lundi 25 juillet 2022

Campagne Momie (5) Les Mages d'Alexandrie

 En plus de la Maison Shaea, il y a plusieurs sociétés de mages qui ont pu avoir de l'influence à Alexandrie. 

  • Ahl-i-Batin (les Subtils, "Bāṭin", les cachés, les occultes) : Les Batini sont un très ancien ordre d'origine pré-islamique mais qui a accompli un syncrétisme soufi avec l'Islam (notamment chiite) mais aussi avec des courants juifs kabbalistes. Ils ont été très influents dans l'Empire perse et ensuite dans le monde arabo-musulman. Ils luttent contre la Technocratie (dont les Kabbalistes de Gabriel et les Mokteshaf al Nour) au nom d'une doctrine mystique de l'Unité transcendante mais aussi contre les "Iblisis" démoniaques du Labyrinthe Noir (même si certains Batini ont été corrompus et sont eux-mêmes devenus des diabolistes). Ils n'ont que mépris pour l'autre société secrète d'Orient, les Tisserands (les Taftânis plus présents dans la sphère persane et afghane) restés plus proches de mouvements zoroastriens "infidèles" qui utilisent la magie d'invocation des Djinns sans aucune "subtilité".  Depuis la création d'Israël et les expulsions de nombreux juifs d'Egypte, la communauté des Kabbalistes d'Alexandrie a presque entièrement disparu (il ne restait plus qu'une poignée de juifs, moins de vingt personnes), même si les Kabbalistes avaient encore un correspondant à la dernière Synagogue Eliyahu Hanavi (rue du Nabi Daniel). Les Kabbalistes avaient mis au point un réseau de communication et même de téléportation; le Kefitzat haderech. Un des buts des Batini est de rejoindre le "Djebel Qaf" avec lequel ils ont perdu leur connexion. Ils ont contribué à construire une des projections de la Bibliothèque alexandrine dans l'Umbra avec les Seshata. Voir Lost Paths, chapitre I p. 8-55. 
  • Al-Borak (Marauds de Libye)
  • Communauté de Pan-Min (Culte de l'Ekstasis avec le soutien d'Aegipans féériques et de petits "Bès", des eshus tricksters)
  • Dème de la Grenade (Euthanatos & Cercle Orphique) : Ils adorent la Triple Déesse Déméter-Koré (Perséphone)-Hécate. Ils étaient liés aux "Kabiroi", les Mages grecs immortels qui avaient créé leur propre version du Sortilège de Vie d'Isis des Momies mais tout en refusant toutes les croyances sur la Maat et le cycle des Amenti. Les Cabires sont poursuivis par la société de la Main de Thot. 
  • Hem-Ka Sobk, "Mangeurs des Péchés" : une secte de mages-assassins adorateurs de Sobek (au lac d'el-Fayyūm) et qui seraient aussi liés aux hommes sauriens (les "Mokolés"). Certains pensent servir la "Maat" (la Justice) et la Déesse Isis comme les Momies mais depuis que leurs principaux mages ont été tués, certains ont basculé dans des rituels plus sombres et cruels. Ils détestent les médiums du Dème de Perséphone. Voir Book of Crafts p. 47-62. 
  • Iblisis (les Infernaux)
  • Ikhwān Al-Ṣafā (Les Frères de Pureté) : l'ancienne société secrète ismaélienne du Xe siècle a évolué et est devenue une société consacrée à la lutte contre les Monstres, Morts-vivants et vampires. Les Chasseurs "kiswah" (voir Hunter: The Reckoning) rejoignent souvent cet ordre (sauf quelques Coptes qui rejoignent les Akritai orthodoxes, cf. Hunters Hunted II). 
  • Mokteshaf al Nour (les Collecteurs de Lumières) : membres musulmans de la Technocratie. Ils sont centrés en Turquie et leur mouvement a des tendances plus sécularisées ou au contraire d'autres qui veulent quitter la Technocratie et sont prêts à s'allier à nouveau avec les Batini
  • Nebuu Afef, l'Ordre de la Mouche d'Or : sorciers assassins (aux pouvoirs magiques relativement limités) qui prétendent descendre des Egyptiens tués par l'Ange de la Mort Azrael / Malak al Mawt et dont la doctrine est une guerre perpétuelle contre "Moïse". Chassés d'Egypte par la Société alexandrine, ils devinrent obsédés par leur judéophobie et ne sont revenus que récemment. Ils haïssent les Batini et la Société alexandrine. Voir Sorcerer (Revised) p. 37-38. 
  • La Société Alexandrine (Chœur Céleste) a gardé une branche dans la Cité qui lui donne son nom. C'est une tradition religieuse mais en même temps "technognostique" qui croit que la Technologie doit en fait servir la religion. Ils s'opposent donc à la fois à de nombreuses traditions technophobes dans les Mages et à la Technocratie sécularisée (même si certains ont eu des contacts aussi avec les Mokteshaf al Nour). 

jeudi 21 juillet 2022

Campagne Momie (4) Les Scribes de Seshat

A Alexandrie, une des nombreuses sociétés secrètes de magiciens est la Maison de Shaea (Per-Seshat), qui a rejoint l'Ordre de Hermès. 



Les Shaea sont des Archivistes, en majorité féminine, la magie des scribes et de l'écriture.

Mais bien que cette organisation ne se soit développée dans l'Ordre Hermétique que depuis quelques années seulement, c'est une tradition très ancienne, précédant même l'Ordre d'Hermès de plusieurs siècles.

  • Ab Initio

    Le lointain passé se perd dans les archives des Seshetu et, comme ils le disent, "le Passé n'est pas, il n'est que dans nos roseaux et quiconque maîtrise les registres de Clio nomme le Passé, forme le Présent et contrôle le Futur".


    Selon la Tradition historique, le Pharaon Âa-kheper-ka-Rê Thoutmôsis Ier (Dhwtj-ms, XVIIIe dynastie, vers -1493 à -1481?), "Né de Thot", conçut avec la reine Ahmès une fille, la fameuse Hatshepsout (Hatshepsut, "Première des Nobles Dames"), et plus tard il avec la reine Moutnéfert un garçon, Thoutmosis II. La Reine Maât-ka-Rê Hatshepsout fut nommée Epouse et Co-Régente de son jeune demi-frère Aakheperenrê Thoutmosis II, avec qui elle n'eut qu'une fille. Hatschepsout se déclara Fille d'Amon-Ré, disant que sa mère Ahmès avait été visité dans la mammisi (sanctuaire d'accouchement). Thoutmosis II conçut un fils avec une concubine nommée "Eset", comme la Déesse, et ce garçon devint Thoutmosis III. A la mort de son père, Thoutmosis III le Conquérant partagea le pouvoir pendant vingt années avec sa tante et régente, la Reine Hatshepsout. Ce sont ces deux Rois Divins qui organisèrent il y a 3500 ans, malgré leur rivalité grandissante, la Grande Convocation des Mages et créèrent les deux Ordres rivaux, le Roseau de Djehuti et la Coupe d'Eset, qui devait être les ancêtres de toutes les Sociétés occultes.

    • Avec la mort d'Hatshepsout (entre 1458 et 1445 selon les chronologies), les premières guerres hermétiques commençaient et Thoutmosis le Conquérant fit détruire des traces du règne de sa Régente et tenta de faire oublier ses réalisations en effaçant son Nom sur les monuments. C'est à cette époque que se développent les activités occultes de la Per-SeshetaMaison de Seshat, Netjer des Bibliothèques, Parèdre de Thehuti et Fondatrice des Hiéroglyphes.

      A l'origine, les Prêtresses ne s'occupent que des fonds des registres de la "Maison de Vie", les temples d'Aset et d'autres déesses comme Nit (Neith), Nebt-Het (Nephtys), Serket (Selqat).

      Elles pratiquent notamment la magie à Khemenou (la "Cité des Huit", site sacré de Djehuti, Hermopolis Magna, actuelle al-Achmounein) et commencent à répertorier les Vrais Noms (REN).

      Les sociétés occultes devaient se multiplier par la suite et on dit même que le Roi hérétique Akhénaton organisa vingt-deux sociétés d'arcane (les "22 Lames") à partir du Roseau et de la Coupe.

      Sous son règne, vers 1350 avant notre ère, l'Hymnode (le Chantre, "wrt-hnr") d'Aton Mentu-hotep découvrit une nouvelle forme de magie. Elle était inspirée des mystères d'un étranger nommé "R'pet", "Orpaïs" ou "Orphée" qui accomplit la Quête de Wsir et eut une Ascension en finissant démembré comme lui dans la Rivière de la Renaissance.
      Ce Mystère était fondé non sur le langage comme chez les Sesheta mais sur la Musique, sur l'Harmonie Céleste des Sphères, sur l'Unisson des voix de l'Un. La société monothéiste devint la "Congrégation Consacrée d'Aton", qui existe encore sous la forme Copte et Soufie des "Choeurs Célestes" (notamment à Sainte-Catherine, dans le Sinaï).

      Puis, avec la fondation de la Grande Bibliothèque d'Alexandrie par le Roi Ptolémée, de nombreuses Seshetou vinrent travailler dans le nouveau port méditerranéen. Auprès des Juifs, des Hellènes et des Barbares,astrologues chaldéens, Mages perses, sorciers nubiens, elles mêlèrent les secrets de Thot à la Kabbale des Baal-shem, aux théurgies et invocations du Roi Salomon ("Suleiman ben Daoud, lieur des Djinns").

      Mais ce n'est que beaucoup plus tard, après la Destruction du Temple et la Galut (Diaspora), qu'elles commencèrent à systématiser avec la tradition du Zohar le Notaricon (grammatologie des Anagrammes et Acrostiches), le Temura (science des permutations alphabétiques et de la cryptographie) et la Gematria (arithmologie des valeurs numériques des Lettres).
      Elles découvrent les luttes hermétiques entre les Acousmatiques et les Mathématiciens, les Héritiers de la sorcière Médée et ceux de l'ingénieur Daïdalos, le Verbe et la Raison, deux faces du Logos. C'est le Grand Accord des Vingt (cénacle dont font partie les Seshetou) qui va organiser la synthèse alexandrine pendant quelques siècles.

      Les Seshetou apprennent autour du Mousaïon et du Serapeum les secrets du Logos, les langues, les codes, les déchiffrements, le Ha-Shem (Tetragrammaton, "Le NOM").
      Pour la première fois, elles se rapprochent de cultes allogènes d'Isis (nom grec qu'Eset) et de ce qui va devenir l'Hermétisme, les Révélations d'Hermès Trois-Fois-Grand, le syncrétique "Thot-Hermès-Mercure".

