jeudi 21 juillet 2022

Campagne Momie (4) Les Scribes de Seshat

A Alexandrie, une des nombreuses sociétés secrètes de magiciens est la Maison de Shaea (Per-Seshat), qui a rejoint l'Ordre de Hermès. 




Les Shaea sont des Archivistes, en majorité féminine, la magie des scribes et de l'écriture.

Mais bien que cette organisation ne se soit développée dans l'Ordre Hermétique que depuis quelques années seulement, c'est une tradition très ancienne, précédant même l'Ordre d'Hermès de plusieurs siècles.

  • Ab Initio

    Le lointain passé se perd dans les archives des Seshetu et, comme ils le disent, "le Passé n'est pas, il n'est que dans nos roseaux et quiconque maîtrise les registres de Clio nomme le Passé, forme le Présent et contrôle le Futur".


    Selon la Tradition historique, le Pharaon Âa-kheper-ka-Rê Thoutmôsis Ier (Dhwtj-ms, XVIIIe dynastie, vers -1493 à -1481?), "Né de Thot", conçut avec la reine Ahmès une fille, la fameuse Hatshepsout (Hatshepsut, "Première des Nobles Dames"), et plus tard il avec la reine Moutnéfert un garçon, Thoutmosis II. La Reine Maât-ka-Rê Hatshepsout fut nommée Epouse et Co-Régente de son jeune demi-frère Aakheperenrê Thoutmosis II, avec qui elle n'eut qu'une fille. Hatschepsout se déclara Fille d'Amon-Ré, disant que sa mère Ahmès avait été visité dans la mammisi (sanctuaire d'accouchement). Thoutmosis II conçut un fils avec une concubine nommée "Eset", comme la Déesse, et ce garçon devint Thoutmosis III. A la mort de son père, Thoutmosis III le Conquérant partagea le pouvoir pendant vingt années avec sa tante et régente, la Reine Hatshepsout. Ce sont ces deux Rois Divins qui organisèrent il y a 3500 ans, malgré leur rivalité grandissante, la Grande Convocation des Mages et créèrent les deux Ordres rivaux, le Roseau de Djehuti et la Coupe d'Eset, qui devait être les ancêtres de toutes les Sociétés occultes.

    • Avec la mort d'Hatshepsout (entre 1458 et 1445 selon les chronologies), les premières guerres hermétiques commençaient et Thoutmosis le Conquérant fit détruire des traces du règne de sa Régente et tenta de faire oublier ses réalisations en effaçant son Nom sur les monuments. C'est à cette époque que se développent les activités occultes de la Per-SeshetaMaison de Seshat, Netjer des Bibliothèques, Parèdre de Thehuti et Fondatrice des Hiéroglyphes.

      A l'origine, les Prêtresses ne s'occupent que des fonds des registres de la "Maison de Vie", les temples d'Aset et d'autres déesses comme Nit (Neith), Nebt-Het (Nephtys), Serket (Selqat).

      Elles pratiquent notamment la magie à Khemenou (la "Cité des Huit", site sacré de Djehuti, Hermopolis Magna, actuelle al-Achmounein) et commencent à répertorier les Vrais Noms (REN).

      Les sociétés occultes devaient se multiplier par la suite et on dit même que le Roi hérétique Akhénaton organisa vingt-deux sociétés d'arcane (les "22 Lames") à partir du Roseau et de la Coupe.

      Sous son règne, vers 1350 avant notre ère, l'Hymnode (le Chantre, "wrt-hnr") d'Aton Mentu-hotep découvrit une nouvelle forme de magie. Elle était inspirée des mystères d'un étranger nommé "R'pet", "Orpaïs" ou "Orphée" qui accomplit la Quête de Wsir et eut une Ascension en finissant démembré comme lui dans la Rivière de la Renaissance.
      Ce Mystère était fondé non sur le langage comme chez les Sesheta mais sur la Musique, sur l'Harmonie Céleste des Sphères, sur l'Unisson des voix de l'Un. La société monothéiste devint la "Congrégation Consacrée d'Aton", qui existe encore sous la forme Copte et Soufie des "Choeurs Célestes" (notamment à Sainte-Catherine, dans le Sinaï).

