jeudi 31 mars 2011
Margaritae
"César Borgia était trop naïf" Oui, c'est vraiment ce qu'on peut lui reprocher.
"L'homme aime aussi vivrent seuls" (et il est sans doute mal-accompagné)
"George Orwell invente deux Etats fictifs dans 1984, l'Eurasia et l'Estonie."
"La culture ne sert à rien si on doit quand même appeler son plombier" (celle-ci ressemble furieusement à du Woody Allen mais le contexte - "et si on ne sait même pas réparer son robinet soi-même" - garantit que c'est pourtant bien du 1er degré)
Panurgisme alphabétique
Il ne sera pas dit que je laisserais le moindre Mème (même d'un blog spécialisé sur le jonglage) sans le suivre.
Il serait assez facile pour moi de faire les 26 posts sur des jeux de rôles (même pour Y, j'ai une édition d'Ysgarth mais pas Yurl'h de Patrick Durand-Peyrolles, mais c'est déjà ce que font beaucoup d'autres blogs très respectables.
A la place, je vais faire plutôt dans le comic book (malgré mon désir récent de boycotter DC et les autres éditeurs).
mercredi 30 mars 2011
Galimafrée
A part quelques exceptions assez rares pour être remarquées, le recrutement universitaire irrémédiablement opaque est un système parfaitement fiable et efficace.
Mais Jean-François Rauger du Journal Vespéral de Référence essaye de nous faire un Poisson d'Avril en parlant de "profondeur" et en faisant comme si Sucker Punch n'était pas qu'un navet de série Y à gros budget :
Mais on voit ainsi ce que contient d'audacieux une telle approche des personnages et un tel principe de récit, une telle œuvre qui fonctionne sur une superposition d'univers dont aucun ne renverrait à une quelconque réalité "naturelle" et primitive. Les précédents films de Zack Snyder avaient déjà démontré que leur auteur était hanté par la logique introuvable d'une évolution vers l'abstraction plastique, une évolution qui ferait se côtoyer le divertissement cinématographique avec l'art moderne. Sucker Punch constitue un degré supplémentaire, certes pas toujours abouti mais souvent passionnant, dans une quête qui aujourd'hui, à Hollywood, ne manque pas d'audace.
Logique introuvable d'une évolution vers l'abstraction plastique ou des Nanas court-vêtues tuant des dinosaures nazis à la mitraillette ? Faut-il choisir dans cette logique improbable de l'insoutenable légèreté ?
Les Inrocks ont aimé aussi mais la critique n'a pas d'éléments aussi directement parodiques.
mardi 29 mars 2011
Mythe Pasteur
Il serait ridicule de reprocher au film Pasteur de France 2 de reprendre le ton de l'hagiographie (il fut même l'un des rares savants à entrer littéralement dans les saints d'une religion viêtnamienne). Et les sites nombreux contre Pasteur, l'accusant d'être un plagiaire ou bien un fraudeur (ou ces sites anti-vaccins para-scientifiques), ont l'air d'être souvent des "kooks" qui se nourrissent de démystifications narcissiques des Grandes Idoles (on songe au docteur Marat qui tenta vainement de réfuter Newton et contribua à faire exécuter Lavoisier).
Le film utilise bien, comme celui qui était déjà passé (il y a 15 ans) sur Semmelweiss, la colère rétroactive et l'ironie dramatique face à la mauvaise foi des Opposants au Progrès.
Mais le film fait quand même quelques efforts pour introduire un peu de dissonnance et de doutes dans le mythe, malgré un ton héroïque. On rappelle quelques aspects de Pasteur comme sa relative hostilité à la République qui lui tressa tant des lauriers. Il est dit que Pasteur exagère certaines données dans un but purement politique (pour convaincre les médias de la nécessité d'une campagne de vaccination) et ensuite il y a un mensonge réel mais qui est commis par le Dr Roux voulant protéger l'oeuvre du chimiste.
Le film dramatise très bien la Rage comme une sorte de Lycanthropie malveillante mais si on parle tant de ce vaccin anti-rabique n'est-ce pas en partie parce que Pasteur échoua sur le choléra et que c'était donc la science allemande (Robert Koch) qui allait faire ces découvertes sur le choléra ou contre la tuberculose ? Mais le mythe devint ensuite une prophétie qui aida à conforter la science française et l'Institut Pasteur eut sans doute un vrai avantage grâce à cette idéalisation.
Le film utilise bien, comme celui qui était déjà passé (il y a 15 ans) sur Semmelweiss, la colère rétroactive et l'ironie dramatique face à la mauvaise foi des Opposants au Progrès.
Mais le film fait quand même quelques efforts pour introduire un peu de dissonnance et de doutes dans le mythe, malgré un ton héroïque. On rappelle quelques aspects de Pasteur comme sa relative hostilité à la République qui lui tressa tant des lauriers. Il est dit que Pasteur exagère certaines données dans un but purement politique (pour convaincre les médias de la nécessité d'une campagne de vaccination) et ensuite il y a un mensonge réel mais qui est commis par le Dr Roux voulant protéger l'oeuvre du chimiste.
Le film dramatise très bien la Rage comme une sorte de Lycanthropie malveillante mais si on parle tant de ce vaccin anti-rabique n'est-ce pas en partie parce que Pasteur échoua sur le choléra et que c'était donc la science allemande (Robert Koch) qui allait faire ces découvertes sur le choléra ou contre la tuberculose ? Mais le mythe devint ensuite une prophétie qui aida à conforter la science française et l'Institut Pasteur eut sans doute un vrai avantage grâce à cette idéalisation.
lundi 28 mars 2011
Laïcité comme mot vide
Il y a 3 jours, la correspondante du Guardian avait demandé si Copé pourrait sauver la droite de l'extrémisme anti-musulman (Copé répète ensuite les mêmes banalités de 2007 sur le déclin de la "Valeur Travail", alors que je crois que les Français ont au contraire une "éthique du travail" qu'il a du mal à se représenter).
Hier, dès le résultat du second tour, Copé croit donc bon de dire directement qu'il veut s'adresser seulement aux anciens électeurs UMP qui sont allés au FN et qu'il a "entendu leur message". En voilà encore un qui va vite traîner Sophie Aram dans la boue parce qu'elle a dit que les électeurs FN n'étaient pas que des "victimes" pour lesquels nous devions avant tout montrer de la compassion.
Mais d'un autre côté, je ne comprends pas non plus la position de l'ex-chiraquien François Baroin. Il déclare presque expressis verbis qu'il faut que l'UMP redevienne républicaine et en finisse avec un prétendu débat sur la laïcité. En disant cela, il reconnaît donc ce que nous savions tous, que c'était une tactique de Buisson et pas une vraie politique. L'UMP panique devant l'idée que les électeurs "préfèrent l'Original à la Copie".
Mais c'est le genre de chose que d'un point de vue cynique ou même réaliste, Baroin aurait dû dire seulement en coulisses, tout en continuant à le nier publiquement. C'est un peu vain si cela conduit à avoir le résultat contraire. L'UMP de Copé va dire que non, il ne faut refuser aucun débat, elle va s'y enfoncer à contre-coeur et le FN va dire que cela prouve qu'on ne peut pas leur faire confiance pour le poser vraiment.
L'UMP est face à un piège intéressant dans le choix de ce qui doit être sélectionné comme problème pour moins parler du chomage. S'ils continuent la stratégie Buisson qui leur avait réussi en 2007 sur l'immigration, l'identité nationale, la "laïcité" et la sécurité, ils envoient le signal à leurs électeurs que le FN avait finalement raison dans le fond, qu'il était donc plus crédible dans l'expression des problèmes et que les notables de l'UMP sont donc eux-mêmes incapables de donner des "solutions" à ces "problèmes". S'ils essayent de remettre le diable dans la boite, ils seront accusés de "nier la réalité", d'être "politiquement corrects" et ils feront monter le FN en semblant ne plus être assez différents du PS. Spirale perdant-perdant, comme aurait pu dire une ancienne candidate poitevine.
La laïcité "positive" de Badinguet (dont j'ai déjà dit les origines dans un discours théocratique) devient progressivement exactement ce qu'on pouvait craindre, un "mot de code" inversé qui n'a plus rien à voir avec la laïcité. Que la ruine du Parti radical puisse s'associer à cette destruction du sens même du mot en dit long sur leur décomposition avancée.
Là où le mot "laïcité" a achevé son renversement en Novlangue est dans cette vidéo d'une candidate FN à Marseille qui parle de son combat pour la "chrétienté et la laïcité". Le second terme associé semble seulement vouloir dire "Pas de religion à moins de 10% de la population pour prier dans la rue mais d'accord pour des processions de la religion majoritaire" ("Nous, les croyants, on prie dans les églises, eux, ils prient dans la rue, vous trouvez ça normal dans un pays de chrétienté & de laïcité alors qu'ils ont des lieux de culte" - le "ils" n'est jamais précisé).
Galimafrée
Ce mouvement DIY de réappropriation du hobby a déjà multiplié d'innombrables aides de jeu et il aura bientôt aussi ses propres oeuvres vraiment originales (j'attends avec impatience le supplément sur la ville de Vornheim chez Lamentations of the Flame Princess, rien que pour cette carte superbe en non-perspective médiévale).
Alex Schroeder avait déjà fait l'agrégateur mondial Old-School qui avait l'originalité de dépasser la blogosphère anglophone (avec des blogs comme ce collectionneur italien). Il a ajouté maintenant un Wiki sur les Règles OSR qui permet de mieux indexer systématiquement toutes les options de jeu créées par les supporters de l'OSR.
* PCs start at 3rd level.
