En 1986, l'editor in chief de Marvel de l'époque, le décrié Jim Shooter décida de fêter le 25e anniversaie de l'Univers Marvel (depuis Fantastic Four #1) en créant le "new universe", une seconde continuité qui serait déconnectée de leurs autres publications (et avec lesquels il n'y aurait pas même de cross-over). Ils créèrent 8 titres dont seulement 3 réussirent à survivre pendant les 2 ans et demi que dura l'expérience jusqu'en 1989, dont notamment mon favori, DP7 de Mark Gruenwald et Paul Ryan. Shooter fut congédié dès la première année et les titres avaient bénéficié de très peu de publicité. Ce fut un échec à la fois commercial et en grande partie critique. C'était en partie mérité (comme si certains scénaristes se débarrassaient de concepts qu'ils n'auraient pas osé utiliser d'habitude) et le public n'était pas prêt à une version moins flamboyante que l'Univers Marvel. Cependant, un des regrets est que DP7 fut l'un des meilleurs comics mainstream de cette période.
Le new universe, qui a eu bien des évolutions contradictoires depuis, s'appelle désormais officiellement la "Terre 148 611" dans la numérotation toujours si difficile à retenir qu'utilise Marvel pour ironiser sur la numérotation de DC (la Terre "normale" de Marvel étant "Terre-616").
Jim Shooter avait annoncé un univers de superhéros plus "réaliste" et plus science-fiction que fantasy, un univers "dé-Kirbyanisé" qui reviendrait plus à la supposée sobriété originelle des scénarios de Stan Lee (il y aurait beaucoup à dire sur ce mythe, Stan Lee était aussi l'auteur de Doctor Strange sans Kirby). Cette promesse initiale ne fut guère tenue même s'il y eut des expériences de certains des titres pour varier et se distinguer des autres comics de superhéros.
La Marque et le Masque
Jim Shooter écrivait lui-même au début le titre principal, Star Brand. Une étrange "Marque" (la Marque stellaire) donnait des pouvoirs quasi-divins à un Humain (qui ressemblait étrangement à Jim Shooter, souvent accusé de mégalomanie). L'apparition de cette Marque venue de l'Espace (ou plutôt d'un autre moment dans l'Espace-temps comme il semble bien que ce soit une Boucle temporelle), l'Evénement Blanc, fut une déflagration qui changea les Lois de la Nature et fit apparaître tous les "superpouvoirs" de Terre-148 611.
Une des règles était donc qu'il n'y avait jamais eu d'anomalie ou d'éléments paranormaux avant l'Evénement de 1986 : ce Nouvel univers devait être à peu près exactement comme le nôtre avant cette divergence mais prendre ensuite en compte de la manière la plus "réaliste" les conséquences de tels pouvoirs surnaturels. Il n'y avait pas de "Mutants" (ou encore moins d'Inhumains, de magiciens ou d'extraterrestres), seulement des "Paranormaux", le terme officiel pour les "méta-humains" (et on parle de "parabilities" à la place de superpouvoirs). Leur existence devint vite publique.
Par coïncidence, l'univers des romans de Wild Cards (dirigé par GRR Martin) fut créé en 1987 avec la même idée unificatrice que tous les pouvoirs furent causés par un seul événement, un Virus extraterrestre en 1946. (Il y a quelques autres coïncidences mais ici, l'influence doit être inverse : Mutator dans DP7 se réveille tous les 48h avec une nouvelle transformation, le plus souvent peu utile, voire monstrueuse, et The Sleeper, créé par Roger Zelazny, se réveille aussi dans Wild Cards avec une nouvelle mutation du Virus). De même, un peu plus tard, la continuité Ultraverse de chez Malibu Comics dépendait en grande partie d'un événement appelé le Jumpstart du 23 juin 1993 qui a déclenché les "Ultras" (et cet univers a depuis été absorbé dans le Multivers Marvel sur "Earth-93 060").
Une autre caractéristique du Nouvel Univers était le décentrement par rapport à New York. Shooter venait d'une famille d'ouvriers sidérurgistes de Pittsburgh et la Marque arriva donc en Pennsylvanie. Mark Gruenwald venait d'Oshkosh et centra tout le début de sa série DP7 dans le Wisconsin (dans les derniers épisodes, certains s'installent à New York). Et en théorie, le nouvel univers devait pouvoir évoluer en "temps réel" et ne pas suivre la convention Marvel d'un temps ralenti où le passé proche est toujours rétroactivement "contracté"pour que toutes les décennies précédentes soient toujours "dans les dix dernières années" (Marvel sliding timescale). Avant la fin de la série, la campagne presidentielle de 1988 devient une des intrigues avec un des Paranormaux qui se fait élire comme Président (démocrate) à la place de George Bush, père.