      Cette ère de gloire va durer jusqu'à l'arrivée des Romains puis des diverses sectes chrétiennes puis musulmanes qui vont persécuter les Prêtresses de Seshat et les anciennes croyances païennes.

    • Ages sombres

      Aussi bien les "auto-da-fe" de l'Empereur Théodose que la Crémation de la Bibliothèque par les Musulmans en 642 ont laissé des traces profondes sur la Maison de Seshat.

      Elles rient des sorcières Verbena qui pleurent encore les bûchers de l'Inquisition, car elles ont vu des Holocaustes de livres irremplaçables. Elles ont dû se cacher et les hommes membres de la Société avaient un peu plus de latitude que les femmes pour continuer la Tradition.

      C'est aussi l'époque des Djinni et la Connaissance des Vrais Noms aida beaucoup les Shairs Ahl-i-Batin et Taftani à vaincre les Tyrans Invisibles et autres génies.

      Quand les Rois Mamelouks régnèrent sur al-Misr (l'Egypte), ils prirent connaissance des travaux de mages alchimistes hermétiques. A la mort du Roi Farag Ibn Barqouq (1398-1412), le nouveau monarque el-Mouayed (1412-1421) fit poursuivre les Mages en Egypte pour avoir la Pierre Philosophale et le secret de la Transmutation. Plus tard, le célèbre roi Qaït Bey (1468-1498) fit même tuer les alchimistes qui échouaient à lui fabriquer de l'Or !

      C'est à cette époque, en 1412 AD (814 Hijra), que les Sesheta décidèrent de postuler à l'Ordre d'Hermès pour obtenir protection et information.

      L'Ordre était une nouvelle résurgence de l'ancien culte syncrétique, (re)fondée sous l'Empereur Charlemagne. Les membres étaient surtout centrés chez les Franjs d'Occident, notamment dans le Saint Empire Romain Germanique mais ils commençaient à avoir des contacts plus étroits avec les Turcs et le Levant.

      La petite société secrète dirigée par la Grande prétresse Fatima Baijani ne se rallia que comme un ordre mineur dans l'hétéroclite Maison dite Ex Miscellaneis, qui réunissait des rebouteux et sorciers sans lignage hermétique clair.

      On dit que Fatima Baijani et les Seshetou furent insultées de ne pas obtenir le statut de Maison au Conseil du Tribunal de l'Ordre. Elles étaient encore peu nombreuses et devaient rester "in caligine" (dans l'ombre, une devise de l'Ordre) pendant encore quelques cinq siècles.

      Mais dès cette époque, alors que les Turcs prenaient Constantinople, les Sesheta participèrent à l'un des plus grands projets de l'Ordre, la construction en un autre monde du Sanctuaire de l'Horizon.

      Plusieurs Traditions s'y liguèrent pour y protéger la Magie qui quittait Malkut (le monde matériel). Les Hermétiques réunirent ce qu'ils avaient pu sauver de l'ancienne Bibliothèque d'Alexandrie en un Node sur le port (sous l'actuel parc Midan Saad Zaghloul), qui devait être l'un des Piliers de l'Horizon. Ainsi, on créa la Bibliothèque d'Enochia ba Pymander, mais elle ne fut pas confiée à une Sesheta mais à un homme, Nichodemus de Mulhouse, scribe mineur de la Maison déclinante de Criamon. Là encore, les Sesheta devaient prendre leur mal en patience car Nichodemus resta seul Archiviste de la Bibliothèque pendant encore 550 ans, jusqu'à sa mort.


    • Epoque moderne

      Les Seshetou reçurent du sang neuf d'Européens au XIXe siècle, des Français et Anglais se battant sur les décombres de l'Empire ottoman, mais aussi des nombreux immigrés italiens.

      Mais elles étaient à couteaux tendus avec la nouvelle Maison turque, les Janissaires, qui servaient de bras armé des Quaesitores Ordinis depuis le Siècle des Lumières.

      Par la suite, l'éphémère mais opulente société secrète américaine, "Light of Luxor" ou "Luxor Club" (de Max Theon) vint tenter de glaner des ressources hermétiques auprès des Seshetou. Ces charlatans imaginatifs et ces mystiques parfois doués apportèrent l'argent et les informations dont les Seshetou avaient besoin pour s'internationaliser pendant l'Entre-Deux-Guerres et la fin du règne des Khédives.

      Pour la première fois, l'Ordre d'Hermès remarqua les Seshetou bani Miscellaneae. Elles ne furent pas à El-Alamein mais luttèrent en Europe et en Palestine contre des organisations comme Alceister Crowley ("la Bête"), la Heilige Vehme, la Loge Lumineuse du Vril et la sinistre Thule-Gesellschaft. En 1945, des Egyptiens moururent à Berlin et Jerusalem contre le Grand Mufti et les Nephandis qui voulaient ouvrir les Hordes des Qlippoths (cf. Order of Hermes, 2003, p.32).

      Après l'assassinat du Président Anouar El-Sadate et la montée de l'intégrisme islamique, la société montra à quel point elle était devenue, avec les mystérieux Ahl-i-Batin, le premier appui des Mages en Egypte.

      La Grande Prêtresse Maraksha Kashaf (d'origine yéménite) menaça de quitter l'Ordre, avec toutes ses archives, ses documents, ses Histoires, ses anciens secrets et ses rites. En quelques siècles, les Bibliothécaires étaient devenues indispensables à l'Ordre et prouvaient leur adage que la maîtrise du Passé est le contrôle du Présent.

      Les Sesheta obtinrent officiellement d'entrer en 1982 AD (1402 Hijra) au Tribunal de l'Ordre comme une Maison à part entière, du Nom de "SHAEA" ("Bonne Augure").

      Les Seshetou aiment les jeux de mots, ce qui est normal pour des Maîtresses du Notarikon.

      "Shauâ" veut aussi dire "livre" en Egyptien.

      Le dieu "Shaï" est un Génie de Bonne Fortune, de la Chance et du Destin, chargé aussi des Renaissances pendant le Jugement de Ma'at.

      Il est aussi appelé l' Agathodaimon, le Bon Démon, souvent représenté comme un Cobra, comme la Déesse Renenutet.

      Son culte était très populaire chez les Grecs d'Alexandrie qui cherchaient à détourner le mauvais oeil.

      Le nom "shaï vient peut-être d'une racine qui veut dire "commander, nommer quelqu'un".

      Les Egyptiens se saluaient parfois en disant "Shay est avec toi !" ou "Que Shai et Renenutet soient avec toi !" car un Shai est supposé accompagner chaque individu pour répertorier ses actes pour le Jugement.

      Shai peut aussi être une Déesse du destin, Shaït, que les Turcs appellent "Kismet".

      Shaït est alors associée à Renenutet (déesse cobra de la naissance qui donne à l'enfant son Vrai Nom) et Shepet (ou Shepset, déesse hippopotame ou crocodile de l'accouchement, un aspect de Reret ou Taweret), comme Trois Fées de la Naissance.

      Shay peut aussi être associé à Sutekh, car "shai" écrit signifie aussi "porc", l'animal de Set !

      (Sur Shay, voir le site de Carolyn Seawright).

      Le symbole actuel de la Maison Shaea dans les Tribunaux de l'Ordre est un écusson avec une lionne de Sekhmet couchée, un rouleau de papyri et une Lune (Order of Hermes, p.57).

      Mais les Mystes & Initiés savent bien que le vrai symbole ésotérique est la Fleur à Sept Pétales et Deux Cornes, le symbole de "Sefekhet-âbouy", couronne de Seshat la Scribe. La Maison est aussi dite parfois dans d'autres sections Maison de Serket (ou Selqat, Déesse Scorpion des talismans contre le Mal) et Maison du Croissant de lune, ce qui n'est pas une allusion au "Hilãl" de l'Islam mais à la Corne lunaire de Sefekhetâboui.

      L'organisation de la Maison ne suit pas exactement la hiérarchie hermétique traditionnelle. Il y a en bas les "hnr", musiciennes, dirigées par la "wrt-hnr" (Grande Musicienne) ou "dwt-ntr", l'adoratrice. Puis il y a les sesh (scribes), dirigées par les Hem-Netjer (Servantes de la Déesse) et les Kheri-heb (Celles qui portent les parchemins, les Récitatrices), les Kheri-heb kheri-tep (Grande lectrice). Tout en haut se trouve la Hem-netjer-tepey (Grande Prêtresse) ou Jmj-R Hmw-ntr (Surveillante générale). Le Grand Prêtre de Dhjowtey à Khemenou (le Wr djw, le "Grand Parmi les Cinq"), est aussi considéré comme lié à la Hem-netjer-tepey.

      La Prima Domus actuelle est la Grande Prêtresse Daira Kashaf, Septième Fille de l'Archimage Dame Maraksha Kashaf (Kashaf signifie "Révélation"). Elle est une grande érudite, diplomée de diverses universités dont Harvard. Elle s'est installée non à Alexandrie, mais au Caire, là où sont les plus grands centres de recherches. C'est elle qui garde la Khesef-hra-khemiu, la Maison des Livres. 

  • Magie

    La spécialité des Seshatou est la Magie des Noms, très proche de ce que les Momies appellent Ren et la "Nomenclature". Leur Sphère de Magie privilégiée est le Temps.

    Les Seshatou commencent donc par des études de linguistique, philologie, grammaire comparée et apprennent de nombreuses langues (Egyptien, Arabe, Syriaque, Araméen, Hébreu, Babylonien, Sumérien, Farsi, Grec, Latin, Sanscrit, Mandarin, Enochéen).

    Les Seshatou sont des magiciennes mais aussi des prêtresses. Elles pratiquent des formes de Théurgie et invoquent les Nedjerou qu'elles adorent, comme Seshat Sefekhetâbouy la Scribe.

    D'autres Déesses invoquées sont Shaït la Destinée, Eset la Reine et la Mère, Nebt-Het la Psychopompe, Nit la Mage-guerrière, Het-Hert la Mage-donneuse de vie, Heka la Magie, Hat-Mehit la Poisson, Heket la Grenouille, Bast la Chatte, Sekhmet la Lionne, Renenutet le Cobra, Shepet l'Hippopotame, Serket la Scorpion, Maat la Vérité, Meretseger le Silence, Wadjet le Cobra du Delta & Nekhbet le Vautour de Haute-Egypte.

    Les Nedjerou masculins les plus adorés sont Sesha le Scribe, Thwt (Djwthey), Ptah l'Ouvreur du Verbe Initial, Inoup le Psychopompe et bien sûr, les grands Imn-Ra, Heru ou Wsir. Certaines adorent même Sutekh.

