Comics de la quinzaine (5/03-12/03)
Univers DC
- All-New Atom #21
Imaginez que vous soyez le scénariste d'une série sur un personnage dont le pouvoir est de pouvoir se miniaturiser jusqu'à des niveaux infinitésimaux. Qu'écririez-vous ? Sans doute des réflexions sur le Microcosme et le Macrocosme, et le vertige des deux infinis. Ou bien une histoire où le personnage entre dans le corps humain comme dans The Fantastic Voyage d'Asimov et combat des virus. Oui, c'est un des thèmes classiques souvent revisités, avec ce type de personnages (et j'ai beaucoup d'attachement pour ce cliché depuis World's Finest Comics #236 où Atom combattait de petits farfadets destructeurs de globules rouges qui s'avéraient être des sortes d'anticorps). Le nouveau scénariste Rick Remender reprend ce thème mais avec un twist de mise en abyme puisque le nouvel Atom (Atom IV, si vous suivez) voyage cette fois dans son propre sang et y rencontre un virus étranger. C'est une très bonne idée, qui a le seul défaut qu'elle a été utilisée aussi de manière presque simultanée dans Countdown, où l'ancien Atom (Ray Palmer, Atom II) doit lutter contre le virus du "morticoccus" dans l'organisme de Karate Kid). Sans doute la meilleure histoire de ce nouvel Atom depuis le début, mais c'est trop tard, la fin de la série doit être imminente (mais cela dit, je dis cela depuis au moins neuf numéros). B+
- Booster Gold #7
Comme je le pensais, on a la confirmation que le Blue Beetle du futur est bien un criminel - hélas appelé maintenant Black Beetle... Et comme je l'avais aussi prévu, Per Degaton, le plus ancien vilain voyageant dans le temps de l'univers DC (il fut créé dans All Star Comics #35, 1947) est bien aussi dans le coup. Booster Gold et Blue Beetle luttent contre les OMACS dans un présent alternatif où Maxwell Lord a gagné contre les héros - ce qui donne au moins la satisfaction de voir le valet Alfred tuant Batman. Rip Hunter recrée Supernova pour empêcher un flux de paradoxes temporels. On devine déjà où ça va aller : Blue Beetle décidera de se sacrifier et de mourir à nouveau pour que le temps se restaure à son état normal. Je n'aime pas tellement ces histoires fatalistes et contradictoires où on peut changer le passé mais où les conséquences sont toujours négatives dès que le changement ne plait pas au scénariste ou risque de modifier trop de choses dans la continuité. B
- Green Lantern #28 et Green Lantern Corps #22
Laira avait exécuté Amon Sur dans GL #26 et c'est le moment de son procès. Les Gardiens et leurs Lanternes Alpha l'expulsent du Corps mais elle est recrutée par le nouveau Corps des Lanternes Rouges. La théorie nouvelle est que le spectre des couleurs est associé à des émotions primitives : les Vertes sont le Courage, les Jaunes la Peur (vaincus pendant la Guerre contre Sinestro et Parallax), les Rouges la Colère, les Violettes des Zamorans l'Amour. Les cousins des Gardiens, les Controleurs (créateurs des Sun-Eaters puis des Dark*Stars qui remplacèrent les Green Lanterns à une époque) cherchent la couleur Orange - et on sait déjà que les Lanternes Oranges seront associés à l'Avidité. Deux Gardiens ont déjà commencé à créer les Lanternes Indigo de la Compassion et il manque encore la septième, le Bleu (plus la Lanterne noire).