Je crois que Gygax a raison et que les 1er-2e Niveaux sont en effet trop difficiles à apprécier (pardon aux puristes de l'OSR qui veulent être plus gygaxiens que Gygax dans leur attachement à la lettre). Mais en ce cas, si même Gygax le reconnaissait après tant de parties, pourquoi ne pas rendre officiel en modifiant les règles pour que le "1er" Niveau de fait soit désormais équivalent à un "3" (ce qui était d'ailleurs une règle officielle dans D&D Birthright).
Le choix de 3 donne d'ailleurs une symétrie avec les 3d6 pour les caractéristiques (un mage aurait 3-12 hp et un guerrier 3d8 ou 3d10 selon votre version de D&D). Mais au lieu de 3dX, on pourrait reprendre en plus la règle optionnelle du Maximum des Points de coups pour le 1er niveau (un mage aurait alors 6-12 et un clerc 8-18).
Bien que je n'aie pas assez de talent d'organisation pour créer un jeu, j'aimerais bien faire un rétoclone que j'appellerais "Épée & Esperluette" rien que pour déposer cette marque déposée avec un acronyme récursif comme GNU.
J'aime beaucoup son monde de Castelpérégrin, hommage très simple à un cadre d'introduction, qui utilise tous les personnages exemples de Basic D&D comme Saints et Divinités (Sainte Morgane Louve-de-Fer, Sainte Rebecca*, Saint Fredrik le Nain, Saint Dougall le Sombre Larron et "Saint Gary", dieu des quêtes).
(*Le personnage de "Sœur Rebecca" comme exemple de Clerc est un hommage de Tom Moldvay à sa sœur réelle - c'est le genre de détail anecdotique que j'adore savoir)
Je me demande si passer ses journées à jouer dans un tel contexte quasi-obligatoire (comme un camp sportif) ne finirait pas par vous dégouter du jeu de rôle en lui enlevant toute dimension d'évasion.
dimanche 27 mars 2011
Quelques arguments favoris contre le théisme
Je connais de nombreux mauvais arguments en faveur du théisme (en gros l'histoire de la majeure partie de la métaphysique ne fut que cela) mais assez peu de mauvais arguments contre. Le seul mauvais argument athée serait à la rigueur le chantage de l'adolescent demandant d'être foudroyé sur le champ pour avoir un "signe".
Mon argument favori est simplement de type "épistémique", l'Inférence vers la meilleure explication. En supposant qu'il n'existe aucun Dieu, la réalité connaissable serait exactement semblable et on pourrait aussi expliquer très bien la croyance en Dieu comme un désir normal d'animaux rationnels. Donc on peut faire l'inférence (certes non démonstrative au sens logique, mais hautement raisonnable) qu'il n'existe pas puisqu'il n'explique rien (on peut le nier) et qu'on peut au contraire expliquer l'erreur qui consiste à le postuler.
L'argument est simple et les théistes ont donc besoin de mauvais arguments pour le contrecarrer. Ils doivent soit dire qu'on ne peut même pas supposer l'hypothèse de sa non-existence (argument ontologique), ou bien s'appuyer sur des croyances en des miracles (superstition) en refusant toute explication rationnelle de ces croyances et prétendus témoignages.
Mais la plupart des théistes se tourneront alors vers des arguments pragmatiques, pour dire que la croyance en un Sujet moral omnipotent pourrait faire plus de "bien" que de "mal". Même si cela était le cas (et j'en doute fortement), cela n'impliquerait pas du tout qu'on doive y croire comme à une vérité (au contraire, les raisons pragmatiques se dénonceraient aussitôt comme les motifs d'illusion).
Les arguments moraux (ou pour parler comme Kant, "éthico-métaphysiques") contre le théisme sont plus difficiles car les théologiens ont mis au point d'innombrables tentatives sur le Libre-arbitre pour défendre la théodicée.
Mais en un sens, le vieil argument de l'Euthyphron peut déjà être adapté. Platon disait dans ce dialogue que la vraie piété ne pouvait pas être simplement suivre la volonté divine (sinon la piété serait flagornerie immorale et non pas une vertu). De même on peut dire qu'on a un dilemme simple : (1) si Dieu lui-même est soumis à l'Idée du Bien (comme le formuleront Abélard) alors il ne sert à rien, à quoi bon ce Sujet et on pourrait se contenter de "L'Idée du Bien" elle-même ; (2) si le Bien était défini par ce que veut Dieu (ce qui semble être la conclusion de Descartes ou de Kierkegaard), ce Sujet de l'omnipotence semblerait rendre toute catégorie arbitraire (comme le dira Leibniz contre Descartes).
Mais le théiste peut quand même jouer avec des attributs divins et dire que ce Sujet est identique à l'Idée du Bien (et qu'il se veut donc lui-même, qu'il veut l'Ordre divin qui lui est identique).
Cela nous renverrait alors à la critique des attributs divins et je ne veux pas m'engager là-dedans, parce que Leibniz est difficile à critiquer dans ses stratégies pour rendre compatible l'omnipotence divine, l'existence du mal et la bonté de Dieu. Sa théodicée ne fait pas changer d'avis mais elle a quand même une belle élégance pour rendre cohérente cette possibilité bizarre.
Un argument que j'aime bien est celui du Kantisme Inversé (ou l'inversion de Dostoievski). Kant nous dit qu'il faudrait se défier de celui qui croit être moral alors qu'il agirait de manière intéressée. Mais si Dieu existait et qu'il y avait un ordre divin de justice où les saints atteindraient la béatitude (ce que Kant appelle l'espérance légitime dans un Souverain Bien dans la Critique de la Raison pratique), la possibilité de la moralité désintéressée deviendrait difficile voire impossible. La Foi s'opposerait alors au fait de faire son devoir seulement parce que c'est bien de le faire. Donc pour avoir une volonté bonne, il faut au moins être convaincu subjectivement qu'il n'y a aucune garantie du Souverain Bien.
Cependant, Kant répondrait que l'agent qui fait son devoir doit le faire comme s'il ignorait si ses intentions sont authentiquement pures ou pas. L'espérance légitime du Souverain Bien selon lui ne contaminerait donc pas la "bonne volonté".
La fiction comme violence
Via Disambiguation, une recension du rôle des fictions politiques dans le totalitarisme nord-coréen et le recueil de nouvelles de science-fiction par le Colonel Muʿammar Al-Qaḏḏâfî :
En un sens, la folie de Kadhafi est à la fois la raison pour laquelle même ses homologues autocrates ne le soutiennent plus et ce qui le rend parfois plus fascinant que les autres, quelle que soit sa cruauté. Comment juger responsable une personne qui explique que le goût pour la couleur verte dépendrait en fait de caractères génétiques acquis, que Hamlet a été écrit par le Bédouin immigré dans l'Angleterre élizabethaine Cheikh Zubeir et que ce sont les Arabes qui ont découvert l'Amérique ?
Un des thèmes fondamentaux du livre est une haine moralisante, agrarienne ou rousseauiste de la Ville. Kadhafi a de plus en plus joué à croire à une propagande bédouine en faveur de la Tente sous laquelle il peut s'affranchir de la corruption urbaine.
Voir aussi le Guardian sur le même recueil.
The official ideology of Libya is jamahiriya, which translates to “state of the masses.” The system outlined in The Green Book, the founding text of Gaddafi’s Libya, describes a politics not unlike syndicalism or council communism. In theory, Gaddafi has no power. This is why he told Christine Amanpour that he cannot “step down,” because in the Gaddafian ideology he is not a ruler, but the liberator and savior of a free Libya. These are not “lies,” they are fictions. The realist approach to studying North Korea and Libya has only produced bafflement and confusion. Perhaps hyperreal regimes, which conjoin fact and fantasy, require theories of resistance based on a kind of hyperrealpolitik.
En un sens, la folie de Kadhafi est à la fois la raison pour laquelle même ses homologues autocrates ne le soutiennent plus et ce qui le rend parfois plus fascinant que les autres, quelle que soit sa cruauté. Comment juger responsable une personne qui explique que le goût pour la couleur verte dépendrait en fait de caractères génétiques acquis, que Hamlet a été écrit par le Bédouin immigré dans l'Angleterre élizabethaine Cheikh Zubeir et que ce sont les Arabes qui ont découvert l'Amérique ?
Un des thèmes fondamentaux du livre est une haine moralisante, agrarienne ou rousseauiste de la Ville. Kadhafi a de plus en plus joué à croire à une propagande bédouine en faveur de la Tente sous laquelle il peut s'affranchir de la corruption urbaine.
Voir aussi le Guardian sur le même recueil.
Editions de Minuit contre Grodoudou
Mike Rosenthal, un étudiant crée un jeu vidéo gratuit intitulé Waiting For Godot mais les Editions de Minuit, qui possèdent les droits de Samuel Becket, n'apprécient pas :
Rosenthal: To quote one of the several cease and desist letters I received from the French lawyers representing the Beckett estate, “Unfortunately we do not share your sense of humor.” They asked me to change the name “Waiting for Godot,” because they held the rights to it. Under American law, my game is considered parody and is protected under fair use, but I complied since I’m just a college kid who can’t really afford a lawyer. So I changed the name to “Samuel Becketttt’s Lawyers Present: Waiting for Grodoudou.” I even explicitly stated on my website that my game is now referring to the Australian Samuel Becketttt, not to be confused with the Irish Samuel Beckett. They didn’t appreciate that. So now it’s just called “Game.” Personally, I find it ironic that a publishing house established to surreptitiously print works censored by occupying Germans wants so strongly to censor my game. But I think they would just get mad at me again if I brought this up. We’re on good terms now, and I wouldn’t want to damage our friendship. Needless to say, I’m expected Christmas cards.
samedi 26 mars 2011
La fin de la période Ignatieff ?
