Tiens, en voulant lire un ancien post à propos des TCC, je me rends compte que les autres blogs de Phersu ont disparu. Les Blogs sont décidément un support bien éphémère et un petit mail d'avertissement aurait pu être le bienvenu. J'ai été un peu bête de ne pas mieux sauver mes posts, j'aurais dû le prévoir.
Add. Mmm, j'ai testé d'autres pages sur ce fournisseur et le problème est peut-être en fait plus global...
Add. Oh, ok, les pages sont revenues. Pardon d'avoir paniqué pour rien il y a deux jours.
Revoilà le post du 24 mars 2005, copié d'après le Cache de http://phersu.20six.fr/phersu/59 (qui n'est pas non plus sur l'Internet Archive) :
A la demande de la Direction Générale de la Santé, l'Inserm a commandé un rapport d'évaluation des psychothérapies. Deux associations, l'Unafam (Union nationale des amis et familles de malades psychiques) et la Fnap-psy (Fédération nationale des associations de patients et ex-patients en psychiatrie) ont aussi participé au rapport.
Ce rapport de 568 pages Psychothérapie : Trois approches évaluées (que l'on peut trouver par exemple in extenso sur le site de l'équipe du Docteur Thurin) était dirigé par Olivier Canceil (Hôpital Sainte-Anne), Jean Cottraux (Hôpital de Lyon), Bruno Falissard (Paris XI), Martine Flament (Université d'Ottawa), Jacques Miermont (Hôpital Guiraud, Villejuif), Joël Swendsen (Bordeaux 2), Mardjane Teherani (Hôpital Claude Bernard), Jean-Michel Thurin (plus une coordination éditoriale par une équipe de médecins de la faculté Bichat). Il fut rédigé de mai 2002 à décembre 2003.
Les trois approches en question sont 1 la psychanalyse (appelée ici « psychothérapie dynamique ») 2 la théorie dite "cognitivo-comportementale" (TCC) 3 la thérapie dite "familiale ou de couple".
La conclusion sur l'efficacité de la psychanalyse variait et reconnaissait qu'il n'y avait pas eu encore assez d'évaluations pour faire assez de "méta-analyses". Malgré le grand nombre de cas, il y a encore peu de données sur des populations entières. L'efficacité des psychanalyses était strictement supérieure à un placebo pour les névroses et troubles de la personnalité mais peu stable à long terme. Elle serait faible pour les dépressions sans traitement d'anti-dépresseurs (ce qui fait dire aux adversaires du rapport que ce n'est qu'une publicité pour l'industrie pharmaceutique).
Si les premières méta-analyses sur l’évaluation ont abouti à la conclusion que la psychothérapie (toutes formes confondues) est bénéfique en comparaison avec une absence de thérapie, il est désormais clair que des différences significatives existent entre les différentes approches. Les effets les plus positifs sont à porter au crédit des approches cognitives et comportementales dans les comparaisons globales, sachant que les troubles anxieux et les troubles de l’humeur représentent la majorité des syndromes psychiatriques inclus dans ces méta-analyses.
(Chapitre 11, page 418)
C'est notamment cette évaluation qui a fait scandale en 2004. Même certains auteurs du rapport, comme le Dr J.M. Thurin (psychanalyste) sont en désaccord avec ces conclusions tranchées (tout en refusant par ailleurs qu'on enterre simplement le rapport, cf. le numéro de novembre 2004 d'Esprit.
Le samedi 5 février, le ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy, invité par l'héritier de Lacan Jacques-Alain Miller à un Forum des Psychanalystes à la Mutualité déclare "qu'il n'existe pas une seule réponse à la souffrance psychique", laquelle n'est "ni évaluable ni mesurable". Toute la méthodologie d'une évaluation scientifique est donc refusée a priori puisque la souffrance serait toujours du « qualitatif » ou une « singularité irréductible ». Et tout espoir de différencier le faussaire du médecin est repoussé comme une idéologie scientiste de la "thérapisation".
Le rapport Inserm fut enterré. Selon Le Monde :
De mémoire de chercheur, c'est la première fois qu'un ministre de la santé conteste une expertise collective menée pendant près de deux ans par un organisme public, l'Inserm, à la demande de la direction générale de la santé (DGS) . Lors de sa publication, en février 2004, la DGS avait d'ailleurs reconnu qu'il s'agissait d'un "bon travail" .
