samedi 12 janvier 2013
TBBT S06E11 "The Santa Simulation"
Pour ceux qui ne connaissent pas la série The Big Bang Theory (s'il y en a sur ce blog), c'est un sitcom sur quatre Geeks ou Nerds et leurs petites-amies respectives. Il y a bien des critiques qu'on peut faire sur ce sitcom. D'abord, c'est un sitcom. Par les mêmes auteurs que le très médiocre (et très populaire) Two and a Half Men. On ne s'attend donc pas vraiment à un chef d'oeuvre (et toutes ces vidéos de YouTube sans les rires enregistrés montrent à quel point certains gags sont en effet surévalués). Les gags sont répétitifs. On a vu un épisode et ensuite, tout n'est plus qu'une variation sur un thème unique. Et oui, les gags sont très inégaux et souvent faciles (par exemple sur l'homosexualité refoulée de Rajesh ou sur l'égocentrisme infantile de Howard Wolowitz). [Mais je défendrais jusqu'au bout les dialogues de l'épisode S04E03 "The Zazzy Substitution" par Bill Prady, Jim Reynolds, Lee Aronsohn, Steven Molaro, Maria Ferrari, où certains gags dépendent des attaques contre le Naturalisme par le Réalisme platonicien de Frege.]
Mais la critique que je ne comprends vraiment pas est ce geignement lassant que je lis sur tant de forums "C'est une série raciste anti-Geek, nous sommes persécutés, Booo quelle horreur, ils rient DE nous, pas AVEC nous". Et cela a repris encore avec l'épisode de Noël consacré aux jeux de rôle (11e épisode de la 6e saison "The Santa Simulation", où Leonard décide, comme dans le vieux scénario d'Imagine #21, 1984, de faire un D&D sur le thème des fêtes de fin d'année).
TBBT est une comédie sur des Geeks, bien sûr que tous les stéréotypes vont s'y retrouver. Le paradoxe digne de Groucho Marx est que ce genre de message me semble plus conforter tous ces stéréotypes que tous les sarcasmes les plus acides qu'on pourrait réaliser. Il faudrait vraiment que les prétendus Geeks cessent de faire croire qu'ils forment vraiment une "Communauté" (mais cela devient inaudible) et encore moins une minorité opprimée par la Majorité Morale qui veut leur interdire leurs précieux jeux vidéo. Ou comme quelqu'un l'a dit l'année dernière : "Socially awkward comic book nerd ≠ Galileo."
Et j'aime beaucoup The IT Crowd, mais malgré l'épisode touchant sur D&D (S04E01 "Jen the Fredo"), les Nerds y étaient exactement aussi ridiculisés que dans TBBT. (Mais je reconnais que le personnage de Stuart le Vendeur de Comics ruiné verse depuis quelques temps trop dans le "pathétique", comme l'était l'insupportable faire-valoir Alan dans Two and a Half Men).
Le problème de l'épisode de décembre dernier sur D&D n'était pas qu'il "perpétue le vieux cliché de l'opposition entre jeu de rôle et relation saine et constructive avec le (Beau) Sexe".
Le problème était simplement qu'il n'était pas très, très drôle et que les gags dans la boite de nuit étaient hyper-prévisibles. Le jeu de rôle n'y était vraiment pas particulièrement stigmatisé, ni plus ni moins que dans le désormais célèbre Community S02E14 que les Geeks ont semblé apprécier. Et comme le fait remarquer D&D & Parenting, les joueurs, malgré toutes leurs obsessions et leur caractère asocial, semblaient plus s'y amuser que leurs infortunées compagnes et Raj.
Si on voulait faire un reproche aux rôlistes dans le jeu, ce ne serait pas particulièrement que Sheldon Cooper, comme d'habitude, gâche le plaisir des autres et transforme le scénario en un psychodrame lourd sur ses névroses d'Asperger, mais plutôt que le MJ Leonard Hofstadter tue si vite un personnage d'un seul coup de dé quand Raj tombe dans un piège.
Oui, moi je suis fan, sans chercher à analyser...
RépondreSupprimerIl n'y a pas à analyser mais je trouve que les Geeks américains réagissent parfois avec la même susceptibilité que ce qu'on reprochait à la "Rectitude politique" des années 80.
