mardi 17 octobre 2023

Le Temps des Ombres


En dehors même des influences kawaii japonaises, il y a une esthétique nouvelle du livre pour enfants qui mêle un style graphique très clair, rond, enfantin et "mignon" avec une histoire plus "épique", plus sombres ou avec des sous-entendus un peu plus "adolescents". Je pense à des œuvres comme la série britannique Hilda de Luke Pearson ou Hôtel Etrange de Katherine et Florian Ferrier (dans les dessins animés, on pourrait y ajouter les films de Tomm Moore comme Brendan & le secret de Kells ou Le Peuple Loup ou la série récente Runes sur des enfances imaginaires de Guillaume de Normandie, et de nombreux autres exemples dans le catalogue Netflix). L'influence du jeu de rôle y est parfois assez probable (je pense à Runes par exemple). 

Le Temps des Ombres aux éditions de la Gouttière est une nouvelle série de BD pour enfants (7-8 ans) écrite par David Furtaen (qui a aussi une chaîne de jeu de rôle, Grimoires & Tentacules et une autre sur son expérience de scénariste de BD) et dessinée par Pauline Pernette (qui est aussi rôliste et a travaillé dans l'animation). Il y a deux volumes de 85+ pages parus, Le Dernier Printemps et l'Eté de Feu, que je n'ai pas encore lu - ce sera donc une tétralogie (décidément, les quatre saisons jouent aussi un rôle central dans Hôtel Etrange ou dans Moumine le Troll où le retour du printemps rythme les histoires). 

Les Terres des Ombres sont divisées entre le Village d'En-Bas, plus "civilisé", et le Village d'En-Haut, plus rustique dans les collines. Le fléau des Ombres qui a déjà frappé la contrée il y a longtemps est revenu et transforme les personnes ou les bêtes en des créatures vides et agressives. Mycène l'herboriste de la forêt à la chevelure interminable et Roch l'alchimiste-scientifique de la Ville du Bas devront s'allier pour tenter de trouver un remède. Les seuls êtres qui semblent pouvoir résister au fléau sont les petits Kayayas, des fruits vivants de l'Arbre sacré dans la forêt et même l'Ancien du Village d'En Haut a été contaminé. 

Le style de la narration est assez "décompressé", avec beaucoup de cases contemplatives et sans texte (peut-être parce que les éditions de la Gouttière ont aussi des traditions de quelques bd sans bulles). Les deux auteurs ont voulu installer une atmosphère sans faire de longues expositions. On sent qu'il y a un univers en arrière-fond à travers ces 7 icônes qui sont le Sacré, la Vie, l'Âme, l'Esprit, le Corps, la Mort et l'Espoir (Mycène étant un avatar de l'Âme et Roch de l'Esprit). 

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