lundi 10 août 2009

Vox in Rama audita est ploratus et ululatus





Les publicités républicaines contre l'ObamaCare n'allaient pas assez loin en disant qu'une couverture médicale élargie exécuteraient vos grands-parents. On passe maintenant à l'Ultime Fléau, la mort de vos premiers-nés. Sarah Palin déclare que c'est le Mal Radical, le grand Moloch tortureur des nouveaux-nés innocents et qu'une réforme demanderait le sang de son enfant trisomique Trig.

Instrumentaliser ainsi la condition médicale de propre enfant pour alimenter des mensonges hystériques est sans aucun doute une vertu de décence pour certains Républicains.

Publius fait remarquer qu'il existe pourtant bien en réalité un système qui peut refuser le remboursement de soins pour un enfant trisomique (mais pas à celui de l'ex-Gouverneure de l'Alaska) :


There are people who weigh whether children like Trig are worthy of insurance.

They're called insurance companies, and they have decided that these children are not in fact worthy of coverage.

That's because Down Syndrome is a "pre-existing condition."


Non seulement Palin ment de manière si absurdement évidente en dénonçant la réforme mais en plus elle ignore délibérément l'injustice du système déjà présent.

Sullivan cite deux textes sur la droite américaine : un résumé de constantes populistes depuis les Know Nothings et un texte d'historien sur l'Amérique de la Grande Peur. Charles Blow explique comment l'anti-intellectualisme toxique des Hooligans Républicains leur profite face à une apathie trop irénique.

Hunter parle de l'étonnement devant l'intensité sans précédent de ces mensonges. Tout débat politique engendre de l'idéologie ou de la mauvaise foi, avec un peu de paranoia ou des accusations exagérées, mais dans ce cas précis, on quitte le simple mensonge pour quelque chose qui touche directement à la folie. Que peut-on répondre à quelqu'un qui vous dit que vous voulez en réalité génocider sa famille, ses aïeux et ses enfants ? Tout le débat politique disparaît et il n'y aurait plus qu'une lutte à mort instinctive, une guerre primitive pour la survie. Ce n'est même pas le demos dégénérant dans la populace capricieuse de l'ochlos, c'est déjà une oligarchie tyrannique qui tend à dissoudre tout débat rationnel.

6 commentaires:

  1. Tout ce débat m'écoeure complètement, et m'inquiète fortement sur l'état de la démocratie américaine. Je ne comprends pas comment tout ça peut marcher quand ce système marche si mal comparé à celui, au hasard, des saletés de démocraties socialistes européennes comme dirait Glenn Beck.

    RépondreSupprimer
  2. Oui, écoeuré est le bon terme. Les pathologies de la démocratie américaine (si vivante sur certains points, comme certaines libertés dites "négatives" face à l'Etat) commencent à devenir inquiétantes.

    Ces 25%-30% de Reaganites Bushiens ignorants ou désinformés, birthers, John-Birchers, KKK, NRA gun-nuts, flat-earthers, young earth creationists, fondamentalistes littéralistes, Sovereign Citizens, survivalistes libertariens, conspirationnistes paranoïaques, fans de Glenn Beck et Fox News, ditto-heads de Rush Limbaugh, majorité morale financée par la secte Moon, tout cela forme un vrai péril pour les intérêts de ce pays qu'ils prétendent défendre.

    RépondreSupprimer
  3. Ceci dit, je me demande si les outrances actuelles des Républicains ne sont pas une forme de suicide.Au final, ils vont garder une poignée de cinglés mais tous ceux qui voudront un minimum de faits se retrouveront orientés par les soutiens d'Obama parce que ce sont les seuls qui fournissent quelque chose qui ressemble à une analyse. Le système actuel est trop évidemment corrompu pour que les gens décident en se basant uniquement sur leur hystérie. L'argument d'Obama: "Si vous aimez votre couverture médicale actuelle, vous pourrez la garder" me parait très fort.

    En plus, des initiatives comme celle ci vont se multiplier et risquent à terme de faire très mal aux républicains.

    @Tom Roud: "Je ne comprends pas comment tout ça peut marcher quand ce système marche si mal comparé à celui, au hasard, des saletés de démocraties socialistes européennes comme dirait Glenn Beck."

    Il me semble que le raisonnement de ces gens est:
    Fait 1: l'Amérique est meilleure en tout
    Fait 2: Notre assurance maladie a un problème
    Conclusion: Mon Dieu, quelle horreur ça doit être chez ces saletés de socialistes!

    Conclusion confirmée par Glen Beck qui est un savant en vertu de sa présence à la TV et du fait qu'il a écrit des livres!

    RépondreSupprimer
  4. C'est le retour du big government et de ses tentacules malfaisantes. Toute proportion gardée, et dans un contexte très différent, la situation actuelle des Républicains n'est pas sans rappeller leur débacle après la victoire de Roosevelt.
    Même désarroi intellectuel, même radicalisation, à la suite d'une décennie de malhonnêteté où jamais ils ne se remirent en question.

    Mais je ne m'inquiète pas de l'issue du débat. Leur extrêmisme va probablement effrayer plus qu'autre chose et à mon sens toutes les mouvances évoquées par Phersv sont bien trop hétérogènes pour former une opposition unie. Ils vont se tirer dans les pattes et se contredire.

    RépondreSupprimer
  5. Oui, j'espère que la campagne défensive de communication peut marcher sur la partie de la population raisonnable. Obama a été prudent et habile en proposant d'introduire une sorte d'option publique de manière graduelle par un "Plan d'Echange" partiel de certains plans santé (où chacun peut garder le plan privé s'il le souhaite), mais cela n'a pas empêché les Républicains de parler de collectivisation et d'extermination.

    C'est vrai aussi qu'on a tendance dans les médias à grossir de manière disproportionnée l'importance de ces hordes de Tea Baggers. Mais cela finit par jouer sur une "démocratie d'opinion".

    Au-delà de la violence républicaine, je redoute aussi un peu la pusillanimité démocrate. S'il y a une seule chose où les Républicains ont raison, c'est que les Démocrates peuvent souvent se replier dès que les Républicains leur hurlent dessus.

    RépondreSupprimer
  6. Tom—"Tout ce débat m'écoeure complètement, et m'inquiète fortement sur l'état de la démocratie américaine."

    Phv—"Les pathologies de la démocratie américaine (…) commencent à devenir inquiétantes."

    Voyons, un peu de scepticisme : vous avez déjà oublié la campagne électorale ? On savait depuis le départ qu'Obama ne perdrait pas (état de l'économie + score du sortant). Le message ici est : les "campagnes" ne décident pas des votes.

    Cette réforme va passer, les accords importants (industrie pharma, assureurs) sont déjà signés (tout ou presque est dans le NYT), l'opposition ne peut que se ridiculiser dans le processus en employant des arguments qui délimitent son électorat à un niveau intellectuel quasi-négatif (idem Haby Ba, le GOP perd tout dans la bataille, le vote, soit l'issue, et la crédibilité, soit l'issue à long terme : les mid-terms, l'afilliation partisane, etc. -- "est-ce que vous voulez vraiment vous déclarer supporter d'un parti pareil ?" Palin continue à faire perdre son camp, je jubiiiile, c'est la pire chose qui soit arrivée aux conservateurs depuis longtemps).

    RépondreSupprimer