      Puis, avec la fondation de la Grande Bibliothèque d'Alexandrie par le Roi Ptolémée, de nombreuses Seshetou vinrent travailler dans le nouveau port méditerranéen. Auprès des Juifs, des Hellènes et des Barbares,astrologues chaldéens, Mages perses, sorciers nubiens, elles mêlèrent les secrets de Thot à la Kabbale des Baal-shem, aux théurgies et invocations du Roi Salomon ("Suleiman ben Daoud, lieur des Djinns").

      Mais ce n'est que beaucoup plus tard, après la Destruction du Temple et la Galut (Diaspora), qu'elles commencèrent à systématiser avec la tradition du Zohar le Notaricon (grammatologie des Anagrammes et Acrostiches), le Temura (science des permutations alphabétiques et de la cryptographie) et la Gematria (arithmologie des valeurs numériques des Lettres).
      Elles découvrent les luttes hermétiques entre les Acousmatiques et les Mathématiciens, les Héritiers de la sorcière Médée et ceux de l'ingénieur Daïdalos, le Verbe et la Raison, deux faces du Logos. C'est le Grand Accord des Vingt (cénacle dont font partie les Seshetou) qui va organiser la synthèse alexandrine pendant quelques siècles.

      Les Seshetou apprennent autour du Mousaïon et du Serapeum les secrets du Logos, les langues, les codes, les déchiffrements, le Ha-Shem (Tetragrammaton, "Le NOM").
      Pour la première fois, elles se rapprochent de cultes allogènes d'Isis (nom grec qu'Eset) et de ce qui va devenir l'Hermétisme, les Révélations d'Hermès Trois-Fois-Grand, le syncrétique "Thot-Hermès-Mercure".

      Cette ère de gloire va durer jusqu'à l'arrivée des Romains puis des diverses sectes chrétiennes puis musulmanes qui vont persécuter les Prêtresses de Seshat et les anciennes croyances païennes.

    • Ages sombres

      Aussi bien les "auto-da-fe" de l'Empereur Théodose que la Crémation de la Bibliothèque par les Musulmans en 642 ont laissé des traces profondes sur la Maison de Seshat.

      Elles rient des sorcières Verbena qui pleurent encore les bûchers de l'Inquisition, car elles ont vu des Holocaustes de livres irremplaçables. Elles ont dû se cacher et les hommes membres de la Société avaient un peu plus de latitude que les femmes pour continuer la Tradition.

      C'est aussi l'époque des Djinni et la Connaissance des Vrais Noms aida beaucoup les Shairs Ahl-i-Batin et Taftani à vaincre les Tyrans Invisibles et autres génies.

      Quand les Rois Mamelouks régnèrent sur al-Misr (l'Egypte), ils prirent connaissance des travaux de mages alchimistes hermétiques. A la mort du Roi Farag Ibn Barqouq (1398-1412), le nouveau monarque el-Mouayed (1412-1421) fit poursuivre les Mages en Egypte pour avoir la Pierre Philosophale et le secret de la Transmutation. Plus tard, le célèbre roi Qaït Bey (1468-1498) fit même tuer les alchimistes qui échouaient à lui fabriquer de l'Or !

      C'est à cette époque, en 1412 AD (814 Hijra), que les Sesheta décidèrent de postuler à l'Ordre d'Hermès pour obtenir protection et information.

      L'Ordre était une nouvelle résurgence de l'ancien culte syncrétique, (re)fondée sous l'Empereur Charlemagne. Les membres étaient surtout centrés chez les Franjs d'Occident, notamment dans le Saint Empire Romain Germanique mais ils commençaient à avoir des contacts plus étroits avec les Turcs et le Levant.