    Pour une raison inconnue, un des sous-cultes principaux, bien qu'on ne voit pas le rapport avec Seshat, est celui d'une sorte de "Dionysos", Shesemu, Dieu des Pressoirs. Shezmou donne les Huiles, Parfums, Vins et Folie et il broie dans l'Am-Douat ceux qui sont jugés coupables.

    Par ailleurs, les Seshati ont aussi des contacts avec d'autres Puissances d'autres mondes et d'autres mythologies. Elles appellent souvent les divinités liées à la même force numineuse que Seshat et Thot comme Hermès-Mercure, Nabu (voir Dr Fate), Nissaba (ou Nidaba, Scribe mésopotamienne), Pallas Athéné Minerva (qu'elles appellent "Nit"), Mimir Père-des-Runes, Oghmios (ou Oghma), Ganesha Ganapati, Saraswati (déesse de l'éloquence), Ta'ang Chien le Calligraphe.

    Elles ont récemment rencontré un certain "Prince Ivo". Il serait un mortel devenu un nouveau "Dieu", une Incarnation du langage et de l'écriture. Il semble avoir des buts incompréhensibles, comme lutter contre les interfaces graphiques en informatique (voir Nobilis).

    On accuse aussi les Shaea d'avoir invoqué des êtres plus sinistres, d'avoir lié des Invisibles, Djinni, Elémentaires et même des Shaïtans, diables et démons. Elles continueraient ainsi une tradition dangereuse de démonologie, celle des Sha'irs, les Invocateurs, comme les Taftani zoroastriens.

    Elles ont aussi des Totems animaux comme les Garous, notamment des felins et des associés de Bast.


  • Liens

    Hatchepsout "Tabitha" Kashaf est la "Doyenne et Principale" (Deacon & Headmistress) de l'Académie Straussen, université privée implantée à New York, Londres et Reims qui est la principale académie moderne de l'Ordre d'Hermès. Née en 1969 et initiée de Seshat, Tabitha Kashaf est une des petites soeurs de la Grande Prêtresse de Shaea, Daira Kashaf. De nombreuses autres soeurs sont mortes pendant les Guerres de l'Ascension. Elle enseigne à Straussen Academy depuis 1993 et vient à trente ans de devenir Doyenne. Etant donné son nom, on ignore si elle est en relation avec la célèbre Amenti Renaissante, la Reine Maât-ka-Rê Hatshepsout, qui vit à présent au Caire comme Daira Kashaf.

    [Order of Hermes, p.81 dit qu'elle est de lignée "pharaonique nubienne" mais le nom de "Maraksha" est une montagne du Yémen et je doute que les Kashaf soient ou soudanaises. Quant au mot "kashaf", il signifie "Révélation directe" chez les mystiques soufis et le nom "Al-Kashaf" semble courant dans les pays musulmans.]

    Ishaq Balsara, dit "Ibn-Thoth", Primus Guernici, Grand Quaesitor de l'Ordre d'Hermès (Order of Hermes, p.73) est un Egyptien d'origine anglo-persane né dans l'Empire ottoman au début du XVIIIe siècle. Il étudia avec le flamboyant Archimage Flambeau de Doissetep, Porthos Fitz-Empress. Depuis quelques années et les dernières Guerres de l'Ascension, il incarne les réformistes raisonnables de l'Ordre. Il est très attaché aux Principes de Maat et Geburah (Sephiroth du Jugement).


    • Seshat (ou Seshet, Sesheta) est la Déesse des Bibliothèques, Nedjer (nitjer) de l'écriture, des livres.

      Elle est parfois la Parèdre de Djehuti ("Djhowtey" chez certains Mages, tWth, Teuth, Toth, Hermès), sa Soeur-Consort.

      Le Ren, Nom de Seshat signifie simplement "la Scribe" (féminin de sesh).

      Un "shât" ou "shauâ" est un livre. "Sesheta" signifie aussi secrets, choses cachées, mystères, vrais noms. Le Shetat (ou shetait) est l'Endroit Caché, un autre nom de l'Am-Douat. Les "Seshetj" sont des bandes ou bandelettes.

      Son autre nom le plus courant est Sefkhet-Abwy. Ce nom signifie la "Dame aux Sept Cornes" ou bien "la Dame qui étend Deux Cornes".

      Cela décrit la fameuse coiffure avec la "Rosace" - ou "rosette" comme la pierre de décodage selon un jeu de mots qu'aiment les cryptographes - tige à sept "pétales" et deux "cornes".


      Cette "rosace" (prononcée s'sh't) est le Hiéroglyphe et le symbole principal de la Déesse.

      On pense que c'est une fleur plutôt qu'une étoile. Il y a d'habitude sept pétales, mais parfois cinq ou neuf.

      Ses deux cornes inversées (ou deux plumes) qui lui donnent ce titre de Sefkhet-Abwy et qui sont l'aura de la fleur sont le symbole calendaire des mois de l'année.

      Ses autres épithètes sont "la Première de Per-Medjat (la Maison des Livres)", "la Première de Per-Ankh (la Maison de la Vie, bibliothèque du Temple)", "la Dame de Khmwn" (Khemenou, la "Cité des Huit", ville de Djehuti et de l'Ogdoade), "Première de Heseret (Nécropole de Khmwn)", l'Origine de l'Ecriture, la Dame des Années, la Dame des Bâtisseurs, la Vraie Fleur dans la Main de Ra, Weret-Hekau (la Grande de Magie, titre aussi d'Aset, de Nit, de Sekhmet, de Bast, de Djehuty).

      On distingue parfois deux Hypostases : Seshat-Weret (la Grande) et Seshat-Nedjset (la Petite) qui sont représentées ensemble comme la Déesse et la Scribe inscrivant la Déesse, le Lekton et le Soma, l'Esprit et la Lettre, le Signifié et le Signifiant.

    • SIGNES ET ICONES

      Seshat porte sur la tête sa rosette et comme vêtement une peau de léopard avec des pattes. C'est la tenue des Prêtres Setem (funéraires) et les taches de léopard peuvent aussi représenter le ciel constellé des Akhu (les Morts Bénis) et l'astronomie.

      On dit que les Morts quand ils sont jugés sont "nés" de Seshat et de ses registres, ce qui en fait une déesse du Voyage vers l'Au-delà et du Jugement de Ma'at. Un texte dit aussi qu'elle est vêtue de l'enveloppe du dieu Sutekh vaincu par Ra-Heruakhety.

      Elle porte une branche de palme (hiéroglype "renpet", signe de l'Année et du dieu Renpet).

      La base de la branche porte le hiéroglyphe du tétard ("million") et le shen, symbole de l'éternité et du dieu Heh.

      Seshat inscrit ainsi l'éternité de ses fondations, que ce soit les registres, les archives, les chroniques officielles des règnes, les décomptes des années. Elle fonde et immortalise pour des Millions d'Années et elle est invoquée pour faire durer les choses mortelles et la splendeur des réalités.

      Avec Djehuti, elle inscrit ses registres sur l'arbre Ished, signe de vie et d'éternité.

    • HISTOIRE ET MEMOIRE

      C'est un culte très ancien. On en a des traces dès une inscription sous le Roi Khasekhemoui de la 2e Dynastie.

      Elle avait très peu de prêtres et les scribes semblaient moins l'adorer que Djehuti.

      Seshat est aussi la Dame des Bâtisseurs, déesse des architectes et des Maçons, invoqué à la fondation des constructions (cérémonie de Pedjeshes, de "pedj", étendre, "shes", la corde).

      Elle restait importante comme symbole de l'éternité pour le Roi mais pas pour la plupart des fonctionnaires. On la représente donc plus dans la cérémonie de Pedjeshes qu'en train d'écrire. Djehuti écrit pour transmettre et administrer, Seshat grave sur les monuments pour fixer et conserver pour l'éternité. On dit qu'elle construit notamment les demeures dans l'Au-delà.

      Sa fonction de Mémoire est donc plus abstraite que celle de Djehuti. Certes, elle note aussi les registres de prisonniers et de butin, mais c'est encore pour immortaliser les victoires royales. Même les constructions sont donc avant tout des Bibliothèques de Pierre, des monuments documents.

      Elle est aussi celle qui transmet les enseignements pour les Pharaons. Le Roi grec Ptolémée IV est décrit comme "Né de Seshat, élevé par Sefkhet-Abui dans la Bibliothèque". Aux Couronnements, au Festival du Sed (le "Jubilé" des 25 ans) et autres cérémonies royales, elle prolonge la durée des monarques.

      "ar(=i) m nHH ryt m Dt
      Mon roseau inscrit pour Toujours et peint pour l'Eternité
      Je rends ton Nom grand, en le gravant dans ces murs.
      Je rends tes Noms permanents et aussi durables que les Cieux.
      Je t'ai donné des Millions d'années de mes doigts pour aussi longtemps qu'Eternité existe.
      Je te donne les Eons et la résistance des Deux Seigneurs (Heru et Sut).
      Ma main inscrit les Durées & les Temps conformément aux dictées de Ra.
      Ma plume est Eternité, mon encre est Toujours et la palette est des millions de Sed."

      Ainsi, elle est liée à la mémoire et la survie des morts, et parfois identifiée à Nit ou Nebt-Het. Seshat est aussi un Aspect de Nebt-Het. Elles forment une Triade de la Triple-Déesse où Nit est la Créatrice (Clotho), Seshat la Durée des temps (Lachésis la Tisserande) et Nebt-Het les limites de l'existence (Atropos l'Inflexible).

      Elle a des amis parmi les Apa-Maat, les 42 Assesseurs d'Osiris, notamment Shet-Kheru (l'Ordonnateur des Paroles, voir Mummy, p.149) et d'autres Juges plus particulièrement concentrés sur le langage comme Tenemiu, Neb-abiu Seigneur des Cornes (chargé de la calomnie), Ahi (insultes et jurons), Uatch-Rekhit ou Utu-Nesert.

      Il existe aussi un autre aspect nommée Aset-Seshat, Protectrice de Wsir et Gardienne des Noms comme Aset Weret-hekau avait la Connaissance des Vrais Noms. Seshat est aussi par ses registres et ses calculs une des déesses de la Magie.

      On lui connaît aussi une version masculine, Sesha ou Seshu, qui peut être un autre nom de Tehuti.

    • CULTES ACTUELS

      Seshet est toujours adorée par une tradition continue nommée la Per-sesheta ou Maison de Shaea.

      Le siège actuel de la Maison Shaea n'est plus à l'ancienne Khmwn de Djehuti (el-Ashmunein) mais dans la cité hellenistique d'Alexandrie où s'est d'ailleurs bâtie une nouvelle Bibliothèque.

