Je reprends ici rapidement le commentaire sur ce livre classique de 96 pages, avec environ 200 planches illustrées. Images de la science fiction (Gründ, 1980) a été signé "Steven Eisler" (qui est un pseudonyme du célèbre écrivain de fantastique Robert Holdstock (1948-2009), l'auteur de Mythago Woods. C'était la traduction de Space Wars: Worlds and Weapons (Octopus Books, 1979). Ce site français (qui a ajouté du Caza) et cette entrée de blog ont quelques illustrations.
Couverture par Chris Moore
Une des curiosités du livre est que le texte principal est un commentaire général sur les thèmes de la science-fiction et du fantastique mais que les légendes des illustrations font en revanche semblant d'être une encyclopédie fictive sur un univers futur, avec même un Glossaire donnant un début de descriptif de cet univers.
Le futur de l'Humanité voit se succéder de multiples organisations politiques interplanétaires à partir de la Fédération Solaire, puis du troisième millénaire, plusieurs Fédérations d'origine terrienne (plus ou moins démocratiques) et successivement trois Empires.
Le Premier Empire avait pour capitale la Terre et dura 530 ans. Ce fut notamment l'époque de l'Expansion et de la diaspora des Villes Nomades avec leurs Spindizzies anti-gravité (p. 25).
Il y eut un Inter-règne mais un marchand bootien Kriston Abel Farenzio fonda le Deuxième Empire sur Vega (α Lyrae) à 25 années-lumière de la Terre et la capitale administrative devint ensuite Trantor. C'est aussi l'époque où l'Empire fut visité par les mystérieuses Cités Spatiales irrikoniennes, des réfugiés venus de M31 qui repartirent ensuite, p. 27). Cet Empire s'écroula après 400 ans.
Au Ve Millénaire, le Troisième Empire (aussi appelé "Empire quirinien" p. 11) fut fondé par Birikoff Brishoff Mac Suriyamana, nomade et chef religieux (peut-être après des problèmes liés à la planète Arrakis). La capitale fut à nouveau Alpha Lyrae puis la Planète artificielle Mechanistra (vue ci-contre, 7 km de diamètre, deux millions d'habitants, voir p. 83, 92).
Ensuite, la capitale fut déplacée vers le système solaire, sur Sol IV (Mars).
Les Guerres de Zone
Les diverses Fédérations de l'Inter-règne et ensuite le Troisième Empire ont dû affronter plusieurs guerres interstellaires qui donnent leurs titres à l'ouvrage (Space Wars).
La Guerre Finale fut un long conflit colonial contre l'Empire Fabérien et leurs alliés (les Sarosiens et des mercenaires arisiens et duriliens). Le conflit se termina par une bataille dans Tucana M, où le monde artificiel Mechanistra et d'autres stations de combat furent employés et les Fabériens signèrent un armistice. Depuis, les relations entre les deux Empires se sont améliorées et ils gèrent ensemble les Portes des étoiles.
La Guerre Thanguienne eut lieu notamment autour de la planète primitive Jaimbaliz dans un système de la Lyre (p. 58) contre l'Empire Thanguien qui voulait changer l'environnement de plusieurs mondes. Les Thanguiens furent vaincus mais le Troisième Empire dut payer un dédommagement à la planète Jaimbaliz, dont la guérilla avait su résister aux envahisseurs.
Les Guerres Temporelles
Enfin, les plus terribles guerres furent les Guerres nimiennes.
Les Nimiens étaient en effet en avance dans les recherches sur le voyage dans le temps et le Troisième Empire fit une guerre préventive pour rattraper leurs technologies temporelles. Les vaisseaux nimiens attaquèrent l'Empire humain à divers moments de son histoire. On dut intervenir pour repêcher d'immenses dreadnoughts nimiens écrasés dans le passé de la Terre p. 49, et éviter des paradoxes destructeurs.
L'Empire quirinien réussit à détruire les Nimiens mais on découvrit ensuite que les premières offensives nimiennes les plus atroces avaient en réalité été des provocations et manipulations de l'Empire lui-même pour justifier sa guerre d'anticipation sur les Technologies de Destruction Massive (je rappelle que cela date de 1979...).
"La Princesse Viviane, fille de l'Empereur Hrothgar V, devint une pirate de l'espace dès l'âge de 21 ans". Ici représentée avec son spatiopilote aldébaran-ien.
(En réalité, cette illustration de David Bergen représente Rydra Wong, l'héroïne xéno-linguiste du roman Babel-17, dans la couverture de 1978)
Les Vaisseaux qui franchissent la vitesse de la Lumière doivent déclencher une "distorsion de l'espace" pour sauter dans l'hyperespace. La "vitesse relative de l'espace-temps" (sic) est alors appelée "Einvélocité". Mais tout véhicule dépassant la célérité de la lumière doit affronter les fluctuations, mesurées en "ziemen". On appelle "Facteur C" l'équilibre entre l'einvélocité et la capacité de fluctuation en ziemens, auxquelles viennent s'ajouter la masse, l'énergie et le temps.
Si le déplacement temporel (en "secondes par minute") est trop élevé, le vaisseau atteint un point critique et risque la destruction. La plus spectaculaire fut l'I.C. Ortygia (p. 14-15, illustration de Chris Moore) entre Procyon et Aldebaran. Son déplacement temporel était à 10 seconde/minute et la masse critique fut atteinte en 15 jours. L'explosion donna naissance à la Nébuleuse de la Pieuvre. Il ne faut pas confondre ce phénomène avec l'écrasement temporel qui survenaient dans les technologies des Guerres nimiennes.
Par exemple, voici le Starcutter (p. 12).
Construit par Thruspace Interworlds Co., il mesure 750m de long, a une masse de 230,000 tonnes.
