Un des défauts des enseignants est qu'ils ont une tendance à réduire tous les problèmes politiques ou culturels à des questions d'éducation. C'est une déformation professionnelle regrettable dans son narcissisme mais on a du mal à expliquer certains phénomènes politiques comme le Berlusconisme (ou sa version neuilléenne-niçoise) ou la dégénérescence intellectuelle du Parti républicain sans imaginer une lacune éducative quelque part dans le corps politique des citoyens alphabétisés. Quelle catastrophe de l'entendement peut justifier cela ? La télévision, qui est le bouc-émissaire principal, ne pourrait pas suffire car elle était sans doute plus influente encore il y a 30 ans sans avoir encore ces effets toxiques.
Ce ne serait pas un problème qu'il y ait des démagogues incultes ou insensés sur d'innombrables chaînes de radio mais cela en devient un quand la structure politique du Parti républicain ne se contente pas de se servir de ces démagogues mais commence à les suivre et à répéter tels quels leurs pires arguments. On ne peut pas juger la société américaine pour quelques provocateurs mais la bêtise institutionnelle (pour reprendre une expression peut-être douteuse de Bernard Stiegler) commence à dépasser les plaisanteries de radio. Non seulement le G.O.P. n'oserait pas remettre en cause les Birthers ou Sarah Palin, mais ils vont jusqu'à surenchérir et on commence à frémir en se demandant s'ils ne finissent pas par y "croire" eux-mêmes. Ils *savent* bien qu'Obama n'a pas l'intention de massacrer les personnes âgées, de collectiviser les moyens de production ou d'instaurer la Charia et pourtant ils ouvrent les vannes d'un doute déraisonnable sur le sujet comme si aucune pensée aussi débile soit-elle ne pouvait avoir de lien avec une réalité possible.
Comme le dit le philosophe Robert Paul Wolff :
For some time now, I have been struggling to think clearly about the extraordinary debasement of the public discourse that has occurred in America over the past several years. I have remarked from time to time on the sheer craziness of what now seem to be accepted modes of speech and quasi-argument emanating from the right. No humorist would dare invent Orly Taitz, or Glen Beck, or indeed Sarah Palin, for that matter. When the Republican Party of Maine officially calls for the repeal of the Seventeenth Amendment, so that once again State Legislatures can select United States Senators, and the Republican Party of Iowa calls for the passage, at long last, of the now forgotten original Thirteenth Amendment, so that Barack Obama can be stripped of his citizenship for accepting the Nobel Prize, Jonathan Swift must weep in his crypt for the death of satire.
Le GOP n'aurait même pas besoin d'attiser ainsi les peurs puisqu'il va sans doute gagner les élections de mi-mandat en Novembre prochain et que le prochain Président de la Chambre des Représentants sera ce crétin de John Boehner quoi qu'il arrive (il y a encore un peu de suspense pour savoir si les Démocrates pourraient conserver leur majorité au Sénat sans dépendre des traitres à la Joseph Lieberman).
Mais l'oligarchie républicaine se laisse entraîner par la rage de la base "populiste" raciste que le GOP prétend représenter. L'arme des Tea Parties est un retour du refoulé hystérique qui rappelle toute une histoire d'anti-intellectualisme politique dans le style paranoïaque (si on peut ainsi extrapoler des termes de psychiatrie individuelle en psychologie sociale en parlant d'"hystérie de masse").
Comme le dit Betty Cracker :
The attempt to establish a Muslimfrei zone around Ground Zero isn’t about 9/11. The wingnut solicitude for “Dr.” Laura’s supposedly lost First Amendment rights isn’t about “Dr.” Laura’s right to repeat racial slurs on the radio.
Fox News’ relentless pimping of the New Black Panther Party non-story isn’t about voter intimidation. Arizona’s anti-immigration law isn’t about illegal immigration. Breitbart’s Shirley Sherrod smear wasn’t about “reverse racism.”
The persistent suggestions from multiple quarters on the right that President Obama isn’t a Christian or an American aren’t about his religion or nationality. And the Prop 8 campaign wasn’t about protecting straight marriage.
What this is all really about is the most orchestrated, widespread attempt to divide this country since George Wallace’s presidential run. Scratch that—Wallace was never more than a regional candidate. This may be unprecedented in living memory.
(...)
The presence of racists, homophobes, nativists and religious bigots is nothing new. But the spectacle of nutcases like Pam Geller being ventriloquized by top Republicans like Sarah Palin and Newt Gingrich is.
Je ne comprenais pas pourquoi on félicitait George Bush après le 11 Septembre lorsqu'il tentait un peu de distinguer les musulmans des terroristes (et l'ex-néo-con-de-gauche Peter Beinart continue cette ritournelle sur les mérites cachés de Bush). Cela me semblait être la moindre des choses et le compliment me semblait être de la condescendance des basses attentes vis-à-vis d'un Président abruti. Mais, à présent, même les Démocrates n'osent plus répéter ces évidences et rappeler que le Premier Amendement ne s'applique pas qu'aux Baptistes et aux Mormons. Les clichés destructeurs de toute pensée rationnelle (comme le nouveau mantra de la religion civile, "Ground Zero is Hallowed Ground", que tous doivent psalmodier sous peine de lynchage) empêchent même de regarder une carte de Manhattan.
Le compte à rebours est déjà lancé pour le 11 septembre qui par coïncidence sera cette année à la fois le 9e anniversaire de ce que vous savez et la Fête de l'Aïd al-fiṭr à la fin du Ramaḍān. On n'a même pas à parier que Fox News débordera alors d'islamophobie* frénétique en superposant les deux événements ("Mais pourquoi célèbrent-ils une fête à ce moment ?"). On ne pourra peut-être même pas toujours distinguer ce qui relèvera de la mauvaise foi cynique et de la pure et simple sottise et ignorance.
Par ailleurs, c'est sans doute bien moins grave que l'escamotage des chiffres du chomage par un appel ignoble à la Nomadophobie et la Xénophobie qui nous met au ban des nations, mais je pense toujours que Mme Penchard aurait dû démissionner dans n'importe quelle autre démocratie.
Le lien n'est pas passé dans mon commentaire précédent, le revoici, pour rendre justice à Sarah Palin.
RépondreSupprimerSi, si, ton commentaire était en fait passé au post précédent.
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