      Il y a aussi quelques traces dans les mouvements polythéistes "néo-païens", plus ou moins New Age, Wiccans ou parfois très sérieux comme les sectes dites "kémetiques".

      Des Mages prétendent avoir réussi à l'invoquer mais sans accéder à sa Bibliothèque infinie, dite Bibliothèque de Babel dont la Bibliothèque des Morts d'Hypatia sur le Styx ou la Bibliothèque des Rêves de Lucien pour le Seigneur Morphée ne sont que de pâles succédanés.

      On a récemment découvert une nouvelle Hypostase, Avatar virtuel de Seshat dans la Toile Digitale (voir Mage : Digital Web).

      La Déesse numérique bâtit ses nouveaux monuments par de purs chiffres et des équations. Elle grave des mémoires de silicium et dans les ondes et les fils de la Toile mondiale.

      Dans cette Icone ci-dessous, elle a ajouté comme symbole l'Aleph borgésien, le Point infini, à la place de sa rosace de Dame Sefkhet-Abouy.

    Cette description est inspirée des notes de Seshat.org et cet autre lien (ainsi que de Richard Wilkinson, The Complete Gods and Goddesses of Ancient Egypt pp.166-167). 

    Cette notule ne prétend pas à la vérité archéologique et historique mais doit être simplement utile pour les joueurs.
    J'ai ainsi négligé le fait que le lien avec Djehuti est peut-être finalement moindre qu'on ne l'a cru dans le passé. Elle ne serait appelée sa "collègue" que dans un seul texte ! Cela dit, l'iconographie les associe et elle est Dame de Khemenou.

    Mais dans les jeux Momie et Mage, les Dieux-Mages "Djhowtey" et "Sesheta" (voir Tradition Book : Order of Hermes (2003), p. 17, 56) sont mariés comme les deux Ordres de la Coupe et du Roseau et j'ai conservé cela.
    En revanche, je ne suis pas vraiment convaincu comme le prétend le jeu que Djhowtey et Sesheta doivent venir de Phénicie (??) sous le prétexte que l'Alphabet y a été inventé ni même à la rigueur de Mésopotamie parce que l'écriture à Sumer précède les hiéroglyphes, à la naissance de l'Histoire.
    Comme pour les autres Netjerou, je pense qu'il faut distinguer une Déesse de ses avatars humains. Autrement dit, je ne crois pas très amusant qu'Aset-Seshet qui Connaît les Noms ne soit qu'une magicienne qui a réussi à se faire passer pour une Déesse. Dans ma version, la "vraie" Seshet est un aspect numineux de l'Absolu et il y a en plus des mortels et diverses Hypostases de cette Seshet qui ont pu s'identifier à elle.

    Mais c'est une question de goût. Je préfère que les jeux soient "anti-évhémeristes". 

dimanche 17 juillet 2022

Campagne Momie (3) Les Change-formes d'Alexandrie : Louves d'Artémis & Chattes de Bastet

Parmi les créatures d'Alexandrie, on compte de nombreux change-formes animaux comme des Lycanthropes (notamment Furies Noires et Arpenteurs silencieux), les Bastets (félins), les Hefau (Nagas), les Penou (pnw, Rats) ou les Sebeknou (aussi appelés "Mokolés" champsa). 

Je n'avais commencé à décrire à l'époque en 2003 qu'un clan de Furies Noires, le Sept de la Marche Sanglante, et les Bastets. Mais les illustrations et cartes sont perdues. 

LE SEPT de la MARCHE SANGLANTE


Le Sept de la Marche Ensanglantée est un Caern qui se terre dans les Catacombesromaines de Kom ash-Shuqqafa dans le quartier central de Carmous, juste à cinq minutes de la Colonne dite "de Pompée" au Serapeum. C'est un Sept entièrement composé de Furies Noires, les louves d'Artémis.

  • Les Catacombes romaines 
  • Ces Catacombes sont la plus grande nécropole de l'époque romaine en Egypte. Les Patriciens d'Alexandrie s'y faisaient enterrer à partir du Second Siècle de notre ère et les Chrétiens s'y réfugièrent pendant les persécutions.

    La nécropole a été découverte par hasard en 1900 quand un âne y tomba. Elle est ouverte aux visiteurs de 9h à 16h.

    Il y a trois niveaux de chambres funéraires sur une profondeur sous-terraine de 35 mètres.

    Le dernier niveau n'est pas ouvert au public (officiellement parce qu'il est inondé).

    Il faut d'abord descendre un escalier en colimaçon , en spirale autour d'un Puits. On accède alors à une Rotonde.


    droite se trouve une trouée vers une autre nécropole, dite Chambre de Caracalla d'environ 30 mètres de long (le trou a été fait par des pillards). Les peintures murales y sont à demi-effacées et on y trouve un Autel à sacrifice.

    gauche se trouve le Triclinium, salle du festin à peu près carrée de 10 mètres de long pour les Banquets funéraires.

    En allant droit devant, on arrive à un second escalier et à tout un Labyrinthe sur environ 30x30m avec des galleries pour diverses tombes appelées loculi, petits caveaux scellés où l'on voit encore des squelettes.

    Les Furies ont leur Naos (Caern) en bas de ce dernier Labyrinthe. Elles sont cachées hors des Catacombes la journée ou bien sous le Troisième étage.

  • Le Naos

    Le Caern appartient entièrement aux Melanai Kêrés (Mélanai Erinués, Euménides, les "Furies noires" comme on les appelle à l'extérieur de la Tribu), tribu des Louves amazones d'Artémis.

    Le Caern est de Niveau 2 et le seuil du Gantelet est de niveau 4. C'est un Caern du type Enigmes et Rage (Rétribution).

  • le Zoon Daimon (Totem)

    Le Totem est Muia Melanè, la noire Mouche Tsé-Tsé (ou Glossine).
    Cf. Silent Striders Tribebook p. 52.

    Muia, la Mouche, d'après la légende grecque était une rivale de Séléné, amoureuse d'Endymion, le Bel Endormi. Pour la punir, Séléné la transforma en petit être noir et c'est pourquoi les Mouches empêchent le sommeil des dormeurs. On dit aussi qu'une des filles du philosophe Pythagore était une incarnation de Myia (voir Lucien de Samosate, Muiai Enc.).

    C'est un totem cruel et impur, comme les rats qui portent les Fléaux de la Peste d'Artémis et les châtiments des dieux contre la corruption (voir Sartre, Les Mouches).

    Melanè Muia est un esprit implacable de la vengeance et sa morsure est crainte. Elle enseigne Médecine et le Mauvais OEil. Pour lancer le Mauvais OEil, il faut haïr son ennemi (dépenser 5 points de Rage), avoir un bien appartenant à l'ennemi, réussir un jet Manipulation+Intimidation (avec Difficulté égale à la Volonté de la cible). En cas de succès, le nombre de Dés de la cible est divisé par 2 pour une nuit par succès. En cas de catastrophe (Botch), le Mauvais OEil frappe le lanceur. Le rituel ne peut être fait qu'une fois par an sur la même cible. La Mouche peut aussi envoyer des cauchemars.

    Loi de la Némésis :
    A cause ce Totem Mouche, les Melanai Kèrés doivent toujours chercher à se venger en cas de tort. En raison de l'impureté du totem, elles perdent aussi un point d'Honneur.

  • La Déesse

    En plus du Totem, les Furies adorent aussi Artémis Séléné, qu'elles appellent aussi "Hè Potnia Thèriôn" (la Dame des Fauves), " Agrotéra " (la Chasseresse), "Elaphobolos" (Qui tire sur les Cerfs) ou Elaphiaia (aux Cerfs), Iochéaira (la Lanceuse de Traits, la Sagittaire), Hékatébolos (qui lance ses traits au loin), Artamos (la Dépeceuse).

    Elles l'identifient aussi à la sombre Louve magicienne Hékatè Mounichia, Déesse de la Pleine Lune et protectrice des Ports (Limenoskopos), Phosphoros (Porteuse de Torches), Amphipuros (Aux deux feux).

    Artémis est aussi identifiée à Sekhmet ou Bastet par les Bubastis (voir infra, les Hamaal) .

    La Graia Cassia a aussi des relations avec Wepawet, l'Esprit de Lycopolis, protecteur des Arpenteurs Silencieux.

  • Les Kères Noires

    Les membres du Sept de la Marche Ensanglantée sont toutes des Furies hominidés.

    • La Chef du Sept est la Mégalè Mètèr Oppis (Philodoxe) Theophano.

    • La Phulakousia, Gardienne du Caern est la Dèmiourgos (Gaillarde) Fatima Charme-Serpent.

    • La Maîtresse du Rite est la Dèmiourgos (Gaillarde) Ioannis Brise-Tombe.

    • La Gardienne des Portes est la Graia (Théurge) Cassia Nova.

    • La Gardienne du Pays est la Korè (Ragabash) Ballah Liberté.

    • La Maîtresse du Défi est la Guerrière (Ahroun) Ruth Face-aux-Cieux.

  • Relations

    A Alexandrie, les Furies ont des relations assez bonnes avec les Bubastis et des relations neutres avec les Ratkins (grâce à Smintheus, un aspect "Rat" du Frère d'Artémis, l'Archer de la Peste).

    Bien que membres de l'Alliance Ahadi, les Furies noires sont restées plutôt indifférentes aux "Sangsues" désorganisées d'Alexandrie et Ionna, le principal Vrykolakas. On les accuse même d'avoir fait un accord de non-agression avec ces Vampires, qui sont là depuis l'Empire romain.

    La priorité des Kères de l'Escalier de Sang est en effet la lutte contre les Danseurs de la Spirale Noire qui les ont déjà attaquées dans le passé et ont souillé le Naos. Elles mènent donc des expéditions à Dumyat (Damiette) auprès du petit Sept de la Dernière Pierre contre le Nid souillé des Sables Bouillants (Port-Saïd) et les manoeuvres d'Apophis le Ver à Tanta, où se trouve le petit Sept des Vents Etésiens et la Tour magique qui conduit à l'Am-douat (l'Umbra).

    Les Furies ont de bonnes relations avec d'autres Septs loups.

    Le Sept de l'Aurore Guérisseuse, est un groupe des Enfants de Mout et Geb (Gaia) à Qéna (l'ancienne cité Denderah d'Heth-Hert) en Haute-Egypte. Ce groupe comprend d'ailleurs une Furie noire, la Mère (Philodoxe) Jesal Voix des Sables, qui porte le hidjab (Rage across Egypt p.88).

