Après Traveller: Far Trader #1 et #2, Chris Giffen de Mongoose continue sa série chez Markosia de comic books dans l'univers du jeu de rôle Traveller avec une seconde série, Traveller: Riftbreaker. Far Trader utilisait des Voyageurs assez habituels, marchands et transporteurs, bourlinguant dans le sous-secteur Aramis des Marches directes. Riftbreaker porte en revanche plus sur le thème de l'exploration, du côté du sous-secteur Usher, près de la zone moins dense en étoiles qu'on appelle The Reft (ou Rift).
Pour ceux qui ne connaissent pas les bases de l'univers, ce sera encore plus obscur que la série précédente et le comic me semble encore plus conçu comme une sorte de supplément au jeu de rôle. Mais reconnaissons que la probabilité qu'un lecteur achète la bd sans rien connaître du jeu est faible.
Pour les 2 lecteurs qui me restent et qui ne seraient pas déjà fans : dans l'univers de Traveller, les vaisseaux spatiaux sont à peu près aussi disponibles que les avions au début du XXe siècle, il n'y a guère que des milliardaires et des Etats qui en disposent. Un vaisseau moyen qui peut dépasser la limite de la lumière ne peut faire que des sauts d'environ 1 ou 2 parsecs (3,23 à 6,46 années-lumière) avant de devoir s'arrêter sur une source de gravité (et généralement recharger ses réserves dans une Géante Gazeuse). Cela veut dire que les vaisseaux doivent parfois faire de longs détours pour arriver à des systèmes qui ne seraient pas joignables directement et la zone du Rift a des douzaines de parsecs entiers sans aucune étoile, dans un espace entre les amas stellaires. La Brisure de la Fissure consiste donc à tenter de trouver d'autres "corps" ou objets célestes non-détectés qui puissent servir d'étapes pour traverser cette zone obscure, par exemple des astéroïdes ou des comètes. Un rêve de certains Eclaireurs est de dessiner de nouvelles cartes d'itinéraires inconnus dans le Rift. Dans un univers qui semble déjà très exploré depuis des milliers d'années, cela ré-introduit donc de l'inconnu puisqu'on pourrait mettre n'importe quoi dans ces zones noires de la carte, tant que ce ne sont pas des étoiles classiques.
L'illustrateur n'est plus le français Xavier Bernard mais l'Italien Luigi Iannelli. Sa force me semble être le dessin des non-humains dont on voit qu'il prend du plaisir à les dessiner. Ce critique fait remarquer qu'il se soucie aussi des décors et que les scènes spatiales sont bien conçues. Mais je suis moins emballé par les illustrations de certains personnages humains, notamment du protagoniste Rev Sanderson.
L'histoire
Revolio Sanderson est un capitaine humain ancien éclaireur, alcoolique et dépressif et il va réunir ici un nouvel équipage : Sandy, une brave Vargr (enfin, je crois que c'est une Vargr ?), et Wasata, un.e ingénieure Bwap (l'espèce Bwap, de petit amphibiens ressemblant à des tritons, vient de beaucoup plus loin dans la direction du centre mais s'est répandue dans l'Imperium).
L'histoire commence avec un flash-back peu explicite sur le passé traumatisant de Rev Sanderson quelques années avant quand il fut capturé comme Scout dans les Marches directes. Dans ce premier épisode, ils sont victimes d'un trafiquant sans scrupules que je crois être un Nenlat de Deneb (d'après la queue avec ce qui semble être un dard) et obtiennent ainsi un bon vaisseau au-dessus de leurs moyens, un vaisseau éclaireur (type S de 100 tonnes). Rev décide ensuite de partir du système d'Aldaya vers le Rift.
Je suis assez curieux de voir ce que le thème de l'exploration peut donner. On joue toujours des Han Solo ou des Mal Reynolds dans Traveller et ici, pour une fois, cela peut devenir légèrement plus startrekien.