lundi 22 mars 2010

Whose Waterloo?



  • Historique :


    La Chambre des représentants passe hier la Réforme de la Santé à 219 voix contre 212 (dont 34 Démocrates et 100% des Républicains votant Non).

    7 Représentants démocrates pro-Life autour de Bart Stupak qui voulaient s'opposer ont finalement voté Oui à condition d'une interdiction officielle de tout financement de l'avortement (avec cette faible marge, la concession devenait donc nécessaire et Obama s'est engagé à ajouter un décret en ce sens).

    La Réforme a des défauts, elle a renoncé à certains plans ambitieux d'une Option d'Assurances publiques qui auraient pu engendrer une concurrence vertueuse avec les Assurances privées. Elle va sans doute enrichir les Assurances privées (même si elle lutte contre l'augmentation des coûts en taxant plus les compagnies qui en tireraient avantage).

    Mais elle couvre plus d'Américains non-assurés et est considérée comme une victoire pour l'idée d'une couverture universelle. Elle réalise enfin un progrès qui attendait depuis la Présidence de Lyndon B. Johnson il y a 45 ans. Barack Obama a réussi ce que Carter n'avait pas fait et ce que Clinton n'avait pas pu faire.

  • David Frum (l'ancien rédacteur des discours de George Bush) explique que le Waterloo dont on parlait a bien eu lieu mais que c'est maintenant celui des Républicains.

    En s'opposant complètement à toute réforme de la santé sans jamais paraître participer de manière un peu constructive au processus, les Républicains ont à la fois perdu sur le fond politique (la réforme passe) et sur la forme politicienne (ils seront toujours accusés de s'être opposé à une réforme si jamais elle finit par devenir aussi populaire que l'est le Medicare de Lyndon B. Johnson). Et même si les Républicains reprennent la majorité dans 9 mois, ils ne pourront vraisemblablement pas revenir sur l'essentiel de cette réforme (même si je crois qu'ils pourraient en partie la vider de son sens pour quelques temps).

    La grande force des Républicains (des médias très efficaces pour susciter l'hystérie) devient maintenant leur faiblesse puisqu'ils ne peuvent plus faire de politique rationnelle. Voir les Réprésentants républicains parler de "totalitarisme" pour une réforme qui se contente d'encadrer un peu les assurances privées conformément aux plans républicains de Bob Dole en 1994 prouve qu'ils ont perdu tout sens des proportions.

  • Matthew Yglesias répond au pédantisme de Bill Kristol qui disait que ce n'était pas encore un Waterloo mais une "bataille de Borodino".

    Qui aurait pensé que la connaissance de l'histoire militaire du Premier Empire deviendrait un tel enjeu rhétorique en 2010 ?

  • Ezra Klein, qui a soutenu la Réforme contre les critiques de la gauche, concède que le bilan est mesuré :

    It is the most sweeping piece of legislation Congress has passed in recent memory, but it is much less ambitious than the solutions that past presidents have proposed. It is routinely lambasted for being too big and comprehensive, but compared to the problems it faces, it is too small and too incrementalist.

    But it's a start.

  • C'est une victoire pour le Parti démocrate, qui semble presque échapper pour un temps à sa réputation de faiblesse, mais aussi pour Obama. Comme le rappelle Chait, Obama s'est un peu rattrapé de son apparent quiétisme de 2009. Après la catastrophe du Massachussetts (où la perte surprise du siège de Ted Kennedy avait fait croire à l'enterrement de la Réforme), Obama a su prendre au piège les Républicains dans leur propre agressivité. C'est en prouvant publiquement que même les derniers Républicains modérés n'accepteraient aucune concession qu'il a pu faire pression sur l'aide droite des Démocrates : ils avaient le choix entre soutenir une Réforme controversée ou payer le prix avec l'échec de toute la Réforme.



  • Add.
    David Kurtz avait déjà eu le même titre et le même argument sur Waterloo hier.

    Oh, et pour battre Kristol dans les références napoléoniennes obscures, Quiddity parle maintenant d'une bataille de Wertingen. Je demande un Armistice dans cette Coalition napoléonique.

    Add. 2
    Colbert revient sur "Who Was Wellington?".

    3 commentaires:

    1. Je te déclare meilleur commentateur/recenseur francophone sur cette réforme, du début à la fin. Et comme je suis passé sur France Info pour parler de cette réforme, c'est un argument d'autorité, tu n'as pas le choix ! C'est vraiment chez toi que j'ai lu les avis les plus circonstanciés et les mieux informés.

      Côté USA, je récupérais mes données "à la source" (CBO Blog pour les prévisions, Simon Jackman pour les votes, et les articles de Zelezny/Pears dans le NYT pour le narrative) plutôt que sur les blogs, même si The Monkey Cage, Jonathan Bernstein et Brendan Nyhan ont fait du bon boulot avec des hypothèses d'excellente facture.

      Bravo, donc ! Drinks in one week or so? Ça se fête, comme réforme !

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    2. > Fr.
      Je suis flatté mais tu sais bien que je me fie (peut-être à tort) surtout à un consensus autour d'Ezra Klein.

      Cela dit, l'argument de la Gauche progressiste selon lequel ce n'est après tout qu'un retour à un plan proche de celui des Républicains en 1993 peut ébranler.

      Ok pour un verre (si j'ai avancé dans mes copies du moins).

      > tehu
      Pauvre Rush, il veut fuir le pays jugé trop socialiste et va chercher ses médicaments au Canada...

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