Les Gardiens, qui ont déjà créé les Lanternes Alpha comme Boodikka pour servir de Police des Polices, ajoutent une nouvelle réforme de la constitution des Lanternes Vertes, donnant désormais le droit aux Lanternes de tuer tout ennemi du Corps. La dérive de leur Courage vers la violence est inévitable et Hal Jordan, qui connaît déjà les tentations du désespoir, commence à avoir des doutes de plus en plus sérieux sur l'évolution des Gardiens. Le problème de toute cette histoire est qu'on imagine déjà une nouvelle guerre entre les Lanternes qui va vraiment faire penser à un remake de la Guerre contre Sinestro. On reproche parfois à Geoff Johns d'écrire de la "fan-fiction" professionnelle. Un défaut possible de la fan-fiction est de vouloir avant tout satisfaire nos désirs de fans, en se souciant plus de successions d'images cools sur les personnages favoris, au lieu d'une vraie histoire. Le fan veut restimuler son propre plaisir sur le personnage au lieu de vraiment créer un récit original. Un signe chez Johns de cela est l'usage constant des Climax où tous les personnages se retrouvent. J'aime beaucoup ces scènes, qui sont d'ailleurs l'essence même du Retour des Personnages dans les oeuvres en continuité, mais elles finissent par devenir un procédé quand on sait à l'avance que tous les personnages vont se recroiser dans une grande conflagration générale. B
- Wonder Woman #18
Zut, Gail Simone veut sérieusement continuer l'intrigue où Diana serait attirée "romantiquement" par ce loser de Tom Tresser, et ils commencent à évoquer un flirt plus sérieux.
En dehors de ce développement - qui ne durera sans doute pas, DC n'arrivant plus à relier Diana avec un petit ami depuis la fin de Steve Trevor -, c'est un bon épisode où Diana se retrouve au milieu d'une guerre entre les Khunds (l'une des races les moins intéressantes de l'univers DC pour l'instant, juste des brutes dans le genre des Klingons) et un ennemi mystérieux qui comprend des êtres d'origine divine ("l'Ichor") et des Green Lanterns.
En revanche, je me passerais volontiers d'Etta Candy (la comparse de Wonder Woman depuis les premières aventures dans les années 40) et le retour de ses "Woo Woo" (devenus ici de manière plus "moderne" "WOO @#%ING WOO"). B
Indépendants
- Dynamo 5 #11
Le suspense est enfin un peu monté. Slingshot et ses demi-frères désobéissent à Maddie Warner et acceptent un chantage. Ils font s'évader un assassin en échange de la liberté du père de Slingshot, pris en otage par le milieu. Pour une fois, ce réalisme de film policier profite bien à être mélangé avec les conventions génériques du super-héros. Ils ont semblé céder un peu trop rapidement (on se doute bien qu'ils regretteront un jour d'avoir libéré ce criminel), mais je suppose que le dilemme ne devait servir qu'à accentuer le fait que la loyauté familiale du groupe compte plus que d'autres normes à leurs yeux. Ils sont d'ailleurs d'une rare efficacité dans ce numéro. Pendant ce temps, Maddie et la mère de Visionary sont à leur tour pris en otages par un groupe de criminels venus liquider la descendance du Captain Dynamo. B+
Marvel
- Amazing Spider-Man #553
Curieux, j'aime beaucoup Phil Jimenez d'habitude, malgré le côté un peu figé de certaines postures, mais là, son Spider-Man aux yeux absolument énormes me paraît une convergence de plusieurs erreurs de design. Les autres dessinateurs de cette relance rendaient hommage surtout à John Romita Senior dans les années 70. Jimenez semble s'inspirer plus des maniérismes de Todd McFarlane dans les années 90, ce qui ne convient pas du tout à son propre style réaliste. De plus, Spider-Man a pu osciller entre la silhouette squelettique originelle par Steve Ditko et les muscles athlétiques de Romita Senior (un des rares points où je trouve que Romita a d'ailleurs peut-être un peu exagéré) mais ici Jimenez semble aller vers une troisième déviation, une sorte de silhouette presque trappue, voire de l'embonpoint dans certaines cases ! Jimenez convient très bien à des héros un peu hiératiques, comme Wonder Woman ou Superman (il serait bon sur Iron Man), mais son style ne s'adapte pas parfaitement au dynamisme de l'Homme-Araignée.