    Les Furies étaient aussi alliées des Rongeurs d'os de Shagarat al-Durr au Caire mais elles restent neutre face à leurs luttes cruelles contre les Rongeurs des Ombres Murmurantes de Dar al-Salam, qu'on dit infectés par les Chacals. Elles ignorent aussi les Marcheurs sur Verre de la Barque Solaire au Caire et les Griffes Rouges des Sables Hurlants.

    Les Furies ont du respect pour les Arpenteurs silencieux et les aident quand ils passent dans la région. L'Egypte était leur patrie avant que la Malédiction de Seth ne les en chasse et qu'ils perdent le moyen d'y regagner la Gnose.

  • LES HAMAAL


    • Sources

      Supplément Changing Breed Book 1: Bastet, notamment les "Bubastis" (que nous appelons ici "Hamaal", la famille), pp.51-53.

    • Noms

      Hamaal est le nom que ces felins se donnent à eux-mêmes et qui signifient "ceux de la famille", descendants de Kümaa (Cymaa). En égyptien ancien, on les appelle Mau (chats). En grec ancien, on les appelle Ailuroi (Gata en grec moderne et Gatti en italien). En arabe, on les appelle Hirrah.

    • Le Kheuar

      Le Kheuar est la langue des Hamaal.
      Voilà juste quelques mots utiles :

      • Buree Pa : Un Secret appris à la fin d'un Rituel d'Initiation.

      • Caliah : la Tradition.

      • Chaya : Esprits de l'Umbra.

      • Dakat : les Corrompus (serviteurs d'Apep)

      • Djamaa : les Cousins, les Grands esprits.

      • Djamak : les Esprits mineurs.

      • Hansh : Duel.

      • Kuasha : Brume. Par métaphore, le Mentor d'un jeune Tekhmet.

      • Padaa : le sens de l'odorat et du goût dans les vibrisses.

      • Takhairn : Réunion de Clans (souvent à la Pleine Lune).

      • Taklah : Regroupement de Hamaal (éventuellement d'autres Tribus)

      • Tahla : un Secret caché dans une histoire ou une énigme. Le centre de la Caliah .

      • Yava : un Secret fondamental d'un Clan qui ne doit jamais être révélé à un profane sous peine de destruction du Clan.

      La société féline a aussi des strates sociales assez rigides :

      0 Naa (extérieurs)
      1 Tekhmet (jeunes)
      2 Akaa
      3 Tilau
      4 Ilani
      5 Bon-bhat
      Au dessus des Bon-bhats du clan se trouve l'un des "Kheper".

      Le Kheper (Scarabée/Devenir en égyptien) fait partie d'une demi-douzaine de chefs hamaal Immortels à la tête de ce peuple depuis les débuts de la Guerre contre Sutekh. Les Kheper ont une conception différente de la Maât et du Jugement que les Amenti. Ils disent qu'ils ont droit à "Neuf Vies" avant d'en tirer un "solde" total. Cela les rend moralement plus ambigus que les Amentis, car ils pensent qu'il y a 8 autres vies qui peuvent contrebalancer leurs actions. [Non-officiel, je trouve juste ça drôle]

    • Religion

      Les Hamaal en général adorent surtout la Lune (Seline, Aâh, Khonsw, Seléné) et la Triade des Jamaa (Cousins) : Nala (la Mère), Rah-djah (le Faiseur), Cah-lash (le Défaiseur).

      Rah -djah et Cah-lash sont appelés les deux facettes du Chat Cosmique, le "Roi-Chat". Contrairement aux Garous qui oppose la Nature à la Corruption de la Wyrm, les Hamaal voient dans le Père de la Nuit une séduction qu'ils gardent aussi en eux-mêmes, d'où leur dédoublement constant. La Corruption n'est pas seulement un Autre, elle commence dès le Soi.

      Les Hamaal descendent de leur grande Netjert (Déesse) Kümaa, fille de Nala, la "Chatte de l'Ombre".

      Ils identifient Kü-maa à la déesse égyptienne Ubastet (Bast), 

      Ils adorent aussi les Esprits astraux et les Planètes (y compris certaines qui ne furent révélées astronomiquement que bien des millénaires par la suite) : Gé (Terre), Akhnet (Horus, Mars), Djurina (Sebek, Mercure), Sabaal (Isis, Vénus), Pah (Némésis, Saturne), Siku (Osiris, Jupiter), Liau (Uranus), Kwa (Pluton).

      De nombreuses divinités égyptiennes sont aussi adorées par les Hamaal comme compagnons de Cymaa. Il y a Aker (sphinx de la terre), Apedamek (lion de guerre tricéphale), Bast(et), Bes, Mahes le lion (fils de Sekhmet), Mekhit (la Lionne), Menhyt, Mestjet, Pakhet la Déchireuse, Ré-Mau (le Chat de Ré qui coupe la tête du serpent Apep), les Routy (les Deux lions) adorés à Naytahut (Tell el-Yahudiya), Sekhmet (à Kom el Hisn), Seret, Seshmetet, Tefnut (à Tell el Muqdam), Tutu.

      La Grande Déesse Heth-hert (Hathor, épouse d'Heru) est aussi un aspect bienveillant d'Ubastet, d'Eset ou de la Déesse dangereuse (Tefnout, Sekhmet). On fait aussi un jeu de mots en adorant Bastet sous le nom "Ba-Aset" ("l'Ame d'Eset"), un aspect de la grande Aset Hekau-Werau.

    • Brève histoire

      Les Hamaal de Khem (Egypte) ne parlent pas de leurs origines. Ils disent qu'ils sont plus anciens en Khem que les humains. Ils vivaient avant l'ère dynastique avec leurs cousins, les mythiques Grands Chats de Kyphur, les mystérieux Chats d'Ulthar, les Mau sombres, tachetés et émaciés (felis catus), les felins des sables et des jungles (felis silvestris libyca), les grands chats sauvages (felis chaus), les Abyssiniens.

      Ils luttent contre les Penou (Rats) et surtout contre les Sethites, s'alliant aux Singes brillants (les humains de Khem), aux Osiriens, aux Chacals d'Anpu et aux Loups de Wepwawet (Arpenteurs silencieux). Ils ont même régné sur l'ancienne cité de Per-Bast (Bubastis) à la fin de l'époque pharaonique (22e-23e dynastie).

      Depuis des milliers d'années, les Chats de l'Ombre déclinent. Les Fidèles de Seth ont enlevé tous les chats de Kyphur et le sang des Hamaal devient incestueux et mourants. La culture des Hamaal est fondée sur la recherche d'un salut pour ce peuple agonisant et sur les Secrets qui les lient à la terre de Khem depuis des millénaires, les Talah et les Yava. On dit que les Sethites auraient gardé certains specimens de Kyphuriens pour faire chanter les Hamaal.

      Le culte du Yava est si important que les Hamaal ne parlent jamais directement. Ils utilisent toujours des métaphores, des périphrases, des énigmes. Le fait de révéler directement une vérité est considéré comme indécent.

    • Brève géographie

      En Egypte, les Mau étaient particulièrement puissants dans quelques villes du Delta dans le Bas-Pays.

      A l'est, à 10 kilomètres de Mit Ghamr, sur la rive orientale de la branche de Damiette du Nil se trouve Tell el-Muqdam (ancienne Ta-remou, "cité aux poissons", capitale du 11ème nome du nord, que les Grecs appelaient "Leontopolis", Cité des Lions), On y adorait Shou, Tefnout et Mahes le lion (Mihos en grec).

      A 80 km au nord-est du Caire, à la périphérie de la ville moderne de Zagazig se trouve Tell Basta (ancienne Pwr-Bast ou Per-Bast que les Grecs appelaient Bubastis.

      Bubastis (avec Tanis) fut la capitale de Basse-Egypte sous la 22e dynastie (vers 1000 avant JC, à la fin du Nouvel Empire). C'était une dynastie libyenne de Seshonq-Sichak, Osorkon,). Il y eut même sous la 23e dynastie un Pharaon Usermare-setepenamun Petubastis (vers 900 avant JC ?) qui porte le nom de Bast dans son titre.

      Per-Bast est la Maison de Bast, centre historique du peuple de Cymaa. C'est pourquoi les Garous comme les Arpenteurs Silencieux les appellent "les Bubastis" (même si nous avons préféré ici utiliser le nom en Kheuar d'Hamaal). La Cité fut détruite lors des invasions perses de l'Egypte (un coup des Ahl-i-Batin et Tâftani pour s'emparer de ses secrets ?), avant même la construction d'Alexandrie. Cependant les ruines de Tell-Basta demeure le plus grand centre de Tanières de Bast ("Den-realms"), les Nexus et Plans subtils des Mages hamaal.

    • Taklah et Tanières d'Alexandrie

      A détailler

lundi 11 juillet 2022

Campagne Momie : La Résurrection (2) Al-ʾIskandarīyah by Night


Al-ʾIskandarīyah (الإسكندرية) contient quelques esprits surnaturels, et des "Ghûls" (Vampires) dont voici quelques-uns : 
  • Ionna

    Sources : Voir World of Darkness, p.112, Rage across Egypt, p.50.

    Ionna est née à Alexandrie au début du VIIe siècle, avant la Conquête musulmane (et donc 300 ans après Hypatia). Elle fut vampirisée par Marcellus, un Artifex (Toreador, ce clan est aussi appelé plus tard les Mamelouks, non pas en hommage aux souverains turcs mais pour symboliser leur servitude vis-à-vis de leurs passions). Quand les derniers restes de la Bibliothèque furent détruits, elle rivalisa avec les Seshatu pour "préserver" le plus de livres. Elle possède encore à présent un fonds important qui a échappé à l'Ordre d'Hermès et à la Bibliothèque Posthume d'Hypatia. Depuis la fin de Marcellus, elle aurait pu devenir la Princesse d'Alexandrie mais n'est pas très intéressée par la domination politique.

    Elle vit sous terre, cachée avec ses livres. Elle est grande, élégante, belle, très calme et réservée mais garde encore un peu de curiosité pour la connaissance.

  • Seneca et les Lilim

    Sources: Cairo By Night, p.78-79 (voir aussi Angelique, p.153).

    L'ancien Clan Cappadocien (Qabilat al-Mawt, "clan de la mort" en arabe) a laissé quelques agents comme l'ancien Lazare (à Sainte-Catherine ?) ou Angelique, Reine de Saqqara. Seneca, protégée de Lilith, dirige les Lilim d'Alexandrie (Lilith elle-même étant au Caire). Leur but principal est de lutter contre le Clan Giovanni.

