samedi 11 juillet 2009

Comics de mai-juillet 2009



Cela fait déjà trois mois. A nouveau ce sera donc bref.

  • Multivers DC

    • The Last Days of Animal Man #2/6
      Gerry Conway (né en 1952) est l'un des vétérans solides de l'art du scénario de comics, qui publie des histoires depuis 1969 (il avait 17 ans). Il est surtout connu pour avoir créé un personnage sans intérêt chez Marvel (Punisher) mais je préfère surtout sa création de Firestorm chez DC. Il n'a plus guère publié depuis une douzaine d'années et je ne suis pas sûr de savoir pourquoi il choisit une mini-série sur la fin d'Animal Man, personnage avec lequel il me semble avoir eu peu de connexions historiques. Animal Man fut créé en 1965 et serait resté dans l'obscurité si en 1989 Grant Morrison n'avait pas transformé radicalement le personnage quand celui-ci découvrit qu'il était une personnage de bande-dessinée et qu'il devint désormais une commentaire au second degré sur le medium, commentant avec l'Auteur sur son propre statut fictif. Gerry Conway n'a pas choisi cette veine morrisonienne mais il réussit à surprendre avec un Green Lantern cétacé de plusieurs tonnes (couverture du brillant Brian Bolland) et une nouvelle version de Mirror Master, nommée Prismatrix, qui prouve qu'il sait battre le néo-classicisme nostalgique de Geoff Johns sur son propre terrain en renouvelant un personnage. L'ennui est qu'on se demande pourquoi c'est sur Animal Man... B


    • Booster Gold #20-22
      Le problème de ce titre sur les voyages dans le temps est qu'il montre bien à quel point les comics sont devenus trop auto-référentiels. Booster Gold ne voyage plus vraiment à travers le temps, il voyage en fait vers des cases d'autres comics plus ou moins marquants. Il ne dit plus rien sur l'histoire, il ne fait que gloser l'histoire des comics de l'univers DC. Le héros venu du futur (premier personnage nouveau créé après la Crise de 1985 et qui devait symboliser les nouvelles innovations de DC) ne sert plus que d'instrument à la nostalgie où l'objet des comics est les comics eux-mêmes. Le problème est double : les scénaristes comme les lecteurs ont été élevés dans les comics et ils ne cherchent plus que des échos de souvenirs d'enfance, recombinés. Dans le #20, Booster Gold retrouve en pleine Guerre froide les origines des Rocket Reds (qui me semblent contredire celles qu'on trouvait dans Green Lantern Corps #208, 1987). Dans le #21-22, au moment où Dick Grayson devient le nouveau Batman, Booster Gold repart dans le passé de Robin à la fondation des New Titans quand Robin avait failli se faire tuer. Le problème est que tout cela risque de devenir une formule ennuyeuse : (1) paradoxe, (2) Booster résout le paradoxe et tout redevient comme avant. B-

    • Detective Comics #853
      Après mon enthousiasme pour la première partie publiée dans Batman #686, la conclusion de Whatever happened to the Caped Crusader? est une grosse déception. La première histoire était une succession de petits contes déformant des Batman possibles, cette seconde reprend beaucoup plus rapidement le même procédé mais se consacre à la dimension oedipienne névrosée de Batman. Or c'est à mon sens une limitation et non une force de Batman : un personnage défini seulement par son traumatisme enfantin, un personnage qui n'arrive pas à se développer. Le premier numéro parodiait avec le conte d'Alfred cette théorie de la névrose où Batman est en fait plus fou que les dingues qu'il passe son temps à poursuivre. La nouvelle histoire ne nous épargne aucune régression infantile et on a même droit à l'idée que la Chauve-souris représente une sorte de retour vers l'obscurité caverneuse du ventre maternel. Tout cela manque de la légèreté du premier numéro et le leitmotiv ("Batman n'abandonne pas") est ressassé comme seul refrain pour préparer l'inévitable résurrection. Toute cette psychanalyse, loin d'humaniser Bruce Wayne, le réduit à des abstractions déjà vues dans de nombreuses histoires. C'est très décevant. Il y a une seule case qui marche un peu, c'est celle où le Joker semble soudain sincèrement attristé. B-