On s'attendait à ce que l'intellectuel Michael Ignatieff, le chef du Parti libéral depuis la fin 2008, n'arrive pas à profiter de la chute du Gouvernement Harper pour fédérer l'Opposition (Ignatieff n'ose même pas répondre à la question de savoir s'il serait prêt à faire une coalition avec le NPD (gauche) et le Bloc Québecois). C'est la seconde tentative d'abréger le gouvernement Harper et il va revenir renforcé.
Mais les sondages pour ces nouvelles élections sont encore pires que prévus, avec un raz de marée conservateur : jusqu'à 46% (!!) en Ontario contre 30% pour les Libéraux dans un sondage. Cette fois, Harper (au pouvoir depuis 2006) obtiendrait une Majorité absolue. L'Opposition a raté une nouvelle fois sa stratégie. Elle est au plus bas, morcelée et affaiblie (même si le Bloc est toujours aussi puissant à l'intérieur de sa Province).
On peut donc penser que cette défaite pourrait coûter le poste d'Ignatieff. En ce cas, c'est peut-être Dalton McGuinty, le Premier Ministre de l'Ontario (reptilien extraterrestre maléfique mangeur de chaton) qui pourrait le remplacer (on dit qu'il n'ose pas faire campagne aux côtés d'Ignatieff). Mais les équilibres semblent devenus très favorables aux Conservateurs et McGuinty peut avoir du souci même en Ontario.
Admonestations
Je ne sais pas si Nicolino a raison sur d'autres éléments (en gros la lente corruption, pardon "notabilisation" des ONG écologistes par les grands intérêts économiques et politiques, notamment le WWF qu'il décrit quasiment comme une société-écran en faveur des lobbies industriels) mais l'analyse qu'il fait de Badinguet, Borloo et Nicolas Hulot (et peut-être même de NKM) me semblent convaincantes. On peut aussi se demander pourquoi Hulot continue à avoir ce prestige étrange à l'intérieur de EELV alors qu'il se soucie plus de son contrat publicitaire sur sa chaîne de télévision que de choix politiques clairs. N'est-ce qu'une question de sondage ou est-ce parce que Daniel Cohn-Bendit continue d'espérer une sorte de figure vide mais charismatique pour dépasser le basisme des Verts ?
The U.S. has not just misplaced its priorities. When the most powerful country ever to inhabit the earth finds it so easy to plunge into the horror of warfare but almost impossible to find adequate work for its people or to properly educate its young, it has lost its way entirely. (...)Cela faisait 18 ans qu'il écrivait inlassablement à quel point l'Amérique s'écartait de ses promesses et du souci le plus élémentaire pour ses plus défavorisés. Un libéral comme Paul Krugman a un statut et une notoriété qui fait que la blogosphère lui consacre des attaques et polémiques. Elle feignait de traiter les exemples d'injustice sociale chez Herbert par le mépris. La presse américaine s'était donc empressée de maintenir un silence complet autour de ce qu'il dénonçait. Herbert avait le mauvais goût d'avoir raison sans assez choquer, mais de ne pas assez sauter sur des sujets faciles de guerre "culturelle" et de l'exprimer donc dans une sobriété qui semblait trop morose.
Overwhelming imbalances in wealth and income inevitably result in enormous imbalances of political power. So the corporations and the very wealthy continue to do well. The employment crisis never gets addressed. The wars never end. And nation-building never gets a foothold here at home.
Les banalités si intéressées et biaisées de Thomas Friedman avec ses analogies bancales sont reprises sur chaque recoin de papier d'Amérique mais il était trop pénible d'écouter l'admonestation puritaine de la mauvaise conscience sociale de l'Amérique.
Andrew Sullivan dit que Herbert n'avait jamais que des "solutions conventionnelles" (trite). Jamais Sullivan qui a soutenu Thatcher, Bush et Obama n'a pu proposer des "solutions banales".
Voilà typiquement le genre de "guerre culturelle" de pur ressentiment que peuvent choisir les Républicains : insister pour gommer d'un tableau accroché au Ministère du Travail qu'il y a eu une histoire des lois sociales sur le travail.
vendredi 25 mars 2011
Parapsychedelic
Le groupe anglais XTC créa le 1er avril 1985 une nouvelle identité, les Dukes of Stratosphear (dont les membres comprennent "Lord Cornelius Plum", au nom si moorcockien, "Sir John Johns & E.I.E.I. Owen", produit par "Swami Anand Nagara"), pour expérimenter avec un type de musique pseudo-néo-psychédélique du début des années 1970. Le pastiche des derniers disques des Beatles post-1968 par les Dukes va assez loin ici dans "What in the World" de l'album 25 O'Clock (dont il existe d'ailleurs une reprise par le groupe américain They Might Be Giants - qui font donc une cover d'une parodie par un groupe fictif qu'ils avaient d'ailleurs contribué à produire).
Changes, lá vem meu trêm
Changes (1971), du demi-elfe britannique David Bowie est une chanson ironique et héraclitéenne sur l'instabilité de toute identité ("the stream of warm impermanence", comme le dit Bowie) mais l'adaptation de Seu Jorge pour le film de Wes Anderson, La Vie Aquatique, a des paroles moins intéressantes, où "vient mon Train" (trêm en écho de "strain" dans la v.o.) pour quitter le passé et abandonner tout regret. Le Changement ne semble plus être qu'une interconnexion entre deux stations. La première rit nerveusement de l'inconstance et la fugacité du moi, la version brésilienne affirme simplement et résolument l'irréversibilité, en un chant d'adieu (adieu à quoi ?). Mais la tonalité en portugais est presque plus jolie quand même.
jeudi 24 mars 2011
La diplomatie à l'emporte-pièce
Badinguet n'avait même pas songé à inviter la Turquie à la réunion préparant l'assaut (cela n'aurait pourtant pas coûté grand-chose) et il voulait un commandement franco-britannique, dont ne voulait pas Cameron.
Mais comme il a encore une fois offensé la Turquie, membre de l'Otan, comme il a insisté pour que nous rejoignions le Commandement intégré et que ni la Grande-Bretagne, ni les USA, ni les autres pays membres de l'Otan, ne voudraient une autre structure de commandement que l'Otan, la diplomatie française a connu un échec de plus. Et la diplomatie turque utilise maintenant un langage tout aussi peu diplomatique contre les intentions françaises dans la région.
President Gül reinforced the Turkish view that France and others were being driven primarily by economic interests. "The aim [of the air campaign] is not the liberation of the Libyan people," he said. "There are hidden agendas and different interests."
Earlier this week, Claude Guéant, the French interior minister who was previously Sarkozy's chief adviser, outraged the Muslim world by stating that the French president was "leading a crusade" to stop Gaddafi massacring Libyans.
Pas la peine de revenir à Saint Louis, on peut simplement parler de Guy Mollet-Anthony Eden. Kadhafi se rêve toujours depuis 40 ans en successeur de Nasser et vouloir l'attaquer avec une offensive franco-britannique était une grande idée (on comprend pour une fois la réticence italienne, qui a déjà massacré la région). Bravo au retour des "Grands Professionnels Sérieux" au Quai d'Orsay...
Notre Ministre parallèle BHL était invité de France 2 et a déclaré qu'on ne pouvait pas mettre de troupes au sol mais que la guerre devrait continuer jusqu'à la chute de Kadhafi, ce qui semble contradictoire avec la première idée (sauf si on commençait vraiment à apporter des blindés à Mahmoud Djébril (ex-Ministre de la Planification), le nouveau chef de la Libye(-de-l'Est), et à son Général Younis (ex-Ministre de l'Intérieur) dans la Guerre entre Tripolitaine et Pentapole. La révolte politique ne risque-t-elle pas de devenir une simple scission régionale ?
C'est amusant de comparer la presse française à la presse britannique en ce moment. Les deux (même indépendamment de la couleur politique du journal) ont tendance à dire que c'est leur gouvernement qui a été l'artisan principal.
Add. Dans ce rapport sur Wikileaks, Jibril, à l'époque où il était au gouvernement libyen avait reproché aux Américains de ne pas se servir plus de leur "soft power" des McDonald's. En voilà un qui avait trop lu Thomas Friedman.
mercredi 23 mars 2011
Les Brigades internationales de la NRA
Si après cela la NRA ne vient pas mourir pour défendre Kadhafi...
Free Remy
Il faut à tout prix que j'arrive à placer cette Perle de copie dans un jeu de rôle :
Ce condottiere "Rémy d'Orque" (Ramiro d’Orco ou Remirro de Lorca?, Le Prince, VII), gouverneur de Romagne, était peut-être trop "loup" ou demi-orque et pas assez "renard".
Si on parle d'Italie, le fait que les guerres civiles sur l'Empereur et le Pape soient entre "Guelfes" et "Gibelins" m'a toujours paru une coïncidence trop curieuse. Tolkien a repris inconsciemment de la propagande anti-Hohenstaufen ! Il faudrait faire une version fantasy du jeu Stupor Mundi.
[César Borgia] envoya Rémy l'Orque pour réprimer la population.
Ce condottiere "Rémy d'Orque" (Ramiro d’Orco ou Remirro de Lorca?, Le Prince, VII), gouverneur de Romagne, était peut-être trop "loup" ou demi-orque et pas assez "renard".
Si on parle d'Italie, le fait que les guerres civiles sur l'Empereur et le Pape soient entre "Guelfes" et "Gibelins" m'a toujours paru une coïncidence trop curieuse. Tolkien a repris inconsciemment de la propagande anti-Hohenstaufen ! Il faudrait faire une version fantasy du jeu Stupor Mundi.