Un des autres personnages était un psychologue nommé Nightmask (créé par Archie Goodwin) qui découvrait après l'Evénement qu'il avait le pouvoir d'entrer dans les rêves pour soigner ses patients (un peu comme le deuxième Sandman de chez DC ou les premiers épisodes de Dr Strange). Le concept était assez intéressant pour qu'on le retrouve ensuite comme une sorte de fonction multiverselle hors du New Universe, avec d'autres "Masques de la Nuit" gardant la Dimension des Rêves dans l'univers Marvel normal.
Un retcon récent dans Avengers (vol. 5, février 2013) a donné une nouvelle explication à la Marque stellaire qui semble liée à des grands anciens Progéniteurs (les Beyonders qui créent des mondes) et les "Constructeurs" (qui manipulent la vie mais fauchent ensuite les êtres vivants qu'ils jugent décevants). Ils construisent notamment deux types : la Star Brand et le Nightmask, la Marque et le Masque, le maître de la Matière et le maître des Songes, ce qui donne un statut particulièrement important à ce dernier Paranormal.
Les Sept Paranormaux dans le Wisconsin
DP7 (Displaced Paranormals 7), écrit par Gruenwald, suivait un groupe de Paranormaux qui avaient pour originalité au début de souhaiter plutôt se soigner de leurs étranges pouvoirs qu'ils pouvaient voir comme une malédiction. On peut même se demander si tout DP7 n'est pas une sorte d'hommage à Doom Patrol plus qu'aux X-Men avec lesquels on les compare d'habitude. De même que dans la Doom Patrol, les membres sont réunis par un médecin qui les a soignés, de même tous les Paranormaux se rencontrent au début dans une Clinique spéciale (la Clinic For Paranormal Research) où ils sont tous membres du même "groupe" de thérapie. Une différence majeure est que les Phénomènes de Foire ("Freaks") de la Doom Patrol acceptent assez vite de devenir des superhéros pour leur médecin alors que tout DP7 tourne autour de l'idée que la plupart n'auront aucune envie d'assumer une telle fonction.
Pour simplifier, je vais utiliser les "pseudonymes" ou noms de code des personnages alors que la série utilisait presque exclusivement leurs vrais noms civils et refusait de leur donner des costumes.
Ces sept Paranormaux principaux comprennent :
Antibody : un médecin qui peut émettre un être distinct d'énergie, basé sur sa psychologie mais relativement autonome, qui doit périodiquement revenir dans son corps. Il découvrira par la suite qu'il peut en produire plus d'un (il les baptisera du nom des Marx Brothers) et même fusionner avec l'un. Il n'est pas en contact télépathique en revanche et a besoin de toucher l'être pour réintégrer ses souvenirs et visualiser ce qu'a pu voir son "Anticorps". Il peut évoquer Negative Man de la Doom Patrol au début de la série (qui, lui aussi, n'est pas complètement maître de son double d'énergie électrique).
Mastodon : sans doute l'un des personnages les plus centraux et les plus attachants, il a été déformé en un géant superfort et vit sa transformation avec à peu près autant d'amertume que La Chose. Si Anticorps est Negative Man, Mastodon serait donc Robotman. Dépressif et même suicidaire (il fera d'ailleurs une tentative dans la série), il est amoureux de Glitter. Contrairement à son ami Antibody, bourgeois, il est d'origine modeste et sans diplôme. Sa marginalité sociale est aussi un des aspects de la série qui a des personnages d'origines relativement diverses. Il ignore une autre de ses capacités : un télépathe qu'il a rencontré a mis en lui une protection contre la manipulation télépathique.
Blur : un bolide à la Flash avec un super-métabolisme qui l'oblige à toujours manger (même s'il a pu guérir ainsi de son obésité) et qui a beaucoup de mal à ralentir (il va dépendre de tranquillisants ou bien de son alliée Twilight pour pouvoir dormir ou cesser de s'agiter sans cesse). Un des plus amicaux même s'il deviendra de plus en plus sombre au fur et à mesure de l'évolution du New Universe et la mort de toute sa famille lors de l'Evénement Noir. Blur a l'honneur d'être actuellement le seul survivant de tout le New Universe depuis sa destruction et il s'est réfugié sur la Terre-616.