      La petite société secrète dirigée par la Grande prétresse Fatima Baijani ne se rallia que comme un ordre mineur dans l'hétéroclite Maison dite Ex Miscellaneis, qui réunissait des rebouteux et sorciers sans lignage hermétique clair.

      On dit que Fatima Baijani et les Seshetou furent insultées de ne pas obtenir le statut de Maison au Conseil du Tribunal de l'Ordre. Elles étaient encore peu nombreuses et devaient rester "in caligine" (dans l'ombre, une devise de l'Ordre) pendant encore quelques cinq siècles.

      Mais dès cette époque, alors que les Turcs prenaient Constantinople, les Sesheta participèrent à l'un des plus grands projets de l'Ordre, la construction en un autre monde du Sanctuaire de l'Horizon.

      Plusieurs Traditions s'y liguèrent pour y protéger la Magie qui quittait Malkut (le monde matériel). Les Hermétiques réunirent ce qu'ils avaient pu sauver de l'ancienne Bibliothèque d'Alexandrie en un Node sur le port (sous l'actuel parc Midan Saad Zaghloul), qui devait être l'un des Piliers de l'Horizon. Ainsi, on créa la Bibliothèque d'Enochia ba Pymander, mais elle ne fut pas confiée à une Sesheta mais à un homme, Nichodemus de Mulhouse, scribe mineur de la Maison déclinante de Criamon. Là encore, les Sesheta devaient prendre leur mal en patience car Nichodemus resta seul Archiviste de la Bibliothèque pendant encore 550 ans, jusqu'à sa mort.


    • Epoque moderne

      Les Seshetou reçurent du sang neuf d'Européens au XIXe siècle, des Français et Anglais se battant sur les décombres de l'Empire ottoman, mais aussi des nombreux immigrés italiens.

      Mais elles étaient à couteaux tendus avec la nouvelle Maison turque, les Janissaires, qui servaient de bras armé des Quaesitores Ordinis depuis le Siècle des Lumières.

      Par la suite, l'éphémère mais opulente société secrète américaine, "Light of Luxor" ou "Luxor Club" (de Max Theon) vint tenter de glaner des ressources hermétiques auprès des Seshetou. Ces charlatans imaginatifs et ces mystiques parfois doués apportèrent l'argent et les informations dont les Seshetou avaient besoin pour s'internationaliser pendant l'Entre-Deux-Guerres et la fin du règne des Khédives.

      Pour la première fois, l'Ordre d'Hermès remarqua les Seshetou bani Miscellaneae. Elles ne furent pas à El-Alamein mais luttèrent en Europe et en Palestine contre des organisations comme Alceister Crowley ("la Bête"), la Heilige Vehme, la Loge Lumineuse du Vril et la sinistre Thule-Gesellschaft. En 1945, des Egyptiens moururent à Berlin et Jerusalem contre le Grand Mufti et les Nephandis qui voulaient ouvrir les Hordes des Qlippoths (cf. Order of Hermes, 2003, p.32).

      Après l'assassinat du Président Anouar El-Sadate et la montée de l'intégrisme islamique, la société montra à quel point elle était devenue, avec les mystérieux Ahl-i-Batin, le premier appui des Mages en Egypte.

      La Grande Prêtresse Maraksha Kashaf (d'origine yéménite) menaça de quitter l'Ordre, avec toutes ses archives, ses documents, ses Histoires, ses anciens secrets et ses rites. En quelques siècles, les Bibliothécaires étaient devenues indispensables à l'Ordre et prouvaient leur adage que la maîtrise du Passé est le contrôle du Présent.

      Les Sesheta obtinrent officiellement d'entrer en 1982 AD (1402 Hijra) au Tribunal de l'Ordre comme une Maison à part entière, du Nom de "SHAEA" ("Bonne Augure").

      Les Seshetou aiment les jeux de mots, ce qui est normal pour des Maîtresses du Notarikon.

      "Shauâ" veut aussi dire "livre" en Egyptien.

      Le dieu "Shaï" est un Génie de Bonne Fortune, de la Chance et du Destin, chargé aussi des Renaissances pendant le Jugement de Ma'at.

