jeudi 21 novembre 2019
Re: As des As (2)
Rappar désenchante le mythe des "As" dans les commentaires d'un vieux message et je voulais ajouter à ce message d'il y a 12 ans que j'ai depuis vu le film de 2008 sur le Baron rouge et qu'il est hélas très ennuyeux malgré la réussite impressionnante de cette bande-annonce. Ce clip doit d'ailleurs avoir, je le crains, la totalité des scènes aériennes du film, film très peu "cirque volant" finalement et un peu trop terre-à-terre ou prosaïque dans sa tentative d'ajouter une love story.
Ironiquement, des historiens ont trouvé que le film avait trop idéalisé le Baron alors que je trouvais qu'il ne l'avait encore pas assez fait. Le vrai Baron était considéré comme moins bon que son instructeur Oswald Boelcke ou Max Immelmann ("Blauer Max"), les deux vrais pères des As, mais il a survécu plus longtemps qu'eux et a mieux appliqué méthodiquement les tactiques qu'ils avaient inventés (il a deux fois plus d'avions abattus que Boelcke et quatre fois plus qu'Immelmann).
Le seul vrai geste "chevaleresque" qu'il ait fait dans la réalité est d'avoir salué un pilote à terre en refusant de le mitrailler (mais peut-être parce que cela n'aurait rien ajouté à son score). La grande chance de Richthofen est d'être mort en 1917 et de n'avoir pas fini Nazi comme le second meilleur as allemand, Ernst Udet (qui se suicida en 1941 après être tombé dans l'alcoolisme et avoir mal organisé un plan aérien en Russie - René Fonck, l'arrogant As-des-as français finit pétainiste mais fut quand même arrêté par Laval comme insuffisamment germanophile).
D'ailleurs, j'aimerais bien savoir si quelqu'un a vu un bon film sur le Baron rouge (non, en dehors de Snoopy où le Baron invisible devient le symbole de l'adversité, du Fatum, de l'impossibilité à réussir dans tous les domaines puisque les crashs de Snoopy en Sopwith Camels sont les seules fois où il se "charliebrownise" et peut partager un peu de sa mélancolie).
Je voudrais plus une adaptation complètement romantique d'Enemy Ace (et je parle de la série originale de Kanigher & Kubert, pas des suites qui me paraissent hors-sujet sur la 2e Guerre mondiale ou le Vietnam) que du vrai Manfred von Richthofen, qui n'a pas une vie si excitante que cela et qui était en réalité un tueur bien plus froid et insensible que cette vision idéalisée. J'avais dit que je voyais un peu d'Arjuna en "Hans von Hammer", "The Reluctant Warrior", le héros d'Enemy Ace, mais en réalité il est plus torturé et sa Guerre est clairement moins justifiée que celle d'Arjuna.
Aaah le reluctant warrior ! cette peste... Je l'ai trouvé encore une fois, dans un livre pour enfants, Le Roi des Loups, racontant la quête de Seton, chasseur de loups aux USA, qui après avoir tué Lobo ledit roi de loups (et 1000 autres de ses congénères), se prend de tristesse, de remords et devient un défenseur et protecteur acharné de la faune américaine.
RépondreSupprimerLe PTSD comme figure pop de la culture américaine, qui aime tant mettre en scène les gentils nazis (je suis sûr que ce trope existe dans tvtropes) jusqu'au Aue de Littell, nazi conscient en passant par tout (?) Spielberg (je le dis sans vérifier, presque sûr qu'on peut y trouver des morts nécessaires et fertiles au récit).
La figure peut avoir un aspect attirant pour les Américains comme ils sont attachés à la Guerre (on compte environ 220 ans de guerre sur 239 d'époque contemporaine, soit près de 40 ans de guerre de plus que la France sur cette période). Cela permet d'être l'Empire malgré lui, le justicier qui doit douloureusement reprendre le Fardeau de l'Homme Blanc de la Civilisation britannique après l'avoir vaincue ou dépassée.
RépondreSupprimerMais dans le cas de Enemy Ace, ce n'était certes pas encore un Nazi (du moins dans la version originale, je n'ai pas lu la version de Garth Ennis). C'est même à cela que sert la Première Guerre mondiale par opposition à la Seconde, pouvoir avoir un héros dans le camp ennemi sans qu'il soit trop compromis (même si la bd est finalement bien plus anti-guerre que les comics habituels de cette période sur la 2e GM comme Sergent Rock).