dimanche 29 septembre 2024

Rings of Power Season 2 Episode 7 "Doomed to Die"

 

They have a Hill Troll

Episodes 1-345, 6.

Je pourrais pour une fois être assez sobre comme ce 7e épisode est probablement le meilleur épisode de la série. Dommage que tant de personnes ont dû désespérer depuis longtemps, comme c'est le 15e depuis le début. 

Les grandes batailles d'épisode pénultième de la saison sont assez prévisibles dans les imitations de la trilogie de Jackson mais ici les scénaristes ont ajouté assez de tension dramatique pour qu'on reste intrigué par ces combats - surtout que plusieurs scènes sont construites comme des inversions volontaires de celles de Jackson.  Les péripéties de cet épisode réussissent dans leur but de créer cette atmosphère tolkiénienne de mélancolie tragique (en inversant certaines victoires par surprise dans le Lord of the Rings). La défaite des Numénoréens et la naissance du Mordor en fin de Saison 1 avait paru être un twist pour le plaisir de faire un twist alors qu'ici la chute d'Ost-in-Edhil et de l'Eregion a certaines parties sublimes. Cette digue qui arrête l'écoulement de l'eau (la Sirannon sur la route de Khazad-dûm ou plutôt la Glanduin si les Orcs arrivent du sud) inverse aussi l'éruption des fumées dans l'épisode 7 de la saison 1. 

Le grand orfèvre Celebrimbor au Poing d'Argent (Charles Edwards) prend enfin bien plus d'épaisseur dans sa prison onirique et dans sa manière pour en trouver la faille avec le marteau de Feänor. L'idée de Sauron en Grand Illusionniste qui fabrique tout un réseau de mondes fictifs s'avère très efficace. 

Ce personnage de Celebrimbor n'était auparavant guère qu'un nom dans le Legendarium Tolkiénien et maintenant que ce soit dans le jeu vidéo Shadow of Mordor (où toute l'intrigue repose sur sa vengeance contre Sauron) ou cette série, le fils de Curufin va laisser un souvenir plus durable et marquant. 

D'habitude, je trouve les grands discours vibrants à la Robert Wallace / Henry V trop kitschs mais ici, le discours inspirant de Durin IV le Jeune ou celui de Celebrimbor à Galadriel sont plutôt réussis. 

Adar (avec le nouvel acteur de cette saison Sam Hazaldine, bien plus charismatique que son prédécesseur) est la meilleure invention originale de la série. Il est un "Anti-Vilain", un ennemi un peu plus réaliste que Sauron et sa corruption est plus intéressante : il souhaite sincèrement ce qu'il croit être le bien des Uruks mais il considère que la Fin justifie les Moyens. "Pour vous éviter de finir comme des pions de Sauron, je vous sacrifierai comme mes pions." On devine aisément comment Adar va finir, tué par Glûg et ses propres Uruks qui le trahiront et réaliseront ses craintes en devenant des hordes servant Sauron. Et comment en vouloir aux Uruks ? Adar ne se rend même pas compte qu'avec son anneau il finirait sans doute comme Sauron, selon la tragédie habituelle de la politique où le libérateur devient tyran.  


Bien sûr tout ne marche pas. 

Adar avait déjà accepté trop facilement de laisser partir Halbrand au début de cette saison et à présent, il perd un peu de son caractère inquiétant quand il accorde si aisément à Elrond de venir faire ses adieux à Galadriel. Les fans ont sans doute exagéré en s'énervant sur la supposée tension amoureuse entre Elrond et sa future belle-mère mais le plan d'Elrond est cousu de fil blanc. 

Par souci de clarté, le scénario a retiré de toute cette histoire certains Elfes comme Amroth, Roi des Galadhrim sylvains (son rôle est certes remplacé par son sujet Arondir, qui est enfin assez intéressant ici) et même Celeborn (retiré parce que les auteurs avaient voulu créer la relation Halbrand-Galadriel en saison 1). Peut-être craignaient-ils aussi qu'à l'oreille les spectateurs aient du mal à distinguer Celebrimbor et Celeborn ? J'imagine qu'Elrond fondera Imladris bientôt en saison 3 mais vont-ils aussi créer les bases de l'arrivée de Galadriel et Celeborn dans la Lothlorien du Roi Amroth. Les droits empêchent peut-être aussi d'utiliser la Maison d'Imrazôr (qui fut l'un des uniques parents de demi-elfes de l'histoire, les Princes de Dol Amroth). 

La charge héroïque des Elfes s'arrête un peu brutalement dès le premier stratagème d'Adar. L'Elfe Rian dardée et hérissée de multiples traits orcs qui arrive à faire éclater un trébuchet avec sa dernière flèche explosive quitte l'épique pour aller d'un coup vers la farce et une déflagration de clichés presque cartoonesques. 

Je comprends qu'ils aient voulu comprimer toute la chronologie mais là, la chute de Khazad-dûm est accélérée de milliers d'années puisqu'elle devait avoir lieu au XXe siècle du Troisième Âge à peu près à l'époque de la chute de l'Arnor. Et les Nains semblent deviner bien trop vite qu'ils libéreront le Balrog s'ils continuent à creuser pour du mithril. Certes, Durin IV va peut-être simplement réussir à différer l'inéluctable par ses choix cornéliens. 

Captain Popcorn a eu dans sa vidéo une réflexion fine sur la mortalité chez Tolkien et cette série. Les Elfes immortels doivent apprendre à accepter la mortalité en Terre du Milieu et leur quête du mithril paraît ici un substitut peu heureux à leur désir plus métaphysique de demeurer dans le temps sans assumer ses vicissitudes. Tolkien écrit dans la lettre 154 que le tort des Elfes comme des Gondoriens est de trop vouloir "embaumer" ou figer le temps comme un tombeau. Même Celebrimbor comprend qu'Annatar est un usurpateur et pas un envoyé des Valar quand il regrette l'écoulement du temps. 

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