lundi 24 janvier 2011

[JDR] En relisant... Casus Belli (3)

Numéro 3 (février 1981, 32 pages)

Devine qui vient dîner ce soir : L'Istaelioth est un hybride démoniaque (comme le cambion ou le tiefling) à l'apparence repoussante (10% de peur panique). Le Grimoire de l'Ultime Sagesse est un monstre déguisé en livre, qui tente d'étouffer ses lecteurs entre ses pages.

Les autres créatures, que je ne trouve pas très intéressantes, sont toutes tirées de la rubrique Fiend Factory de White Dwarf : Le Bloqueur de temps (Time Freezer, WD #15, 1979) est une sorte de singe qui met ses cibles en stase temporelle. La Vierge de glace (Ice Maiden, WD #14) transforme de même ses victimes en statue de glace. Le Chien de Dragon (Dragon Dog, WD #15) crache du feu. Les Gnomes des galets (WD #15, Pebble Gnome) ont une immunité totale à la magie (y compris les sorts de Soins).

Ce numéro 3 ajoute à la faune une nouvelle rubrique sur des objets magiques, le Bazar du Bizarre, avec une Potion de souffle de Dragon et la Clef Sésame qui sert de passe-partout universel (avec 62% de chance d'ouvrir n'importe quelle porte).

Le module, Le Guêt des Hautes Terres (Niveau 1-3), par Fabrice Sarelli (qui deviendra plus tard directeur de l'édition française de Dragon Magazine pour Hexagonal), n'a toujours pas d'histoire, rien que des plans, des salles, des gardes (plus un istaelioth de ce numéro) et des trésors. Cette fois, l'ennemi, le "Maître des lieux" n'a même pas de nom propre ou de fonction, ce qui est une régression par rapport au scénario, pourtant déjà très abstrait, du n°2 où "PK" avait au moins un vague passé. Il y a quelques pièges un peu trop arbitraires (du genre : cette porte doit être utilisée pour se téléporter mais cette autre pièce met dans le coma celui qui y entre).

Puis un nouvel article de conseils pour D&D, par Thierry Martin. Il devait être vraiment un Grognard, même pour 1980, car il ne mentionne que les règles originales de D&D et pas AD&D ou Basic D&D. Il commence en disant de ne surtout pas mélanger D&D avec des "plagiats" comme Runequest (sic) pour ne pas "détruire le sacro-saint équilibre du jeu". Son ton très sérieux semble amusant dans son "fondamentalisme" (à sa décharge, il annoncera sa conversion à Chivalry & Sorcery dans Casus n°5 avec un enthousiasme tout aussi total). Les articles de conseil des n°1-2 disaient que chacun adaptait ses règles de D&D mais l'auteur professe qu'il ne faut surtout pas chercher à modifier des règles déjà parfaites car Gygax a déjà "réfuté" (sic) toutes ces hérésies. Par exemple, un mort-vivant doit retirer des Niveaux à ses victimes et pas simplement des Points de Constitution (c'est plutôt cette dernière option qu'a adopté D&D dans sa 4e édition). C'est un peu le Djihad Gygaxien qui parodie certains des articles les plus directifs de Gary Gygax quand il commence à s'impatienter devant la dispersion des Règles "Maison" et l'arrivée de concurrents. C'est un point central du jeu de rôle par rapport aux autres jeux : les règles sont tellement fluides qu'on peut imaginer qu'il n'y ait pas deux groupes qui adoptent les mêmes versions en pratique. Même Gygax a avoué, bien des années plus tard, qu'il ne suivait pas vraiment toutes les règles d'AD&D et se contentait d'une version intermédiaire entre D&D et AD&D... L'article recommande aussi de créer un monde et de ne pas en rester au Donjon. Le modèle est bien entendu World of Greyhawk.

Il faudra attendre juste après le départ de FMF Casus Belli n°12 (décembre 1982) pour que Frédéric Armand (pourtant plutôt wargamer) écrive un article tout aussi virulent en faveur de Runequest et Glorantha contre les "incohérences de D&D". Denis Gerfaud fera une série de conseils dans Casus n°16-19 pour se désintoxiquer de D&D et passer à Runequest, ce qui conduira d'ailleurs à son propre premier jeu, Rêve de Dragon.

2 commentaires:

  1. Pour être tout à fait précis, le Grimoire de l'Ultime Sagesse n'étouffe pas ses victimes, il leur claque la gueule. C'était le monstre préféré de mon frère et un prédateur de mago dont on peut douter de la viabilité (il ne peut pas fuir une fois qu'on l'a identifié). En fait ce doit être une race dégénérée de Mimic...
    Goodtime.

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  2. J'aime bien l'idée de lui chercher une généalogie, comme un Mimic figé. L'article Mimic mentionne un village de Maisons-Mimic qui avalent ceux qui y entrent.

    Pour qu'il puisse survivre, il faudrait peut-être qu'il ait de la valeur : au lieu d'un Mimic changé en faux livre, une sorte de parasite vivant dans un vrai livre. Du coup, il pourrait négocier avec les personnages en échange de l'accès au livre.

    Ou alors, c'est simplement vraiment un livre tout court. Dans Terry Pratchett, il y a l'idée que les Sorts sont des sortes d'êtres individuels vivants.

    Peut-être que les Livres de sorts s'animent progressivement à force de recevoir des Sorts. Chaque Livre de sort pourrait avoir sa personnalité et le MJ pourrait avoir à négocier avec son Livre comme avec un Familier.

    Certains Livres de sort ont des désirs et cherchent par exemple à retrouver des pages perdues (des Sorts "amis") qui sont devenues des Parchemins dispersés.

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