par entreprise - énorme effort de formation pour que tous les nouveaux postes créés soient pourvus rapidement etc...).

    Et vu que les différents gouvernements successifs ont laissé "pourrir" la situation depuis 25 ans, le travail d'explication d'une telle mesure s'en trouve d'autant plus délicat aujourd'hui que l'impatience du peuple est forte.

    "Le Livre Noir du Libéralisme"
    http://www.nouvellegauche.fr

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  2. Mais je suis déjà convaincu par ces arguments !

    L'ennui est de savoir si ces arguments peuvent convaincre une majorité, qui est plus influencée par une rhétorique des idées recues.

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