vendredi 31 décembre 2010

[JDR] Une raison de se mettre à l'allemand



Excusez-moi pour cette interruption des programmes (un malware nommé HDD Low avait pris le contrôle de mon disque dur).

Bien que je ne sois pas du tout fan Lovecraft, de l'horreur ou de l'Appel de Cthulhu, j'ai acheté cette année Terreur sur l'Orient Express (1991, tr.fr. 1994).

Le thème d'un huis-clos dans un train légendaire (sans doute à cause d'Agatha Christie et d'autres films dans un train) m'intéressait plus que le Mythe de Cthulhu, mais cette campagne ne fait pas exactement ce qu'on pourrait en attendre : les scénarios se passent à chaque arrêt de l'Orient Express (départ de Londres, puis Paris, Lausanne, Milan, Venise, Trieste, Zagreb, Belgrade, Sofia et finalement Constantinople) mais presque pas dans les voitures ! C'est donc plus une anthologie de scénarios inégaux non-reliés (écrits par des auteurs différents) avec un vague prétexte ferroviaire pour visiter les Balkans et l'Istanbul des années 20.

Une version avant la Grande Guerre pourrait être plus amusante si on veut avoir le vrai Âge d'or de l'Orient-Express avec un Empire ottoman (et même le projet de Berlin-Byzance-Bagdad).

Mais la compagnie de jeux allemande Pegasus (qui avait aussi édité un guide de Vienne pour l'Appel de Cthulhu) a fait une traduction/adaptation de la campagne qui a l'air plus ambitieuse, avec une boite et 4 livrets qui semblent plus longs que la version d'origine. On peut voir quelques illustrations , le site de RPGGeek et un site de fans joueurs.

Ce groupe de joueurs a même fait une bande annonce de leur campagne (peut-être inspirée par cette plus courte bande-annonce d'une campagne similaire de joueurs britanniques) :



Et puisqu'on parle de Cthulhu, je suis aussi curieux sur cette autre campagne britannique Bookhounds of London (pour Trail of Cthulhu), qui offre de ne jouer que des bibliophiles dans un jeu où les Manuscrits et Ouvrages interdits sont un trésor si ambigu (puisqu'ils augmentent la connaissance mais rendent progressivement fous).

lundi 27 décembre 2010

16 personnages fictifs en 16 minutes



Je devrais un peu arrêter les mèmes (je les mets plutôt sur mon Livejournal) mais cette nouvelle liste de personnages qui "inspirent" peut être rapide, même si, perversement, on a le réflexe de ne mettre que 16 noms de généreux donateurs nigérians (où on découvre des variantes entre les histoires, d'ailleurs, certains ne sont pas des héritiers mais veulent créer une fondation charitable) ou bien 16 noms de figures religieuses.

L'ennui avec les personnages fictifs est que je risque simplement de mettre mes superhéros favoris (et je l'ai déjà un peu fait pour cette carte de la Saint Valentin en 2006). Bon tant pis, c'est de la libre association. Je prends "inspirant" en un sens très positif, donc il n'y a pas les meilleurs personnages, qui sont souvent les adversaires dans les histoires (pas de Doctor Doom ou de Verbal Kint, mais j'ai laissé des "anti-héros" comme Renart ou Némo).

  • 1 Hector, le vrai héros de l'Iliade.
  • 2 Ulysse
  • 3 Antigone (même si la lecture hégélienne comme figure des génies ancestraux de la famille contre les Nouveaux Dieux lumineux de la Cité gâche un peu son héroïsme en en faisant une sorte de fondamentaliste archaïque)
  • 4 Arjuna (surtout avant que Kṛṣṇa ne le manipule à accepter l'ordre social)
  • 5 Lancelot
  • 6 Renart le goupil
  • 7 Le Capitaine Némo
  • 8 Le Prince Léon Nikolaïévitch Muichkine
  • 9 Olga Prozorova (l'aînée des Trois Soeurs)
  • 10 Atticus Finch
  • 11 Kal-El (Superman)
  • 12 Peter Parker (Spiderman)
  • 13 Monsieur Spock
  • 14 François Merlin
  • 15 Dr Gregory House
  • 16 "Barack H. Obama" en 2008 (je me demande ce qu'est devenu ce personnage après la présidence Bartlett d'ailleurs, ils devraient faire une suite)
  • Le ça et le off



    Selon le Canard enchaîné n°4704 (22 décembre) p. 2, le récidibrice Ministre de l'Intérieur et de l'Immigration Brice Hortefeux aurait déclaré devant des visiteurs en petit comité :
    "Jean-Marie Le Pen a eu raison avant tout le monde sur le sida. Il a eu raison avant tout le monde sur l'immigration. Il a eu raison avant tout le monde sur la délinquance."

    J'arrive à saisir comment, de son point de vue, le chef du FN pourrait avoir eu "raison" en développant une relation entre immigration et délinquance (même si les tracts du FN parlaient plus d'un lien entre immigration et chomage), mais franchement, sans fausse naïveté, que veut-il dire sur le Sida ?

    Dans mes souvenirs des années 85, quand il en parlait, Le Pen disait qu'il faudrait isoler les malades et interdire les immigrés séropositifs ("les Sidaïques", disait-il, comme si son imaginaire était spontanément attiré vers cette désinence dès qu'il s'agissait d'exclure) mais je ne comprends même pas ce que Hortefeux peut vouloir dire, même en se mettant dans sa vision du monde.

    Qu'il y aurait plus de contaminés ? Mais tout le monde le disait.
    Que seuls les homosexuels seraient touchés ? Mais même un Christian Vanneste ne peut pas croire cela.

    dimanche 26 décembre 2010

    [jdr] 2010 en jeu de rôle


  • L'état du Donjon

    Par les Mânes de Gygax !, déjà la fin de l'année et on va avoir droit à des récapitulatifs et des listes de films, donc pourquoi ne pas faire un petit survol rôliste ?

    L'état du Donjon est... en convalescence.

    La crise continue de toucher le jeu de rôle, dans ce nouveau contexte dominé par le jeu de société et le jeu de rôle en ligne.

    On n'a pas de chiffres officiels de la compagnie Wizards of the Coast (Hasbro) sur D&D 4e édition lancé depuis deux ans, mais de nombreuses rumeurs disent que, si le jeu a réussi à attirer quand même une partie d'un jeune public nouveau, les ventes seraient globalement décevantes par rapport au Boom D&D du début des années 2000 (où la récession était certes moins sévère). D&D représente à lui seul peut-être 80% de tout le marché jeu de rôle ; pour la plupart des gens, la marque s'identifie même au marché et il est le moteur de tout le hobby. Comme dit le cliché, si D&D s'enrhume, tout le jeu de rôle tombe malade.

    La bonne surprise en revanche est son rival Pathfinder, le jeu de Paizo Publishing, qui a simplement repris en gros D&D édition 3.5, et qui a réussi à attirer une partie importante du marché déçue par D&D 4. C'est sans doute la première fois que le marché se segmente ainsi entre deux éditions du même jeu (les rétro-clones qui imitent les éditions précédentes, sont très dynamiques sur Internet et ils continuent d'avoir une influence indirecte sur les designers mais ils n'ont quand même le poids commercial de ces deux-là).

