vendredi 27 avril 2012

Miroirs & Idolâtrie


Zak a un joli message sur la culture de l'amateur et son basculement dans le Narcissisme contemporain du "Fan(atique)" égotiste :

"[T]o enthusiastically like something someone made--a book, a movie, a record, a game--means you are appreciating something that isn't you. It isn't even your family. It isn't anything that will contribute directly to the success of your genetic material on the planet.

Per se, a person who is wholeheartedly aesthetically appreciating a phenomenon of the outside world is getting out of their own everyday concerns (essential to being able to imagine the suffering of other people) and appreciating that a human unlike them did something worth doing (ditto essential).

(...)

In any fan, it can go:

The art is good.
I appreciate the art.
I appreciate the art because it is like me, it is the product of people like me, for people like me.
The art is therefore good because it is like me.
And I am good because I like it.
The art is good because it appeals to me or is related to me.
Therefore: if you are good, you will like this. If you are bad, you won't.
Therefore: if it is not aimed at me, it is not good.

Now every single great piece of art ever has probably benefitted from this dangerous but emotionally undeniable reaction. Sometimes you hear a song and it is you." 

Cette forme d'idolâtrie narcissique est un risque de tout art et de toute critique depuis qu'on y mêle des considérations d'expressivité du sujet.

C'est un problème aggravé dans les carnets personnels, où on n'a pas d'éditeur et où on se dit qu'on n'a contraint personne à perdre son temps à venir vous lire. Le biais est alors "l'épanchement de l'expression". Il est inévitable de penser qu'on aime X ou Y par simple nostalgie ou association personnelle mais il devient plus gênant qu'on se contente de constater ces préférences personnelles en exposant son histoire individuelle, ses réactions de "contrarianisme" ou parler de sa Génération au lieu de chercher d'autres critères plus "universalisables". On cartographie alors des réseaux d'idiosyncrasies et des effets générationnels des industries des loisirs au lieu de cultiver des raisons à discuter ou à critiquer. (Et d'ailleurs le blog que vous êtes en train de lire est très souvent coupable de ce vice, que ce soit sur les comics ou les jeux de rôle.)

2 commentaires:

  1. professeur, professeur, je ne comprends pas l'articulation des deux extraits et je trouve le solipsisme falacieux >:)

    extrait 1: "you are appreciating something that isn't you" - donc, c'est de l'amour altruiste. Je pourrais donner l'exemple de Star Trek: cette série est appréciée, alors que son univers est fort éloigné du nôtre. De plus, le personnage de Wesley Crusher est détesté, alors qu'il est le reflet de son jeune public. Donc, on aime pas une oeuvre parce qu'elle vous ressemble.

    Extrait 2 : "I appreciate the art because it is like me, it is the product of people like me, for people like me. - The art is therefore good because it is like me". Donc on aime une oeuvre parce qu'elle vous ressemble. Pourquoi est-ce que j'aime Shakespeare alors que plusieurs siècle, un pays et une mentalité m'en séparent?

    A contrario, rien n'interdit d'approcher une oeuvre ou un auteur proche avec du recul et un oeil critique. Rien ne m'interdit de critiquer tes billets, sinon l'obligation difficile d'être plus pertinent que toi :)

    Rien n'interdit pour l'auteur de parler de lui, ni même de se réclamer de l'universalisme, puisque humani nihil a me alienum puto ;) ... et je ne crois pas avoir lu Phersv prétendre ici parler au nom de sa Génération... L'être humain est unique et universel à la fois, donc cultivons nos différences et nos points communs ! :)

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  2. L'opposition entre les deux parties citées est en gros d'une part l'appréciation plus désintéressée et ensuite la simple reconnaissance plus primaire du (disons "mauvais") fan qui cherche avant tout à ne pas sortir de ce qu'il croit être et de ce qu'il veut définir comme un mode d'identification.

    Dans le cas de Star Trek, une partie des fans veulent s'identifier à des supersavants comme Spock ou à des modèles virils comme Kirk ou des modèles de leadership comme Picard. Certains Trekkies peuvent donc tomber aussi dans ce travers (un personnage comme Sheldon Cooper a ce défaut et aime ST surtout pour se prendre pour Mr Spock).

    Mais en effet, le personnage de Wesley Crusher était détesté parce que le spectateur se rendait un peu trop compte qu'il était censé être un miroir ou un cadeau aux fans, et qu'en plus il servait de Deus Ex Machina trop doué au début.

    Je n'ai jamais compris non plus pourquoi le jeune lecteur était censé s'identifier au sidekick Robin et pas à Batman directement.

    Zak ne dit pas qu'il est inévitable de tomber dans ce narcissisme. Il vise en fait les "fans" qui considèrent que l'oeuvre leur "appartient" parce qu'elle exprimerait quelque chose sur eux.

    Ce sont ces "fans" qui cultivent une sorte d'esprit d'exclusion ensuite envers les nouveaux venus ou les "profanes". Je crois que cela existe vraiment dans les comics ou dans les "Guerres entre les éditions d'un jeu de rôle".

    Et ce réflexe de propriété existe, à en juger notamment par les "fans" de Game of Thrones qui insultent GRR Martin parce qu'il n'écrirait pas assez vite (ou pas assez tout court) à leur goût.

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