dimanche 26 décembre 2010

[jdr] 2010 en jeu de rôle


  • L'état du Donjon

    Par les Mânes de Gygax !, déjà la fin de l'année et on va avoir droit à des récapitulatifs et des listes de films, donc pourquoi ne pas faire un petit survol rôliste ?

    L'état du Donjon est... en convalescence.

    La crise continue de toucher le jeu de rôle, dans ce nouveau contexte dominé par le jeu de société et le jeu de rôle en ligne.

    On n'a pas de chiffres officiels de la compagnie Wizards of the Coast (Hasbro) sur D&D 4e édition lancé depuis deux ans, mais de nombreuses rumeurs disent que, si le jeu a réussi à attirer quand même une partie d'un jeune public nouveau, les ventes seraient globalement décevantes par rapport au Boom D&D du début des années 2000 (où la récession était certes moins sévère). D&D représente à lui seul peut-être 80% de tout le marché jeu de rôle ; pour la plupart des gens, la marque s'identifie même au marché et il est le moteur de tout le hobby. Comme dit le cliché, si D&D s'enrhume, tout le jeu de rôle tombe malade.

    La bonne surprise en revanche est son rival Pathfinder, le jeu de Paizo Publishing, qui a simplement repris en gros D&D édition 3.5, et qui a réussi à attirer une partie importante du marché déçue par D&D 4. C'est sans doute la première fois que le marché se segmente ainsi entre deux éditions du même jeu (les rétro-clones qui imitent les éditions précédentes, sont très dynamiques sur Internet et ils continuent d'avoir une influence indirecte sur les designers mais ils n'ont quand même le poids commercial de ces deux-là).

    La Guerre des éditions reste le sujet de controverse le plus ennuyeux dans tous les forums de Geeks et je ne vais donc à nouveau revenir dessus (surtout que je suis incompétent sur les qualités et défauts de ces jeux à long terme). D&D 4 est un jeu très tactique et qui est considéré par de nombreux joueurs comme un progrès clair par rapport aux autres éditions, mais les fans de D&D 3.5 trouvent que cette 4e édition a trop changé et est passé quasiment à un jeu de combat de figurines, idéal pour simuler les options tactiques dans une salle d'un Donjon, mais qui s'écarterait trop d'autres aspects du jeu. Bien sûr, les fans de la 4e répondent qu'ils arrivent quand même très bien à jouer des histoires avec cette version et que tant qu'à faire du Dungeoncrawling autant le faire avec un jeu très équilibré. Mais je crois que la grande force de Pathfinder n'a pas été seulement l'inertie nostalgique de ceux qui ne voulaient pas changer leurs habitudes, mais aussi la qualité de leurs scénarios. On peut dire que les règles sont en partie une simple question de goût mais je crois que la supériorité des scénarios de Pathfinder dans leur monde de Golarion par rapport à ceux de D&D4 devrait se rapprocher d'un fait sur lequel pourrait exister un consensus : je n'ai jamais vu sur les forums d'éloges des modules officiels de D&D4 alors que certaines campagnes de Pathfinder sont vraiment intéressantes. 

    D&D 4 a eu une résurgence avec une nouvelle présentation petit format de leurs règles (D&D Essentials) et une nouvelle version pour débutants (le Starter Set). Le nouveau jeu post-apocalyptique Gamma World (qui doit être la septième édition selon les manières dont on compte les précédentes) utilise les règles de D&D4 en y ajoutant des mutations sur des cartes à collectionner, ce qui est l'une des premières synthèses de jeu de rôle et de jeu de cartes à collectionner comme Magic. J'espère que cela ne va pas créer une mode (même si dans le cas de Gamma World et son jeu parodique très aléatoire, les cartes de mutations paraissent bien adaptées).




  • Les autres publications en anglais

    Le marché continue d'évoluer vers la publication par PDF. Cela explique aussi que les jeux soient moins présents dans les magasins, qui dépendent donc plus des jeux de cartes ou des jeux de figurines, qui ne peuvent pas être piratés aussi facilement sur Internet.