      Il est aussi appelé l' Agathodaimon, le Bon Démon, souvent représenté comme un Cobra, comme la Déesse Renenutet.

      Son culte était très populaire chez les Grecs d'Alexandrie qui cherchaient à détourner le mauvais oeil.

      Le nom "shaï vient peut-être d'une racine qui veut dire "commander, nommer quelqu'un".

      Les Egyptiens se saluaient parfois en disant "Shay est avec toi !" ou "Que Shai et Renenutet soient avec toi !" car un Shai est supposé accompagner chaque individu pour répertorier ses actes pour le Jugement.

      Shai peut aussi être une Déesse du destin, Shaït, que les Turcs appellent "Kismet".

      Shaït est alors associée à Renenutet (déesse cobra de la naissance qui donne à l'enfant son Vrai Nom) et Shepet (ou Shepset, déesse hippopotame ou crocodile de l'accouchement, un aspect de Reret ou Taweret), comme Trois Fées de la Naissance.

      Shay peut aussi être associé à Sutekh, car "shai" écrit signifie aussi "porc", l'animal de Set !

      (Sur Shay, voir le site de Carolyn Seawright).

      Le symbole actuel de la Maison Shaea dans les Tribunaux de l'Ordre est un écusson avec une lionne de Sekhmet couchée, un rouleau de papyri et une Lune (Order of Hermes, p.57).

      Mais les Mystes & Initiés savent bien que le vrai symbole ésotérique est la Fleur à Sept Pétales et Deux Cornes, le symbole de "Sefekhet-âbouy", couronne de Seshat la Scribe. La Maison est aussi dite parfois dans d'autres sections Maison de Serket (ou Selqat, Déesse Scorpion des talismans contre le Mal) et Maison du Croissant de lune, ce qui n'est pas une allusion au "Hilãl" de l'Islam mais à la Corne lunaire de Sefekhetâboui.

      L'organisation de la Maison ne suit pas exactement la hiérarchie hermétique traditionnelle. Il y a en bas les "hnr", musiciennes, dirigées par la "wrt-hnr" (Grande Musicienne) ou "dwt-ntr", l'adoratrice. Puis il y a les sesh (scribes), dirigées par les Hem-Netjer (Servantes de la Déesse) et les Kheri-heb (Celles qui portent les parchemins, les Récitatrices), les Kheri-heb kheri-tep (Grande lectrice). Tout en haut se trouve la Hem-netjer-tepey (Grande Prêtresse) ou Jmj-R Hmw-ntr (Surveillante générale). Le Grand Prêtre de Dhjowtey à Khemenou (le Wr djw, le "Grand Parmi les Cinq"), est aussi considéré comme lié à la Hem-netjer-tepey.

      La Prima Domus actuelle est la Grande Prêtresse Daira Kashaf, Septième Fille de l'Archimage Dame Maraksha Kashaf (Kashaf signifie "Révélation"). Elle est une grande érudite, diplomée de diverses universités dont Harvard. Elle s'est installée non à Alexandrie, mais au Caire, là où sont les plus grands centres de recherches. C'est elle qui garde la Khesef-hra-khemiu, la Maison des Livres. 

  • Magie

    La spécialité des Seshatou est la Magie des Noms, très proche de ce que les Momies appellent Ren et la "Nomenclature". Leur Sphère de Magie privilégiée est le Temps.

    Les Seshatou commencent donc par des études de linguistique, philologie, grammaire comparée et apprennent de nombreuses langues (Egyptien, Arabe, Syriaque, Araméen, Hébreu, Babylonien, Sumérien, Farsi, Grec, Latin, Sanscrit, Mandarin, Enochéen).

    Les Seshatou sont des magiciennes mais aussi des prêtresses. Elles pratiquent des formes de Théurgie et invoquent les Nedjerou qu'elles adorent, comme Seshat Sefekhetâbouy la Scribe.