Tyran tripolitain contre Pentapole
Benghazi est près de l'ancienne cité de "Bérénice" dans la Pentapole de Cyrénaïque (d'où venait d'ailleurs l'éponyme de ce blog). La Tripolitaine regroupait trois cités antique (Oea, Sabratha, Leptis Magna) à l'ouest de la Libye et la Pentapole réunissait cinq cités grecques de l'est (Cyrene-Apollonia, Arsinoe-Taucheira, Euesperides-Berenice, Balagrae, Barca).
MB me demande dans les commentaires si, puisqu'on pouvait intervenir pour sauver les insurgés de la Cyrénaïque et qu'en ne faisant rien on laissait commettre un massacre, n'est-ce pas la preuve suffisante qu'on devait le faire moralement.
Cela me paraît convaincant, tant du moins qu'on en reste à cette fameuse résolution 1970 & 1973 qui donne des conditions plus strictes que d'autres résolutions pour la protection des civils (y compris donc ceux en Tripolitaine). F.Fillon dit que nous ne sommes pas dans une Guerre et seulement dans une zone d'interdiction aérienne. Comme disait Machiavel (je vole cela aussi à un commentaire de Goodtime), on peut commencer une Guerre quand on le veut mais il est parfois difficile de l'arrêter quand on le peut.
As I said in my previous post, I think that the UN resolution authorizing it puts the protection of civilians at the centre of its mandate and sends a clear signal to governments of the world that they cannot massacre their own people with impunity.
I do not know what the end game is. I accept that the campaign will result in people being killed by allied airstrikes and I presume that the intervening governments have selfish as well as altruistic motives for their actions. However, I think that the situation in Libya immediately prior to the intervention passed the threshold test that I set out above. I think that the UN is fulfilling its responsibility to protect the lives of civilians in this case.
Je laisse de côté le fait qu'on tolère plus ou moins d'autres répressions moins spectaculaires au Yemen, au Bahreïn, en Syrie ou en Côte d'Ivoire, car un choix dans une action justifiée ne serait pas une objection suffisante et on pourrait dire qu'il ne s'agit pas dans ces derniers cas de répression par voie aérienne.
Peut-être ai-je vraiment été aveuglé par la sarkophobie finalement dans mon malaise. Le fait que même Chevénement et Mélenchon soutiennent la résolution 1973 (contrairement au PCF) me fait penser que j'avais des doutes excessifs sur la réalisation.
Tzevan Todorov va jusqu'à défendre une position maximaliste qu'il n'y aurait jamais de Guerre juste, et seulement des Guerres défensives ou de nécessité. Cela me paraît tellement exagéré que j'imagine qu'il ne peut pas croire cela jusqu'au bout à moins de se mettre dans une éthique de conviction religieuse.
Michael Walzer, le célèbre théoricien de la Guerre juste (qu'on a parfois injustement rapproché des Néo-Conservateurs dans l'interventionnisme et qui aurait soutenu une intervention militaire au Darfour au nom de l'urgence politique) est hostile cette fois à cette opération.
Son premier argument est stratégique et dit qu'on n'a pas de fin claire comme Kadhafi restera probablement au minimum en Tripolitaine et dans la Syrte (c'est aussi l'objection principale dans cet article de Bricet des Vallons). On peut répondre qu'on n'aggrave pas le mal en augmentant simplement la probabilité que les insurgés ne se fassent pas tuer en aussi grand nombre. Il répond (contre l'argument humanitaire de Samantha Power sur le précédent rwandais) qu'il n'y avait pas urgence humanitaire dans la mesure où il aurait été possible d'aider les insurgés à passer en Egypte. Cela paraît douteux. Mais s'il y avait des objectifs plus clairs (comme soutenir activement les insurgés), on pourrait reprocher alors à l'intervention de dépasser la résolution de l'Onu. C'est un dilemme entre de mauvaises solutions.
Son second argument est plus politique et régional, qu'il n'y a pas assez de soutien des pays arabes, seulement deux pétromonarchies du Golfe (Qatar et Emirats arabes unis) et notamment pas assez de la Tunisie et de l'Egypte. Le cas de l'Egypte pourrait être problématique (la Libye a 6 millions d'habitants, l'Egypte environ 80 millions) et leur intervention serait perçue comme une invasion du puissant voisin convoitant le pétrole libyen. Amr Moussa, secrétaire de la Ligue arabe, a soutenu la résolution et ses critiques sont restées confinées à la défense de la lettre de la résolution. Le troisième argument est qu'il n'y a pas assez d'alliés dans l'Onu. Mais certains des pays qui s'abstiennent comme la Chine ne le font peut-être que parce qu'ils voudraient eux aussi pouvoir réprimer leur population en paix (et tout le monde sait que si les Chinois massacraient les Tibétains ou les Ouïghours plus activement, il n'y a rien que la communauté internationale pourrait ou voudrait faire contre la plus grande puissance mondiale en devenir.
Il reste une difficulté stratégique. La Libye du Général Kadhafi avait été réadmise peu à peu dans le concert des nations après 2001-2003 parce qu'elle avait renoncé à son programme d'Armes de destruction massive et parce qu'elle luttait contre Al-Qaeda. Si elle avait conservé ce programme, on ne l'attaquerait probablement pas aujourd'hui. N'est-ce pas alors envoyer le message aux dictateurs qu'ils ne doivent surtout pas faire l'erreur de collaborer et abandonner ce genre de programme qui leur offrirait un moyen de dissuasion ? On pourrait aussi répondre à cet argument que le régime libyen courrait vraiment le risque d'être aussi attaqué après 2003 s'il n'avait pas enterré ce programme qui était plus réel que celui de l'Irak.
lundi 21 mars 2011
L'aube des Lotophages
Je n'ai pas l'esprit de contradiction mais l'enthousiasme actuel pour l'opération Odyssey Dawn m'étonne un peu. J'ai un peu honte de mon opinion car il paraît cruel et "indécent" de vouloir raisonner pendant qu'un régime mâte une rébellion. Il se pourrait que tout se passe bien si l'opposition est renforcée sans que l'intervention coalisée ne dure trop longtemps. Si on s'en tient à la résolution, elle semble très prudente en donnant plus de limites contre toute occupation au sol.
J'ai été interventionniste en politique internationale jusqu'à ce que les Casques Bleus massacrent, violent et tuent en laissant une Somalie encore plus déchirée qu'avant leur arrivée en 1994. La guerre peut parfois n'être qu'une option de dernier recours et il n'y a pas que des idéalistes candides qui pensent qu'elle ne sert parfois que d'exutoire devant nos frustrations. Je n'ai rien d'un pacifiste qui croirait que toute intervention sous égide de l'Onu serait toujours du néo-colonialisme impérialiste (les bombardements du Kosovo me semblent avoir été inévitables, par exemple, malgré toutes les conséquences).
J'ose espérer que je ne suis pas aveuglé par ma sarkophobie qui me ferait confondre la personnalité de l'exécutif avec la froide évaluation d'une politique (politique qui est d'ailleurs soutenue aussi par tout le monde sauf les partis d'extrême gauche et d'extrême droite).
C'est une bonne coutume de ne jamais être d'accord avec un "Réaliste" glacé comme Hubert Védrine (qui peut justifier tout et son contraire au nom de l'Intérêt ou de la Raison d'Etat) ou le sinistre ami des tyrans Roland Dumas, qui aime tant Gbagbo et Kadhafi. Et il paraît immoral de simplement concéder que nous devrions laisser les opposants de Benghazi se faire massacrer par le dictateur dérangé Kadhafi. Et on peut légitimement préférer le camp des opposants dans cette guerre civile libyenne.
Mais une guerre "juste" n'est pas seulement la satisfaction de notre désir de voir perdre un tyran. Ici, cette guerre est menée par l'entourage de Badinguet, ce qui serait déjà un gage suffisant d'irresponsabilité à courte vue et de prise de décision désordonnée et vaine. Mais même si c'était Bayrou, Royal ou DSK, la situation serait la même.
Nous pouvons certes mettre en place une zone d'interdiction aérienne. Si nous en restons à peu près là et ne sommes pas limités à une coalition des puissances franco-britanniques, il n'y aura peut-être pas grand mal. Ce genre de menace a pu conduire à une partition de fait en Irak et sauver des Kurdes. On pourrait encore imaginer que la menace de la Résolution 1973 conduise à des négociations.
Mais le droit international, comme le disait la France en 2003, n'est pas qu'un instrument de protection de la souveraineté des tyrans, même s'il aurait laissé Saddam Hussein gouverner. On ne va pas jouer au cas par cas autour des décisions internationales. Ici, ce droit ne nous autorise pas à choisir de soutenir directement au sol telle mouvance de la junte à Benghazi contre la clique de Kadhafi.
Donc s'il y avait une guerre de plus, en plus de celle en Afghanistan, cette guerre serait mal engagée, brouillonne et sans but clair. Du Badinguet en somme. Nous avons tant soutenu Ben Ali quand il perdait qu'il nous faut donc bombarder Kadhafi quand il semble l'emporter.
A part des idiots criminels comme Calixte Beyala ou Chavez, ou bien quelques dictateurs craignant la contagion, tout le monde se serait réjoui que Kadhafi et sa famille tombent sous le coup de ce soulèvement intérieur, même si ce n'était qu'au profit d'autres tendances dans l'armée. L'opposition peut tirer profit de cette intervention et reprendre l'initiative, mais semblait avoir déjà perdu face aux mercenaires du pouvoir. Le mandat international ne permettra peut-être que d'ajouter des bombardements sur Tripoli à la répression au sol des opposants. Il semble bien hasardeux d'espérer qu'éventuellement l'interdiction aérienne avec quelques bombardements supplémentaires pourrait suffire à sauver cette opposition en démoralisant les troupes du pouvoir.