    La Guerre des éditions reste le sujet de controverse le plus ennuyeux dans tous les forums de Geeks et je ne vais donc à nouveau revenir dessus (surtout que je suis incompétent sur les qualités et défauts de ces jeux à long terme). D&D 4 est un jeu très tactique et qui est considéré par de nombreux joueurs comme un progrès clair par rapport aux autres éditions, mais les fans de D&D 3.5 trouvent que cette 4e édition a trop changé et est passé quasiment à un jeu de combat de figurines, idéal pour simuler les options tactiques dans une salle d'un Donjon, mais qui s'écarterait trop d'autres aspects du jeu. Bien sûr, les fans de la 4e répondent qu'ils arrivent quand même très bien à jouer des histoires avec cette version et que tant qu'à faire du Dungeoncrawling autant le faire avec un jeu très équilibré. Mais je crois que la grande force de Pathfinder n'a pas été seulement l'inertie nostalgique de ceux qui ne voulaient pas changer leurs habitudes, mais aussi la qualité de leurs scénarios. On peut dire que les règles sont en partie une simple question de goût mais je crois que la supériorité des scénarios de Pathfinder dans leur monde de Golarion par rapport à ceux de D&D4 devrait se rapprocher d'un fait sur lequel pourrait exister un consensus : je n'ai jamais vu sur les forums d'éloges des modules officiels de D&D4 alors que certaines campagnes de Pathfinder sont vraiment intéressantes. 

    D&D 4 a eu une résurgence avec une nouvelle présentation petit format de leurs règles (D&D Essentials) et une nouvelle version pour débutants (le Starter Set). Le nouveau jeu post-apocalyptique Gamma World (qui doit être la septième édition selon les manières dont on compte les précédentes) utilise les règles de D&D4 en y ajoutant des mutations sur des cartes à collectionner, ce qui est l'une des premières synthèses de jeu de rôle et de jeu de cartes à collectionner comme Magic. J'espère que cela ne va pas créer une mode (même si dans le cas de Gamma World et son jeu parodique très aléatoire, les cartes de mutations paraissent bien adaptées).




  • Les autres publications en anglais

    Le marché continue d'évoluer vers la publication par PDF. Cela explique aussi que les jeux soient moins présents dans les magasins, qui dépendent donc plus des jeux de cartes ou des jeux de figurines, qui ne peuvent pas être piratés aussi facilement sur Internet.

    Derrière D&D et Pathfinder, l'année 2010 a vu la compagnie Mongoose continuer à inonder le marché avec des produits sur le jeu de science fiction Traveller. Ils ont lancé une seconde édition de leur RuneQuest, mais les ventes sont loin derrière Traveller d'après ce que dit le directeur de Mongoose. RuneQuest se développe sous la forme d'un jeu OpenLicense (tout comme le système BRP) et il y a de nombreux autres univers comme Elric, Deus Vult (des agents de l'Eglise au XIIe siècle, un Ars Magica inversé), Crusaders of the Amber Coast (les Chevaliers Teutoniques), Rome: The Life and Death of the Republic ou Clockwork & Chivalry (une Angleterre du XVIIe siècle parallèle).

    White Wolf, qui était depuis longtemps le numéro 2 du jeu de rôle, a considérablement réduit le rythme de ses publications, en se concentrant plus sur leur jeu d'heroic fantasy Exalted que sur leur World of Darkness. Ils ont même annoncé que leur nouveau MMORPG se déroulerait dans leur ancien univers qu'ils avaient abandonné en 2004. 

    Green Ronin, qui avait déjà son jeu sur A Song of Ice and Fire de G.R.R. Martin, a obtenu deux licenses de plus, qui auraient pu être assez précieuses : celle du jeu informatique Dragon Age (mais le jeu de rôle prévu spécialement pour introduire les débutants ne semble pas avoir vraiment marqué) et celle de DC Comics (qu'ils ont adaptés avec les règles de leur jeu de superhéros Mutants & Masterminds). 

    Certains petits systèmes indépendants vivent très bien. Savage Worlds (dont j'ai fait la critique) a eu un peu moins d'extensions qu'en 2009 mais ils ont quand même par exemple maintenant nouveau Space 1889 adapté à leurs règles. 

    Une autre license ouverte, Fate, est sans doute le système indépendant qui a le succès le plus surprenant. Le jeu de SF Diaspora (inspiré aussi par Traveller) est basé sur Fate. Cubicle 7 avait publié une extension Space Opera du système Fate, Starblazer Adventures , en 2008, et ils ont ajouté un univers de SF, Mindjammers (un space opera qui ajoute des vaisseaux intelligents et une sorte d'Internet galactique), et une version heroic fantasy, Legends of Anglerre, adapté d'un obscur comic-book britannique qui n'a eu que quelques épisodes.

    Margaret Weis Publishing a utilisé son système Cortex pour deux licenses de séries télévisées : Smallville (sur Superman en jeune adolescent) et Leverage (sur un groupe d'escrocs manipulant les crédules).

    Fantasy Flight Games a sorti un jeu de plus dans l'univers de Warhammer 40k (après Dark Heresy et Rogue Trader), Deathwatch, où on est censé jouer des Space Marines (ce qui me paraît un peu limité pour un jeu de rôle comme ce sont des clones fanatisés surhumains)


  • Les jeux en France

    Les compagnies françaises de jeu de rôle sont toujours assez confidentielles mais les éditeurs indépendants se multiplient (comme Machine à Créer ou Icare).

    Pour ne pas en oublier trop, j'ai utilisé la liste du GRoG.

    En dehors des traductions qui continuent (D&D, Dark Heresy, Rogue Trader ou Shadowrun par exemple), l'une des plus spectaculaires a été la traduction de l'énomre campagne de Cthulhu, Par-Delà les Montagnes Hallucinées. RuneQuest et Traveller de Mongoose sont traduits, et Loup Solitaire a une édition sans doute plus complète en français. Le petit jeu indépendant post-apocalyptique Summerland (où le monde est envahi par une Forêt) a aussi été traduit. 

    La plus importante sortie originale française a dû être Les Ombres d'Esteren (jeu de fantasy avec une touche d'horreur) au Monde du Jeu, mais il y a aussi la nouvelle version du jeu de rôle Abyme d'après les romans de Gaborit, ou le jeu adapté de la bd de Fabrice Colin, La Brigade Chimérique (une sorte de "League of Extraordinary Gentlemen" sur des superhéros dans la littérature du début du siècle).

    Les jeux français Trinités, Metal Adventures, Yggdrasil ont continué à sortir de nombreux suppléments.

    Les jeux indépendants sont très vivaces. On peut citer par exemple Cats! La Mascarade (où on joue des chats intelligents), Oikouménè (la Méditerranée vers 270 avant JC), Achéron (fantastique Belle Epoque), 2012 Extinction (une campagne clef en mains sur un événement qui va bientôt détruire l'humanité), Mahamoth (la vie dans une flotte de vaisseaux spatiaux qui sont retombés dans un âge archaïque), Sens : Renaissance (jeu philosophique où on joue dans un univers virtuel), Tenga (jeu sur le Japon en 1582).
  • Autoréférence



  • Autologique : (1) un terme qui exprime une propriété qui est exemplifiée par le terme lui-même ("mot" est autologique, comme "court", mais pas "monosyllabique"). Prédicat qui peut se prédiquer sur soi-même. 
    (2) par extension pragmatique, un autolexème est un terme qui exprime une propriété qui est exemplifiée performativement par le locuteur lui-même et non pas seulement par le terme. Exemples : "cuistre", "nunuche".


