A l'époque de la visite de Qaḏâfî à Paris au début du mandat incohérent de notre Président, une apologie fanatique de Kadhafi par Calixthe Beyala, que j'avais complètement ratée à l'époque.
On y a droit à tous les arguments les plus débiles. Par exemple, si on critique Gaddafi, c'est seulement par racisme et par haine du Sud (Beyala est la grande spécialiste de cette stratégie victimaire : quand Lire avait trouvé des douzaines de plagiats dans ses oeuvres, elle avait aussi dénoncé le racisme anti-africain). D'ailleurs, dit-elle, personne ne critique Bush (au passage, le fait qu'El-Gueddafi dise que les insurgés sont manipulés par Ben Laden suggère qu'il est capable d'imiter des méthodes de Bush). De même, toute critique du régime libyen est du colonialisme et notre démocratie est tout aussi dictatoriale puisque la société est pleine de discriminations.
Et quand la journaliste raconte la tentative de viol dont elle a été victime en 1984, Beyala sous-entend, en reprenant l'immonde argument de tous les sexismes, que c'est elle qui avait tenté de séduire "le Guide" (sa phrase "Je ne juge pas la sexualité du Guide" est sans doute l'un des pires énoncés jamais entendus).
Le seul argument positif de Beyala envers Algathafi est qu'il a repris le projet nassérien (panarabe d'abord, puis, devant l'échec, "panafricain" pour mieux justifier l'invasion du Tchad) et qu'il s'est battu de manière constante pour l'Unité Africaine. C'est vrai, mais on peut se demander si le fait que le projet soit soutenu par un Caligula mégalomane qui ne le faisait que parce qu'il se rêvait en prophète du Continent n'a pas gêné ce processus. Et de toute manière que des Etats-Unis d'Afrique qui eussent été fondés sur une confédération de quelques dictatures complices ne feraient pas de Kadhafi un Jean Monnet, un Washington ou même un Bolivar.
Si jamais la Libye est libérée de ce fou et de sa famille, il y aura eu un saut encore par rapport à Ben Ali et Moubarak (ou éventuellement la monarchie du Bahreïn et la république "autoritaire" du Yemen). Ces derniers n'étaient que des dictateurs "traditionnels" comme il y en a beaucoup d'autres alors qu'avec le Colonel Kadhafi on était dans le domaine plus fantastique et plus rare des Néron, Saparmurat Niyazov ou de Kim Il-sung.
(ce post a renoncé à toute orthographe cohérente dans la translittération latine de son nom)
"avec le Colonel Kadhafi on était dans le domaine plus fantastique et plus rare des Néron, Saparmurat Niyazov ou de Kim Il-sung."
RépondreSupprimerOui, l'embêtant c'est que la Libye n'était pas à la hauteur de sa mégalomanie...
Il disposait quand même du pétrole libyen qui lui a assuré une énorme croissance dans les années 70 et même maintenant la croissance était très positive (+10% !).
RépondreSupprimerJe ne sais ce que ces chiffres signifient mais le PIB par habitant était censé être l'un des meilleurs du continent (après la Guinée équatoriale), de 14,878$, soit au rang du Chili ou du Mexique.
Ce que je voulais dire c'est qu'il ne voulait pas se contenter d'être un dieu dans son pays comme Niyazov par exemple... il avait des ambitions à l'échelle continentale.
RépondreSupprimerJe crois qu'il a financé des mouvements de guérilla jusqu'aux Philippines...
Et il a su garder une bonne image dans certains pays "socialistes" grâce à cet activisme, même au-delà de son soutien à l'OLP d'Arafat.
RépondreSupprimerDaniel Ortega du Nicaragua vient de dire (après Castro ou Chavez) qu'il le soutenait contre "l'Impérialisme" comme si le mouvement actuel était forcément une manipulation de la CIA comme certains Contras des années 80.
C'est marrant cette défense anti-impérialiste de Khadafi, elle n'est même pas cohérente avec le discours de Khadafi lui-même qui accuse Ben Laden...
RépondreSupprimerJe suis assez impatient d'observer les contorsions intellectuelles des fans français de Chavez pour éviter de condamner ce soutien...
C'est un tellement bel exemple de non sequitur que je risque de le citer en cours…
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