Le problème de l'intervention "Aube de l'Odyssée" n'est pas vraiment l'hypocrisie de cette Ligue arabe, qui consiste à réprimer seulement ce dictateur fou et de laisser la répression au Yémen (où le pouvoir est en train de perdre avec l'abandon d'une partie de l'armée), au Bahreïn (où l'opposition semble perdre à court terme) ou en Syrie (où la répression n'apparaît pas dans les médias). Les défenseurs de ce retour d'Ulysse pourraient toujours dire que mieux vaut une intervention méritée que pas du tout, ou que ce n'est pas notre inaction coupable ordinaire qui devrait justifier qu'on ne fasse jamais rien.
En l'occurrence, nous attaquons Kadhafi parce que nous en avons la capacité sans grand risque (en dehors d'une augmentation de quelques attentats). Nous n'attaquerons pas la Corée du Nord, et nous pourrons dire que ce serait parce qu'elle n'est pas explicitement en train de pratiquer la répression mais la vraie raison est que cela serait trop dangereux. Les dictateurs ont donc raison de s'armer de la dissuasion en ADM puisque cela seul peut assurer leur pouvoir.
Nous pourrions dire que nous "envoyons un message" au dictateur (du genre "exagérez et on finit par intervenir") mais on sait bien qu'on n'en ferait rien s'il avait le bon goût d'être un allié comme un monarque du Golfe ou s'il avait gardé son arsenal en ADM. Le message à l'Iran sera donc de renforcer la faction qui veut le programme d'armes nucléaires avant que la Présidente Palin ne lance les Tomahawks sur Téhéran.
Nicolas W. Badinguet tenait à avoir son moment Bushien néo-con pour éponger la tente de Kadhafi à Paris ou la proposition de lui vendre quelque centrale nucléaire, quand M. Ollier disait il y a 3 ans que Kadhafi lisait Montesquieu, ou tous ces avions privés en Tunisie ou en Egypte.
Si la hiérarchie militaire libyenne tient, nous devrons sans doute abandonner et laisser une victoire symbolique à ce pitre et à son héritier. Je ne pense pas, pour une fois, que l'assaut renforce le pouvoir ou discrédite toute l'opposition mais on peut douter que cela soit suffisant pour faire changer Tripoli.
Ce matin, des journalistes sur iTélé se demandaient avec gravité pourquoi il ne serait pas plus simple de se servir de l'assassinat politique pour éliminer Kadhafi, son fils Saif al-Islam (qui était encore en 2009 en négociation avec TotalFinaElf d'après Wikileaks) ou sa famille. Les intervenants s'arrêtaient seulement sur les réactions de l'opinion, ce qui mesure à quel point nous pouvons vite perdre toute apparence de droit de la guerre du moins quand les cibles vivent sur des zones de désert pétrolier.
L'enthousiasme étrange se comprend en raison du caractère insensé du dictateur mais il se tempère quand on songe que notre stratégie à moyen terme paraît confuse et incertaine.
Les Allemands - sur lesquels nous ironisons beaucoup - peuvent avoir tort quand ils se replient en économie ou en politique de la dette mais leur non-interventionnisme actuel n'est peut-être pas seulement de l'égoïsme d'un pays vieillissant ou un complexe d'infériorité en politique internationale.
Add. via Goodtime, un doute plus sobre :
Si la campagne aérienne ne crée pas de rupture psychologique au sein de l'armée de Kadhafi pour qu'elle l'abandonne, les négociations vont être difficiles.
L'armée libyenne peut-elle vraiment abandonner son chef ?
- En Libye, ce n'est pas une véritable armée, c'est un certain nombres de fidèles qui sont soit des mercenaires, soit des gens qui vivent du système. En Egypte, c'était une armée régulière, une institution. Elle savait qu'elle avait un rôle institutionnel et elle tenait donc à ne pas se désolidariser d'une société à laquelle elle appartient. Et ça fait toute la différence. Là, on est face à des gens qui ont un sentiment d'allégeance personnel à Kadhafi, voire d'appartenance clanique, familiale.
dimanche 20 mars 2011
Tour au Salon du Livre
Avec mon Islandophilie galopante, j'étais un peu obligé d'y aller, même si je reconnais plus de dispositions à lire Snorri Sturluson que des contemporains comme Arnaldur Indriðason, Sjón ou Halldór Laxness.
Le plus fascinant dans ce genre de Salon est les "petits éditeurs". On a pris toute une livraison chez les Petits Platons (j'ai maintenant un Badge "Leibniz" qui justifiait déjà l'entrée). J'ai aussi fait mon pélerinage chez Anacharsis, mon éditeur favori (avec un charmant extrait de la Bibliothèque de Michel Photios, qui compte les délirants voyages du mythomane Ctesias de Cnide en Inde) et juste à côté, le Passage du Nord-Ouest avait quelques livres étonnants (comme une version d'Amadis des Gaules avec une couverture de livre de fantasy moderne et le dialogue aux Enfers du Moyen de Parvenir par Beroalde de Verville).
J'ai envie de finir un jour le Kalevala et je l'ai racheté dans l'ancienne traduction de Jean-Louis Perret 1931 car je n'arrive pas à progresser dans la version de l'Aube des Peuples 1991.
vendredi 18 mars 2011
Hilary Putnam, prix Schock 2011 de Logique et Philosophie
Enfin !
Putnam est sans aucun doute l'un des plus grands philosophes vivants. Il peut évoquer Bertrand Russell par son engagement politique parfois un peu désordonné (il eut même une période quasi-maoïste vers 1968, comme Russell faillit aussi en avoir dans ses dernières années quand il avait plus de 90 ans) et par sa capacité à renverser sa propre philosophie périodiquement.
Logicien et mathématicien, il a aussi contribué à ces domaines formels mais je ne parlerai que de ses théories philosophiques qui consistèrent justement à en chercher les conséquences inattendues.
Putnam commença dans sa jeunesse, à l'époque où il cherchait à interpréter les probabilités et la physique, comme un positiviste logique orthodoxe. Il voulait alors fonder une unité de toutes les sciences (il espérait encore qu'un jour il y aurait un réductionnisme intégral même de la Sociologie à une forme de la Physique !).
Comme Quine, il ne croit plus entièrement à l'opposition tranchée entre les principes purement logiques (analytiques) et les lois de fait (synthétiques) et chercha même une reformulation de certains principes logiques fondamentaux à partir d'interprétations de la mécanique quantique : l'empirique peut réviser même nos a priori et la pureté de la logique.
Puis il fut le premier à fonder contre son propre réductionnisme physique le Fonctionnalisme en philosophie de l'esprit (sous la forme encore rudimentaire du "Fonctionnalisme d'états de Machine de Turing"). Le Fonctionnalisme est la théorie selon laquelle on peut identifier un "état mental", une "croyance" ou une "pensée" non pas à tel ou tel événement physique singulier (par exemple à ces connexions neuronales) mais à un rôle fonctionnel (une "Machine de Turing" n'étant pas une "machine" mais un concept mathématique abstrait qui peut se réaliser de manières multiples en des "machines" bien différente). C'est ici la fonction qui associe tel type d'entrée et tel type de sortie (que cette entrée ou cette sortie soit une perception, un état mental ou une action).
Puis, quand le Fonctionnalisme devint la doctrine quasi-officielle de la Philosophie de l'Esprit, ce fut encore Putnam qui en devint un des critiques les plus originaux.
Il introduisit l'Externalisme sur la signification, la théorie selon laquelle on ne peut pas individuer les états mentaux seulement par des critères internes au sujet et qu'ils dépendent de faits et propriétés réelles même si l'individu ne les connaît pas ("Meaning of 'Meaning'", 1975).
Ce fut la célèbre expérience de pensée dite de "Terre-Jumelle" : si un individu a la croyance "C'est du jade" et qu'il croit que "JADE" veut seulement dire "minerai verdâtre" et qu'on lui présente sur Terre-Jumelle un minerai verdâtre qui ressemble aux propriétés manifestes du Jade sans avoir la même composition chimique que le Jade, alors sa croyance est quand même fausse. Le "contenu" n'est pas "dans la tête", mais il est "là-bas, dans le monde".
A partir de là, je dois reconnaître que j'ai plus de mal à suivre les divers Hilary qui suivirent.
[Je ne parlerai pas de l'argument externaliste du Cerveau dans la Cuve car il me convainc assez peu. Il s'appuie sur sa théorie sémantique externaliste pour dire que le Scepticisme radical serait en fait impensable. En gros, je pourrais prétendre que je peux croire que le monde n'est qu'une hallucination et que je suis en réalité un "Cerveau dans une Cuve". Mais si je disais cela, cela signifierait que je n'ai jamais eu de relation causale avec le monde dont je crois parler et que mes termes ne renverraient à rien, ce qui signifie que mes énoncés seraient donc dénués de toute condition de vérité. Donc c'est un présupposé "transcendantal" de mon langage qu'il fasse référence à la Réalité et pas à une hallucination collective et je ne peux donc pas vraiment dire ou penser que "je peux être un Cerveau dans une Cuve", contrairement à mon intuition vague. ]
Quand il est Président de l'American Philosophical Association, Putnam fait une découverte plus technique et difficile à résumer, l'argument dit de "Théorie des modèles" ("Models and Reality", 1980). Il spécule que le Théorème de Löwenheim-Skolem (et le Paradoxe de Skolem qui dit en gros qu'une Théorie qui a des modèles avec un nombre infini indénombrable d'individus admet aussi des modèles avec un nombre infini dénombrable d'individus) a des conséquences très étonnantes pour l'analyse du concept même de théorie scientifique. On pourra toujours concevoir une "Théorie Idéale" (par exemple la Physique Parfaite) censée décrire de manière adéquate la Réalité ultime et qui admettrait quand même d'autres modèles. Cela semble impliquer (mais la question est controversée) qu'on ne peut pas définir un seul Réalisme Métaphysique comme seul modèle unique, même en supposant une Théorie Idéale de la Réalité.