Friction : une danseuse qui peut rendre les objets "collés" ou au contraire "glissants". Noire et amoureuse d'Anticorps, elle sera amèrement déçue devant sa lâcheté face au racisme (il se dit prêt à avoir une aventure avec elle mais pas à avoir une vraie relation inter-raciale devant sa famille). Elle hésite à se faire supprimer ses pouvoirs mais ne le fera finalement pas.
Scorcher : un adolescent rebelle et enfant battu, dont tout l'épiderme secrète en continu une sorte d'acide qu'il peut aussi accumuler en émissions destructrices. Après bien des mésaventures (il crée un groupe de jeunes Paranormaux, les DDT, dont plusieurs membres mourront dans une voiture volée), il sera consumé par la culpabilité, rejoindra une secte qui croit que les Paranormaux sont un dessein divin et finira par se faire retirer ses pouvoirs.
Glitter : une mère de famille (marié avec un époux violent et adultère qui a attrapé le SIDA), elle va avoir le pouvoir d'améliorer la santé (sans pouvoir guérir toutes les maladies). Un autre effet secondaire est qu'elle scintille en permanence, ce qui en fait l'une des moins discrètes de tous les membres. Elle mettra beaucoup de temps à prendre des distances vis-à-vis de son mari par crainte des effets pour ses enfants. Elle deviendra curieusement au contraire l'une de celles qui accepte le plus de devenir une superhéroïne traditionnelle comme son pouvoir d'augmentation du métabolisme peut agir sur elle-même et en faire une humaine au sommet de ses capacités physiques. Mastodon est amoureux d'elle mais elle mettra toute la série avant de le remarquer.
Twilight : une personne âgée qui peut ralentir le métabolisme et paralyser tous ceux qui sont sous l'effet de la lumière émise par son corps (qu'elle doit donc sans cesse recouvrir d'un voile ou d'un masque pour éviter les accidents). Elle découvre qu'elle absorbe l'énergie des paranormaux et qu'elle rajeunit quand elle "vampirise" ainsi la force de ceux qu'elle paralyse. Elle a de plus en plus de mal à affronter son addiction à ce drainage d'énergie et semble tuée en mission.
La série des 32 épisodes (plus un Annual sur les origines avant le n°1) ont en gros trois périodes :
1. La première année manque encore un peu d'originalité : les 7 se rencontrent à la Clinique mais découvrent que certains des personnels sont en fait aussi des Paranormaux qui veulent les utiliser et les manipulent mentalement. Ils s'enfuient et sont poursuivis par des chasseurs de primes paranormaux qui doivent les ramener à la Clinique. C'est donc un road-trip de fuyards, un peu compliqué par le fait qu'on ne comprend pas comment des Paranormaux peuvent avoir déjà des réseaux entiers si les para-capacités viennent d'apparaître depuis seulement quelques mois. Ils croisent en chemin d'autres Paranormaux, comme les ESPeople, un groupe de personnes à pouvoir psi qui ont décidé de se cacher ensemble sans vouloir utiliser leurs pouvoirs pour autre chose que leur vie privée.
2. Les Displaced Paranormals sont finalement ramenés à la Clinique vers le n°10-12 et là commence l'âge de gloire de la série, qui ressemble plus à Vol au-dessus d'un Nid de coucou ou à un Microcosme hospitalier symbolique de toute la société américaine. Gruenwald a trouvé le ton de sa série et ce sont des épisodes vraiment originaux avec un casting de personnages à faire pâlir la Légion où on détaille des douzaines de patients différents. Il n'y avait pas vraiment de supervilains ou de luttes contre le crime, seulement des interactions politiques et personnelles entre les divers patients de la Clinique (certains des patients noirs appellent à créer une "clique" séparée en accusant la Clinique de privilégier les Blancs). Gruenwald a déclaré que dans ses plans il pensait faire durer cette phase bien plus longtemps. Si vous voulez essayer DP7, ces numéros 12-16 sont parmi les meilleurs. Les quelques épisodes sur la question raciale (certes, peu nuancés) ont parfois été accusés de racisme mais cela me paraît être un contre-sens fatiguant.
3. Mais le reste des décisions éditoriales finit par interférer assez vite et mettre fin à cette brève parenthèse au bout de quelques numéros. John Byrne, qui détestait Jim Shooter, décida de déclencher un second événement catastrophique qui détruisit tout Pittsburgh dans Star Brand dès le départ de Shooter. Les conséquences furent explorées dans le très médiocre one-shot The Pitt et ensuite les mini-séries The Draft et The War). Le gouvernement américain décida alors une conscription et d'enregistrer presque tous les Paranormaux dans l'Armée pour les hommes ou dans la CIA pour les femmes (on était alors bien avant Civil War, qui reprit une idée assez proche). Cela changea brutalement tout le Nouvel Univers. Au lieu de suivre des personnages dans un cadre intime, cela devenait des séries centrées sur la Caserne ou des missions militarisées.