  • Autolexisation : processus par lequel un terme devient un autolexème (voir supra). Exemple : "Cuistre" n'était pas un autolexème au XIXe siècle mais a connu une autolexisation depuis au moins Achille Talon.


  • Autolexisation contradictoire : processus par lequel le terme devient un autolexème partiel dans un des sens du terme, malgré les intentions originelles.
    Exemple : "snob" était à l'origine au sens 1 un terme péjoratif utilisé par des élites contre ceux qu'elle estimait comme tentant de les imiter sans avoir toutes les dispositions adéquates. Mais, par extension, au sens 2, "snob" désigne le fait pour une classe perçue comme dominante de mépriser les dispositions d'une classe perçue comme inférieure.
    Donc l'usage de "snob" au sens 1 serait snob au sens 2 (mais l'usage de snob au sens 2 n'est ni snob au sens 1 ni snob au sens 2, au contraire, il y a même parfois une possibilité de snobisme inversé anti-élite dans l'usage de snob au sens 2).



  • Note : La phrase "cuistre est un autolexème" est curieusement aussi une phrase dont le sujet est autologique.

    Counter-intuitive Tuition



    Quand on regarde les manifestations violentes contre les hausses assez importantes en Grande-Bretagne, il ne faut pas oublier que les Libéraux Démocrates promettaient de supprimer tous les frais d'inscription (j'admire le côté non-orwellien du Parti libéral-démocrate qui n'a pas encore osé le retirer de son site). Passer d'une promesse de -100% à une hausse +200%, c'est rare comme renversement, même pour un gouvernement de coalition et même en temps de crise financière.

    Selon cette étude britannique d'un institut sur le supérieur, la hausse des frais d'inscription pourrait même coûter plus cher à l'Etat sans représenter une économie en un temps d'austérité.

    So the answer to the question, “will the proposals decrease the public contribution to Higher Education” is, “it’s too close to call, but they could actually easily lead to a small increase in the public contribution”.

    The beneficiaries of such changes would be the institutions: taking account both of the government grant that universities receive from HEFCE at present and the fees they receive from students, those universities that charge £9,000 per year will benefit from an increase in income per student of £2,600. The increased cost will very likely be met not by the student but by the taxpayer.

    However, it will take some time to establish whether the cost to the government is greater than has been allowed, and by that time, of course, it will be a problem for future generations of
    politicians and taxpayers.

    On connaîtra la Loi de Croissance des aigles




    Raymond Kurzweil (né en 1948) n'aurait sans doute été qu'un ingénieur et inventeur assez mineur (il a surtout développé des machines de reconnaissance optique de caractères) s'il ne s'était converti en Technomessie du Progrès cybernétique en lançant (à peu près en même temps que le mathématicien et auteur de science fiction Vernor Vinge, et à la suite du statisticien britannique Irving John Good) le concept de la Singularité, progrès exponentiel de l'Humanité qui s'accélérerait notamment quand les objets techniques (les machines) pourraient s'améliorer par elles-mêmes.

    Le mois dernier, le Paresseux à trois orteils s'est amusé sur le critère de "La" Singularité comme Point d'inflexion, qui selon le critère est prévu pour La Décennie Prochaine (Kurzweil annonce maintenant les années 2020) ou bien comme ayant déjà eu lieu il y a plus d'un siècle avec la Révolution Industrielle (sans doute depuis que Samuel Butler a extrapolé un algorithme d'évolution vers les machines dès 1863 !).

    Tout le courant "singularitarianiste", "transhumaniste" (et "extropien") continuait à ma connaissance à ne pas intéresser vraiment la plupart des philosophes universitaires de profession alors qu'il attire tout un fatras philosophique ou idéologique parfois assez hétéroclite (une alliance d'un scientisme pragmatique et d'une sorte de millénarisme gnostique où la Technique prométhéenne va nous arracher à ce monde matériel). Des philosophes qui s'y adonnent comme "FM 2030" (né Fereidoun Esfandiary), "Max More" (né Max O'Connor...), David Pearce (qui base tout son utilitarisme sur la finalité d'éradiquer toute souffrance), Nick Bostrom ou Russell Blackford peuvent donner l'impression d'une "idéologie" quasi-religieuse, d'un discours ou d'une croyance pleine d'espérance qui ne relève pas entièrement d'une analyse proprement philosophique (si on croit que la philosophie religieuse est en réalité un "cercle-carré" et qu'on peut à peu près séparer un critère pour les deux catégories de discours).

    Mais cela pourrait commencer à changer avec ce symposium sur la Singularité organisé par le néo-dualiste David Chalmers autour de son propre long article The Singularity: A Philosophical Analysis (56 pages), avec quelques philosophes célèbres dans les réponses (dont le fonctionnaliste Block, le matérialiste Churchland, Dennett ou l'adversaire de l'IA Dreyfus).

    David Chalmers a une position particulière dans le débat puisque il croit que la Conscience ne peut pas être réduite à un processus physique qui l'accompagne (Dualisme des propriétés) mais qu'il est naturaliste (la Conscience est quand même une propriété "naturelle" sui generis, et non celle d'une autre substance séparée soustraite à l'étude de toutes nos sciences) et qu'il défend même le programme fort en IA (que les Machines pourront un jour penser et être intelligentes). D'habitude, la plupart des adversaires du physicalisme étaient aussi opposés à cette idée d'Intelligence artificielle, matérialisme et "mécanisme" étant liés.

    Ici, Chalmers classe surtout les arguments disponibles et les diverses objections possibles, même s'il ne cache pas sa sympathie pour la possibilité réelle de la Singularité. Chalmers a un véritable talent pour la taxonomie et il est sans doute le meilleur pour faire un bilan "dialectique" au sens aristotélicien de ce terme (c'est-à-dire de recenser toutes les options et sous-arguments).

    Les effets éthiques et pratiques de la Singularité sont particulièrement fascinants. Si Kant avait raison que la rationalité doit nécessairement conduire à un ensemble de valeurs pratiques (une même loi universelle de l'Universalité), alors les IA ultraintelligentes devraient aussi demeurer dans un cadre moral. Mais si ce n'est pas le cas et que Hume a raison de penser (comme le consensus éthique anti-cognitif actuel) que la rationalité est indépendante des motivations morales, ces Nouveaux Dieux sortis des machines seraient aussi "post-moraux" et amoraux (ce qui n'est pas nécessairement désastreux ou lovecraftien s'ils nous délaissent ensuite pour aller contempler d'autres objets plus dignes de Leur intérêt). La seule précaution possible serait que ces IA+ aient reçu des contraintes morales ad hoc (comme les trois Lois de la Robotique asimovienne, par exemple), mais je ne vois pas bien comment ils y seraient limités dès qu'ils peuvent se modifier.