    • Green Lantern #40-43
      La saga de la guerre entre les différentes Lanternes continue de se développer. Fatality, devenue une Star Sapphire, a enfin pardonné à John Stewart son erreur sur Xanshi (dans Cosmic Odyssey). Hal perd son Anneau bleu et les Gardiens trahissent de manière remarquablement stupide les Lanternes bleues de l'Espérance en les livrant à l'Orange de la Cupidité. Enfin, le nécrophile Black Hand se suicide et renaît en zombie nécromancien pour la Lanterne noire. La seule surprise a été pour l'instant les petites différences entre les couleurs. Les Bleus ne peuvent fonctionner que comme auxiliaires pour les Verts. L'Orange tue ses propres agents pour monopoliser toute l'énergie pour lui. La Lanterne noire va créer ses agents en animant des cadavres d'autres héros et que les scénaristes vont loin dans la satire des Gardiens. D'habitude, ils sont simplement trop rigides mais ici ils deviennent des monstres froids. B+

    • Green Lantern Corps #35-38
      Sodam, le Green Lantern de Daxam, s'est sacrifié pour changer le soleil de son monde en étoile jaune, ce qui donne aussitôt à toute la population des pouvoirs de Kryptoniens (mais risque de contredire de nombreuses histoires sur le Daxam isolé du XXXIe siècle dans la Légion des superhéros). Les Lanternes jaunes de Mongul se retirent. Soranik Natu doit gérer le fait de savoir qu'elle est la fille de Sinestro. Pendant ce temps, sur Oa, les Gardiens achèvent leur glissement dans le côté obscur (en un clair symbole du gouvernement américain et de Guantanamo) et décident de mettre fin à tout principe de procédure en exécutant tous leurs prisonniers suite à la tentative d'évasion. Quoi qu'il arrive après la Guerre entre les Lanternes, il semble clair qu'il y aura ensuite une révolte des Verts contre leurs supérieurs hierarchiques. B+

    • Justice Society #27-28
      Une petite histoire écrite par le dessinateur Jerry Ordway en attendant la nouvelle équipe avec Bill Willingham. C'est assez habile car pour une fois Ordway utilise assez bien le thème des fantômes. La JSA est la plus ancienne de toutes les équipes de superhéros et il y a une tendance des scénaristes d'abuser des fantômes mais ici les confronter aux fantômes d'Hiroshima et au Spectre pourrait être intriguant, mais l'histoire ne va pas très loin dans le problème moral sous-entendu par le fait que les héros ont soutenu le bombardement du Japon. La caractérisation de la relation Nuklon/Stargirl est en revanche un peu maladroite. B-

    • REBELS #4-6
      La série spatiale de DC n'est pas aussi réussie que Guardians of the Galaxy chez Marvel mais il y a quelques bons moments (contrairement aux séries théologico-politiques de Jim Starlin). Brainiac 2 a reformé sa milice pour lutter contre Starro et ses parasites. Starro conquiert le monde des Dominateurs et Brainiac 2 doit enfermer tout le secteur contaminé dans un champ de force immense pour arrêter la marche des organismes colonisateurs. Cela rappelle donc la mini-série Annihilation Conquest, avec Starro à la place du Virus techno-organique. En revanche, je doute que le style graphique subtile de Claude St Aubin (qui semble très Vertigoesque) soit très adapté au Space Opera. B

    • Wonder Woman #31-33
      Wonder Woman a enfin vaincu son double inversé, Génocide (qui me semble avoir été un remake moins intéressant de Devastation, Wonder Woman vol. 2, #143, 1999). Puis elle doit défendre l'île des Amazones face aux monstres marins contrôlés par Euphemos, fils de Poséidon qui s'est allié à Arès. Les Thalarions de Jason et Achille viennent aider les Amazones et Wonder Woman tue même (provisoirement, on imagine) Arès en combat singulier. Puis Zeus exige la vassalité de Wonder Woman qui la refuse et est exilée. Vivement qu'un scénariste puisse faire revivre les intrigues abandonnées depuis Greg Rucka, qui avait eu le courage de faire évoluer un peu le Panthéon olympien en faisant renverser Zeus par Athéna. Hélas une raison de plus d'en vouloir à la très mauvaise histoire des Amazons Attack en plus de la résurrection sans explication d'Hippolytè fut la suppression d'Athéna. B



  • Editeurs indépendants

    • Barack the Barbarian #1

      Cette bd (dont j'ai parlé en mars) est écrite par Larry Hama (le créateur de G.I. Joe en 1982). La parodie est fondée sur le fait qu'Obama avait dit que Conan était son comic favori (même s'il a fait exprès d'échouer au test de connaissances cimmériennes élémentaires posées par John Hodgman). Barack arrive ici dans la cité de Warshington où il va s'allier à l'amazone Hilaria pour lutter contre le culte de l'Eléphant (les Grand Old Pachyderms), qui lance contre lui son Vieux Guerrier et "Red Sarah". Les gags ne sont pas très drôles - sauf un petit clin d'oeil au prétendu "Dijongate" ou à la campagne des Primaires (Elton Johns ?) qui deviennent déjà incompréhensibles quelques mois après les faits. Très dispensable. B-