Quant à l'histoire, elle ne m'a pas passionné mais il y a quelques bons gags sur les techniques photographiques de Peter Parker. Sa vie professionnelle a rarement joué un tel rôle, il me semble. B
- Annihilation Conquest #5/6
Le nouveau Ultron (qu'on vient à peine de voir se faire vaincre dans Mighty Avengers) a gagné l'alliance du High Evolutionary et la série converge vers une parabole sur la vie, organique et mécanique. Le sacrifice de Groot l'Arbre (avec l'aide de Mantis, la Prêtresse des Cotati) contre la Tour de Babel informatique des Phalanges technoorganiques en est le symbole clair : évolution biologique lente contre l'accélération robotique. L'épisode raconte enfin comment le robot terrien a pris le contrôle de toute une espèce artificielle extraterrestre et comment il atteint son plan, récupérer les anciens secrets de l'Intelligence Suprême (le cerveau/ordinateur collectique des Kree) pour son propre avantage, transformant l'eugénisme kree en mise à jour pour sa propre existence. B
- Clan Destine #2/5
Du plaisir presque pur. Alan Davis nous résume à nouveau la première série de 1994-1995 et introduit un nouveau frère, Thaddeus (une sorte de Wolverine de plus, bof, disparu face aux Inhumains au XIVe siècle). Mais surtout, il organise le cross-over interdimensionnel dont on avait tous rêvé en faisant se rencontrer le Clan Destine et l'Excalibur du CrossTime Caper de 1989 avec Captain Britain, Meggan, Nightcrawler, Phoenix II (Rachel Summers), Shadowcat (Kitty Pryde)et son Dragon Lockheed. A
- Fantastic Four #555
Mark Millar a vraiment réussi sa reprise du titre. Le triangle Mr Fantastic-Alyssa-Sue fonctionne bien. Le playboy Johnny se trouve une nouvelle petite amie qui est cette fois une supervilain. La Chose est encore plus sympathique et terre-à-terre que d'habitude - et il a pourtant déjà tout un capital affectif. La caractérisation des personnages n'a rien de si original mais elle réussit à réactiver les profils habituels. B
- Mighty Avengers #10
Iron Man, Dr Doom et the Sentry se retrouvent dans le passé de l'univers Marvel (sans doute une douzaine d'années, pas plus dans la continuité Marvel actuel) et vont chercher à revenir dans leur époque en espérant ne pas déclencher de paradoxes - alors qu'il a déjà été établi plusieurs fois dans l'univers Marvel qu'on ne peut pas changer son passé mais seulement créer une nouvelle ligne divergente de plus, Bendis n'a pas compris cette logique (c'est la même erreur que faisait Young Avengers d'Allan Heinberg). Le charme de l'épisode est l'utilisation de gags de référence aux comics d'il y a 30-40 ans mais en dehors de cette parodie, je ne vois guère l'intérêt. Il faut dire que je n'ai jamais accroché au personnage de The Sentry. Paul Jenkins et Brian Bendis essaye de nous faire croire depuis 8 ans que cette énième imitation de Superman, qui est instable psychologiquement et sans doute identique à son pire ennemi (comme l'était déjà Adam Warlock face au Magus) était un concept intéressant mais je n'ai jamais vu en quoi. Dans le genre des retcons, il est moins intéressant même qu'un médiocre comme Alpha Centurion. Dans le genre du Superman submergé par sa responsabilité, il est moins intéressant que The Samaritan d'Astro-City. Il reste donc uniquement le fait qu'il a peur de devenir fou, ce qui est plus original mais ne le rend curieusement pas vraiment sympathique tant il semble immergé seulement en lui-même.
Il faudrait aussi vraiment que Brian Bendis cesse de croire que ses bulles de pensées redondantes sont hilarantes. Ce n'est plus vrai depuis au moins 10 numéros. C
- New Exiles #3
Une des obsessions de Chris Claremont bien connu est les histoires de contrôle mental. On prend donc peur en voyant ici Sabretooth et Psylocke semblent tomber sous le contrôle - nettement érotisé - d'une vampire de Terre-6706. Tout cela est très bien dessiné par Tom Grummett mais le problème de cette Terre parallèle est sans doute qu'elle manque d'un "thème fort". B
- Nova #11
Nova, toujours victime du virus technoorganique de la Phalange, arrive sur Kvch, la planète originale de la Technarchie, monde d'origine du robot-mutant pacifiste Warlock, qui élève un jeune Technarque plus violent, Tyro.
Je commençais à me lasser de l'histoire du Virus mais la division entre Technarchie et la Phalange liée d'Ultron permet au moins enfin de sympathiser et d'individualiser certains de ces robots homicides. B
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire