dimanche 2 avril 2017

Sails full of Stars



Sails full of Stars (2015) par Don Bisdorf est un petit (50 pages) univers gratuit (enfin, "on paye ce qu'on veut") pour le jeu de rôle FATE. C'est classé en "steampunk" mais c'est plus fantastique (du genre arcanepunk ou Spelljammer) que jules-vernien, donc un peu plus proche de Castle Falkenstein (où on joue de gentils Bavarois, des fées ou des nains suisses aux pouvoirs magiques en 1870) que de Space 1889 (où on joue des explorateurs wellsiens ou burroughsiens dans un monde relativement hard si la science du XIXe siècle était vraie). Il y a sans doute aussi un peu d'influence de Temeraire, le cycle de Naovik pour ce qui est de l'existence des Dragons.

Nous sommes en 1850 et la divergence uchronique a commencé depuis plusieurs siècles quand des Dragons ont offert aux Chinois la "Rhéo-soie". Cette soie (j'ignore si les Dragons en sont aussi les "Vers") permet de faire des voiles pour voler dans l'éther (Zheng He a exploré le système jusqu'à Jupiter). L'aspect "marine à voile" fait que les illustrations ont gardé un côté plus "pirates" (de l'espace) du XVIIe-XVIIIe que vraiment XIXe siècle.

Peu à peu les puissances occidentales et ottomanes ont développé de l'alchimie avec d'autres éléments et ont concurrencé la Route Stellaire de la Soie des Chinois dans le système solaire. Les Chinois ont le plus ancien empire colonial mais ils sont un peu l'Homme malade du Système solaire. L'exploration interplanétaire a d'ailleurs besoin de minerais extraterrestre, ce qui est donc à la fois une cause et une fin.

L'histoire semble avoir été très proche de la nôtre malgré toute la magie. La divergence majeure récente semble être que Napoléon Ier a conquis avec ses alchimistes toute l'Europe (y compris la Grande Bretagne, mais pas la Russie) plus l'Algérie. Il semble toujours vivant à 80 ans (même le Roi de Rome aurait déjà 40 ans s'il a survécu).

Les conséquences de la disparition de la plus grande puissance du XIXe siècle victorien sont peu développées. On sait que les Principautés Indiennes en ont profité pour reprende leur indépendance et que l'Empire napoléonien n'a pas hérité de tout ce vaste empire colonial terrestre comme il préférait se tourner vers l'espace. Une autre conséquence du règne napoléonien est qu'il a maintenu l'esclavage (pas de révolutions de 1848 et de Printemps des Peuples face à lui).

L'autre grande puissance mondiale est encore l'Empire ottoman, peut-être en partie grâce à l'absence du pouvoir anglais pour détacher les marges de l'Empire comme l'Egypte - ce doit être le jeune Sultan réformateur Abdülmecid (1823-1861). Les Ottomans sont beaucoup plus étendus vers l'est car ils ont pu aller jusqu'au Pendjab. Le livre n'a aucune carte.

Avec 50 pages, dont 10 sur l'univers et 20 sur la navigation, il y a très peu de détails. Mars reçoit un gros plan avec son gouverneur chinois. Il n'y a pas d'indigènes vivant sur Mars mais des ruines archéologiques.

Je suppose que comme la divergence a été "minimale" en dehors de Napoléon les Mandchous règnent toujours sur la Chine. Une illustration erronée des drapeaux p. 7 a gardé les versions modernes pour la Turquie et la Chine, mais le drapeau de l'Empire Qing (d'or avec dragon d'azur) n'existait pas encore avant la fin du XIXe siècle. Le nom chinois de Mars serait Huŏxīng ("Etoile du Feu") mais on garde le nom occidental. Le choix de la date de 1850 signifie que cela aurait été le début de la Révolte Taiping (30 millions de morts) et du règne du jeune Empereur Xiánfēng. En revanche, sans l'existence de l'Empire britannique, la Première Guerre de l'Opium de 1839-1842 a-t-elle été faite par l'Empire français ?

C'est une variante intéressante si on veut quelque chose moins anglocentrique que Space 1889 mais avec moins de magie que dans Castle Falkenstein (l'alchimie restant moins flexible et un peu plus "pseudo-scientifique").

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