"Je suis très étonnée et assez scandalisée par cette réaction. Nous avons travaillé comme d'habitude, en demandant à un groupe d'experts reconnus de mener une analyse critique rigoureuse de la littérature scientifique internationale consacrée à l'évaluation des psychothérapies" , explique Jeanne Etiemble, directrice du centre d'expertise collective de l'Inserm.
(...)
"Ce que nous avons surtout recommandé, c'est de promouvoir les évaluations" , précise Olivier Canceil, psychiatre au centre hospitalier Sainte-Anne, à Paris, et membre du groupe d'experts de l'Inserm.
Philippe Douste-Blazy a donc choisi de désavouer une expertise scientifique.
(...)
"Dénigrer le rapport de l'Inserm, c'était le prix à payer pour que les plus contestataires de la profession ne polémiquent pas sur le plan santé mentale" , décrypte un connaisseur du dossier.
"En prenant cette position, le ministre ne rend pas service à la profession, estime Jeanne Etiemble. Il faut informer les professionnels de santé et les patients sur le bilan des connaissances et ouvrir l'offre de soins." "A moins de dire que la littérature scientifique internationale ne vaut rien, sur quoi se fonde le ministre pour critiquer le rapport ?" , s'interroge le neuropsychiatre Jean Cottraux, l'un des experts de l'Inserm, qui se dit "choqué" par cette attaque.
Le site www.oedipe.org a des critiques du rapport Inserm, dont une interview de R. Gori, psychanalyste et professeur de psychopathologie qui remet en cause toute la classification des troubles issue du DSM (Diagnostic and Statistic Manual, manuel américain mais devenu référence internationale), en accusant finalement le rapport d'exprimer le scientisme, le Grand Enfermement des sujets et la domination biotechnologique.
En lisant les forums sur Oedipe.org, on voit que certains continuent de prétendre (ce qui est la seule chose que je n'arrive absolument pas à comprendre) que la psychanalyse pourrait s'affranchir de la médecine et de la psychiatrie. Pourtant, j'aurais cru qu'un psychanalyste qui refuse de passer par la psychiatrie et la clinique et qui croit à la façon de certains Lacaniens qu'une "passe" philosophique lui permet d'aider des patients présente un vrai risque de mise en danger d'autrui. Mais Douste-Blabla préfère s'acheter le silence des organes de quelques intellectuels en prônant cette irréductibilité de la "souffrance psychique", qui signifie juste l'autorisation de la vaticination vide de quelques charlatans.
Il y a certes un danger inverse de médicalisation uniquement pharmaceutique et les TCC sont sans doute aussi critiquables. Mais ce n'est pas en protégeant les statuts des chamanes-charlatans qu'on arrêtera pour autant la surconsommation française des tranquilisants.
Mais pour s'amuser, je conseille la dernière analyse comique et narcissique de Jacques-Alain Miller qui explique à François Hollande que si le PS ne soutient pas ces lacaniens, ce serait du totalitarisme skinnerien (cet homme ne sait pas que l'étoile de Skinner a baissé depuis 1955 et que les TCC ne se réduisent pas au conditionnement des rats ?)...
Cela fait longtemps que je rêve que tu rassembles sur une seule page les archives de tes différents blogs successifs, Anacharsis. Sauf que je suppose que tu refuserais que la page soit visible ou diffusée ?
RépondreSupprimerSi, la plupart sont publics et reliés les uns aux autres. Mais je ne saurais pas le faire techniquement.
RépondreSupprimerIl y a des outils très simples en ligne de commande pour "aspirer" des sites webs entiers (genre wget, mais je crains qu'il ne faille être un Linux ou Mac User pour le faire ) . Cela marche assez bien, j'ai déjà aspiré quelques blogs entiers qui risquaient de disparaitre (tel que celui-là http://blinkdagger.com/ ).
RépondreSupprimerEuh, ce que j'ai en tête c'est extrêmement simple. Simplement aspirer le contenu de tous tes anciens blogs histoire d'archiver tout ça dans un endroit sûr, et faire une page toute simple, toute bête, avec une liste des liens vers les blogs successifs et éventuellement les archives en question.
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