lundi 2 février 2009

Palmarès



  • Blutch a gagné le grand prix d'Angoulême (on avait pu lire Le Petit Christian en feuilleton dans Charlie-Hebdo). Décidément, l'Association continue de régner (non qu'il y ait quoi que ce soit de mal à cela, juste une constatation, Angoulême me paraît infiniment moins corruptible que tous les Prix littéraires de Galligrasseuil).

    Le Palmarès :

    • Fauve d'Or (Meilleur Album) : Pinocchio de Winschluss, Les Requins Marteaux.
    • Prix essentiel du Patrimoine : Opération Mort de Shigeru Mizuki, Cornélius.
    • Essentiel Révélation : Le Goût du chlore de Bastien Vivès, Casterman
    • Essentiel Jeunesse : Le Petit Prince de Joann Sfar, Gallimard
    • Prix de la BD alternative : DMPP (ex-Dame Pipi Comix).
    • Prix René Goscinny : Groeland Manhattan de Chloé Cruchaudet, Delcourt


    Je n'avais hélas rien lu dans la sélection officielle, à part Lost Girls, Adrian Tomine et De Gaulle à la Plage.

  • Pour me faire pardonner de ne lire que des comics américains et jamais de BD, j'ai pris Sophia, vol. 2 dans Paris, ville hermétique de Vanna Vinci (Sophia: nella Parigi ermetica, 128 pages, Dargaud).

    Vanna Vinci est une auteure italienne qui mélange un style réaliste italien, mais surtout Hugo Pratt avec, dit-on, des influences du shōjo manga (manga pour jeune fille). Personnellement, son graphisme dans cet album me ferait penser à l'érotisme d'Hypocrite de Jean-Claude Forest (style qui me paraît beaucoup manquer aujourd'hui dans le paysage). Oh, et Sophia porte parfois les vêtements de Philémon, ce qui lui va très bien.



    L'histoire n'a à prime abord rien pour m'attirer puisqu'il s'agit encore d'une métaphore de Bildungsroman alchimique, jungerie qui me rebute d'habitude. Il suffit d'habitude que je vois l'expression "Oeuvre au Noir" ou "Pierre philosophale" pour m'enfuir en courant. Franchement, à part peut-être au second degré avec le Pendule de Foucault et à part pour la poésie de Gérard de Nerval, est-ce que ces références occultes et "hermétiques" ont déjà été vraiment intéressantes ?

    L'héroïne Sophia découvre à Bologne que son ami est mourant et fait donc ce que vous feriez à sa place : elle part pour Paris chercher le secret de l'immortalité dans les connexions occultes des innombrables alchimistes qui ont l'air d'hanter cette ville (il n'y a plus que les Italiens qui croient encore à notre mythologie lutétienne). Elle devient donc l'Apprentie-alchimiste, sans vouloir l'immortalité pour elle-même. Le contraste entre le réalisme quotidien et la banalité de ces rencontres mystiques avec Nicolas Flamel et le Comte de Saint-Germain crée une impression particulière de fantastique désamorcé. Il y a beaucoup de longs dialogues et donc de "talking heads" (suite de cases sans action) sur les trentenaires-qui-n'arrivent-pas-à-s'engager mais je dois dire que malgré mes réserves sur le thème, l'ennui et la froideur un peu abstraite des personnages, j'accroche assez au style graphique pour avoir envie d'en essayer d'autres.

    En plus de Sophia, Lilian Browne et Aida, elle a aussi une série humoristique non-traduite La bambina filosofica, qui a l'air un peu à la Brétecher, sur une Mafalda aux goûts à la Jacques Bouveresse, qui a l'air d'aimer surtout les essayistes de Mitteleuropa comme Karl Kraus ou Cioran.




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