RépondreSupprimerTBBT a eu 6 saisons maintenant, ils vont finir par se répéter forcément. J'imagine que le grand final sera le mariage de Leonard et Penny pendant une ComiCon...
Bon, je pense qu'il faut vraiment que tes lecteurs se tapent ton deuxième lien parce que pour moi il est bien argumenté.
RépondreSupprimerIl serait dommage je pense de mettre les mauvaises réactions à TBBT sur le compte des prétendus : manque d'humour des geeks, susceptibilité ou complexe de persécution (quoique... ;)). Le fait que les auteurs soient geeks eux-mêmes ne les exonère pas de possibles maladresses.
Prenons une comparaison : imaginons une série avec des Noirs pleines de clichés : en train de boire, de se droguer, de se dire "Wazup" en regardant le sport et écoutant du rap. Parmi eux, un WASP "normal" auquel les spectateurs peuvent s'identifier.
Reprocherait-on aux contempteurs de cette série-là de crier au loup et de ne pas savoir rire d'eux-mêmes?
Enfin, en suivant le raisonnement de l'auteur de "The Problem With TBBT", Petty n'épouserait pas un geek, mais un capitaine d'équipe de football américain, car après tout "c'est drôle et il n'y a qu'à avoir le sens de l'humour" ;)
Mais l'analogie ne me semble pas marcher justement parce que les Geeks, même s'ils sont "houspillés" par les Jocks, n'ont jamais fait l'objet de discriminations aussi réelles et violentes que les Noirs aux USA. Les Noirs se faisaient lyncher, se voyaient privés de leurs droits civiques, les Geeks sont tout au plus "peu populaires dans leurs écoles".
RépondreSupprimerOn pourrait m'objecter qu'en France, nous n'avons pas autant à l'école une culture des "Cliques" et que nous ne nous rendons peut-être pas compte de ce que cela semble représenter dans l'enfance d'un Américain.
De plus, je ne sais si tu as regardé la série mais je trouve au contraire que la série idéalise presque le Geek (à part Howard ou Stuart, qui ont vraiment des côtés "creepy").
Et Penny sort avec le Geek, elle quitte le monde des Jocks !
{Les critiques qui trouvent la série sexiste auraient peut-être de meilleurs arguments que ceux qui trouvent que c'est un "minstrel show" contre les Geeks.]
La série se moque des Geeks mais il est évident que les auteurs se reconnaissent bien plus dans ce personnage, même s'ils reprennent tous ces clichés.
Les détails des dialogues montrent bien qu'ils ont vraiment joué aux jeux de rôle et qu'ils lisent vraiment les comics ou les forums de Trekkies - même s'ils mettent des rires enregistrés dès que les Geeks abordent ces sujets.
On distingue parfois l'humour comme "rire de soi" et l'ironie "rire de l'autre" (même si c'est une opposition simplificatrice) et de ce point de vue, TBBT est une série d'humour et non pas seulement de sarcasme ironique.
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimerA propos de discrimination envers les geeks, voilà un aperçu d'épisodes de série mainstream où les nerds sont vraiment considérés comme des psychopathes... alors que nous sommes des gens comme les autres :)
RépondreSupprimerCes exemples sur des policiers sont en effet convaincants dans l'accumulation : le jeu de rôle (qui n'est guère distingué du jeu vidéo, j'imagine) est avant tout utilisé comme prétexte pour décrire une folie et une perte du sens de la réalité.
RépondreSupprimerMais même Poul Anderson (qui a lui-même joué et beaucoup LARPé avec la SCA) avait créé le cliché et écrit une nouvelle, The Saturn Game, avec déjà la même thématique, un Complexe de Don Quichotte.
Mais il faut avouer que le LARP, c'est très télégénique pour déguiser un vilain en n'importe quoi dans une série policière ou médicale (voir aussi dans l'humour Knights of Badassdom et la partie sur le Grandeur-Nature réactionnaire dans le film québécois l'Age des Ténèbres).
RépondreSupprimerLa police de Melbourne arrête un gang de cosplayers Schtroumpfs.
RépondreSupprimerEncore une chanson (certes sans agressivité) sur l'opposition entre sexe, réalité et jeu de rôle.
RépondreSupprimer