    Un des arguments les plus amusants du point de vue "pratique" est ce que Chalmers appelle la "Singularité hermétique" (Leakproof Singularity). Il s'agirait du projet de confiner d'abord des Ultra-IA dans une réalité virtuelle pour simuler leur comportement avant de les autoriser dans la réalité. Je ne comprends pas comment cela règle des problèmes d'amorçage (bootstrap) pour émuler cette IA virtuellement sans une ultra-IA réelle. Et à l'inverse, il admet qu'il paraît impossible d'éviter qu'elle ne s'évade ensuite de ce monde virtuel (cela aurait d'ailleurs été une fin bien meilleure pour Matrix en y repensant : Neo découvre qu'il n'est pas un humain asservi par le réseau mais une IA virtuelle sur laquelle on était en train de faire une expérience). Il propose un scénario minimal où une IA supérieure serait confinée dans un monde cartésien à la physique rudimentaire mais avec plus d'accès transparent que nous à son propre fonctionnement cognitif (pour qu'elle puisse mieux s'analyser et éventuellement modifier sa propre architecture). Ce serait alors une sorte d'hypothèse du Mauvais Génie inversée où nous serions les trompeurs qui abusons cette res cogitans pour comprendre comment elle ferait évoluer sa pensée autonome.

    La suite est surtout consacrée à l'avenir de l'humanité elle-même face à son dépassement et sa propre obsolescence post-Singularité. Chalmers défend que l'humanité pourrait trouver la Singularité désirable en considérant qu'elle ne sera pas seulement dépassée mais qu'elle sera "étendue", en s'intégrant elle-même dans ce processus. Il en revient alors au problème du "Uploading" de l'esprit, où nous trouverions notre immortalité indirectement dans ces descendants virtuels de notre continuité psychologique, dans des doubles immortels simulés par les IA.

    Je suis curieux de voir les réponses prévues pour ce Symposium le mois prochain.

    On s'attend déjà à ce que Dreyfus dise que de toute manière l'IA simple est impossible en dehors d'un réseau de neurones biologiques (et a fortiori encore moins pour une ultra-IA++) mais il a peut-être évolué. Daniel Dennett sera sans doute enthousiaste mais trouvera bien quelques expériences de pensée pour justifier sa différence. Paul Churchland, qui considère que le dualisme de propriété de Chalmers est un délire pseudo-scientifique, sera peut-être plus surprenant. Block est aussi assez imprévisible comme il a été souvent une bonne machine à trouver des objections, y compris pour les thèses qu'on lui attribuait.

    [JDR] Un jeu de rôle russe


    Le jeu de rôle commence à se répandre : Перекресток миров (le Carrefour des Mondes) est un jeu qui semble viser un public assez jeune et qui serait même soutenu officiellement par le gouvernement russe (mais c'est peut-être le site qui exagère cette vertu pédagogique ?).

    Les personnages sont tous des adolescents qui ont un Don psionique particulier de percevoir les formes surnaturelles (et il semble qu'on perd ce Don à la fin de l'adolescence).

    Ils sont recrutés par l'O.S.A. (Организация Секретных Агентов, Organisation des Agents Secrets), alliance extraterrestre secrète chargée de protéger la Terre à travers plusieurs dimensions unies par des Portails, mais les Agents doivent cacher l'existence de l'organisation au reste du monde tout en luttant contre des complots extraterrestres et des menaces surnaturelles comme des Vampires. L'OSA leur fournit des Portails et divers gadgets pour leurs missions.

    Les joueurs français ne peuvent pas s'empêcher de voir des points communs avec l'un des premiers jeux français, MEGA (1984) si ce n'est cette histoire d'âge. Dans Mega aussi, les personnages étaient des membres d'un groupe (la Guilde des Messagers Galactique) qui travaillait pour un organisme extra-terrestre (l'Assemblée galactique). Dans Mega aussi, les agents voyageaient à travers des portes dimensionnelles et étaient choisis pour des pouvoirs psi (le Transfert). Les Agents de l'OSA ressembleraient plus à de jeunes scouts paramilitaires. C'est aussi un jeu à classes (Combattants, Tireurs d'élite, Spécialistes psi, Eclaireurs).

    Le jeu d'Anton Karelin et Timothée Bokarev est téléchargeable gratuitement, avec plusieurs scénarios. Bokarev est un publicitaire russe qui possède la compagnie de jeux de société Igrology ("Ludologie").

    Je me demande s'il existe déjà un jeu de rôle sur l'univers de "Midi" des frères Strougatski.

    vendredi 24 décembre 2010

    Parité et Transsubstantiation

    Un lien surprenant. Mais j'ai du mal à croire que le différentialisme féministe (plus ou moins essentialiste) ait un lien si fort avec la théologie catholique de la Chair.

    dimanche 19 décembre 2010

    La Cour martiale et le Tribunal de la Raison



    Le jeune informaticien militaire Bradley Manning de 23 ans, qui semble avoir avoué avoir volé des secrets confidentiels de l'armée américaine à l'origine des fuites de WikiLeaks, est détenu dans des conditions de confinement qui peuvent sembler assez extrêmes (enfermé 23h/24, interdit de se coucher ou de faire des exercices pendant toute la journée à partir de 5h du matin).

    Il n'a le droit de lire qu'un seul livre à la fois dans sa cellule. Et ses commandes sont parfois originales :
    Decision Points, by George W. Bush
    Critique of Practical Reason, by Immanuel Kant
    Critique of Pure Reason, by Immanuel Kant
    Propaganda, by Edward Bernays
    The Selfish Gene, by Richard Dawkins
    A People’s History of the United States, by Howard Zinn
    The Art of War, by Sun Tzu
    The Good Soldiers, by David Finkel
    On War by Gen. Carl von Clausewitz

    La biographie de Bush et le livre de David Finkel (journaliste américain qui aurait eu la vidéo du massacre révélé par WikiLeaks mais qui l'aurait maintenue cachée) sont des choix ironiques, mais les deux Critiques de Kant pourraient lui peut-être lui permettre de justifier d'accomplir ce qu'il croit conforme à un devoir universalisable contre le devoir militaire.

    Hady Ba a analysé Julian Assange en Kantien sur la question de la publicité d'une cosmopolitique mais on vient d'apprendre que l'Australien Assange avait gardé le dépot d'un livre de bibliothèque sur les logiques paraconsistentes de Graham Priest à la Boyce Gibson Library : un Kantien ne ferait jamais une telle chose.

    jeudi 16 décembre 2010

    [comics] Ruse revient




    Marvel, qui en a racheté les droits cet été va relancer l'un des meilleurs titres de CrossGen, Ruse.

    Ruse était une parodie de Sherlock Holmes avec une sorte de Docteur Watson féminine dans une Angleterre victorienne parallèle, avec un petit détail qui était qu'à l'insu du Sherlock Holmes omniscient, sa "Docteur Watson" (Emma Bishop) était en fait une superhéroïne extraterrestre qui lui dissimulait ses pouvoirs. Les dialogues de Mark Waid reconstituaient bien le sarcasme hautain d'un Holmes et la répartie comique de son assistante qui était la vraie héroïne cachée de l'histoire.

