mardi 26 janvier 2010
Match de démagogie
Le Président de la République a dit qu'il était plus choqué par les salaires de certains sportifs que par celui du nouveau Président qu'il a nommé à EDF (tout cela parce qu'il y aurait une vingtaine de patrons qui toucheraient plus que les 2 millions d'euros par an).
J'ai beau avoir une hostilité quasiment irrationnelle contre le concept même de sport professionnel, l'argument me paraît curieusement idiot, même pour celui qui le prononce. Mais il s'agit seulement de détourner l'attention par des propos de comptoir qui puissent paraître plausibles de prime abord.
Le sportif professionnel ne produit certes aucune "richesse" d'idées ou de biens (sauf pour les publicitaires) mais je ne suis pas certain que ce soit Proglio qui la produise non plus à Véolia-ex-Vivendi-ex-Générale des Eaux (fondée en 1853 sous Napoléon le Petit). Le sportif fait l'objet d'un "marché" du spectacle. Il ne fixe pas son salaire lui-même. Il ne s'augmente pas lui-même de +46,8% comme Proglio par rapport à son prédécesseur Gadonneix (ou de +200% comme le Président de la République actuel). Il ne fixe pas son salaire arbitrairement, indépendamment de ses "performances" réelles ou ne se fondant que sur une opaque "réputation" à l'intérieur d'une clique. Et quand les patrons prétendent que si leur salaire n'évolue pas, ils partiront, on a envie de leur dire de céder à ces sirènes. Il ne semble pas que M. Proglio soit une star convoitée qu'il s'agirait d'augmenter dans une mise aux enchères dans le "Mercato" (certes, M. Carlos Ghosn, devenue une "vedette" des cours de management, pourrait être une des rares exceptions).
Le seul avantage décisif de Proglio était qu'il était devenu proche du cercle du pouvoir et que le Président de la République ne voulait pas du dauphin interne choisi par Pierre Gadonneix.
Complètement d'accord. Et on pourrait aussi arrêter d'appeler "entrepreneur" des corpsards qui ont eu leur poste par magouille politique et pantouflage en sortie de cabinet ministériel...
RépondreSupprimerLa collision amusante était que, le matin-même, je crois, Olivier Duhamel expliquait sur France Culture pourquoi, à rebours de notre Président, les Français étaient choqués par le niveau de rémunération des chefs d'entreprise mais pas par celui de Thierry Henry ou de Johnny Hallyday.
RépondreSupprimerSur la rémunération du patron d'EDF, votre comparaison est largement fausse parce que le prédécesseur de Henri Proglio avait vu sa rémunération considérablement augmenter. On est passé de 549.660 € en 2005 à 1.600.000 € en 2010.
Et +1 au commentaire de Tom Roud, même si en l'espèce Henri Proglio est un tout petit peu atypique dans son parcours.