    Derrière D&D et Pathfinder, l'année 2010 a vu la compagnie Mongoose continuer à inonder le marché avec des produits sur le jeu de science fiction Traveller. Ils ont lancé une seconde édition de leur RuneQuest, mais les ventes sont loin derrière Traveller d'après ce que dit le directeur de Mongoose. RuneQuest se développe sous la forme d'un jeu OpenLicense (tout comme le système BRP) et il y a de nombreux autres univers comme Elric, Deus Vult (des agents de l'Eglise au XIIe siècle, un Ars Magica inversé), Crusaders of the Amber Coast (les Chevaliers Teutoniques), Rome: The Life and Death of the Republic ou Clockwork & Chivalry (une Angleterre du XVIIe siècle parallèle).

    White Wolf, qui était depuis longtemps le numéro 2 du jeu de rôle, a considérablement réduit le rythme de ses publications, en se concentrant plus sur leur jeu d'heroic fantasy Exalted que sur leur World of Darkness. Ils ont même annoncé que leur nouveau MMORPG se déroulerait dans leur ancien univers qu'ils avaient abandonné en 2004. 

    Green Ronin, qui avait déjà son jeu sur A Song of Ice and Fire de G.R.R. Martin, a obtenu deux licenses de plus, qui auraient pu être assez précieuses : celle du jeu informatique Dragon Age (mais le jeu de rôle prévu spécialement pour introduire les débutants ne semble pas avoir vraiment marqué) et celle de DC Comics (qu'ils ont adaptés avec les règles de leur jeu de superhéros Mutants & Masterminds). 

    Certains petits systèmes indépendants vivent très bien. Savage Worlds (dont j'ai fait la critique) a eu un peu moins d'extensions qu'en 2009 mais ils ont quand même par exemple maintenant nouveau Space 1889 adapté à leurs règles. 

    Une autre license ouverte, Fate, est sans doute le système indépendant qui a le succès le plus surprenant. Le jeu de SF Diaspora (inspiré aussi par Traveller) est basé sur Fate. Cubicle 7 avait publié une extension Space Opera du système Fate, Starblazer Adventures , en 2008, et ils ont ajouté un univers de SF, Mindjammers (un space opera qui ajoute des vaisseaux intelligents et une sorte d'Internet galactique), et une version heroic fantasy, Legends of Anglerre, adapté d'un obscur comic-book britannique qui n'a eu que quelques épisodes.

    Margaret Weis Publishing a utilisé son système Cortex pour deux licenses de séries télévisées : Smallville (sur Superman en jeune adolescent) et Leverage (sur un groupe d'escrocs manipulant les crédules).

    Fantasy Flight Games a sorti un jeu de plus dans l'univers de Warhammer 40k (après Dark Heresy et Rogue Trader), Deathwatch, où on est censé jouer des Space Marines (ce qui me paraît un peu limité pour un jeu de rôle comme ce sont des clones fanatisés surhumains)


  • Les jeux en France

    Les compagnies françaises de jeu de rôle sont toujours assez confidentielles mais les éditeurs indépendants se multiplient (comme Machine à Créer ou Icare).

    Pour ne pas en oublier trop, j'ai utilisé la liste du GRoG.

    En dehors des traductions qui continuent (D&D, Dark Heresy, Rogue Trader ou Shadowrun par exemple), l'une des plus spectaculaires a été la traduction de l'énomre campagne de Cthulhu, Par-Delà les Montagnes Hallucinées. RuneQuest et Traveller de Mongoose sont traduits, et Loup Solitaire a une édition sans doute plus complète en français. Le petit jeu indépendant post-apocalyptique Summerland (où le monde est envahi par une Forêt) a aussi été traduit. 

    La plus importante sortie originale française a dû être Les Ombres d'Esteren (jeu de fantasy avec une touche d'horreur) au Monde du Jeu, mais il y a aussi la nouvelle version du jeu de rôle Abyme d'après les romans de Gaborit, ou le jeu adapté de la bd de Fabrice Colin, La Brigade Chimérique (une sorte de "League of Extraordinary Gentlemen" sur des superhéros dans la littérature du début du siècle).

    Les jeux français Trinités, Metal Adventures, Yggdrasil ont continué à sortir de nombreux suppléments.