    CrossGen fut un éditeur de comic-books qui exista de 2000 à 2003. Ils avaient l'originalité d'essayer de nouveaux genres mais le défaut de vouloir à tout prix relier tous leurs titres par une continuité parfois tirée par les cheveux. En plus de Ruse (qui était un mélange de superhéros et de roman policier à la Conan Doyle), ils publiaient notamment Sigil (une série de space opera), Mystic (l'histoire d'une sorcière dans un monde où tout le monde est magicien), Meridian (un conte sur une jeune fille dans un monde de nefs volantes), Scion (une histoire assez ratée d'un jeune prince cherchant à récupérer son trône), The First (deux familles de dieux jack-kirbyesques en conflit), Crux (des humains sur l'Atlantide du futur), Sojourn (une série d'heroic fantasy sur une jeune guerrière dans un monde fantastique), Way of the Rat (un wuxia chinois), The Path (un Japon parallèle envahi par les Mongols au XIIIe), Brath (un barbare en guerre avec des Romains) ou El Cazador (des pirates du XVIIe).

    Toutes ces histoires, des pirates aux divers personnages de SF et d'heroic fantasy partageaient une même mythologie de superhéros (les dieux Primordiaux de The First et les "Sceaux" (Sigils), des symboles en forme de Yin et de Yang qui donnent des superpouvoirs). Au début, l'idée d'une continuité superhéroïque derrière des titres de genres très variés était attirante mais rapidement on avait l'impression que les titres étaient trop interconnectés et qu'on ne pouvait rien comprendre à ce qui arrivait à l'un sans lire beaucoup des autres, ce qui finit par nuire à toute la gamme (même si les derniers titres parus tentèrent d'atténuer cet effet en devenant plus autonomes).

    Le scénariste de la nouvelle série de Ruse sera toujours Mark Waid (qui est souvent meilleur quand il essaye de nouveaux titres, comme son Empire par exemple) mais l'ancien dessinateur Butch Guice sera remplacé par l'artiste italien Mirco Pierfederici.

    mercredi 15 décembre 2010

    Bors en Afghanistan (suite)



    Ted Rall avait raconté en bd le voyage qu'il a fait en Afghanistan cet été mais Matt Bors qui l'accompagnait participe maintenant au Cartoon Movement où il raconte plus en détail sa propre perception du voyage.

    Le personnage fictif d'Aaron Sorkin de l'année



    Comme on pouvait le deviner, TIME magazine n'a pas osé nommer le paranoïaque Julian Assange Personne de l'année (alors qu'il l'avait pourtant emporté dans le vote, certes bidon, des Internautes) et a préféré une autre personnalité "Nouvelles Technologies" (Jeff Bezos d'Amazon était homme de l'année en 1999), Zuckerberg, qui ne me semble pas avoir eu tant d'actualité que cela en dehors d'une sorte de biopic non-officielle assez habile de Fincher et Sorkin, qui le montrait en autiste sociopathe.

    D'après le vote des Internautes, Zuckerberg était loin derrière (mais il y avait aussi une campagne turque pour que ce soit Erdoğan - ce qui rappelle ce qui était arrivé avec le vote de l'intellectuel le plus influent dans Foreign Policy en 2008).

    Add.
    "[Julian Assange] gives you private information on corporations for free, and he's a villain.
    Mark Zuckerberg gives your secret information to corporations for money, and he's man of the year." [Saturday Night Live]

    L'arbitre et l'arbitraire



    Même si Hortefeux ou Berlusconi ont discrédité durablement toute critique contre les juges, je vais faire du suivisme vis-à-vis de ces deux héros de la lutte contre la "kritarchie".

    Jeffrey Toobin parle de la manière dont le juge républicain de Virginie Henry E. Hudson vient de déclarer la clause d'obligation de prendre une assurance-maladie (à partir de 2014!) dans l'Affordable Heath Act contraire à la Constitution dans l'arrêt Virginia v. Sebelius.

    On pourrait se demander si l'obligation de prendre une assurance-voiture est aussi contraire aux voeux des esclavagistes de 1776, mais sur la question de la forme, Hudson tente même de se servir des conditions édictées par la Cour suprême et le juge Stephen Breyer dans son arrêt US v. Comstock (2009) alors que Breyer avait rédigé, dit-on, cette décision en partie pour prévenir tout risque pour la réforme de santé. Hudson se place donc résolument dans le terrain le moins favorable.

    Dans la définition des pouvoirs du Congrès (article I, section 8), la clause 18 dit que le Congrès a le pouvoir de faire toute Loi qui sera nécessaire et appropriée (proper) pour exécuter tous les autres pouvoirs énumérés comme la régulation du commerce ou la levée d'un impôt sur le revenu.

    Le Congrès a donc considéré qu'il avait le droit de faire des lois fédérales sur les assurances-santé, au-dessus des lois de chaque Etat, comme une extension de lois sur la régulation du commerce qui peut traverser les frontières des Etats. Acheter une assurance-santé est en effet un achat. De fait, les personnes âgées ont déjà l'obligation de participer au système fédéral de Medicare depuis les années 60 et le Medicare n'a jamais été déclaré illégal. Mais le juge Hudson a considéré que l'individu achetant son assurance privée à l'intérieur de son Etat, cela n'affectait pas le commerce entre les Etats et donc que le Congrès n'avait pas le droit de faire une loi sur ce sujet.

    Le débat des conservateurs, "constructionnistes et originalistes", a consisté notamment à établir les limites de ces clauses de manière plus stricte.

    Stephen Breyer, qui est un libéral nommé par Clinton, défendait cinq étapes pour vérifier si une Loi votée par le Congrès est "Nécessaire et Appropriée" :
    1 La loi doit être un moyen utile pour les fins énumérées dans ses pouvoirs.
    2 Une histoire continue de lois semblables se servant de moyens semblables soutient le caractère raisonnable de ce moyen.
    3 Le moyen utilisé doit être raisonnable.
    4 La loi fédérale ne doit pas faire interférence avec un pouvoir qui devrait dépendre seulement de l'autorité d'un Etat selon le 10e Amendement mais elle peut l'accommoder si c'est conforme aux autres fins.
    5 La loi doit être adaptée aux pouvoirs propres au gouvernement fédéral.

    Le Juge Hudson s'appuie sur la décision US v. Comstock pour dire que l'obligation d'assurance n'est pas une loi nécessaire et appropriée et même le juriste conservateur/libertarien Somin, qui le soutient pourtant sur le fond, trouve que ce n'est pas argumenté assez précisément sur le détail de la Clause Nécessaire et Appropriée (Somin considère que l'obligation n'est en tout cas pas "appropriée").

    Toobin :
    But I found Hudson’s use of Comstock illustrative of a larger point. Judges, to a great extent, can do what they want. They can manipulate precedents to reach the conclusions they want to reach. In high-profile cases, the decisions are more about politics than law. If Hudson can cite Comstock for precisely the opposite of what that decision was clearly intended to do, all bets are off. The fate of health-care reform will rest not with the skill of the lawyers who will argue it—or in the words of the cases on which they will rely—but on the preferences of the nine Justices who will decide the case.