Avant de continuer ce cycle sur les Momies, j'ai décidé de faire un petit détour par Set/Sutekh, qui dans le Monde des Ténèbres était à l'origine un Vampire et non pas une vraie "divinité". Mais comme "Set" est aussi un dieu serpent dans Conan de Howard, ce "Set" est aussi associé à Apep/Apophis le Serpent (le Wyrm), qui est l'équivalent du Mal Corrupteur absolu dans cet univers pessimiste.

Set a fait l'objet de deux suppléments pour Vampire: The Masquerade ; Clanbook: Setites (1995) par Richard Watts, qui fut réadapté et remis à jour pour l'Année du Scarabée à thème égyptien en Clanbook: Followers of Set (2001) par Dean Shomshak. Entre temps, il y avait aussi eu un roman, Clan Novel: Setite (1999) par Kathleen Ryan, avec un protagoniste sétite nubien, Hesha Ruhadze (qu'on voit aussi sur la couverture du supplément de 2001). Kathleen Ryan doit aimer ce Clan car c'est aussi elle qui écrivit ensuite l'autre roman sur les Sétites à Constantinople au Moyen-Âge Dark Ages: Setites (2003).

Les Sétites ou Mesu Bedshet (Enfants de la Rébellion) sont un clan de Vampires "plus maléfiques que la moyenne" qui ont refusé de faire partie de la Camarilla de la Mascarade (l'organisation qui regroupe en gros les sept clans habituels des PJ, rebelles Brujah, bestiaux Gangrel, déments Malkavian, monstrueux Nosferatu, esthètes Toreador, mages Tremere et politiciens Ventrue) mais sans rejoindre non plus la faction opposée du Sabbat (encore plus organisé dans sa structure religieuse caïnite et dominé par les Lasombra et les Tzimisce). 

Ils sont donc indépendants, comme le clan des Ravnos d'Inde (clan qui a d'ailleurs aussi une section égyptienne dite "alexandrite" et qui se prétend descendre d'adorateurs d'Aton, qui aurait été adversaire à la fois de Set et d'Amon-Ré).

L'identité des Sétites est fondée sur la corruption. Leur but essentiel est de corrompre les individus ou les institutions, et ils se sont spécialisés dans les stupéfiants. Leur discipline appelée "Serpentis" consiste essentiellement à prendre certains pouvoirs des serpents comme un regard hypnotique, une peau écailleuse ou des crocs. Les plus puissants peuvent se transformer en cobra géant.

Vampire: The Masquerade avait une explication évhémériste (ou ici, "vampirocentrique") où tous les dieux égyptiens ne sont que des mortels divinisés (cela sera en partie atténué dans d'autres suppléments). Ra était donc un prince pré-dynastique et il aurait fait enterrer vivant Geb (qui fut donc associé à la Terre) et exposé Nout aux vautours (qui devint donc déesse du Ciel). Osiris fut vampirisé par "Typhon", un "Antédiluvien" qui serait le fondateur des Lasombra (mais le nom de "Typhon" fut ensuite repris par Set et devint simplement un titre dans l'organisation sétite). Tous les récits sur l'immortalité n'auraient donc été à l'origine qu'une mauvaise interprétation (ce qui est contredit directement ensuite par l'existence des "Momies" comme catégorie d'immortels séparés). Set, lui, aurait été vampirisé directement par Zillah, une épouse de Caïn (Zillah vampirisa aussi l'Antédiluvien des Nosferatu et des Assamites). Il aurait participé aux guerres des premières générations antédiluviennes et les Sétites sont allés jusqu'à prétendre qu'il aurait créé son propre lignage indépendamment de Caïn - ce qui expliquerait la croisade que le Sabbat, qui se réclame d'une forme de "caïnisme" orthodoxe, contre les Sétites.

Quand la Ligue Osirienne, Horus et ses Momies réussirent à vaincre le règne des Sétites, les "Sept Fléaux" (voir Mummy 1e édition), qui ont la même immortalité que les Momies, ne furent pas assez pour renverser le recul - et même Set semble redouter leur pouvoir. 

Une légende (dans la seconde édition) fait d'Alexandre un fils secret du dieu lui-même pour justifier sa conquête de l'Egypte. Le fils d'Olympias serait en tout cas adoré par le Typhoeum d'Alexandrie comme une sorte de Messie sétite. Les Enfants de Set prétendent avoir eu encore sous leur tutelle la dernière des Reines Lagides, Cléopatre VII (à ne pas confondre avec le terme des cleopatra, les Nosferatu nostalgiques de leur beauté perdue). Mais la seconde édition, corrigeant le vampirocentrisme, dit que c'est sans doute du wishful thinking, même si le suicide par serpent renverrait bien à un rituel ophidien.

L'invasion romaine fut la fin de leur hégémonie dans la région mais ils restent plus puissants en Afrique du Nord. Le Moyen-Orien est plutôt sous le contrôle de la Secte des Assamites (Banu Haqim). Ils gardent une grande influence en Egypte moderne et manipulaient la junte militaire. Le culte Abd-al Sobek adore une version de Sobek, le dieu crocodile (qui n'est pas le même aspect que celui adoré par les Mokolé) dans la région du Faiyoum (l'ancienne Crocodilopolis). Le culte hédoniste de Taweret est caché dans l'Oasis de Kharga, au sud-ouest dans le désert libyen. Le culte de Typhon Trismégiste est une organisation occulte. Le Culte des Soeurs de Sekhmet, regroupe des Sétites plus "féministes" qui essayent aussi d'infiltrer les autres Clans (et là encore, cela n'a rien à voir avec les Bubasti félins-garous).

Dans d'autres zones, on trouve aussi les Enfants de Damballah. Ils ont aussi infiltré les sectes vaudous en Haïti - et Raspoutine aurait aussi été une goule Sétite en Russie, même si la Russie est plutôt sous le contrôle des Brujah. Un groupe d'ex-Setites, les Serpents de la Lumière ont rejoint le Sabbat.

dimanche 10 juillet 2022

Campagne Momie : La Résurrection (1)

L'univers de jeu de rôle World of Darkness, centré sur les Vampires, a tenté plusieurs versions de jeu sur les Momies : une première édition par Stephan Wieck en 1992, une deuxième édition par Graeme Davis en 1997 et l'édition "La résurrection" en 2001 dont je vais parler. Puis après la chute du Monde des Ténèbres, il y eut une seconde version, "La Malédiction", Mummy: The Curse (1e édition 2013, 2e édition 2021), que je n'ai pas vraiment étudié (mais où les momies sont censées se rattacher à une civilisation magique antédiluvienne, pré-dynastique, "Irem"). 

Mummy n'a jamais été un grand succès dans ces gammes, sans doute en partie parce qu'elle détonne, elle n'entre pas bien dans les catégories de l'Horreur personnelle et du "Monstre Intérieur" de VampireWerewolf, Risen, ou Wraith. C'est bien plus clairement un jeu de rôle de superhéros puisque l'Immortalité y a moins de pathos et est plus liée à un combat plus "manichéen" contre Set et Apophis. Cela me paraissait plus jouable et plus simple que Wraith, où le fait de jouer aussi ses angoisses et refoulements me semblait assez difficile. 

Les Parties du Soi et l'Immortalité

La 3e édition partait de l'idée qu'on joue un être double : un humain contemporain qui partage son identité avec des portions de l'âme d'un mage ou d'un guerrier d'Horus et d'Isis de l'Antiquité. On n'est donc pas exactement un Egyptien immortel invincible comme dans les deux premières éditions mais pas non plus un Nephilim parasitant un corps, on est plutôt une symbiose entre deux êtres : la partie égyptienne antique est venue compléter et ressusciter la partie contemporaine et cela crée une fusion entre les deux parties distinctes de sa personnalité. Un avantage à cette dualité est qu'on peut choisir de jouer un Egyptien de l'Antiquité tout en donnant des explications sur le fait qu'on ignore ce qu'il devait savoir ou qu'on ne partage pas toutes ses valeurs si on le désire. 

Tout le jeu repose sur 5 parties de l'âme (en plus du Nom et du Corps) : le Ka (l'âme qui cherche à préserver le Corps), le Ba (qui préserve l'identité psychologique), le Sah(u) (l'esprit comme conscience morale), le Khu (selon le jeu, la créativité) et Khaibit (l'Ombre des pulsions). Chaque partie humaine a dû manquer d'une de ses parties pour être complétée par celle de la Momie. On peut aussi jouer des "incomplets". 

Un trait particulier des Momies du jeu est qu'elles ne peuvent (pour la plupart, sauf les Incomplets) régénérer toute leur énergie (leur "Equilibre") que si elles sont dans le Croissant Fertile, ce qui a dû nuire au jeu : on ne peut jouer en campagne qu'en demeurant dans le cadre du Moyen-Orient entre l'Egypte et l'Irak à peu près (même s'il existe des extensions pour jouer des momies de sociétés précolombiennes ou chinoises). 

Alexandria (al-ʾIskandarīyah) By Night

J'avais pris en 2003 des notes pour préparer une campagne à Alexandrie (Voir Mummy p. 162-163) mais hélas, la plus grande partie des notes conduit maintenant à des pages qui n'ont pas été archivées (ce qui est une jolie mise en abyme de la sublime perte d'informations à travers les sédimentations des sables d'Egypte et la destruction de la Bibliothèque). 

Un des thèmes de la campagne d'Alexandrie est que Hypatia, la mathématicienne rendue célèbre par Promethea et Agoraest une Fantôme qui règne sur un autre Plan sur la Bibliothèque de l'Hadès (ou le Musée des Cendres). 

Dans le Monde des Ténèbres, les objets qui sont très désirés, convoités, adorés, valorisés peuvent aussi laisser une empreinte psychique et donc une sorte d'Ombre ou de Fantôme. C'est assez rare car le Plan des Ombres est fait d'esprits quasiment uniquement, sans aucun objet en dehors d'une poignée de reliques légendaires. Mais la Bibliothèque d'Alexandrie est l'un de ces rares "objets" fantasmatiques qui subsiste sur un autre plan après sa crémation dans le monde matériel. 


Hypatia était fille du géomètre Théon, dernier dirigeant du Mouseion d'Alexandrie dans les dernières années de l'Empire romain. Elle était païenne, néo-platonicienne, mathématicienne et astronome. On dit qu'elle était mariée au philosophe Isidore mais aussi qu'elle était vierge. Les Chrétiens d'Alexandrie lui reprochaient surtout d'avoir trop d'influence sur le Préfet Oreste (et de l'avoir ensorcelé). Pendant Carême de l'An 415 de notre ère, une foule de Chrétiens menés par le nouvel évêque Saint Cyrille (XXIVe Patriarche) vinrent chercher Hypatia, après une émeute contre les Juifs de la ville. Ils l'accusèrent d'idolâtrie et de sorcellerie. Elle fut lacérée et déchiquetée avec des tessons (ou selon certains, avec des coquillages) dans l'Eglise du Caesarium et ensuite brûlée.