    Les jeux indépendants sont très vivaces. On peut citer par exemple Cats! La Mascarade (où on joue des chats intelligents), Oikouménè (la Méditerranée vers 270 avant JC), Achéron (fantastique Belle Epoque), 2012 Extinction (une campagne clef en mains sur un événement qui va bientôt détruire l'humanité), Mahamoth (la vie dans une flotte de vaisseaux spatiaux qui sont retombés dans un âge archaïque), Sens : Renaissance (jeu philosophique où on joue dans un univers virtuel), Tenga (jeu sur le Japon en 1582).
  • 6 commentaires:

    1. Dommage que vous fassiez l'impasse sur les jeux semi-indépendants, dits rules-lite, que sont Barbarians of Lemuria, bien reçu en France ou les jeux développés sur le système PDQ. Je me permets de les citer car ils occupent une place non négligeable sur rpgnet...

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    2. Mais je ne survole que ce qui est paru cette année 2010.
      Barbarians of Lemuria est de 2009, Truth & Justice, qui utilise PDQ, est de 2005, Ninja Burgers et Zorcerer of Zo sont de 2006. Il y a eu de nouveaux suppléments en 2010 ?

      Même chose pour Wushu (un autre jeu indépendant dont on parlait beaucoup sur rpg.net), qui date d'environ 2003, je crois.

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    3. Merci Anniceris de cette petite synthèse.
      Hum, j'ai pu voir D&D4 et franchement je ne suis pas fan, je ne comprends même pas pourquoi cet axe de développement a été pris, puisque quand même déjà bien occupé par GW/40K, etc. Le jeu de skirmish est-il a ce point là à la mode ? Business model super rentable ?

      C'est sûr que Paizo est par ailleurs (et même en terme de graphic design) bien plus créatif avec Pathfinder...

      Enfin, ainsi va le monde du RPG.

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    4. J'en profite pour remercier Anniceris pour son blog que je lis régulièrement.
      J'ai beaucoup aimé la retro-analyse des modules D&D série X (je crois)... ça m'a rappelé pas mal de souvenir, même si à cette époque je n'avais pas beaucoup de liberté ou de joueurs dans ma banlieue paumée :-(
      Je me rappelle avoir bcp salivé devant les couvertures des modules à l'Oeuf Cube (pas touche ! oups !)

      En tout cas merci pour ce dépoussiérage et cette lecture en diagonale.

      (pssst: possible d'avoi la même chose sur une autre série ?)

      Allez, bon Noël à tous...

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    5. Merci !

      D&D4 me laisse assez froid, à part peut-être l'idée d'abandonner la "journée de travail de 15 minutes" où les mages perdaient tous leurs sorts au bout de quelques rencontres. Mais attirer le public du jeu de figurines ne peut qu'être rentable quand on voit le succès de Warhammer chez tous les publics. Et les figurines ne peuvent pas être copiées sur Internet comme les règles et les modules.

      La série de module était la série "B" comme Basic (rangé en old school). Je n'ai sans doute pas assez de scénarios d'autres séries pour faire une série complète, je crois (même si les premiers "X", comme Ambreville, sont biens).

      Je vais peut-être passer à une série sur un autre système (comme le vieux Traveller, par exemple, dont j'ai la série complète des aventures classiques).

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    6. Merci pour ce retour.

      Eh, oui, oups je m'étais trompé c'était la série des B... Mmhhhh célèbres, en plus je les ai en partie faits en tant que meneur... et même première partie sur B2, en tant que DM, où au bout du scénario abscons dans les cavernes je m'aperçois qu'un de mes joueurs se bagarre depuis le début avec un Espadon et une targe...

      Bon j'arrête les anecdotes sinon on a pas fini.

      je suis preneur pour Traveller dont j'avais les règles mais auquel je n'ai jamais joué ; jeu peut-être un peu rigide pour moi et vu de loin. En fait et surtout : pas de joueurs dispos. Je vais pouvoir me délecter à la lecture.

      Nota : je suis dispo pour une partie d'initiation sur Paris... ^_^

      Allez bonne année MMXI

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