    Ce n'est qu'un seul Juge de Virginie mais l'affaire va devoir remonter un jour vers la Cour suprême et l'idée conservatrice que le projet était contraire à la Constitution a désormais été renforcée par ce lobbyiste républicain stipendié par des organisations hostiles à la réforme de la santé. Même si l'obligation de prendre une assurance santé survit, c'est donc une victoire symbolique de longue durée pour le camp qui croit que toute extension de l'Etat-Providence a déjà trop violé la Constitution originelle.

    En remontant vers les Neuf Juges, on devine déjà comment la plupart voteront. Si la composition n'a pas changé d'ici là, les 4 les plus conservateurs John Roberts, Samuel Alito, Antonin Scalia et Clarence Thomas voteront bien sûr que c'est anti-constitutionnel, impie, démoniaque et contraire au Décalogue divin. On peut présumer que les 4 libéraux Stephen Breyer, Ruth Bader Ginsburg, Sonia Sotomayor et Elena Kagan voteront que le Congrès a le droit de ne pas faire que des lois de droite. Et cela risque donc de dépendre encore une fois de l'opinion du conservateur "modéré" Anthony Kennedy selon son humeur ce jour-là ou selon les cachets que lui aura mis Scalia dans sa boisson. C'est un cas où le pouvoir des Juges d'interpréter la Loi risque de glisser de l'Etat de droit clair à l'arbitraire des sophistes qui pourront toujours justifier n'importe quelle interprétation dans un sens ou l'autre. Une fois de plus, le fétichisme de la Constitution oraculaire l'emportera sur toute délibération claire des élus.

    Mettre une Constitution au-dessus des suffrages populaires a certains avantages de défense des droits fondamentaux mais pas quand cela revient seulement à un simple rapport de forces dans l'entendement du seul Anthony Kennedy.

    Par ailleurs, un autre détail est que le Juge Hudson n'a attaqué que l'obligation d'acheter l'assurance, pas tout le système, et notamment pas les interdictions pour une compagie d'assurance de refuser des membres pour raisons de santé. Paradoxalement, le lobby des assurances pourrait donc perdre dans cette décision plus qu'elles n'y gagnaient avant.

    jeudi 9 décembre 2010

    Pessimisation



    La suppression de la taxe professionnelle "un allègement historique de la pression fiscale pesant sur les entreprises", comparable à celui "des baisses cumulées d'impôt sur les sociétés adoptées entre 2000 et 2009" ne coûte pas seulement deux fois plus que prévu à l'Etat (-7/8 milliards d'euros au lieu des -3,9 milliards) et elle ne retire pas seulement des revenus aux collectivités territoriales. Les PME craignent en plus que les nouvelles cotisations leur coûtent en fait plus et la cerise sur le gateau :
    La CET ("contribution économique territoriale") prenant plus fortement en compte la masse salariale que la taxe professionnelle, les entreprises font également part de risques pour l'emploi.


    Alors là, bravo, une "réforme" qui est critiquée par tout le monde, y compris l'UMP, les PME et toutes les régions, qui accroît le déficit de 8 milliards, et qui risque en plus de causer du chomage. C'est du grand art.

    Répression préventive

    mais c'est juste ce syndicaliste qui cherche à se faire de la publicité, nous rassure le préfet.

    Rien qui justifie ces longues heures d'une rétention "extrêmement limite au niveau de la légalité".

    Cette phrase pourrait résumer des petits glissements "extrêmement limite" qui se moquent de l'Etat de droit (même si j'imagine que l'ordre ne venait pas de très haut et qu'il s'agissait plutôt pour le préfet de devancer toute hystérie du chef de l'Etat, qui limoge - ou en-cayenne - promptement les disgraciés).

    mercredi 8 décembre 2010

    Doubles

    J'ai du mal à croire que l'économiste (néo-spinoziste) Frédéric Lordon ne soit pas en réalité joué par Denis Podalydès.

    Wikileaks censure trop



    Je sais bien que ces pirates-irresponsables-totalitaires-de-la-transparence veulent éviter de nommer des gens de manière prématurée et sans preuve, mais parfois cela risque de semer un doute encore plus généralisé.

    Par exemple, dans cette dépêche (copie) de 2005 sur les liens entre la pègre et les autorités de la Bulgarie, qui semblent profondément gangrénées par les organisations criminelles :

    Organized crime has a corrupting influence on all Bulgarian institutions, including the government, parliament and judiciary. In an attempt to maintain their influence regardless of who is in power, OC figures donate to all the major political parties. As these figures have expanded into legitimate businesses, they have attempted -- with some success -- to buy their way into the corridors of power.

    During the 2001 general elections, a number of influential “businessmen,” including XXXXXXXXXXXX and XXXXXXXXXXXX, heavily financed and otherwise supported the XXXXXXXXXXXX campaign.

    Ca, c'est envoyé.

    XXXXXXXXXXXX n'a qu'à bien se tenir.

    En même temps, quand on a un nom aussi étrange que "XXXXXXXXXXXX", on est un peu forcé d'accepter le soutien de XXXXXXXXXXXX et de choisir une voie criminelle, non ?

    A moins que XXXXXXXXXXXX soit le nom d'un Parti, soit le SDS de l'ancien Président Stoyanov (droite), soit le BSP du Président actuel Parvanov (ex-communistes). [Rien à voir, mais du temps du communisme, le nom de code de Parvanov était "Gotse"...]

    Erschlossenheit



    Wikileaks ne peut pas être au-dessus de toute critique, bien entendu. Par exemple, Peter Ludlow a analysé de près certains aspects conspirationnistes ou paranoïaques du charismatique porte-parole aux cheveux pâles. Ils semblent excessifs en exigeant que le Président actuel soit destitué seulement pour avoir fait espionner des délégués de l'ONU, alors que Bush et Cheney n'ont jamais été inquiétés pour avoir fait bien pire.

    Par ailleurs, peu importe dans le fond de l'affaire si son porte-parole est vraiment coupable de relations non-protégées non-consentantes ou non, comme c'est hors-sujet (sauf s'il s'agit vraiment d'une simple intimidation).

    Mais si certains critiques utilisent encore une fois le nouveau cliché de mauvaise foi que Wikileaks n'a pas le droit de dénoncer quoi que ce soit d'une "démocratie formelle" tant qu'ils ne s'attaquent pas à la dictature de Corée du Nord, cela donne aussitôt envie de trouver une banque islandaise pour leur envoyer de l'argent.

    Hillary Clinton l'expliquait il y a moins d'un an :
    Technologies with the potential to open up access to government and promote transparency can also be hijacked by governments to crush dissent and deny human rights.

    In the last year, we've seen a spike in threats to the free flow of information. China, Tunisia, and Uzbekistan have stepped up their censorship of the internet...

    On their own, new technologies do not take sides in the struggle for freedom and progress. But the United States does. We stand for a single internet where all of humanity has equal access to knowledge and ideas. And we recognize that the world's information infrastructure will become what we and others make of it.

    D'ailleurs, on apprend que ce sont les Etats-Unis qui organiseront le World Press Freedom Day 2011 maintenant que ces dangereux receleurs crypto-terroristes ne peuvent plus recevoir d'argent de Paypal, Visa et Mastercard.

    Et on comprend enfin aujourd'hui pourquoi ces compagnies ont agi ainsi alors que des fonds de groupes fascisants ne les gênent pas autant.