Déplacement spatial 48 ziemen.
Facteur C 26,8-33,3.
Vitesse max. : Cx8
Déplacement temporel 5 secondes/minute.
(Astarte, illustration d'Edward Blair Wilkins)
Certaines des illustrations furent aussi utilisées, avec des commentaires différents dans la série contemporaine de Terran Trade Authority.
Et cela n'a rien à voir, mais quand la compagnie Pan American World Airways fit faillite en 1991, la première chose à laquelle je pensai fut justement cette illustration du futur (par Chris Moore), image devenue désormais surannée d'un avenir américano-centré qui n'aura probablement jamais lieu, même si un nostalgique reprenait ce nom.
A Clarke et Kubrick aussi, le choix de la navette Pan Am pour voyager dans un confort optimal entre la Terre et la station orbitale s'imposait comme une évidence.
RépondreSupprimerJ'avais complètement oublié le Space Clipper Pan Am de 2001 (assez proche des vraies navettes spatiales). L'illustration de Chris Moore doit être postérieure et doit citer le film. Mais la couleur d'un jaune "taxi" est un joli détail supplémentaire.
RépondreSupprimerPourrais tu STP nous montrer l'image ayant inspiré le greeg de Casus Belli n° 9 (Devine qui vient dîner ce soir) ?
RépondreSupprimerOui, c'est la couverture de The Night Face de Poul Anderson par Michael Whelan.
RépondreSupprimerDans la version Images de Science-fiction, p. 63, il dit :
"Le monde du Nécromant, situé dans la zone des Soleils Noirs, aux confins de l'espace fabérien, résista à toutes les tentatives de colonisation menées au cours du Second Empire. Le monde appelé Nécromant, en raison de l'immense cimetière étranger qui y fut découvert et qui renfermait quelque 400 millions de cercueils de pierre, était un "lieu d'attente" : les cercueils ne constituant qu'un étrange et incompréhensible système d'animation suspendue. Le monde était dit hanté parce que les habitants aux aguets faisaient échouer toute tentative de colonisation comme le démontre cette photographie nocturne prise par un robot. Ces créatures intelligentes, haineuses, peu communicatives, sont appelées les Greegs."
Dans le vrai roman (aussi appelé Let The Spacemen beware), Miguel Tolteca descend de son vaisseau le Quetzal pour nouer le contact avec une planète qui semble ultra-pacifique et utopique, Gwydion, mais dont la population peut aussi traverser des phases plus sombres.
Merci pour les lien. Des années après, et je m'aperçois que toutes les illustrations me sont restées familières - me revoila à rêvasser devant le croiseur de classe Soudot.
RépondreSupprimerOn devait vraiment les relire énormément pour qu'ils soient ainsi marqués. Je regrette encore maintenant de ne pas pouvoir lire les aventures de cette Princesse Viviane.
RépondreSupprimerLe croiseur de classe Soudot (dessiné par l'Italien Franco Storchi) est p. 47.
"Ce genre d'expression de technobabble me donnait vraiment une impression "d'effet de réel".
RépondreSupprimerJ'ai connu cet effet avec un livre de la même époque, mais qui s'appelait quelque chose comme "encyclopédie des vaisseaux spatiaux". Je devais avoir 9-11 ans (et j'étais très naïf). Les commentaires sur les vaisseaux étaient extensifs et présentés avec le plus grand sérieux, façon "les avions de la 2ème GM" et je me rappelle que le 1er vaisseau était présenté comme un cercueil spatial tellement les pilotes le déconsidéraient.
Je me rappelle fortement m'être dit "Quoi? Ces vaisseaux existent? Pourquoi n'en ai-je jamais entendu parler?!" ;)
Le CDI du collège avait un exemplaire de ce livre et je passais des heures à le feuilleter. À l'époque de tels gros ouvrages en couleur étaient assez rares. Du mois entre mes mains :)
RépondreSupprimercollege jean jaures colomiers ?
Supprimer> Rappar
RépondreSupprimerCe doit être un des livres de la série Terran Trade Authority (on voit les couvertures françaises sur la page), non ? Les Vaisseaux de L'espace. De l'an 2000 à l'an 2100 par exemple. Il y a eu aussi un jeu de rôle sur cet univers chez Morrigan Press (ils n'avaient pas les droits des illustrations mais refaisaient les vaisseaux de manière digitale).
> 賈尼
C'était un CDI ouvert pour 1980. :)
D'où la description des Greegs dans CB #9 !
C'est vraiment un bon livre. La partie du texte sur les thèmes de la sf est parfois un peu arbitraire dans ses choix peut-être et il y avait des allusions plus britanniques qui nous échappaient un peu (je crois qu'il mentionne Dr Who à un moment, si je ne confonds pas avec une autre encyclopédie).
La planète "La Serre" (p. 77), monde-forêt d'arbres géants avec ses "Chevaliers des Arbres", me donne encore envie de le mettre dans un scénario.
> Oui, c'est la couverture de The Night Face de Poul Anderson par Michael Whelan.
RépondreSupprimerMerci ! :-)
Funny, j'avais aussi ce bouquin d'illust en couleur dans ma chambre. Les illustrations ont été bcp exploitées par les livres de poches de Fleuve noir de l'époque ! J'adorais leurs romans aux 300 mots de vocabulaire, genre rayon anti-matière... Et leur couv' délirante qui me faisait réver...
RépondreSupprimerJe le re-feuillete de temps à autres, ainsi que ses deux copains "Les Grandes Batailles de L'espace" et "Les Long-courriers de L'espace".
RépondreSupprimerMerci pour la sequence nostalgie ;)
Oui, c'était le CDI du collège Jean-Jaurès à Colomiers :-)
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