mardi 27 mars 2012
[Tékumel] Modes tsolyáni pour dire "Tu" ou "Vous"
Quand on lit les romans de MAR Barker comme Man of Gold ou Flamesong, il précise souvent dans les dialogues entre personnages quel pronom de la Seconde Personne est utilisé et cela peut être utile pour créer une impression d'étrangeté.
Le pronom de la Première personne a déjà plusieurs formes mais la société tsolyáni obsédée par le statut social est encore plus sourcilleuse dès qu'il s'agit des interactions à la Deuxième Personne. Bien entendu, vous ne pouvez pas vraiment les utiliser en détails dans le jeu mais saupoudrés dans certains dialogues, les pronoms peuvent contribuer à rappeler qu'on n'est pas sur Terre et que même la Chine Impériale paraîtrait presque peu formelle en comparaison de l'Empire du Trône de Pétale vieux de deux mille ans.
Le Tu existe de base à quatre niveaux principaux (cf. MAR Barker, The Tsolyáni Language, volume 1, 1978, p. 16-18) : tsám (basse classe), túsmi (classe moyenne), túsmidàli (classe supérieure, avec le suffixe -dàli qui signifie "grand") et misritúsmidàli (haute noblesse).
Mais la langue tsolyani a encore une trentaine d'autres Tu plus stylisés :
tsamungá le Toi de l'Ultime infériorité (pour les esclaves) ; tlóshuntsám le Toi du mépris discriminant ; iluntsám, le Toi de l'indifférence ; tsámmeri le Toi du Désir du Coeur (entre amants) ; tùsmiketlán, le Toi de l'Anonymat Poli (à une personne dont le statut ne peut pas être discerné) ; tùsmingáru, le Toi de la Jeunesse honorable (par un aîné) ; tùsmichán, le Toi de la Gentille réprimande (pour railler sans agressivité) ; tùsmisimu, le Toi du Vaste voyage (pour un étranger respecté) ; tùsmikru, le Toi de l'étrangeté courtoise (pour les Non-humains) ; tùsmikáng, le Toi de la Victoire martiale (pour un soldat de rang inférieur à kásikoi) ; tùsmishán, le Toi de piété parfaite (à un prêtre) ; tùsmiyálu, le Toi de la Recherche spirituel (à un érudit) ; tùsmiténga, le Toi du commerce plaisant (à un marchand) ; tùsmitlévu, le Toi de la suzeraineté de beaucoup (à un chef de clan) ; dlànotusmi, le Toi de service (à un supérieur hiérarchique dans une administration) ; tsinéntùsmi, le Toi du respect continu (à un parent ou membre aîné de sa famille) ; eyultùsmi, le Toi de la dispersion de la solitude (à une épouse ou bien une concubine favorite) ; tùsmiré, le Toi du discours devant le peuple (à des inconnus respectés dans des discours ou textes officiels) ; dlakántùsmi, le Toi de l'obéissance dans la paix (à des personnes de rang plus haut placé en général comme des petits nobles ou des fonctionnaires) ; srelétùsmi, le Toi de la Convenable Administration (à une épouse ou concubine d'un membre des classes supérieures) ; tùsmitlakomélu, le Toi de Profonde Soumission (à un Gouverneur ou un haut officier impérial) ; tùsmitléshu, le Toi de Gente Gloire (à une femme de noble statut) ; jagéltùsmi, le Toi de Révérence divine (à un prêtre de haut rang) ; qàlotusmi, le Toi de la Splendeur éminente (à un ou une membre de la Famille Impériale) ; tóqúntusmidàlisa, le Toi de l'Emerveillement Fasciné (à un Prince héritier de l'Empire) ; srünosantúsmidàlisa, le Toi de l'Omnipotence Surnaturelle (à l'Empereur).
On dirait mes cours de coréen :)
RépondreSupprimerLe modèle doit en effet être asiatique. Le Coréen fait plus de différences dans les pronoms que simplement "poli / intime" ou "formel / informel" ?
RépondreSupprimerMouais. Je préfère, dans les simulations de discussions du Japon féodal, la combinaison des couples "inférieur/égal/supérieur" et "impoli/neutre/poli", pour donner des déclarations simples et ne nécessitant pas d'apprendre du vocabulaire "Je parle au mystérieux samuraï en inférieur neutre"
RépondreSupprimerJe préfère aussi quand on utilise les mots français ; par exemple mon perso à Qin s'appelait "Force de l'Ours" et non pas (pardonne-moi Gianni...) "Xiong Qiang"; et donc ce serait plus fun, amha, que des PJ de Tékumel s'interpellent entre eux en utilisant les termes français; "Respect continu a-t-il encore faim?" - "Non, Jeunesse honorable a été parfait" - plutôt que de couper le roleplay en ayant deux joueurs le nez dans leurs papiers de lexique, une fois pour dire et l'autre pour comprendre ce que l'autre a dit... ;)
Une des bonnes idées du scénario A Jakállan Intrigue de Pettigrew est d'avoir donné à chaque PNJ un surnom descriptif avec des codes de couleur (le Duc en Ecarlate, la Dame en Bleu) et c'est plus simple (surtout pour les joueurs qui n'ont pas lu le scénario, eux) de retenir la "Dame de Jade" plutôt que Chaturghà hiVriyén).
RépondreSupprimerIl y a une scène de séduction au début du roman Man of Gold où Eyil glisse insensiblement du pronom neutre vers le pronom du Désir du coeur pour rendre clair ses intentions.
@Phersv/Rappar
RépondreSupprimerJ'ai dit que ça ressemblait à mes cours de coréen par boutade, pour rendre l'impression de foisonnement délirant des contraintes de niveau de langage. Mais en réalité, pour être plus précis, ça n'y ressemble guère puisqu'il n'y a quasiment pas de pronoms en coréen (à part "je" et "nous" on évite). En revanche il y a des conjugaisons différentes du verbe selon la place du locuteur par rapport à l'interlocuteur, il y a des infixes honorifiques... un vrai cauchemar. Les mots eux-mêmes changent selon la personne à qui l'on s'adresse. Par exemple la phrase "vous avez 58 ans" va être complètement différente (i.e., tous les mots vont être différents) selon que l'on s'adresse à un collègue de travail ou à son père.
@Rappar
RépondreSupprimerPour ce qui est des noms de perso, je ne suis pas non plus partisan de noms trop inintelligibles. Dans TCE il y a un chapitre pour créer des noms de knights-errant hauts en couleur comme dans les romans picaresques chinois de l'époque Míng ("le Petit-Tourbillon", "le Rat-en-plein-jour".... Et de manière générale je préconise le mélange nom chinois/épithète, p.ex. Wáng-le-Troisième ou Bóxī-l'Aveugle.