    Add. Notre Chef de l'Etat, d'après le Canard enchaîné d'aujourd'hui aurait critiqué "ces irresponsables de Wikipedia". Que nous cache-t-on ? Jimmy Wales derrière Assange ?

    lundi 6 décembre 2010

    DCB sur DSK


    On peut reprocher ce qu'on veut au libéral-libertaire écologiste Daniel Cohn-Bendit, mais ses interventions publiques n'ont souvent rien à voir avec celles des hommes politiques français. Il est indéniable que c'est rafraichissant. Les autres préfacent leur propos par "Je ne fais pas de langue de bois" et se contredisent généralement aussitôt. Cohn-Bendit parle un peu plus comme un commentateur assez franc, sans tomber dans la brutalité démagogique. 

    Hier, dans l'interview de DCB sur France Inter, on lui demande qui il soutiendrait pour les Primaires socialistes et on s'attend à ce qu'il fasse la non-réponse ennuyeuse prévisible (c'est une affaire interne au PS, ce n'est pas mon problème puisque je soutiens la candidature d'Eva Joly pour le premier tour) mais il accorde aussitôt, contre tous les usages, que la candidature verte n'étant qu'un témoignage pour des places gouvernementales, il importe en effet de savoir qui ce sera entre les hiérarques socialistes.

    Il dit qu'il a soutenu Ségolène Royal en 2007 mais qu'il le regrette à présent parce qu'il pense que son idéologie est trop contradictoire et peut même être trop "nationaliste" à son goût (je ne me souviens plus à quel "dérapage" il peut faire référence dans ses propos, la défense du Service national ?). Il dit qu'il pense que DSK serait le meilleur candidat face au Président sortant (qu'il continue à trouver très difficile à battre malgré son bilan). Il ajoute que DSK est certes trop à droite mais qu'il vaut mieux un candidat de compromis qui gagne qu'un candidat plus satisfaisant qui redonne 5 ans de plus de la kleptocratie des Hauts de Seine. Il en parle donc comme d'une option d'un débat d'idée : un social-démocrate libéral contre un démagogue qui dit tout et son contraire. 

    J'ai voté pour DSK aux primaires internes en novembre 2006 parce que je craignais que Royal ne soit décevante malgré ses sondages. Je crois pourtant que je ne revoterais pas pour lui aujourd'hui et que Royal a raison de le limiter à une position de premier-ministrable car je l'imagine mal faire campagne en Province. Le problème n'est pas seulement l'image du FMI dans une partie de la population ou bien l'image de DSK comme ami du CAC40 à gros cigares. 

    DSK peut être un bon candidat de deuxième tour face au Président actuel mais je crains vraiment qu'il contribue à démobiliser une grande partie de la gauche, qui le considérera vraiment comme une sorte de "Sarkozysme light". Il se peut même qu'il fasse fuir une partie de l'électorat populaire vers le populisme de droite. Si même un social-démocrate pas particulièrement révolutionnaire comme moi ai cette perception, je crois à une multiplication de candidatures à sa gauche sans gains sur la candidature de Bayrou (ou le 1% de Morin). 

    Le score de premier tour de Badinguet reste relativement élevé pour l'instant malgré sa popularité en berne et même s'il ne récupérera pas tous les électeurs lepenistes de 2007. Le risque d'un second tour Marine Le Pen-Badinguet n'est pas complètement éteint. DSK est très élevé dans les sondages parce qu'il est loin mais le pays a assez changé pour que les affaires de moeurs ou les souvenirs d'affaires de financement seules puissent suffire à le "chabaniser" en 2012 (Chaban-Delmas était donné largement gagnant dans les sondages comme gaulliste social contre Giscard et Mitterrand, avant que le pompidolien Chirac ne le trahisse, que les élections de 74 ne commencent et qu'on s'aperçoive qu'il avait réussi à bénéficier légalement d'une dispense d'impôts). C'est d'ailleurs le calcul de Badinguet, nous refaire à peu près la même chose qu'en 2007 avec un candidat de l'opposition populaire dans les sondages et qui s'effondre en campagne.

    Je ne comprends toujours pas vraiment pourquoi il faut faire ces primaires et pourquoi la secrétaire du principal Parti de l'opposition n'en est pas automatiquement la candidate officielle comme dans un pays parlementaire (il est vrai que sans la promesse des Primaires, le combat pour diriger le Parti aurait été plus violent). 

    Mais j'imagine que sans ces Primaires qui imitent le processus italien (octobre 2005, où le démocrate-chrétien Romano Prodi avait été choisi comme leader de l'Union de l'Olivier allant des centristes aux ex-communistes), il y aurait multiplication de petites candidatures idiotes comme celle de Taubira en 2002.

    On dit que Martine Aubry ne décolle pas dans les sondages et qu'elle aurait déjà accepté intérieurement de soutenir DSK. Cela pourrait rendre les choses plus ouvertes quand on verra la différence entre les électeurs réels se déplaçant aux Primaires (il n'y aura pas besoin de carte, il faudra seulement signer une "déclaration qu'on est de gauche") et les sondages. 

    Mais même si DSK est le candidat choisi et même s'il ne s'effondre pas, il déjugera aussitôt le programme qu'il n'assumera pas, et les diverses promesses d'Aubry, ce qui ouvrira à nouveau la voie à la guerre civile et à de nouvelles candidatures. Mélenchon doit presque espérer que ce sera lui car il attirera alors un score plus important. 

    jeudi 2 décembre 2010

    Qui demande à la Nuit le Secret du Silence ?



    Le Libé des philosophes d'aujourd'hui est plutôt une meilleure surprise que les autres années (même si je suis trop biaisé et partial, je préfère mon article sur le jeune Rawls théologien de l'an dernier, avec l'ajout d'Elias dans le commentaire, à l'article de Ruwen Ogien aujourd'hui).

    D'habitude, lorsque l'actualité pose un problème factuel sur la politique internationale (par exemple les élections ivoiriennes aujourd'hui), les philosophes n'ont rien à apporter et se contentent donc d'endosser une position de journaliste avec de légères différences de vocabulaire ou de références (alors que certains Libé des historiens étaient parfois vraiment pertinents dans les cas où une "expertise" d'un spécialiste de sujets peu connus pouvait un peu rompre avec nos opinions déjà préconçues). Ah, si, la page météo est étonnante (et même la page Problèmes d'échecs a droit à un traitement par Marc de Launay).

    Mais ici, l'actualité sur L'Affaire WikiLeaks laisse assez de place à de Grandes Questions Vagues Ouvertes pour que certains articles ne soient pas dépourvues d'intérêt (par exemple celui de Jean-Claude Monod sur la relation ambiguë entre diffusion directe de la Toile et les différents intermédiaires qu'ils ont choisis dans "La Presse de Référence" internationale pour trier et rendre crédible leur "dévoilement").

    Le problème en effet sur l'affaire est qu'on entend surtout des clichés dans le débat public sur la question. C'est un cliché d'y voir un bien inconditionnel. C'est un cliché que de jouer les vierges effarouchées et de clamer : "la transparence c'est le totalitarisme". L'Immédiateté Internet : tonner contre.