C'est alors que commence une nouvelle période dans l'existence d'Hypatia [Ce qui suit est librement inspiré du supplément Wraith: Hierarchy, p. 22, p. 99].

Hypatia reprit conscience, encore pleine de plaies et de haine, dans une zone morne des Ombres, qu'elle appela "la Prairie des Asphodèles" (Asphodelos Leimôn) en reprenant le nom que lui donnait Homère. Elle reconnut là la triste pénombre qui n'est ni le Tartare ni les Champs Elyséens, mais la grise langueur de l'Hadès.

Elle descendit la Tempête des Âmes avec les Faucheurs et les Psychopompes, vers la Cité StygienneCharon en personne, le Psychopompe et le Caesar de cette cité infernale, l'accueillit.

La culture d'En-Bas reflète celle d'En-haut. Charon fut un despote oriental, un Premier consul puis un Empereur. Par la suite, il divisa même son autorité entre ses vassaux quand les mortels développaient la féodalité. La modernité n'arrive que lentement dans les Ombres. 

Comme Hypatia d'Alexandrie était morte de manière particulièrement violente, elle aurait dû rejoindre la Légion Terrible, les cohortes du Sénateur Souriant sur son Trône des Eaux Brûlantes. Mais c'était la prérogative de la Dame du destin ou de l'Imperator Charon de choisir certaines Âmes en Peine et de les retirer du sort commun des trépassés.

Tous les morts n'arrivent pas jusqu'à la Cité stygienne. Certains se perdent pour toujours. D'autres, si on croit des Hérésiarques, atteignent d'autres domaines ou la Transcendance. Charon n'avait pas d'Aristote ou d'Appolonios de Rhodes dans son Sombre Royaume pour la relique ptolémaïque.

Il avait donc une mission à confier à Hypatia : la Bibliothèque stygienne, registre des ouvrages disparus et des fantômes écrits. Hypatia accepta avec plaisir et s'enferma dans l'énorme Bibliothèque et elle est devenue la gardienne des plus grands secrets détruits par les vivants.

mercredi 6 juillet 2022

Des cartes et des cadres

  • Emiel Boven est un illustrateur qui a publié de nombreux modules OSR avec son système original et j'aime bien cette petite carte de son monde d'Orn, dans le genre de science fantasy de la Terre Mourante. Les gouttes d'Encre des Anciens sont devenues la ressource la plus importante. Les sorciers doivent brûler et inhaler des encres noires pour contrôler les sorts d'autres plans et on rencontre des armes étranges comme ces pistolets à champignons qui paralysent les organismes. 
  • Mad Crow, qui est aussi illustrateur, donne quelques conseils sur la création d'une ville de fiction (et d'autres sur les fonctions des factions). Il cite notamment la métaphore d'Abel Wolman selon laquelle il faut prendre une ville comme un "organisme" qui a un métabolisme, qui doit avoir ses sources d'alimentation et ses moyens de traitements des déchets. Il renvoie aussi à une vidéo de la Maîtresse de Jeu Dael Kingsmill qui résume les étapes d'une ville avec un acronyme comme les Américains en raffolent dans leurs méthodes mnémotechniques, "SPERM" (social, politique, économique, religieux, militaire, mais on aurait pu aussi avoir culturel et artistique). 
  • Mad Crow m'a fait découvrir ce petit générateur aléatoire de panthéons par James Holloway pour univers fantastiques (24 pages, 4 euros). 
  • Faisons un petit essai en se contentant d'un panthéon et sans tirer ensuite les détails sur les rituels et les temples : il y a 7 dieux et leur aspect est absolument non-anthropomorphique, généralement géométrique, liés à 7 symboles sacrés : 



    1. Une Grande Ancienne qui s'est pris de compassion pour les mortels et leur enseigne à lutter contre les Monstres extra-cosmiques comme elle. (archétype Monster slayer + Mother)

    2 Le Grand Ancien Contemplatif, qui se désintéresse du monde matériel jusqu'à la fin des temps où il le supprimera, sans doute l'ex-mari de la précédente. (archétype Celestial + Scourge)

    3 La Lente érosion (le temps, l'air et l'eau), force de la nature et créatrice des Lois. 

    4 Bodhisattva de la compassion inconditionnelle. (archétype Physician + Apotropaïque)

    5 Le soleil de la vérité et dieu de l'Hospitalité. 

    6 Le Sage des mystères terribles, Héraut divin (peut-être lié au Grand Ancien contemplatif)

    7 Fécondité, ivresse et festin, second Messager divin. 

    Pas mal, assez ingénieux pour un générateur aléatoire mais cela pourrait manquer de "systématicité" ou se répéter (il y a 16 archétypes x 6 particularités). 

    La catharsis et la psychose dans les comics

    Une des raisons pour lesquelles nos critères de goût sont si relatifs est qu'ils évoluent à partir des hasards et des circonstances. Selon l'ordre contingent de succession des oeuvres qu'on rencontre, le surprenant de l'un devient une platitude pour l'autre, le frisson de l'un devient le lieu commun dès que le contexte a changé. 

    Et ici en l'occurrence, je crois que des types de protagonistes ou antagonistes "fous" qui sont censés causer de l'empathie peuvent devenir un obstacle à toute "catharsis" de la fiction à force d'être trop utilisée. La contradiction de la psychose est qu'elle doit pousser à éprouver de la pitié envers le personnage mais elle retire aussi une partie de l'identification envers les personnages dans les fictions populaires récentes et dans les comic books dans la distance entre la folie et la "normalité". C'est la même contradiction dans tout "bouc-émissaire" (φαρμακός) dont parlait Northrop Frye dans l'Anatomie de la Critique, compassion ambiguë accompagnée de rejet et de distance. 

    Comme je ne connais rien aux débats sur l'esthétique et la réception des fictions, je vais enfoncer des portes ouvertes ou être déjà dépassé mais je trouve assez plausible une sorte d'évolution de ce genre dans les protagonistes des fictions (évolution que j'ai trouvée la première fois, si je me souviens bien, dans un article dans Esprit sur Les Bienveillantes de Jonathan Littell ?) : 

    1. Dieux. 2 Héros. 3 Humains. 4 Martyrs. 5 Anti-Héros. 6 Fous. 

    L'épique était passé du divin au héros dès la naissance de la littérature et il devient de plus en plus difficile de mettre en scène des dieux (même s'il en reste des traces dans le fantastique, chez Neil Gaiman par exemple qui aime jouer sur le sublime de Divinités complètement inhumaines sans être des monstres lovecraftiens). 

    Le romanesque est passé du héros à l'humain ou aux victimes, sources d'empathie. Le héros était trop suspect, il cachait quelque chose. La victime était plus "pure". 

    Mais la fiction contemporaine se méfie tant du mythe du héros et même d'une supposée innocence de la victime qu'on est passé (peut-être temporairement) au anti-héros, au Bourreau et ensuite au psychopathe, au tueur en série ou au personnage à identité dissociée. 

    Le Fou est en un sens à la fois anti-héros et victime, suffisamment actif pour ne pas être seulement victime et suffisamment irresponsable pour ne pas assumer toutes les conséquences de ses actions. Ce sont les tréfonds biographiques de l'histoire individuelle qui remplacent maintenant le Destin. Il n'y a plus de Démon et plus que de la psychologie, une succession de causes à la place du choix de son caractère. Notre horizon métaphysique est notre mélancolie face à la facticité de notre Moi empirique. 

    On regrettait le manichéisme des antagonistes de fictions populaires et on les juge psychologiquement trop simplistes, trop prévisibles, trop ennuyeux ou trop mélodramatiques. On ne veut plus de "banalité du mal" au sens d'un intérêt jugé trop trivial. Il faut à présent soit un Anti-Héros (depuis l'époque romantique et le beau ténébreux byronien) soit, de plus en plus, quelqu'un qui incarne une sorte de victime de son propre mal, l'Insensé, capable d'aller encore plus loin dans le mal tout en jouissant le bénéfice d'une sorte d'innocence car il n'est pas jugé comme le vrai auteur de son mal. 

    Samuel Butler avait annoncé dans sa satire Erewhon (1872) une société où le déterminisme scientifique nous conduirait à renverser la distinction entre le mal moral et le mal physique, entre le crime volontaire et la maladie qu'on subit. Mais Butler avait-il deviné que son humour toucherait si juste ? On a des idées un peu confuses où on croit à la fois au libre arbitre et à des formes de déterminismes par les privations et traumatismes enfantins mais cette part de psychologisme a enflé dans la fiction du XXe siècle. On était censé s'effrayer de Norman Bates dans Psycho mais il devint ensuite le centre de plusieurs suites et plusieurs films d'horreur se sont inversés du frisson des transgressions vers l'effroi devant les traumas du criminel. Fantomas nous paraît trop froid dans sa malfaisance et on veut le passé torturé d'un Dantès. 

    Je trouve les protagonistes tueurs en série très ennuyeux parce que ce type de catharsis ambiguë me répugne mais il paraît clair que ce n'est pas le cas de la plupart en ce moment, c'est devenu un modèle de plus en plus influent dans la fiction de série comme dans Dexter (8 saisons, 2006-2013), Hannibal (2013-2015), ou récemment Born to kill (2017) ou You (3 saisons pour l'instant, 2018-). Le protagoniste tueur permet de jouer sur deux tableaux : le public se décharge en même temps de son ressentiment, de sa haine, de son désir sadique et non plus seulement de sa pitié, il veut être à la fois le bourreau, ressentir l'angoisse face à cette part en lui et avoir peur pour lui qu'il ne se fasse capturer, tout en se rassurant qu'il mérite de l'être. 

    Si on reprend des modèles antiques des tragédies qui ont servi à former les concepts de catharsis dans l'empathie de réception, on admirait le courage d'Antigone, on pleurait pour l'innocence de victimes du destin comme Iphigénie et à présent le vrai modèle moderne serait plus la folie d'Ajax ou peut-être de Médée (mais cette dernière garde une conscience du mal radical). 

    Le personnage de Batman résume bien cette évolution, du héros simple de pulp à la victime de son ressentiment, enfermé dans son passé, puis vers un miroir de plus en plus redondant du Joker en psychopathe. Le Joker devient donc le centre et soit il n'est plus qu'un dieu du Chaos qui semble transcender le bien et le mal, soit on va s'attarder sur son individualité pour en faire la source de catharsis en clown triste. On voit des adolescents ou jeunes hommes s'identifier à l'anomie nihiliste du Joker plus qu'au fantasme fascisant habituel de la puissance ou de la vengeance du Vigilante. Des histoires où Batman n'est pas dans une relation de dépendance ou de complémentarité pathologique avec le Joker redeviennent plus frappantes. Two-Face était un personnage assez original à sa création en 1942 alors que les personnalités multiples sont maintenant devenues un cliché répétitif. 