La série se termina hélas assez abruptement au n°32 (un nouveau Paranormal, The Cure, a le pouvoir de supprimer les parabilities et "guérit" certains des personnages comme Sponge, Mutator et Scuzz). Certains des membres étaient devenus militaires. D'autres perdirent leur pouvoir.
Gruenwald annonça qu'il reviendrait sur ses personnages avec un graphic novel mais cela ne put jamais se faire. Il put revisiter le Nouvel Univers dans son Quasar (et le cross-over assez raté Starblast) mais il mourut peu de temps après. Le récent Untold Tales of DP7 est un retcon qui se situerait au début de la série.
Comme Gruenwald était un encyclopédiste, quelques numéros ont des fiches sur les personnages et sur la Clinique dans le même style que celui de l'Official Handbook of the Marvel Universe qu'il rédigeait également.
Après Watchmen
Il est clair que le crépuscule du Nouvel Univers était sous l'ombre de Watchmen, qui était allé bien plus loin dans la veine de la déconstruction "réaliste" des conventions du superhéros.
Après la catastrophe de Pittsburgh avec ses millions de morts, les USA réagissent au début avec une certaine modération. Le nouveau Président est le Dr Philip Voigt, le chef de la Clinique de DP7 et qui possède le pouvoir d'imiter et d'augmenter les paracapacités des autres (on voit là peut-être une influence sur la future série télévisée Heroes : Peter Petrelli avait à peu près le même pouvoir et Nathan Petrelli est un politicien cynique qui doit finir par devenir Président). Voigt avait l'air assez mégalomane et manipulateur mais se montre curieusement équilibré et prudent comme Président alors que le grand public a peut-être découvert ses parabilities (il n'est pas très clair si le Président qui survit à l'attaque terroriste est Reagan sortant, comme l'indique la chronologie à l'été 88, ou déjà Voigt élu en novembre).
Mais dans la dernière mini-série The War (1989-1990, écrit par le vétéran du Vietnam (et auteur de The 'Nam, Doug Murray), tout va basculer et il est à nouveau Minuit sur l'Horloge de l'Apocalypse.
Un groupe d'officiers sud-africains (on est dans les dernières années du régime de l'Apartheid) capture un Paranormal africain et réussit à faire croire qu'il est derrière la catastrophe. Un des Paranormaux américains, Blowout (un anti-héros tragique au début, un vilain plus caricatural par la suite), perd la raison et devient un Terroriste qui utilise son pouvoir destructeur pour augmenter encore plus les tensions avant d'annoncer sa conversion à l'Islam chiite et à rejoindre l'Ayatollah Khomeini (la folie de Blowout poussera ensuite son ancien psychologue, Nightmask vers la démence aussi). Les USA décident d'envoyer leur Platoon de Paranormaux en Namibie face aux troupes cubaines et la Troisième Guerre mondiale avec l'URSS finit par éclater (juste quelques mois avant que l'URSS ne s'écroule dans notre réalité). Dans une conclusion assez décevante par rapport à Dr Manhattan, le Star Child, le nouveau porteur de la Star Brand omnipotentente intervient et arrête les charges nucléaires de tous les missiles avant d'annoncer que c'est la dernière fois qu'il le fera.
Le retour (refoulé) dans Quasar : de l'Omnivers à la Terre lointaine
Après la fin du Nouvel Univers, Mark Gruenwald écrivait une de ses meilleures séries, Quasar, dans laquelle il fit converger de nombreux autres concepts qu'il avait écrits auparavant (comme Squadron Supreme, sa version de la Terre-1 de DC Comics, ou Marvel Two-in-One avec son Projet Pegasus).
Quasar se retrouve exilé dans le Nouvel Univers (Quasar n°31, février 1992) et rencontre quelques-uns des Paramormaux : Captain Manhattan, Chrome, cinq des survivants de DP7, Antibody, Mastodon, Blur, Friction, Glitter et Metallurge (vu dans The Draft et The War). Quasar n'arrive pas à repartir par ses propres moyens mais réussit à convaincre le Porteur de la Marque de la lui confier pour revenir chez lui. Par la suite, la Marque fut transmise à d'autres Porteurs de la Terre-616 et on inventa même des origines qui lui retirait son caractère singulier.
