jeudi 3 septembre 2009
Mesure des thérapies
Ce portrait du psychiatre Aaron T. Beck, le père des Thérapies cognitives depuis les années 60, a l'air assez hagiographique mais il rectifie au moins deux reproches fréquents contre ce courant désormais dominant.
D'abord, Aaron Beck n'avait pas de naïveté sur la psychanalyse : né en 1921, il a commencé dans les années 50 comme psychanalyste orthodoxe et est arrivé à la critique de la psychanalyse par une crise de perplexité et une auto-critique de ses propres hypothèses. Selon l'article, son "expérience cruciale" qui l'a fait abandonner la théorie freudienne fut l'analyse des rêves des dépressifs. Il ne trouvait pas d'éléments qui corroborait l'interprétation d'une hostilité inconsciente refoulée retournée contre soi et il proposa plutôt une analyse par des "automatismes" de pensées nocives. On a beaucoup ironisé sur le scientisme positiviste d'Aaron Beck mais il prétend appuyer sa thérapie sur des expériences réfutables et sur des données mesurables. Ses études des dépressions et des suicides ont conduit à des "Echelles" pour mesurer les dispositions auto-destructrices.
Cette obsession pour la "psychométrique" révisable conduit aussi à un second élément que j'ignorais. Certains psychanalystes réduisent (de manière assez plausible) l'approche "naturaliste" à un lobby pharmaceutique de médicaments (parce que le réductionnisme biologique mènerait donc à une vue purement "chimique") alors que Beck a au contraire tenté de mettre en place des critères où une thérapie de la dépression est efficace si et seulement si elle est supérieure à des médicaments (cf. aussi la relativité contextuelle de la mesure de l'effet Placebo). La profession des "TCC" semble bien avoir souvent basculé dans la simplification d'un traitement chimique mais cela n'a pas l'air d'être à cause de Beck.
Un rapport de l'INSERM de 2004 à démontré la meilleure efficacité (et non pas efficience) des TCC sur les autres thérapies.
RépondreSupprimerIl faut se souvenir du déchainement de réprobation qu'a suscité ce rapport, qui ne faisait que reprendre les résultats de publications scientifiques internationales, de la part des psychanalystes (surtout lacaniens) plus enclins à lire de la littérature tout court que de la littérature scientifique.
Les TCC auraient pour but, selon eux, de transformer les gens en robots, en zombies pavloviens gavés de psychotropes. Alors que les TCC sont avant tout des thérapies de la parole dont le seul but et de soulager la souffrance psychologique.
Merci Aaron Beck
Oui, j'en avais parlé à l'époque (mais je crois qu'il y avait quand même des domaines où la psychanalyse dépassait le placébo, sur les dépressions mais pas sur les phobies, si je me souviens bien).
RépondreSupprimerEt oui, il y a une confusion fréquente dans les polémiques entre ce terme de thérapie cognitive et comportementale et l'ancien comportementalisme des années 30-50 (behaviorism) de B.F. Skinner qui a été largement dépassé dans les théories cognitives.