    • Ex Machina #43
      Nous sommes à la fin de l'année 2004 et Mitchell Hundred (élu maire de New York en novembre 2001, dans la suite du 11 Septembre) annonce qu'il ne se représentera pas aux élections de novembre 2005. On sait qu'il va sans doute se présenter aux Présidentielles de 2008 mais on comprend mal ce qu'il est censé faire entre. Peut-être Vaughn veut-il ironiser sur le maire (devenu Indépendant) Michael Bloomberg qui a été réélu en 2005 et vient de changer la loi pour avoir le droit de se représenter en novembre 2009. En dehors de cette intrigue politique, le Super-maire doit faire face à une épidémie de Rats affamés, qui semblent contrôlés et un noir secret de son passé va bientôt revenir à la surface. B

    • Phonogram: The Singles Club #3/7
      Cette bd est l'une des plus brillantes qui soient, même si j'en saisis peut-être 05% des allusions à la culture pop. On retrouve cette fois un personnage qu'on avait déjà vu dans la première série, "Emily Aster", la cynique hédoniste qui est censée diriger le Cercle de sorciers phonomanciens auquel appartient le "héros" David Kohl. Je crois qu'il est un peu cliché qu'Emily dissimule sous son apparence insouciante une adolescente suicidaire et torturée mais c'est présenté sans trop de pathos. B+

    • Savage Dragon #150
      Ce numéro spécial m'a plutôt déplu. Un des grands avantages de Dragon par rapport aux autres comics est qu'en dehors du héros immortel, on a vraiment l'impression que les personnages peuvent mourir et qu'il y a de l'irréversible dans le récit. Ici, le plus vieil ennemi du Dragon, l'Overlord, ressuscite et tue le héros. Il est un peu décevant qu'Erik Larsen n'ait rien trouvé de mieux pour fêter ce 150e numéro d'une série presque ininterrompue depuis 16 ans. B

    • Wild Cards #5/6
      On découvre que Mike Fallon, le thérapeute ex-joker "guéri" du Virus, est celui qui répand l'antidote mortel de l'Atout Noir. Croyd Crenson "Le Dormeur" (son Virus mute à chaque réveil) s'endort avant de pouvoir aider le nouvel As, Alex, à retrouver le coupable. Une très bonne histoire de Daniel Abraham dans l'univers de l'anthologie des romans Wild Cards, mais les dessins d'Eric Battle sont, je trouve, très confus et pas assez réalistes pour une histoire avec de nombreux personnages. B


  • Univers Marvel

    • The Mighty Avengers #24-26
      Ce bref interlude permet à Dan Slott de mettre Henry Pym et ses nouveaux Vengeurs (manipulés par Loki) contre les Quatre Fantastiques. Pym reste un personnage très ambigu, amoureux de Jocasta, double androïde de son épouse morte (son nom oedipien vient du fait qu'elle fut créée à l'origine par sa propre création, Ultron) mais trop amoral dans son intellect abstrait. Pym risque de rester à nouveau bloqué dans son personnage du Savant Fou susceptible de basculer à nouveau dans son côté obscur. B

    • Black Panther #5
      J'espérais qu'on aurait droit à une Panthère noire de remplacement pour quelques temps et Shuri (la jeune soeur de T'challa) me paraissait un bon choix, pour garder le lien avec le précédent mais en perdant l'excès de perfection que les scénaristes ont associé à T'challa. Mais c'était en réalité une fausse piste et le retour de T'challa semble devoir déjà revenir après seulement quelques numéros d'absence. B

    • Guardians of the Galaxy #13-15 & War of the Kings #4-5/6
      Les Gardiens échouent dans leur tentative d'imposer une trève entre les Kree et les Shi'ar et suite à leurs maladresse se retrouvent en guerre contre les Inhumains et contre la Garde Impériale à la fois. L'ex-Impératrice Lilandra est exécutée par les "Raptors" qui dirigent en secret l'Imperium shi'ar et qui s'allient à Blastaar dans la Zone négative. Le corps du Céleste qu'occupent les Gardiens se ranime. Black Bolt lance un projet suicidaire pour vaincre les Shi'ar et se retrouve face à Vulcain. Du très bon space opera épique, bien meilleur que les deux tentatives précédentes dans Annihlation War et Annihilation Conquest, ce qui prouve que les deux co-scénaristes Abnett & Lanning ont trouvé leur rythme de croisière. B+

    • Nova #24-25
      La Garde impériale Shi'ar vainc le nouveau Nova Corps et Richard Rider découvre que l'Esprit-Monde est en fait soumis à la planète pensante Ego. Il réussit à rebooter l'Esprit-Monde et refonder le Corps, redevenant ainsi le Nova Prime. B+