    La phrase "Transparence = Totalitarisme", qui se veut à la fois bien connue et pseudo-paradoxale ou presque orwellienne, vient d'un mélange parfois confus.

    Le totalitarisme comme absorption totale de la société civile par l'Etat ne désirait le caractère diaphane que dans un seul sens, comme la glace sans tain : le "Panoptique" est que le centre, l'Etat, voit tout et que le citoyen ne soit plus qu'un individu nu devant cet Oeil du Maître. Mais la transparence réciproque et totale, c'est aussi, selon Hannah Arendt dans The Human Condition que cite Monod, un fantasme utopiste où toute la sphère privée serait absorbée dans le "social" et où il n'y aurait donc plus non plus d'action publique distincte. Mais ce n'est plus exactement le même sens si on parle d'un totalitarisme du "social" (chacun s'exhibant à chacun sur son blog, sur son facebook, sur son scribd) car c'est la réduction complète de l'Etat (et de la raison d'Etat) à une sorte de société universelle ou de Grand Marché "Ouvert" des opinions.

    WikiLeaks avait fait parler d'eux au début en diffusant des papiers internes de l'Eglise de scientologie pour mieux dénoncer cette organisation pour le coup vraiment dictatoriale et fondée sur l'opacité et le Secret du cercle intérieur (David Miscavige) qui exploite ses fidèles. On peut défendre le droit à l'intime sans sacraliser tous les secrets.

    Mais la question est mal posée si on se demande s'il faut s'enthousiasmer pour les anarchistes moralisants ou condamner l'immédiateté comme une corruption de la Technique. La raison d'Etat trouve facile de dénoncer les excès de transparence ou l'irresponsabilité des pirates notamment quand ils voudraient aussi défendre le droit de mentir aux citoyens, prétendument pour le bien de la cité. Certains des plus sévères critiques semblent aller un peu vite dans le camp opposé où toute atteinte aux Etats serait nécessairement un crime de dissolution anarchiste. Comme dit le libertarien Glenn Greenwald, tout critique, même naïf ou pompeux, des pouvoirs devient vite plus critiqué que les pouvoirs en question comme si toujours le vrai courage des folliculaires devait consister à défendre (1) qu'il n'y a pas de "Système" et (2) qu'il faut Le servir.

    Au moins, les philosophes qui en traitent évitent la "personnalisation" de la question. Les médias américains ont l'air de se concentrer trop sur Julian Assange, qui n'est pas l'essentiel (même si cela ne me paraîtrait pas absurde qu'il soit plus représentatif comme Personne du TIME de l'Année 2010 que ce taré de Glenn Beck ou même Lady Gaga - ils vont sans doute choisir Zuckerberg pour éviter la controverse).

    Même si Assange était vraiment ce que ses pires détracteurs disent (un geek prédateur sexuel ou un gourou illuminé paranoïaque qui a l'air de se prendre trop au sérieux), cela ne toucherait pas le fond sur les questions de la diffusion directe ou sur le contenu. Si on parle d'individu, le jeune pirate Bradley Manning est déjà plus intéressant que le lièvre Assange. Si on en croit les articles sur Manning, il semble être vraiment le responsable des fuites et il aurait agi avant tout parce qu'il était un jeune agent désemparé et profondément dépressif (par une coïncidence curieuse de l'actualité il aurait été sur le point d'être renvoyé de l'Armée pour homosexualité), qui aurait agi ainsi par un mélange confus de narcissisme, de ressentiment et d'idéalisme vague. Depuis, quelle que soit sa culpabilité, si on en croit sa famille, le soldat Bradley Manning semble avoir perdu en tant que militaire certains droits à la défense civile.

    On entend les choses les plus contradictoires :


  • 1 On dit que cela est insignifiant et qu'on savait déjà tout.

    C'est oublier un peu vite la fuite la plus importante dans le paquet précédent qu'on attribuait aussi à Manning, la vidéo du bombardement de Bagdad de juillet 2007 et le massacre de civils en Afghanistan de mai 2009. On connaissait déjà avant ces affaires mais on avait des confirmations internes.

    Comme l'a dit Amnesty, tout n'y est pas insignifiant. Certes, on se fiche de ce qui est dit sur Berlusconi et il n'y a pas encore eu dans les mémos diplomatiques de scoop comme la divulgation du Golfe du Tonkin dans les Pentagon Papers.

    Mais on a bien par exemple confirmation que les USA ont bombardé le Yemen en décembre 2009, ce qu'ils niaient officiellement (avec le soutien d'ailleurs du gouvernement yemenite qui mentait pour couvrir son allié en disant qu'ils avaient fait le bombardement eux-mêmes en utilisant des armes américaines).


  • 2 On a dit que c'était tellement insignifiant que cela calmerait les théories du complot dans l'éparpillement des informations, en montrant la banalité et la vacuité de ces dépêches de bas niveau de confidentialité et l'incompétence des USA pour les garder.

    L'idée serait que si les Américains ne peuvent même pas cacher leurs secrets à un jeune soldat de 23 ans, on en viendrait à admettre qu'il ne doit pas y avoir de Grand Mensonge ou d'Ordre Occulte du Monde.

    Comme le disent plusieurs rédacteurs, cela n'aura pas cet effet positif. Voir le point 3, d'ailleurs, comme le disait Joffrin pendant la réunion de rédaction.

    De plus, si cela nous paraît anodin, c'est seulement dans les pays qui sont déjà accoutumés à parler publiquement avec cynisme de leur gouvernement. Certains Etats du Moyen-Orient se retrouve soudain devant des éléments qui contredisent complètement leurs discours public devant leur opinion. Cela nuirait plus à ces dictatures amies des USA qui font parfois semblant de les critiquer.


  • 3 On dit que cela serait plutôt dans l'intérêt américain

    De nombreux documents de cette fuite diplomatique repris dans les médias allaient dans le sens d'une intervention en Iran et les conspirationnistes ont donc décidé que WikiLeaks était soit intoxiqué par le gouvernement américain (thèse illustrée dans un sketch des Guignols où le Commandant Sylvestre se félicite de la Fuite) soit un agent depuis le début de forces impérialistes neo-cons quel que soit leur discours très critiques vis-à-vis des USA. Le fait qu'Amazon.com fournissait des serveurs à WikiLeaks jusqu'à ce que ce soit connu va encore conforter cette idée (et je dois reconnaître que je ne comprends pas bien par quel mécanisme cela a pu arriver).

    Si un Grand Complot cherchait vraiment à vendre au public américain l'invasion désastreuse de l'Iran, il pourrait s'y prendre d'une manière plus habile sans mélanger des vidéos qui discréditent en partie les actions américaines en Irak ou en Afghanistan.

    Bien sûr, le complotiste dira que c'est justement là la ruse ou le gambit pour mieux vendre la campagne en Perse. Mais c'est le propre de la pensée magique complotiste que d'être confirmée par tout et son contraire.


  • Mais en l'occurrence, WikiLeaks n'est pas vraiment encore un sujet pour l'Oiseau de Minerve puisqu'on en sait si peu et que c'est tout ce qu'on pourrait dire sur ce déballage, qu'on ne peut pas encore savoir, si ce n'est que ces trois points paraissent tous excessifs.