dimanche 13 décembre 2009

United States of Goldmansachsia



Matt Taibbi a un long article, Obama's Big Sell-out dans Rolling Stone sur l'équipe économique d'Obama, accusée d'être entièrement sous la domination de Robert Rubin, le Secrétaire au Trésor sous Clinton et ancien membre du Conseil d'administration de Goldman-Sachs, la compagnie de l'oligarchie financière qui a l'air de jouer le rôle politique principal aux USA. C'est la suite d'une longue croisade de Taibbi contre le rôle étouffant de Goldman-Sachs sur la plus puissante ploutocratie de notre planète.

(En passant, Chelsea Clinton, la fille de Bill et Hillary, vient d'annoncer ses fiançailles avec Marc Mezvinsky, lui aussi fils de deux élus au Congrès (son père, Représentant de l'Iowa, fut d'ailleurs accusé de fraude financière) et qui travaille maintenant pour... Goldman-Sachs)

Matt Taibbi exagère peut-être un peu l'image de populiste réformiste d'Obama en 2008. Krugman répétait à l'époque que le Plan Santé d'Hillary Clinton (pourtant aussi payée par les assurances de santé) était à la gauche de celui d'Obama. L'échec actuel de l'Option publique sur la Santé vient surtout de rapports de forces au Sénat et notamment de Sénateurs corrompus et mesquins comme Joe Lieberman (qui n'a même pas l'excuse comme les Sénateurs sudistes de craindre un électorat plus conservateur que lui !), mais l'Administration Obama a peut-être manqué d'énergie dans cette direction. La réforme actuelle ne remettra pas profondément en cause ce pouvoir des assurances privées.

Mais même si Obama était bien plus centriste et modéré qu'on ne le présentait, il reste qu'il a repris des partisans de la dérégulation à un moment où il aurait été possible de faire jouer une "re-régulation" bien plus sérieuse.

Certes, le contexte de la Crise boursière a favorisé cette réaction conservatrice d'Obama que Taibbi présente comme une trahison. Les critiques se seraient accumulées contre le nouveau Président s'il ne s'était pas entouré de personnalités avec une expérience financière suffisante et il reprit donc les Démocrates centre-droit richissimes de l'Administration Clinton. Mais ce n'était pas de la candeur ou une erreur, bien un choix de continuer la même oligarchie.

Tim Fernholz critique quelques détails de l'article de Taibbi mais cela semble assez insignifiant, comme le montre la longue réponse de Taibbi sur son blog. En fait, l'attaque de Fernholz me semble plutôt renforcer le sérieux de l'argument initial en ne trouvant que des points secondaires à corriger. Matt Yglesias a une critique plus intéressante en disant que le problème est plus étendu à tout le Parti démocrate, voire à toute la structure politique américaine et non pas seulement à des choix personnels d'Obama, mais cela ne me semble pas remettre en cause en profondeur le sarcasme de Taibbi.

Le problème de Taibbi est qu'il a raison (même Ferholz le reconnaît) mais qu'il écrit dans un style tranchant, avec des formules insultantes et avec une rare violence qu'on n'attend généralement que dans des pamphlets simplificateurs d'extrême gauche, alors qu'il connaît vraiment bien son sujet sur les rapports entre crimes financiers et politique. On donne des Pulitzer à la Soupe des Thomas Friedman mais il est visible que c'est Taibbi qui fait vraiment vivre la fonction mythique de contre-pouvoir du journalisme.

2 commentaires:

  1. Perso, je pense qu'Obama est l'héritier des Clinton/Blair/Schroeder. Il a donné des garanties au Big Business pour se faire élire. Les électeurs démocrates ont été séduits par ses discours populistes "Yes we can" mas surtout l'ont soutenu parce qu'ils n'avaient pas vraiment le choix (Obama/Mc Cain). Le changement attendra.

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  2. Et d'ailleurs globalement, je crois qu'ils avaient raison et que c'est vraiment un progrès. Comme le dit Taibbi d'ailleurs, il n'a pas hésité pour voter Obama face à McCain/Palin.

    Maintenant, c'est drôle de voir Obama comme W parler d'action unilatérale comme une évidence alors que c'était FDR qui disait que toute action unilatérale devait être évitée dans le Nouvel Ordre mondial de l'après-guerre.

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