On apprend un détail sur le Nouvel Univers : il se situe dans l'Omnivers (mot que Gruenwald avait utilisé pour son fanzine avant de devenir le Monsieur Continuité de Marvel) mais pas dans le "Multivers Marvel" (par exemple, The Watcher Uatu ne peut pas l'observer alors qu'il dit pouvoir voir toutes les Terres du Multivers). Ce n'est bien sûr plus du tout canonique.
Juste avant la fin de la série (Quasar n°56-57, avril 1994), Gruenwald décide un changement majeur. Pendant un combat inter-dimensionnel (dans la mini-série horriblement mal dessinée Starblast), la Terre dite "Terre 148 611" est enlevée de son univers et satellisée dans un autre système (le Monde de l'Etranger) dans l'Univers "normal" de Terre-616 parce que l'Etranger veut étudier la "Marque stellaire" et protéger les différents Univers. A ma connaissance, cette idée de 1994 fut ensuite enterrée et oubliée. Aucune histoire suivante n'y fait référence. On peut imaginer que l'Etranger décida ensuite de la remettre dans son propre univers.
Mark Gruenwald mourut le 12 août 1996 à l'âge de 43 ans (et ses cendres furent mélangées dans l'impression de sa série Squadron Supreme). Il semblait parfois avoir été le seul à être enthousiasmé par les possibilités de cet autre univers, comme il était de tous les auteurs l'un des plus fascinés par le concept d'écriture avec un monde partagé.
A part quelques versions parallèles (newuniversal de Warren Ellis) et alternatives (dont Exiles n°72-75 sur Terre-15731 en 2006 et quelques histoires appelées Untold Tales), le Nouvel Univers fut laissé de côté.
Finalement dans la nouvelle série Squadron Supreme (février 2016) de James Robinson, on apprit qu'une "Incursion" (un événement cosmicide où deux Terres s'entre-détruisent) avait effacé toute la "Terre 148 611" en ne laissant plus que Blur comme seul survivant exilé sur la Terre-616. Ce Blur (qu'il ait été vraiment le même que dans la série originelle ou seulement un des Homologues parallèles) a rejoint le nouveau Squadron Suprême qui n'était plus composé que de réfugiés du Multivers. J. Michael Straczynski avait déjà fait une série Supreme Power qui rendait hommage à Gruenwald en mettant un autre "Blur" dans le Squadron Supreme d'une autre version (Terre-31 916 à la place de la Terre-712).
Add.
Je ne résiste pas à recopier ce passage fascinant publié il y a 16 ans par une critique de comics, Tegan O'Neill :
Mark Gruenwald (...) was one of the true unsung heroes in our industry. I have said before, and I still believe it to be true, that one of the reasons his work is often overlooked/underrated is the fact that he wasn’t much great shakes as a stylist. As a conceptualist and a theorist, he understood how superhero books worked (and should work) better than just about anyone else out there. But his Achilles heel – from my point of view – is the fact that his approach to writing was very much that of a journeyman’s. In terms of the ideas and enthusiasm with which he tackled his books, he was every bit the visionary, but the fact is that there is a very good reason Squadron Supreme is considered Watchmen’s poor cousin. The ideas were there, but the execution was not. "The spirit was willing..." In a lot of ways, he was sort of caught between generations. He was a bit more high-minded than most of his generation of American writers, but lacked the formalistic rigor of the oncoming generation of British superstars who were able to diversify the stylistic vocabulary of the American mainstream.
Un très chouette billet, qui donne vraiment envie de s'intéresser à cette série.
RépondreSupprimerJ'ai l'impression que Jim Shooter a repris le fond de sauce de ce « New Univers » (un univers de superhéros plus "réaliste" et plus science-fiction que fantasy) dans l'édification de son « Valiant Universe ».
En tout cas un article très instructif.
Merci.
Merci. Oui, sur l'Univers Valiant, créé juste après en 1989, je n'y avais pas pensé mais oui, cela marche bien pour Solar, par exemple (qui est peut-être sa réponse à Dr Manthattan, même si cela peut aussi poursuivre un peu ce qu'il avait commencé avec Star Brand).
RépondreSupprimerMais l'univers Valiant jouait tellement avec le voyage dans le temps et diverses époques qu'il ne pouvait pas y avoir autant d'unité de temps que le newuniverse.
Précisement cette qualité d'articles sur les comics (Marvel) qui m'avait fait reperer le blog il y a des années (epoque 20six)et le suivre depuis.
RépondreSupprimerSourcés,avec rappel du contexte,foisonnant de details et d'anecdotes,pour au final toujours des élements d'analyses ou de mise en perspective insoupçonnés.
Merci.
Merci !
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