    J'ai déjà parlé des difficultés que les scénaristes ont pour traiter un personnage sans hubris comme Superman. Et je pense que Wonder Woman est un peu dans la même situation que Superman : ils ne savent pas la rendre intéressante sans vouloir en faire avant tout une guerrière agressive et perdre son idéalisme jugé trop angélique et ennuyeux. Ses ennemis psychopathes finissent donc toujours par l'éclipser. Le run récent de Mariko Tamaki (Wonder Woman #759-769 en 2020-2021) était plus dans la tête d'une enfant psychopathe (Liar Liar) pouvant contrôler l'esprit des autres et WW n'y était plus qu'une thérapeute un peu impuissante face à cette folie, ce qui répète sa relation à d'autres personnalités multiples dans sa série, de Cheetah à Silver Swan. 

    On peut citer d'autres exemples de ce centre de la Folie par rapport aux antagonistes traditionnels. Dans les X-Men, une fois que Magneto est devenu un vilain plus ambigu et que Claremont a fait du chantage émotionnel en en faisant une victime du Génocide au lieu d'être un Génocideur, c'est le personnage du Professeur Xavier qui est devenu son principal adversaire avec des personnalités multiples. Hulk avait une double personnalité depuis le début en imitation de Jekyll et Hyde, mais ensuite un de ses principaux ennemis était une version alternative de lui-même (Maestro). 

    Dans les films de Spider-Man, les scénaristes n'avaient pas pu s'empêcher d'ajouter encore des antagonistes avec des personnalités multiples (Dr Octopus et pas seulement Green Goblin ou le Lizard). Dans les comics en revanche, Dr Octopus (dont le nom même de pieuvre devrait être une métaphore pour l'unité de la volonté en-deçà de la multiplicité des affects) est resté plus "rationnel" mais est devenu un anti-héros ambigu qui sert à montrer les bons côtés de Spider-Man par ses méthodes expéditives. 

    Un ennemi simplement immoral mais rationnel en deviendrait presque plus rafraîchissant à présent. Il y a eu des cas depuis Ozymandias et on peut penser que le calcul utilitariste demeurera une source d'histoire chez certains personnages. Dans les Fantastic Four, par exemple, il y eut certes des histoires sur la possession de l'Invisible en fantasme sur l'hystérie (de même pour la possession du Phénix Noir ou de la Sorcière Rouge où on rejoue à chaque fois l'extime shakti de la Déesse terrible) mais globalement, Reed Richards demeure plutôt un excès de rationalité, tempérée par son affection pour la famille et pour l'ancrage émotionnel des autres personnages plus humains. 

    mardi 5 juillet 2022

    Pire règle de jeu de rôle ?

    Je sais qu'on ne critique pas les loisirs des autres mais cette campagne de jeu de rôle (qui se vante d'être la plus longue campagne en continu qui n'a jamais connu de hiatus en 40 ans et dont le temps s'écoule de manière proportionnelle au temps réel) utilise une règle vraiment draconienne : si un personnage meurt, le joueur est exclu de cette campagne et ne peut pas y rejouer, le départ du joueur est aussi définitif que la mort du personnage (en fait il y a une exception "dynastique" à cette fin comme dans Pendragon : le joueur peut continuer s'il a des personnages descendants en âge d'être joués ou si un autre joueur est prêt à lui donner un de ses descendants). 

    Sa campagne peut se le permettre comme il dit avoir une cinquantaine de joueurs simultanément (voir sur Wired ou avant chez CNN (traduction) ou avant sur le podcast Wizards). Il dit maintenir un rythme avec parfois plusieurs parties en une semaine. 

    D'habitude, je déplore mon trouble d'attention qui fait que je n'arrive pas à me stabiliser sur un jeu mais là, je suis un peu déconcerté par cet excès inverse de ne jamais essayer aucun autre jeu de rôle en 40 ans. C'est une persévérance admirable mais aussi une rigidité un peu contraire à l'idée même de "jeu", au point qu'on glisse vers un rituel religieux. Personnellement, cela me gâcherait tout plaisir à y participer. 

    Une autre règle plus amusante de son jeu est que bien que le jeu soit basé sur D&D les sortilèges ne peuvent être lancés qu'une fois PAR NIVEAU et non pas par jour (mais il est vrai que les montées de niveau ont l'air d'être aussi plus faciles). Les PJ magiciens doivent avoir une émotion plus singulière à se dire qu'ils ne récupéreront pas leur sort de toute la séance de jeu. Cela ne peut être adapté qu'à un jeu de campagne régulier. 

    Add. J'ai une impression de "Déjà Vu" et je pense que j'ai dû entendre parler de cette campagne il y a quelques années, sans doute chez Imaginos ?

    lundi 4 juillet 2022

    Accessoire rhétorique



    Marcus Porcius Cato le Censeur (né en 520 après la fondation de Rome (-234), mort en 605) aurait prononcé, dit-on, un discours contre Carthage (à une date inconnue, entre son ambassade de 601 et la Troisième Guerre punique de 605) où il usa d'un "prop", d'un accessoire pour frapper les esprits. 

    Il aurait pris avec lui des figues africaines (ou du moins le prétendit-il) dans le repli de sa toge et les auraient fait tomber devant les Sénateurs. Alors que les Sénateurs regardaient les fruits qui roulaient dans la Curie, il en vanta la fraîcheur et la rondeur et tous convenaient qu'elles devaient avoir été cueillies depuis peu. "C'est qu'elles viennent tout droit de Carthage et songez qu'elles n'ont été cueillies qu'il y a 3 jours, trois jours, tant leur Cité est proche de nos Murs. Delenda est Carthago.

    Et les Sénateurs regardèrent soudain ces belles figues puniques si mûres comme des traits mortels.  

    On peut supposer que Colin Powell avait imité cela avec sa tristement célèbre fiole où il prétendait avoir les preuves des Armes de Destruction Massive des Irakiens. 

    Voir Plutarque, Vie de Caton, 27. 

    Πρὸς τούτοις φασὶ τὸν Κάτωνα καὶ σῦκα τῶν Λιβυκῶν ἐπίτηδες ἐκβαλεῖν ἐν τῇ βουλῇ, τὴν τήβεννον ἀναβαλόμενον, εἶτα θαυμασάντων τὸ μέγεθος καὶ τὸ κάλλος, εἰπεῖν ὡς ἡ ταῦτα φέρουσα χώρα τριῶν ἡμερῶν πλοῦν ἀπέχει τῆς Ῥώμης. Ἐκεῖνο δ´ ἤδη καὶ βιαιότερον, τὸ περὶ παντὸς οὗ δήποτε πράγματος γνώμην ἀποφαινόμενον προσεπιφωνεῖν οὕτως· ‘δοκεῖ δέ μοι καὶ Καρχηδόνα μὴ εἶναι’.

    Le texte grec dit donc "Je pense que Carthage n'a plus à exister", ce qui est plus radical peut-être encore que "Je pense que Carthage doit être détruite."

    Et Pline l'Ancien commente (Histoires naturelles XV, 20) qu'un simple fruit fit plus pour la ruine de Carthage que tous les souvenirs de Cannes ou de Trasimène : 

    Sed a Catone appellata iam tum Africana admonet Africae ad ingens docimentum usi eo pomo. Namque perniciali odio Carthaginis flagrans nepotumque securitatis anxius, cum clamaret omni senatu Carthaginem delendam, adtulit quodam die in curiam praecocem ex ea provincia ficum ostendensque patribus: "Interrogo vos," inquit, "quando hanc pomum demptam putetis ex arbore." Cum inter omnes recentem esse constaret: "atqui tertium," inquit, "ante diem scitote decerptam Carthagine. Tam prope a moeris habemus hostem!" statimque sumptum est Punicum Tertium Bellum, quo Carthago deleta est, quamquam Catone anno sequente rapto. Quid primum in eo miremur, curam ingeni an occasionem fortuitam, celeritatemque cursus an vehementiam viri super omnia est, quo nihil equidem duco mirabilius, tantam illam urbem et de terrarum orbe per CXX annos aemulam unius pomi argumento eversam, quod non Trebia aut Trasimenus, non Cannae busto Romani nominis perficere potuere, non castra punica ad tertium lapidem vallata portaeque collinae adequitans ipse Hannibal. Tanto propius Carthaginem pomo Cato admovit!

    samedi 2 juillet 2022

    Le saint et le dionysiaque

     Anecdote trouvée là. 


    Un jour des fidèles et des pèlerins vinrent voir le Père Paisios (1924-1994) sur le Mont Athos. Ils se réjouissaient parce qu'un moine venait de mourir et qu'ils étaient scandalisés par son ivrognerie. Ce moine était un alcoolique qui buvait trois verres de raki chaque jour et il était cause de troubles dans tout le monastère. 

    "Je sais qu'il est mort car j'ai eu la vision que les Anges venaient en personne pour accueillir ce moine au Ciel."

    Ils se scandalisèrent et lui dirent qu'il devait se tromper ou ne pas bien savoir de qui on parlait. 

    "Quand il était encore un nourrisson en Asie Mineure pendant la destruction de la communauté grecque, ses parents craignaient qu'il ne leur soit enlevé par les soldats turcs, ils le gardaient avec eux pendant les moissons et ils mettaient du raki dans le lait de son biberon pour qu'il dorme et se tienne tranquille sans faire de bruit. Il passa toute son enfance et son adolescence dans l'alcool mais il vint au Monastère pour lutter contre ses passions. Ce fut une vie difficile mais il réussit à réduire sa dépendance petit à petit. Il buvait vingt verres chaque jour quand il est arrivé, plus que 19 l'année suivante, et plus que trois quand il est mort, même si c'était encore assez pour l'enivrer. Vous, gens du Monde, vous n'avez vu qu'un moine ivrogne. Dieu, lui, voyait d'où il venait et où il était arrivé. Quel droit avons-nous de juger sans savoir ce qu'il a tenté de faire ? "


    (Mais ce Paisios de Cappadoce, lui-même exilé d'Asie Mineure dans son enfance, n'a pas toujours su adopter ce Point de Vue Autre du pardon et semble avoir défendu par ailleurs des thèses politiques réactionnaires et bellicistes où les Grecs devaient reprendre le contrôle des territoires perdus)