Les Nouvelles du Front mentionnent la parution de Pavis (pour Runequest), Cry Havoc & Siege, des modules Traveller, TimeShip, la première traduction de Basic D&D est enfin parue et on annonce pour l'été le tout premier jeu de rôle français, l'Ultime Epreuve.
L'analyse d'un sondage du #14 dit que les publics jeu de rôle et wargames commencent à se dissocier (avec une séparation entre D&D et Squad Leader), ce qui annonce la future spécialisation graduelle de CB. La majorité des lecteurs a moins de 20 ans (je présume que si la nouvelle édition de Casus faisait un sondage, ils obtiendraient un résultat nettement plus élevé au-dessus de la trentaine).
Le numéro a une review qui fait justement la synthèse wargame-jeu de rôle avec Behind the Ennemy Lines, le jeu de FASA où on joue des GIs en 1944. Je me demande s'il ne faut pas parler de wargame tactique plus de jeu de rôle, comme il n'y a pas d'autres vraies options que le combat, même s'il y a un maître de jeu.
La page Ludotique a le jeu informatique Ultima II: The Revenge of the Enchantress (août 1982). Un des changements avec D&D est que les six caractéristiques habituelles ont une échelle différentes et sont déterminées par la répartition de 90 points (soit une moyenne de 15 par caractéristique).
Devine Qui Vient dîner ce Soir : La Mémoiraignée est un être symbiotique qui augmente l'intelligence et la mémoire de son porteur (+1 sort du niveau maximum du magicien, +2 sorts d'un niveau inférieur et +3 sorts d'un niveau encore inférieur) en échange d'un peu de sang (1 point de coup/jour). C'est un détail effrayant à ajouter à un ennemi. Le synggh est un parasite à la Alien pour Space Opera qu'on absorbe par l'alimentation.
Les pages Space Opera décrivent un peu plus la génération des systèmes stellaires, après la description de Simurgh dans CB #14. Ici, Cythiro est un astéroïde minier à 4500 secondes-lumières (9 UA) de Simurgh, soit la distance moyenne entre la Terre et Saturne.
S'ensuit un bref article résumant les règles sur les Psionics dans AD&D par Martin Latallo, "Vous avez dit Bzzionikhs ?". Les Psioniques sont en gros un substitut de magie avec des règles spécifiques et qui serait accessible à toutes les classes de personnages (mais avec de très faibles chances de l'avoir). Le principe même détruit tout équilibre si sacro-saint entre les personnages et cela explique que depuis la 3e édition ce soit devenu un type de classe de personage à part.
C'est aussi le même Martin Latallo qui fait une description de l'excellent jeu de rôle sur le Japon médiéval de FGU, Bushido. Casus est décidément marqué par la nippophilie depuis le Samouraï des premiers numéros (cf. CB #6). Un détail de l'époque : Latallo utilise "Facultés" pour traduire Skills, là où nous utilisons maintenant "Compétences", et je trouve que ce serait un meilleur choix pour les "Abilities".
Je ne résiste pas à l'envie de recopier un petit récit de partie qu'il donne pour insister sur la différence d'ambiance avec un autre jeu :
"
Un Samouraï voulait venger l'assassinat de son maître, qu'il avait été incapable d'empêcher (ce qui signifiait une grosse perte de "on" オナー). Pour cela, il s'est associé à d'autres aventuriers, et après une longue poursuite dans une vallée oubliée, le groupe dut faire jouer différentes relations pour attraper l'assassin, qui s'était placé sous l'autorité du seigneur d'une ville. Le prêtre fit appel à ses dieux pour obtenir l'appui des gens de sa religion, et le voleur dut montrer sa valeur pour glaner des informations auprès du gang yakuza local. Enfin, le Samouraï obtint une audience avec le seigneur de la ville, et put faire douter celui-ci de l'honnêteté de son protégé, après un long discours et une série de cadeaux, ainsi que des démonstrations de politesse, de noblesse et de connaissances (une cérémonie du thé, une partie de go et une danse à une fête). Tout cela permit au Samouraï d'affronter son ennemi dans un concours qui se composait successivement de chant, de poésie, de peinture et de théâtre. Le Samouraï perdit (encore une perte de "on") et, grâce au soutien armé de ses camarades, fit appel à une sorte de jugement des dieux, en duel contre son adversaire. Puis, le combat gagné, devant ses compagnons ébahis, il se fit seppuku, ayant perdu trop de "ON".
"Cela serait alléchant mais en fait, je crois me souvenir que les Compétences de Bushido coûtaient assez cher à monter et qu'il serait assez douteux qu'un personnage (même de classe aristocratique Buke) puisse vraiment augmenter énormément ses scores en "Cha-no-yu", "Go", "Haïku" et "Danse Kagaku" alors que cela ne servirait guère que pour ce scénario très particulier.
J'ignore après avoir lu seulement Ruth Benedict si ce mot "On(a)" qu'utilise le jeu Bushido est adéquat (les Japonais utiliseraient peut-être plus "Giri" 義理, Devoir, ou bien Meyo 名誉 ? Le jeu Sengoku utilise "Kao" 顔, la "face"). Une personne-on est celle envers qui on a une dette d'honneur mais Ruth Benedict (qui n'étudie le Japon que de loin) cite des exemples où "on(a)" n'est pas exactement l'Honneur. D'autres termes du jeu Bushido (comme "gakusho" pour "Prêtre", qu'il soit un Kannushi shinto ou un Bozu bouddhiste) ne trouvent pas beaucoup de hits sur Google en dehors de ceux pour le jeu, ce qui me fait penser que c'était un choix terminologique discutable (même si Bushido était vraiment très avancé en ethnologie pour les jeux de l'époque).