Ensuite, Putnam (qui appelait sa position "réalisme interne" parce que cela restait limité à ce qui est interne à nos schèmes conceptuels, à ce que nos meilleurs théories ne pourraient pas discerner) a donc à nouveau critiqué le Réalisme métaphysique au nom de la tradition du "Pragmatisme" américain. Je crois qu'il s'est ensuite dirigé vers le "Réalisme direct" de la perception mais je ne le connais que de seconde main.
Son évolution récente est encore plus surprenante et il semble glisser vers le "Côté Obscur" religieux en redécouvrant son attachement au judaïsme, et même à la pensée d'Emmanuel Lévinas. Ses derniers textes sont allés vers une tentative de redéfinir son combat d'Aufklärer vers une forme religieuse qui me laisse un peu perplexe (mais c'est souvent le cas du Pragmatisme, cela commence par nos "pratiques" et finit dans l'encensoir).
Un gouvernement de professionnels
Via, le gouvernement se ridiculise une nouvelle fois en essayant de nommer à la Cour européenne des droits de l'homme un député Nouveau Centre et ancien avocat, mais celui-ci avait été retiré des candidats par les magistrats de la Cour Permanente d'arbitrage comme insuffisamment qualifié. Mais le conseiller média Franck Louvrier espérait ainsi se présenter à son poste de député du Pays de Loire et il aurait donc remis le nom dans les candidats. On peut se demander alors à quoi doit servir les arbitres si on s'assoie sur leur décision.
D'après le Canard de cette semaine, Badinguet continue à se plaindre avec indignation qu'on ait tant parlé du poste de Badinguet-Fils à l'EPAD. C'est assez parlant qu'ils ne peuvent pas bien saisir l'enjeu de ces problèmes.
Mais il doit penser que d'autres institutions comme le CNU ne montrent pas l'exemple.
Add. N'a Fait Qu'Un Tour
Jean Badinguet-le-Dauphin déclare (sur France 2, 20h), pour critiquer Devedjian :
"La politique a besoin de sang neuf."
Ce "sang" n'est peut-être pas la meilleure expression qu'il pouvait trouver.
jeudi 17 mars 2011
Sieverts & Soteriologie
Parfois vous devez trouver que Dawkins est simpliste et vous avez besoin de rallumer la flamme de votre anti-cléricalisme ?
Heureusement, les Missionnaires Evangélistes sont là pour vous !
"The worst tragedy is that statistically only one or two out of every 1,000 people here would confess Christ as Lord,” says Tony Haug, a Pioneer in Japan for 23 years. Operation World reports that only 1.5 percent of Japan’s 126 million people claim to be Christian. And based on statistics from the Joshua Project (JoshuaProject.net), the Japanese are the second* largest unreached people group in the world.* Si vous vous posez la question, le premier serait le Bangladesh.
La comédie est, dit-on, de la tragédie plus du temps mais là, le drame est le manque de recul de ces tarés. Ils assistent à une catastrophe immense et leur réaction est de regretter que les morts ne se soient pas convertis à leur mythologie favorite avant de périr ?
mercredi 16 mars 2011
[JDR] En relisant... Casus Belli (14)
Casus Belli n°14, avril 1983, 48 pages.
Les Nouvelles du Front annoncent la traduction officielle de Basic D&D pour mai 1983. La page magazine fait de la promotion très confraternellement pour Runes n°2. Du côté des sorties jeu de rôle, je remarque notamment Mechanoid Invasion de Palladium, les suppléments ICE pour les Terres du Milieu datés de 1982, Angmar: Land of the Witch King et Umbar: Haven of the Corsairs. Judge Guild ayant perdu la license de D&D se replie sur DragonQuest, ce qui ne va pas les sauver. La Page "Inspi" a encore du Conan et du Randall Garrett.
La page Wargames a un article sur les armées fantastiques. Il ne mentionne que quelques jeux à adapter, la Flèche et l'Epée (traduction française de Wargames Rules 3000 B.C - 1250 A.D, 5th Edition du W.R.G.), Chivalry & Sorcery, Chainmail (l'ancêtre de D&D), Reaper et son dérivé, Warhammer Fantasy Battle.
Après un dossier sur Killer et la traduction de la nouvelle La Septième victime de Robert Sheckley, CB revient à nouveau sur Space Opera. Il y avait déjà eu un article dans le #10. Ils promettent qu'ils vont faire une rubrique régulière sur Space Opera mais ils n'ont pas vraiment tenu cela après le n°15. L'article n'a qu'une aide de jeu, un exemple de planète membre de la Fédération, avec ses brèves caractéristiques techniques, Simurgh, un monde développé avec 300 millions d'humains.
Mais la rubrique Devine qui vient dîner ce soir ajoute une créature, le Flying Claw, avec ses caractéristiques pour D&D et pour Space Opera. Ce doit donc être la première fois qu'on trouve des références précises à un autre système que celui de D&D.
Le module est toujours pour AD&D, Rat Noir (le niveau ne me semble pas précisé). On est toujours dans le Royaume d'Alarian du n°13 et l'idée est ici d'apprendre à accompagner le gang du personnage éponyme, "Rat Noir" (Niveau 15) et d'en savoir plus notamment sur les techniques des Voleurs et sur les pièges.
Le magazine se termine par un petit jeu, Mr Zap, qui ressemble un peu à Snit's Revenge de Tom Wham.
Les Nouvelles du Front annoncent la traduction officielle de Basic D&D pour mai 1983. La page magazine fait de la promotion très confraternellement pour Runes n°2. Du côté des sorties jeu de rôle, je remarque notamment Mechanoid Invasion de Palladium, les suppléments ICE pour les Terres du Milieu datés de 1982, Angmar: Land of the Witch King et Umbar: Haven of the Corsairs. Judge Guild ayant perdu la license de D&D se replie sur DragonQuest, ce qui ne va pas les sauver. La Page "Inspi" a encore du Conan et du Randall Garrett.
La page Wargames a un article sur les armées fantastiques. Il ne mentionne que quelques jeux à adapter, la Flèche et l'Epée (traduction française de Wargames Rules 3000 B.C - 1250 A.D, 5th Edition du W.R.G.), Chivalry & Sorcery, Chainmail (l'ancêtre de D&D), Reaper et son dérivé, Warhammer Fantasy Battle.
Après un dossier sur Killer et la traduction de la nouvelle La Septième victime de Robert Sheckley, CB revient à nouveau sur Space Opera. Il y avait déjà eu un article dans le #10. Ils promettent qu'ils vont faire une rubrique régulière sur Space Opera mais ils n'ont pas vraiment tenu cela après le n°15. L'article n'a qu'une aide de jeu, un exemple de planète membre de la Fédération, avec ses brèves caractéristiques techniques, Simurgh, un monde développé avec 300 millions d'humains.
Mais la rubrique Devine qui vient dîner ce soir ajoute une créature, le Flying Claw, avec ses caractéristiques pour D&D et pour Space Opera. Ce doit donc être la première fois qu'on trouve des références précises à un autre système que celui de D&D.
Le module est toujours pour AD&D, Rat Noir (le niveau ne me semble pas précisé). On est toujours dans le Royaume d'Alarian du n°13 et l'idée est ici d'apprendre à accompagner le gang du personnage éponyme, "Rat Noir" (Niveau 15) et d'en savoir plus notamment sur les techniques des Voleurs et sur les pièges.
Le magazine se termine par un petit jeu, Mr Zap, qui ressemble un peu à Snit's Revenge de Tom Wham.
comment économiser une précieuse minute de votre vie
Même au soixante-quatrième degré, vous avez mieux à faire que lire les 10 banalités insondables de Jacques Attali sur la crise au Japon (via Toz).
La seule chose qu'on peut y apprendre éventuellement est que Slate veut donner la parole* à quelqu'un qui a des choses aussi profondes à dire que "Le possible peut arriver, vous savez, mais on ne peut pas tout prévenir non plus, hein?". Je ne sais si la réputation d'amplitude de vues de M. Attali est méritée mais on a un bon exemple de rapport inverse entre l'extension et l'information. D'habitude il réussit pourtant à être sans intérêt mais en veillant quand même à paraître "paradoxal" (ce qui est une bonne recette pour sembler original).
L'interprétation plausible est donc que l'un de ses ghostwriters est en train de lui faire une blague par pur ressentiment. La pointe ironique serait que le signataire ne s'en rende même plus compte et qu'il n'y ait pas ensuite une correction de ce Premier Avril anticipé.
* Oops, rectificatif : on n'apprend même pas cela puisque Attali est membre fondateur de Slate.fr. Il pourrait donc même y publier sa liste de courses.
La seule chose qu'on peut y apprendre éventuellement est que Slate veut donner la parole* à quelqu'un qui a des choses aussi profondes à dire que "Le possible peut arriver, vous savez, mais on ne peut pas tout prévenir non plus, hein?". Je ne sais si la réputation d'amplitude de vues de M. Attali est méritée mais on a un bon exemple de rapport inverse entre l'extension et l'information. D'habitude il réussit pourtant à être sans intérêt mais en veillant quand même à paraître "paradoxal" (ce qui est une bonne recette pour sembler original).
L'interprétation plausible est donc que l'un de ses ghostwriters est en train de lui faire une blague par pur ressentiment. La pointe ironique serait que le signataire ne s'en rende même plus compte et qu'il n'y ait pas ensuite une correction de ce Premier Avril anticipé.
* Oops, rectificatif : on n'apprend même pas cela puisque Attali est membre fondateur de Slate.fr. Il pourrait donc même y publier sa liste de courses.
[JDR] Le conflit social dans Dallas RPG
La série Dallas commença au printemps 1978 sur CBS et commença à gagner en popularité avec sa seconde saison (où le célèbre méchant JR Ewing se fait tirer dessus).
SPI, la plus célèbre compagnie de wargame de cette époque, obtint les droits de la série en 1980 et décida d'en faire une sorte de "jeu de rôle abstrait" (un peu sur le modèle de leur incroyable Freedom in the Galaxy de 1979, mais avec moins de personnages). Dallas The Television Role-Playing Game fut créé par le légendaire directeur de SPI et wargamer Jim Dunnigan. A ma connaissance, c'est la seule tentative de Dunnigan de faire un jeu de rôle alors qu'il a édité plus d'une centaine de wargames depuis 1966.
Chaque joueur interprète un des personnages de la série et il y a un arbitre, le Réalisateur. Il y a 9 personnages possibles (JR, Bobby, Pam, Sue-Ellen, Lucy, Jock, Ellie, Cliff Barnes, Ray Krebbs) mais on peut adapter les épisodes pour jouer à moins.
Chaque partie est un Episode où on passe d'une scène à l'autre et la boite comprend seulement 3 "Scripts de scénario" préparés.
Les intrigues des divers personnages ne sont pas nécessairement toutes liées entre elles, ce qui change des jeux de rôle, et les scènes se succèdent donc comme dans un épisode télévisé (selon la scène le Réalisateur peut décider s'il serait mieux qu'un joueur ne sache pas ce qui a eu lieu pendant cette Scène). Chaque personnage doit se servir de ses caractéristiques de Pouvoir (influence), Persuasion, Coercition, Séduction, Investigation et Chance, pour obtenir certains buts (Conditions de victoire) de l'Episode. La résolution des conflits est simple : chaque personnage a un score offensif et défensif et la chance de réussir (faire moins sur deux dés à six faces) est simplement la différence entre les deux scores. Un personnage peut aussi soutenir ou protéger un autre dans une scène.
Par exemple, JR (de loin le personnage plus puissant mais aussi l'un des plus isolés) a 20 en Persuasion (pour Agir) et le personnage non-joueur "Estaban Cruz" a 13 en Persuasion (Résistance). Il faut donc que JR fasse 7 ou moins sur 2d6 pour réussir à le convaincre dans une scène, sauf si certaines cartes lui donnent des bonus ou si au contraire un autre personnage majeur venait soutenir Cruz.
Le joueur qui a obtenu le maximum de ces objectifs à la fin de l'Episode est donc le "gagnant", sachant que les relations entre les personnages vont influencer le total des points : JR perd des points si son frère Bobby en gagne alors qu'au contraire Pam et Bobby peuvent se soutenir de leurs points. L'ambiance de la série me paraît vraiment bien simulée.
Là où chaque scène devient très abstraite est qu'il faut gagner une "carte" qui peut représenter aussi bien le contrôle d'un personnage mineur qu'un objet, une preuve ou le soutien de la presse ou d'un autre pouvoir. Deux personnages aux intrigues sans relation peuvent avoir tous les deux besoin de la même carte pour atteindre leurs conditions de victoire. On peut négocier, marchander et s'échanger ces différentes cartes. Certaines cartes permettent de lancer des attaques ou des enquêtes contre un autre personnage (par exemple, la carte FBI). Dans le premier scénario (qui à la lecture me paraît déjà plus politique que la plupart des épisodes réels), JR doit chercher à avoir le soutien du Ministère de l'Intérieur pour discréditer ses concurrents dans une affaire de réclamation des minorités hispaniques sur les propriétés des terrains.
Dallas a été un peu oublié et c'est plus un jeu de société "narratif" qu'un jeu de rôle mais ce qui me fascine est que ce serait l'un des premiers jeux de rôle où le conflit devient presque entièrement non-violent (même si certaines cartes permettraient aux moins honnêtes comme JR d'éliminer un personnage mineur). Il est fondé presque exclusivement sur la négociation et la discussion. En 1980, le concept me paraît assez révolutionnaire, même si on le retrouve dans de nombreux jeu de Grandeur-Nature (LARP). Cela préfigure ce qu'on appelle aujourd'hui des règles de "conflit social". Certes, le mécanisme est encore très rudimentaire et surtout fondé sur des choix stratégiques sur les cartes disponibles, pas tellement sur ce que dirait le personnage. Le Soap Opera pur de Dallas, plus encore que les jeux de superhéros (qui est du Soap Opera + du Combat), se prêtait donc à développer cet aspect agonistique plus métaphorique du jeu.
Add. Jim Dunnigan est depuis longtemps un commentateur assez "conservateur" sur les questions militaires et géostratégiques (il quitta SPI en 1980 pour "modéliser les marchés financiers"), mais en 1969, il édita un étrange jeu de société sur les émeutes estudiantines de Columbia (où il faisait ses études d'histoire), Up against the Wall, Motherfucker!, où les Radicaux et l'Administration luttent pour emporter l'adhésion de plusieurs groupes (Anciens élèves, modérés, minorités, etc.).
En France, le situationniste Guy Debord avait publié dès 1965 une sorte de Kriegspiel historique mais sans lien avec l'actualité. François Nédelec et Duccio Vitale ont réalisé un wargame, Mai 68 la Nuit des Barricades en 1980, mais qui ne prend pas en compte le facteur de "l'image" comme Up Against the Wall, Motherfucker!, seulement l'occupation du terrain.
mardi 15 mars 2011
Minitrue
Les Républicains tentent de réduire le budget de la chaîne publique NPR (qui serait plus proche de notre ARTE que de France 2) parce qu'ils la jugent trop "politiquement correcte" ou trop "idéologique".
Un jeune escroc notoire et provocateur (au passé de militant raciste) déjà condamné de multiples fois (à des amendes et peines d'intérêt général) pour ses "caméras invisibles" biaisées ou trafiquées pour ridiculiser les organisations publiques ou de gauche tente alors de discréditer NPR avec son organisation ironiquement appelée "Projet Veritas".
Il tente de montrer que si une organisation musulmane essayait de corrompre NPR pour les orienter, la chaîne publique serait prête à accepter l'argent.
Le vice-président pour la levée de fonds de NPR refuse cette manipulation mais commet l'erreur de dire devant la caméra cachée des prétendus "musulmans" qu'en effet il y a bien des racistes et "islamophobes" dans le Tea Party et à la tête du Parti républicain (dans un contexte où les Républicains rendent objectivement sa fonction de plus en plus difficile). Les désinformateurs diffusent donc la vidéo soigneusement montée pour ne montrer que cela et non l'échec de leur but initial.
Bien entendu, de nombreux médias citent alors la vidéo tronquée comme digne de foi, le vice-président de NPR doit démissionner de toutes ses fonctions et tout le monde juge la tactique très efficace et brillante. Quand la version complète de la vidéo détruit tout le discours des monteurs, le mal est déjà fait et rien ne change, la carrière de cet abruti est lancée en détruisant celle d'un autre. Il ne sera jamais inquiété pour toutes ses tentatives illégales
Obama au Gridiron Club
Même si je trouvais que Mme Palin avait un peu gâché l'humour du dîner du Gridiron Club en fin 2009 (parce que son auto-dépréciation était presque sinistre de sincérité), le retour d'Obama au gala de la presse (tous les Présidents depuis Grover Cleveland au XIXe siècle sont obligés d'y aller) avait quelques bons moments (j'imagine qu'ils ont une équipe assez talentueuse).
All right, I hear the criticisms. I do. For example, I know that people think I’m not passionate enough. That I’m too cool. That I’m too detached.
But as I was going through my daily routine — sitting alone in my study — meditating, thinking about how to win the future — I pondered this critique, and calmly rejected it as thoroughly illogical.
L'idée qu'Hillary marche devant la Maison Blanche en solidarité avec le Printemps Arabe pour demander un changement de régime est une provocation assez osée.
Et le Daily Show a beau avoir abusé des blagues sur le teint orange de Boehner, cela continue toujours de marcher...
lundi 14 mars 2011
Une question très naïve
J'ai un peu honte de ma question mais j'entends tout le monde dire qu'on ne peut pas arrêter une centrale nucléaire comme cela et qu'il y a donc ces problèmes de refroidissement.
J'imagine que le Japon a besoin d'énergie et que l'arrêt peut prendre du temps mais je ne comprends pas pourquoi on ne peut pas arrêter simplement une centrale (du moins tant qu'il y a des répliques du séisme).
La discussion sur The Straight Dope ne m'aide pas tellement.
William Blake dans Lords of Creation
Quand la grande compagnie de wargame Avalon Hill tenta de se mettre au jeu de rôle, ils eurent peu de succès. Ils reprirent la license d'un des plus célèbres jeux de Chaosium, RuneQuest, en 1985, et leur version (la 3e édition) était à la fois très chère et au départ relativement "générique" (ce qui déçut un peu les fans de Glorantha, avant que RQIII n'édite certains beaux suppléments dans ce monde). Et ils publièrent quelques jeux originaux : le très simulationniste et lourd Powers & Perils (1984), qui ferait ensuite un peu double emploi avec RQIII, le jeu humoristique Tales from the Floating Vagabond (1991). Ils avaient commencé avec le très curieux Lords of Creation (1984). L'auteur était l'ancien membre de TSR, Tom Moldvay (qui avait écrit la deuxième version de Basic Dungeons & Dragons et quelques très jolis modules comme le B4 La Cité Perdue). Une rumeur de l'époque (que j'ai lue dans Different Worlds #26) disait qu'Avalon Hill l'avait payé par avance 10,000$ sans voir le jeu, en espérant un vrai concurrent à D&D.
Lords of Creation ne fut jamais ce succès.
