lundi 25 mai 2009

Un post très constructif



Je ne devrais pas écrire de note à ce sujet, mais tant pis. Portrait d'Avital Ronell dans Libé :

Avital Ronell, 57 ans, figure majeure de la philosophie américaine.

Son directeur de thèse l’avait prévenue : les Allemands ne comprendront jamais sa façon d’écrire ; les Américains resteront hermétiques à son contenu ; seul espoir, disait-il, les Français.


La dernière phrase me paraît vraisemblable mais aussi une des pires choses qu'on puisse dire sur le snobisme et l'escroquerie des sophistes de ce pays.

Oh, et si vous voulez lire de vraies "figures majeures" de la philosophie anglo-américaine, qui se trouveraient aussi être des femmes encore vivantes, lisez Judith Jarvis Thomson, Annette Baier, Hilary Bok, Nancy Cartwright, Patricia Churchland, Dorothy Edgington, Philippa Foot, Carol Gilligan, Susan Haack, Sally Haslanger, Christine Korsgaard, Ruth Barcan Marcus, Laurie A. Paul. Même Martha Nussbaum. Même Donna Haraway. En fait, lisez à peu près n'importe qui (à part peut-être cette dingue de Rand) avant de perdre votre temps avec du Ronell. Mais bien entendu, elle est traduite et presque aucune des précédentes ne l'est, ce qui en dit long sur le flair des philosophes.

Heureusement, Eric Aeschimann nous livre des exemples de l'intelligence de Ronell :

De cette tradition, elle a gardé le corps à corps : empoigner le monde, se saisir des objets «les plus méprisés» (la télé, la bêtise, les tests), les convertir en concepts, bien agiter.

Ce qui donne, à propos du sida : «Ce n’est pas une punition tombée du ciel ; c’est quelque chose qui est créé, un effet de la technologie, qui s’adresse à l’homme, à nos villes…»


Le Sida s'adresse à nos villes.
C'est en effet très profond.

Presque aussi stupide que du Virilio, ce qu'il est difficile de faire sans un générateur aléatoire.

5 commentaires:

  1. Que tu es sévère avec Nussbaum… Peut-être à raison, mais quand même. Roh.

    RépondreSupprimer
  2. Oui, c'est un peu injuste, c'est seulement son style qui m'agace. Dans le fond, c'est inoffensif, une sorte de thème un peu à la Bernard Williams "il faut relire la littérature antique pour penser la subjectivité moderne". Cela me paraît assez banal.

    RépondreSupprimer
  3. Rand est vraiment dingue ?
    Question naïve étant donné que c'est la seule que je connaisse dans le lot.
    S'agit-il au moins de Ayn Rand ?

    RépondreSupprimer
  4. Oui, c'était elle. Dingue est simplifié. Disons qu'elle a une série d'affirmations qui seraient moins agaçantes si les jeunes Geeks américains ne les prenaient pas pour de la philosophie.

    Sa doctrine dogmatique se résume à l'éloge de l'inégalité et de l'égoïsme comme une vertu (tous les problèmes de l'humanité viennent de trop d'altruisme qui nie la responsabilité individuelle et l'héroïsme des Grands Chefs d'entreprise). C'est la parfaite idéologie adaptée pour un Américain conservateur, sans les efforts d'un vrai philosophe libertarien qui, lui, tenterait des arguments (comme Robert Nozick).

    RépondreSupprimer
  5. Ayn Rand plutôt un gourou (dans son cercle, ce cher Alan Greenspan) qu'un travail philosophique.

    Antoine Bello vante l'oeuvre littéraire de Rand et regrette la non-traduction de Atlas Shrugged...je me demande ce que ça vaut comme littérature.

    RépondreSupprimer