    • The Invincible Iron-Man #13-15
      Tony Stark s'est réfugié en Russie et continue à s'autolobotomiser petit à petit pour détruire les secrets dont il craint qu'ils tombent dans les mains de Norman Osborn. Il y a beaucoup de suspense et c'est un bon "techno-thriller" de superhéros mais je ne comprends toujours pas la prémisse de départ : n'y a-t-il pas des moyens moins radicaux et moins absurdes que de se faire fondre le cerveau ? Et comme Stark va bien finir par retrouver son intelligence à un moment, comment le scénariste va-t-il pouvoir se débrouiller sans détruire trop la crédibilité SF de la série ? B

    • Lockjaw and the Pet Avengers #1-2/4
      Une des raisons pour lesquelles je préfère souvent l'univers DC à l'univers Marvel est que ce dernier se veut plus "sombre", plus "mature" et "réaliste". Cela dit, c'est de moins en moins vrai et Marvel a des titres humoristiques comme Great Lake Avengers. C'est un reproche qu'on ne pourrait pas faire à cette charmante mini-série par Chris Eliopoulos, qui ressemble beaucoup à la Legion of Superpets dans l'univers DC : une équipe composée uniquement des animaux associés aux superhéros. C'est assez drôle même si les blagues chat/chien sont un peu lourdes. L'équipe est composée de Lockjaw, le chien téléporteur de Black Bolt, Throg, un des avatars grenouilles de Thor, Lockheed, le petit dragon des X-Men, Redwing, l'oiseau de Falcon, Hairball, le chat de Speedball, Zabu, le tigre à dent de sabre de Ka-Zar et enfin un comic relief Miss Lion, le chien (mâle) absolument normal et stupide de Tante May (qui semble avoir des problèmes à reconnaître le sexe de son chiot). Exactement le genre d'histoire idiote que j'ai envie de lire dans une bd. A

    • Ms. Marvel #38-41
      Les quelques numéros où Ms Marvel était morte ont permis d'attirer un peu l'attention des lecteurs, qui risquent presque de regretter le retour du personnage. La remplaçante mise par Osborn, Karla Sofen est redevenue une sinistre psychopathe. Le scénariste Brian Reed doit vraiment être inquiet des faibles ventes car il sort le truc le plus usé pour relancer les ventes : un cross-over avec Wolverine et Spider-Man. Carol Danvers ressuscite mais le moyen choisi est curieusement un charabia incompréhensible. Quand on regarde les ventes, le titre a considérablement baissé, passant de 40k à 25k vers le #31-32 et Dark Reign n'a pas réussi à le faire remonter. B

    • X-Men Forever #1
      Dans toute l'histoire des comic-books, le plus gros succès est X-Men et aucune série n'a été autant liée à quasiment un seul scénariste, Chris Claremont, qui écrivit toutes les histoires principales des X-Men pendant 16 ans, de 1975 à 1991. Récemment cependant, depuis 2000, Claremont a essayé plusieurs tentatives pour revenir sur son titre et le résultat fut une preuve qu'on ne peut pas se baigner deux fois dans les mêmes eaux. Cette nouvelle série (que je présume éphémère) est un cadeau que lui fait Marvel en lui proposant de revenir à un monde parallèle, une bifurcation vers ce qu'auraient été "ses" X-men s'il n'avait pas été renvoyé en 1991... Je pensais qu'en étant libéré des histoires des autres Claremont serait desinhibé et plus créatif. Il y a pourtant le risque que sans l'impression que son histoire ait des conséquences, il fasse n'importe quoi. En fait, je ne vois absolument pas l'intérêt et c'est même la première fois que je pense que son éviction avait été une bonne idée. J'avais oublié à quel point les X-Men des années 90 étaient vraiment le Nadir de ce titre. A éviter, malgré les dessins de Tom Grummett. D
  • 2 commentaires:

    1. Je ne suis pas d'accord avec vous. Le punisher est intéressant pour moi,il s'inscrit parfaitement dans notre époque laxiste,dans la tradition des vigilantes tel que dirty harry,comme un rempart contre l'insécurité et la délinquescence morale

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    2. Si ce n'est qu'il avait été créé par Gerry Conway (dans Amazing Spider-Man #129, 1974) comme une parodie de Dirty Harry, pas au premier degré. Conway en faisait clairement un vilain à l'origine, qui ne vaut guère mieux que les criminels qu'il massacre.

      Même chez les auteurs cyniques comme le Britannique Garth Ennis, il reste un personnage parodique, utilisé pour se moquer des superhéros et de tous ces fantasmes d'ultraviolence.

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