lundi 16 mai 2011
...et partout il est dans les fers
Après son fils le Sénateur du Kentucky qui disait que un droit aux soins serait équivalent à l'esclavage, son père le libertarien Ron Paul confirme et ajoute la conclusion logique que les droits actuels à la retraite ou aux soins pour les personnes âgées sont aussi de l'esclavage. C'est la grande différence entre les Libertariens et les Républicains habituels : les premiers sont prêts à affirmer les conséquences, les seconds sont prêts à se servir des principes seulement là où cela leur paraît politiquement expédient. Mais on doute qu'ils oseraient avouer à leurs électeurs et même aux militants des Tea Parties, souvent âgés, les conséquences de leur doctrine affichée.
Ceux qui ne trouvent rien de si grave dans le combat de la Confédération du Sud en faveur de la suppression de tout droit à certains humains continuent à ergoter sur la différence entre les droits-libertés du Bill of Rights par opposition à un droit-créance minimal pour le bien commun d'une République, ne serait-ce même que dans une théorie de l'intérêt bien compris.
On peut discuter sur les limites de ces droits-créances mais il paraît infantile de régler le problème complexe par une simple stipulation verbale qu'un droit-créance ne peut pas être un droit et est même la négation de tout droit de propriété, simplement parce que le Bill of Rights d'un passé esclavagiste ne les avait pas énumérés dans sa liste non-exhaustive.
Cette obsession sur l'Esclavage (il faudrait une sorte de point Rousseau comme on parle d'une loi de Godwin : la probabilité qu'on invoque les chaînes de la servitude tend vers 1) vient bien sûr d'une rivalité victimaire raciste : l'Américain conservateur veut à la fois s'attribuer toute la peine des victimes en "esclaves" de la Fiscalité, se dire la Vraie Victime de l'injustice, le vrai Esclave de ces ex-Esclaves, tout en disant que la Confédération esclavagiste était héroïque dans son combat des droits individuels de propriété (un peu comme un Français de n'importe quel bord aura une tendance de mauvais goût à se comparer sur tout sujet à un Résistant contre la Collaboration). La dénonciation du Ressentiment des autres est aveugle à son propre Ressentiment : ils refusent dans toute solidarité une morale d'esclaves "assistés" tout en se plaignant d'être "opprimés" par ces "faibles".
Un tragique accident historique du rapport des forces vers 1780, le fait qu'ils n'aient pas pu et voulu faire passer l'abolition de l'Esclavage dès le début, demeure, même 150 ans après l'abolition, une névrose nationale qui ne passe pas et où l'individualisme possessif de Locke (dont la position sur l'esclavage est si ambiguë dans le Traité du gouvernement civil de 1690) est transformé en une métaphysique indépassable où l'asservissement ne peut venir que de droits sociaux de l'Etat-providence mais jamais du déchaînement des pouvoirs oligarchiques des groupes les plus fortunés.
Votre dernière phrase résonne comme un écho des propos que me tiennent des amis libéraux libertaires - ennemis du Léviathan, aspirant à être "enfin" libérés de la plupart des lois, comme l'extrême gauche aspire à l'éradication de l'intérêt privé.
RépondreSupprimer"Elle résonne", au sens où elle illustre ces propos, bien sûr.
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