Enfin, le module du numéro, "Séjour à Izuyima", prévu à la fois pour AD&D (4e niveau) et surtout Bushido, est encore par Martin Latallo, qui a donc rédigé la quasi-totalité des pages jeu de rôle de ce numéro. Les personnages visitent le village (imaginaire) d'Izuyima (classe D en termes de règles de Bushido). Le village est en plein centre du Nihon, Latallo ne précise pas mais sur la carte de Bushido, cette province correspond à la Péninsule de Kii, au sud des plaines du Yamato, de l'ancienne capitale de Nara et du sanctuaire d'Ise. Les aventuriers commencent par lutter contre des Yakuzas et participer à diverses compétitions pour l'honneur, y compris un débat théologique (comme pour illustrer à nouveau ce qu'il avait raconté dans sa description de partie). Mais le scénario devient plus haletant quand un sombre ninja déguisé servant un Dai-bakemono se venge du village en y répandant une maladie. Il faudra le retrouver pour récupérer le remède (sachant que les personnages aussi ont été contaminés et que c'est donc une course contre le sablier). Ce n'est pas encore d'une originalité bouleversante mais cela donnerait quand même envie d'essayer. Latallo va très bientôt améliorer considérablement l'écriture des aventures du magazine par ses scénarios pour l'Appel de Cthulhu (et sa très belle campagne de superhéros dans le #26).
En passant, j'ai encore échoué mon jet de google-fu et ne trouve guère de traces de "Martin Latallo" sur le Web. Je suppose qu'il est sans rapport avec le cinéaste polonais "Marcin Latallo" avec lequel Google veut à tout prix l'identifier (né en 1967, le Polonais aurait été trop jeune pour écrire si bien en 1983). Il semble avoir complètement quitté le domaine du jeu de rôle après les années 1985-86 en tout cas...
On trouve un scénar ADD de lui sur ce site :
RépondreSupprimerhttp://darkaldar.free.fr/index_fr.html
Mais le webmaster n'a pas l'air d'avoir les coordonnées de l'auteur (il les demande). J'imagine que le scénar est repompé sur un Casus ?
C'était dans Info-Jeux n°1 quand Latallo a quitté Casus Belli. Ils avaient créé leur propre monde (l'Almérie et le Méridia) dans les 5 premiers numéros (sur 7) et c'est pourquoi Latallo fait allusion à une campagne plus vaste tout à la fin.
RépondreSupprimerIl faudrait demander à Goodtime (qui en a) mais avec le grand format journal, c'est très difficile à scanner.
Ah, je vois sur un site que Latallo a fait deux scénarios, "Poppa est en voyage d'affaires" et "Le chaos en héritage" dans Info-Jeux n°3 (1986). Il était vraiment prolifique.
RépondreSupprimerÀ mon avis (et celui de mon dictionnaire) オナー (onā) n'est pas un mot japonais, mais la retranscription phonétique de honnor prononcé à l'américaine. Les caractères sont des katakana qui ne sont normalement pas utilisé pour des mots japonais.
RépondreSupprimerOui, cela tombait en effet trop bien que cela ressemble tant au son anglais. Sur ce site, il n'y a que ce katakana pour ce mot.
RépondreSupprimerBushido utilise seulement "On", peut-être en référence à Ruth Benedict. Les informateurs de Paul Hume et Bob Charette ont peut-être donné ce mot dans le contexte même de la conversation avec l'anglais ?
Et kao signifie visage au sens physique. Je ne suis pas sûr que ce soit employé au figuré pour l'honneur.
RépondreSupprimerIzuyima ne peut être un mot japonais non plus alors qu'Izumiya oui.
Je ne sais pas si le sens concret ne s'étend pas au sens abstrait, dans "perdre la face", d'après ce texte.
RépondreSupprimerMais ce site a l'air de préférer mentsu (面子) pour face au sens d'honneur (et d'autres termes où on retrouve toujours le kanji 面, men, comme le chinois miàn : memboku, 面目, ou membokushidai 面目次第 ).
kao est effectivement le mot pour le visage, mais mon dictionnaire me donne aussi des expressions en rapport avec l'honneur, notamment:
RépondreSupprimer顔を立てる
«Sauver l'honneur»
La première traduction pour «honneur» que je trouve est 名誉 (meiyo), c'est la combinaison des kanji pour nom et réputation, honneur
IIIINCROYABLE de tomber la-dessus tant d'années après, merci merci merci. Oui Martin et Marcin sommes bien identiques, a moins qu'on ne compte le déracinement suite à une émigration Pologne France et retour, actuellement a Paris, je retouve ces histores, ecrites a 16 ANS (hé oui, merci de votre compliment), ensuite je suis devenu cinéaste
RépondreSupprimeramicalement
Martin
www.latallo.com
Wow, vous aviez vraiment 16 ans à l'époque ! Je voulais vous remercier pour tous ces scénarios de Casus Belli. Ils étaient vraiment merveilleusement faits.
RépondreSupprimermerci et je vous invite a me suivre sur Facebook.com/latallo ou sur ma page pour de nouvelles aventures, dont un jeu "Lovecraft" bientot! Merci, ftaghan!
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