C'est un jeu "multi-genre" qui ressemblerait un peu au jeu français Mega, mais avec des personnages voyageurs superhéros multi-dimensionnels appelés à devenir plus puissants. Les personnages pouvaient débuter avec quelques pouvoirs psi mais ils devaient finir la campagne sous la forme de Dieux, des "Seigneurs de la Création" (comme la fin de D&D avec ses Immortels). Cela commence donc un peu comme un apprenti des Seigneurs du Temps de Doctor Who et finirait en Amber ou Nobilis, avec un jeu "Gonzo" avant Rifts ou Synnibar.
Grognardia a déjà fait l'éloge de l'humour absurde de ce jeu et ces illustrations montrent bien à quel point ce jeu peut devenir délirant, avec son mélange de races fantastiques et d'univers de SF.
Lords of Creation ne décrit donc pas un monde mais plusieurs univers avec des lois différentes. Il y a par exemple les Terres Anciennes (une sorte d'Europe archaïque de fantasy protohistorique et mythologique), les Neuf Mondes d'Yggdrasil, les 4 Plans Elémentaires, la Terra Impériale (un univers de SF où l'Empereur de la Terre Romulus XI est soutenu par un Ordinateur qui occupe toute notre Lune et où l'Humanité est alliée à d'innombrables races extraterrestres), Pryddo (une uchronie de steampunk-fantasy où des descendants de Spartacus et de rebelles celtes ont dominé l'Empire romain, et où la Scandinavie et la Russie ont formé tôt une République sociale-démocrate).
Mais surtout, il y a le monde d'Ulro (voir p. 53-54). Ulro est une sorte de Sphère de Dyson dans laquelle la Mythologie poétique de William Blake est littéralement vraie (avec quelques influences de Farmer). L'idée est tellement brillante que je ne comprends pas qu'aucun autre auteur de jeu de rôle n'y ait pensé avant Tom Moldvay à ma connaissance.
La capitale Golgonooza, la Cité de l'Imagination, a été créée par l'artiste-démiurge Los le Prophète Eternel, mais il y a aussi une ligue de cités matriarchiques au sud-est, dirigées par sa parèdre, son Emanation sensible, la déesse Enitharmon. Le terrible Dieu législateur Urizen (la Raison mais aussi le Dieu tyrannique de l'Ancien Testament) a été enchaîné dans les Montagnes d'Urizen au sud-ouest. Orc le Rouge, le Rebelle s'est déjà délivré des chaînes de son père Los et se cache dans des cavernes avec ses partisans révolutionnaires. Sa soeur Rintrah est une sorte de Sekhmet terrible (voir aussi le Book of Foes p. 23 sur les caractéristiques de la Famille de Los).
En un sens, ce dieu Orc est particulièrement adapté pour un univers du type de D&D. Il est en effet le dieu du Chaos dans tous les sens ambigus de la cosmologie moorcockienne, à la fois le désordre nécessaire contre l'immobilisme (la révolte) et les excès de la destruction (la Terreur). A part le dieu hindou Śiva ou l'interprétation romantique du Lucifer miltonien, il y a peu de divinités de mythologies réelles qui puissent avoir ce genre d'ambivalence (D&D a Trithereon, dieu de la Libération chaotique-bon).
"Il n'est pas payant pour un prophète d'être trop spécifique"
(Lyon Sprague de Camp)
Via François Briatte, Shorter Francis Fukuyama :
Certes, plus honnêtement, il dit en fait que c'est seulement une question de "quand" et pas de "si". Mais la science politique peut toujours dire que la mobilité sociale crée de la révolution et que les résistances à la mobilité sociale créent de la révolte.
Via François Briatte, Shorter Francis Fukuyama :
Les révolutions sont imprévisibles mais si jamais il y a aussi une Révolution en Chine dans un futur proche, je vais écrire une description assez vague des conditions nécessaires (frustration des classes moyennes devant la mobilité sociale), pour pouvoir dire ensuite rétroactivement que je l'avais prévue.
Certes, plus honnêtement, il dit en fait que c'est seulement une question de "quand" et pas de "si". Mais la science politique peut toujours dire que la mobilité sociale crée de la révolution et que les résistances à la mobilité sociale créent de la révolte.
dimanche 13 mars 2011
Noms de Diables dans D&D, C&S et Dragonquest
D&D a de longues listes de diables et de démons (les deux termes sont séparés par la cosmologie originale D&Dienne de Loi et de Chaos, les Diables sont loyaux-mauvais et les Démons chaotiques-mauvais). OD&D n'avait à l'origine cité que deux Princes-démons dans le Supplement III Eldritch Wizardry (1976), Orcus et Demogorgon, mais le Monster Manual (1977) d'AD&D ajouta des listes de Princes-démons et diables, qui étaient des mélanges de diverses sources, comme les Erinyes grecques ou les Rakshasas indiens. Peu à peu, D&D a inventé ses propres références mythologiques par synthèse. Les listes comprennent donc (1) les Démons Baphomet, Dagon, Demogorgon, Fraz-Urb'luu, Graz'zt, Juiblex, Kostchtchie, Lolth, Orcus, Pazuzu, Vaprak, Yeenoghu, Zuggtmoy ; et (2) les Diables Bel, Dispater, Mammon, Belial, Levistus, Glasya, Baalzebul, Mephistopheles et Asmodeus. Pour ne pas être accusé de faire la promotion du satanisme, D&D finit même dans la seconde édition des années 1990 par utiliser tout un jargon de mots de "code" (les tanar'ri pour "démon" et les baatezu pour "diable"), qu'ils ont depuis abandonné.
Chivalry & Sorcery (1977) de Simbalist et Backhaus se voulait plus proche des croyances médiévales que D&D mais ils utilisèrent des "sources" pseudo-"magiques". Il y a par exemple dans le cas des Elémentaires, des influences occultistes du XIXe siècle comme Eliphas Lévi plus que des traités "hermétiques". Les Démonologues de C&S peuvent invoquer divers niveaux et le jeu a intégré dans sa hiérarchie beaucoup de créatures que D&D va au contraire opposer. les bas niveaux sont les Gargouilles, Diablotins (Imps), les Démons puis les Djinns, les Efreets et les Balrogs/Valaraukar (ces références à la Terre du Milieu de Tolkien ont été retirées dans la révision C&S Red Book Edition 1.5). Ensuite, au niveau V se trouvent les quatre Grands Elémentaires, Paralda (Air), Gob (Terre), Necksa (Eau) et Djin (Feu). Au Niveau VIII, on trouve les 14 Chevaliers de l'Enfer (en français dans le texte) : Abigar, Agraes, Ayperos, Bathim, Botis, Gusoyn, El A’aswer, Forate, Loray, Narbes, Nuberos, Orias, Pruslas, Valefor. Au Niveau IX se trouvent les Anges Déchus et la liste des divers Péchés est longue avec des Incubes, Sucubes et la tentatrice Lilith (qui mériterait peut-être un niveau plus élevé). Au Niveau X, les 23 "Puissances" sont détaillées avec des apparences différentes et des spécialisations, Agares, Aini, Amduscis, Astoroth, Ball, Barbatos, Cimeries, Eligor, Flauros, Furur, Gamgyn, Glasyalabolas, Ipos, Lekajie, Marbas, Ose, Paimon, Rathin, Malpas, Sabnack, Seere, Vassago, Zazen. Enfin, le Niveau XI est celui des "Principautés" : Belial, Zimimar (Nord), Gorson (Sud), Amaymon (Est) et Goap (Ouest), et enfin Lucifer (que D&D n'osera jamais nommer dans ses suppléments utilisant plutôt "Asmodée").
En googlant certains de ces noms des Puissances, je n'ai parfois trouvé que des références à C&S, ce qui pourrait laisser penser que certains noms ont été en fait simplement "inventés" (oui, je sais, ils ont nécessairement tous été inventés, y compris ceux des "références" plus anciennes, mais vous comprenez ce que je veux dire).
DragonQuest (1980) de Goldberg, Klug et Ritchie (SPI) a aussi une classe de Démonologues et une liste nominative qui a de nombreuses intersections avec celle de C&S, mais j'ai l'impression qu'ils ont en fait repris directement la liste des 72 entités dans la Clavicule de Salomon-Lemegeton. Les 24 Ducs des Enfers sont Agares, Aim, Alloces, Amdusias, Astaroth, Barbatos, Bathin, Berith, Bune, Crocell, Dantalion, Eligos, Furcalor, Furcas, Gremory, Gusion, Havres, Murmur, Sallos, Uvall, Valefor, Vapula, Vephar et Zepar. Les 7 Princes sont Gaap, Ipos, Orobas, Seir, Sitri, Stolas, Vassago. Les 10 "Présidents" sont Avnas, Buer, Carnio, Foras, Haagenti, Labolas, Malphas, Marbas, Volac et Voso. Les 8 "Comtes" sont Andromalius, Bifrons, Botis, Furfur, Malthus, Marax, Raum et Renove. Les 14 "Marquis" sont Amon, Andras, Andrealphus, Cimejus, Decarabia, Forneus, Leraje, Marehosias, Naberius, Orias, Phenex, Samigina, Savnok et Shaz. Enfin, les 9 "Rois" sont Asmoday, Bael, Balam, Beleth, Belial, Palmon, Purson, Vine et Zagan.
Quand TSR racheta SPI, ils rééditèrent une troisième édition de DragonQuest expurgée en enlevant toute cette section qui "sentait trop le soufre" au moment où D&D voulait se défaire de toute association malsaine. La liste de DragonQuest ressemble aussi un peu à celle qu'on retrouve ensuite dans le jeu français In Nomine Satanis (par exemple des noms comme Valefor le Duc des Voleurs, ou Crocell le Duc du Froid).