mardi 12 mai 2009

La Coalition du Congrès



L'une des difficultés d'un système politique vraiment fédéral est le le lien entre la politique au niveau subsidiaire des Etats et au niveau national de l'Union.

En Inde, le Parti du Congrès est ainsi en gros le parti de centre-gauche au niveau national contre le BJP mais il est aussi allié régionalement à des partis de centre-droit luttant contre une opposition de gauche.

La coalition de l'UPA au pouvoir depuis 5 ans est pour l'instant donnée comme gagnante dans les élections en cours mais le "Front de gauche" autour du Parti communiste pourrait avoir une position d'arbitrage. Les partis de gauche préfèrent en théorie le Congrès au BJP mais ils critiquent la coalition actuelle du Congrès comme trop libérale et pro-américaine (surtout que leurs rivaux les plus proches au niveau des Etats sont en fait plus proches du Congrès que du BJP).


Rahul Gandhi
, 38 ans, l'héritier de la dynastie du Parti du Congrès, a choqué certains de ses alliés mardi 5 mai dernier en disant de manière un peu prématurée qu'il était prêt à une ouverture vers les partis de gauche.

Par exemple, Rahul Gandhi a serait naturel de s'allier à l'AIADMK de la Mère Jayalalithaa alors que l'AIADMK est l'Opposition en Pays tamoul du DMK de Karunanidhi (cf. Politique tamoule). C'est un calcul étrange comme l'AIADMK en déclin ne semble pas apporter grand-chose. Le but est peut-être aussi d'attirer ces opportunistes du PMK, qui ont rejoint le Front de Gauche. Karunanidhi est bien entendu furieux.

De même, Rahul Gandhi a ouvert la main vers le Parti communiste indien, qui se trouve être l'ennemi du petit parti Trinamool de Mamata Banerjee au Bengale Occidental.

Il y a 13 ans, en 1996, Banerjee (la "Tigresse du Bengale") avait déjà rompu avec le Congrès parce qu'elle jugeait qu'il ménageait trop ses ennemis du Parti communiste bengali, et elle avait fait sécession en créant le Congrès-Trinamool. Elle participa même à la coalition avec le BJP en 1999-2001 (obtenant même des postes ministériels) avant de revenir en alliance avec le Congrès. Il est vrai que le Congrès n'a plus tellement besoin du Trinamool au niveau fédéral puisque Banerjee fut la seule élue contre une trentaine d'élus communistes du Bengale.

La chef réelle de l'UPA, Sonia Gandhi (veuve de Rajiv et mère de Rahul), a dû intervenir pour ménager les alliés.

Rahul Gandhi, qu'on prévoit déjà comme un futur Premier ministre a su se moquer lui-même de son destin dynastique :
Much to the delight of observers, the politico has even admitted that it was “undemocratic” that the Congress was still dominated by a Gandhi. "But it's the reality ... My position gives me certain privileges ... It is a fact of life in India that success in politics depends on who you know or are related to," he said at a press conference. "I want to change the system of which I am a result. It's ironic, but that's the way it is."


Le Parti du Congrès avait environ 145 sièges dans le dernier Parlement (sur 545) et ses principaux alliés sont le Parti Samajwadi (Socialiste) de l'Uttar Pradesh (36 sièges), le Rashtriya Janata Dal du Bihar (24) et le DMK du Tamil Nadu (16).

La coalition de l'opposition de droite (NDA, Alliance Démocratique Nationale) compte notamment le Bharatiya Janata Party (130 sièges, droite hindouiste religieuse), le Shiv Sena (extrême droite nationaliste du Maharashtra, 12 sièges), une branche du Janata Dal (United) au Bihar et au Karnataka (ancien parti centre-gauche, 8 sièges), le Shiromani Akali Dal (parti sikh du Penjab, 8 sièges).

2 commentaires:

  1. Les résultats laissent penser que le Congrès n'aura que des alliances minimes à faire pour atteindre une majorité absolue, à moins d'avoir des soucis de défection dans ses propres rangs. Le pays va être "bien" gouverné si "bien" implique la minimisation des alliances contre-nature ou bancales dans le seul but d'être plus fort que l'opposition.

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  2. Oui, cela donne clairement un cycle long de dix ans pour le Congrès, normalement 2004-2014, sauf crise majeure. Espérons que lorsque le BJP reviendra au pouvoir, ils auront évolué un peu leur doctrine ethnocentrique immonde.

    Le problème de la démocratie indienne (comme beaucoup d'autres) est que les électeurs ont le choix entre un Parti qui est resté trop longtemps au pouvoir et qui est donc trop corrompu (le Congrès) et un Parti d'opportunistes et de dingues (le BJP).
    Vote For the Crook, It's Important.

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