vendredi 24 septembre 2010

Légitimité



Michel Godet, économiste et prospectiviste lié au gouvernement (même s'il joue souvent l'opposant qui trouve qu'ils ne "réforment" pas assez vite), est invité hier sur "C dans l'air" et prend son air excédé, indigné pour dire que dans une démocratie, des manifestations de syndicats ne peuvent pas contrecarrer la légitimité du pouvoir élu et que le gouvernement fait après tout ce qu'il avait annoncé, qu'il a été élu à une forte majorité et que l'opposition n'a donc qu'à se taire (il ajoute que les syndicats ne sont pas représentatifs et que ce ne sont que des fonctionnaires parasites).

Le gouvernement avait en effet une légitimité démocratique sur certaines mesures qui viennent justement en partie de Godet (il défend les cadeaux sur les heures supplémentaires depuis 2002), puisque la majorité les avait clairement annoncées.

Mais quoi qu'on pense sur le fond de la possibilité de conserver la retraite à 60 ans sans décôte, dans ce cas précis, même Godet doit savoir qu'il n'y a aucune légitimité. Rarement un gouvernement s'était si précisément engagé à ne pas faire la mesure qu'il entreprend.

Tout le monde connaît cette vidéo, désolé d'enfoncer des portes ouvertes, mais peut-être que M. Godet l'a oubliée ?



En passant, un engagement - peut-être aussi crédible : je vais essayer de ne plus rien écrire sur ce gouvernement s'il s'agit encore de rappeler de telles évidences banales. Bon, sauf s'ils nomment Balkany à la justice - ou Penchard à la Cour des Comptes.

Par ailleurs, je pense que même si on veut plus de parité Mme la Ministre des DOM-TOM pourrait être une autre femme sans être nécessairement elle-même une "ultra-marine" aussi partiale (de même qu'on ne nomme plus des Généraux à la Défense ou un Woerth au Financement de la Majorité).

2 commentaires:

  1. Rarement un gouvernement s'était si précisément engagé à ne pas faire la mesure qu'il entreprend”—Nuance, l'exécutif français est bicéphale et ça vaut de le souligner ici.

    C'est le président de la République, élu au suffrage universel direct, qui prononce l'engagement de ne pas modifier l'âge de départ à la retraite. Mais la décision ne lui revient pas vraiment : le gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation, et le Premier Ministre dirige l'action du gouvernement.

    Or, de son côté, le Premier Ministre respecte parfaitement son engagement : “[il faut] aussi poursuivre la mise en œuvre de la réforme des retraites. L’allongement de la durée de cotisation prévu en 2003 n’est pas une option. Il aura lieu au terme de la procédure prévue par la loi.”

    Deux cas de figure, donc : soit le Président de la République ment délibérément lorsqu'il s'adresse à la Nation deux ans plus tôt, soit son engagement était sincère et il est aujourd'hui entièrement contredit par son gouvernement, et plus exactement par son Premier Ministre. Dans les deux cas, Badinguet est un Président de la République médiocre.

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  2. On a une Ve République à l'envers où le Premier ministre prendrait les vraies décisions mais où le Président hypercommuniquant servirait de fusible au chef du gouvernement (qui vient de décider qu'il veut faire la réforme fiscale).

    Un détail dans le passage cité de Fillon : l'allongement de la durée de cotisation n'entraîne pas nécessairement de toucher au seuil de l'âge, si j'ai bien compris, non ? On peut dire 42 ans et ne pas toucher au minimum à 60.

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