    D'autres Déesses invoquées sont Shaït la Destinée, Eset la Reine et la Mère, Nebt-Het la Psychopompe, Nit la Mage-guerrière, Het-Hert la Mage-donneuse de vie, Heka la Magie, Hat-Mehit la Poisson, Heket la Grenouille, Bast la Chatte, Sekhmet la Lionne, Renenutet le Cobra, Shepet l'Hippopotame, Serket la Scorpion, Maat la Vérité, Meretseger le Silence, Wadjet le Cobra du Delta & Nekhbet le Vautour de Haute-Egypte.

    Les Nedjerou masculins les plus adorés sont Sesha le Scribe, Thwt (Djwthey), Ptah l'Ouvreur du Verbe Initial, Inoup le Psychopompe et bien sûr, les grands Imn-Ra, Heru ou Wsir. Certaines adorent même Sutekh.

    Pour une raison inconnue, un des sous-cultes principaux, bien qu'on ne voit pas le rapport avec Seshat, est celui d'une sorte de "Dionysos", Shesemu, Dieu des Pressoirs. Shezmou donne les Huiles, Parfums, Vins et Folie et il broie dans l'Am-Douat ceux qui sont jugés coupables.

    Par ailleurs, les Seshati ont aussi des contacts avec d'autres Puissances d'autres mondes et d'autres mythologies. Elles appellent souvent les divinités liées à la même force numineuse que Seshat et Thot comme Hermès-Mercure, Nabu (voir Dr Fate), Nissaba (ou Nidaba, Scribe mésopotamienne), Pallas Athéné Minerva (qu'elles appellent "Nit"), Mimir Père-des-Runes, Oghmios (ou Oghma), Ganesha Ganapati, Saraswati (déesse de l'éloquence), Ta'ang Chien le Calligraphe.

    Elles ont récemment rencontré un certain "Prince Ivo". Il serait un mortel devenu un nouveau "Dieu", une Incarnation du langage et de l'écriture. Il semble avoir des buts incompréhensibles, comme lutter contre les interfaces graphiques en informatique (voir Nobilis).

    On accuse aussi les Shaea d'avoir invoqué des êtres plus sinistres, d'avoir lié des Invisibles, Djinni, Elémentaires et même des Shaïtans, diables et démons. Elles continueraient ainsi une tradition dangereuse de démonologie, celle des Sha'irs, les Invocateurs, comme les Taftani zoroastriens.

    Elles ont aussi des Totems animaux comme les Garous, notamment des felins et des associés de Bast.


  • Liens

    Hatchepsout "Tabitha" Kashaf est la "Doyenne et Principale" (Deacon & Headmistress) de l'Académie Straussen, université privée implantée à New York, Londres et Reims qui est la principale académie moderne de l'Ordre d'Hermès. Née en 1969 et initiée de Seshat, Tabitha Kashaf est une des petites soeurs de la Grande Prêtresse de Shaea, Daira Kashaf. De nombreuses autres soeurs sont mortes pendant les Guerres de l'Ascension. Elle enseigne à Straussen Academy depuis 1993 et vient à trente ans de devenir Doyenne. Etant donné son nom, on ignore si elle est en relation avec la célèbre Amenti Renaissante, la Reine Maât-ka-Rê Hatshepsout, qui vit à présent au Caire comme Daira Kashaf.

    [Order of Hermes, p.81 dit qu'elle est de lignée "pharaonique nubienne" mais le nom de "Maraksha" est une montagne du Yémen et je doute que les Kashaf soient ou soudanaises. Quant au mot "kashaf", il signifie "Révélation directe" chez les mystiques soufis et le nom "Al-Kashaf" semble courant dans les pays musulmans.]

    Ishaq Balsara, dit "Ibn-Thoth", Primus Guernici, Grand Quaesitor de l'Ordre d'Hermès (Order of Hermes, p.73) est un Egyptien d'origine anglo-persane né dans l'Empire ottoman au début du XVIIIe siècle. Il étudia avec le flamboyant Archimage Flambeau de Doissetep, Porthos Fitz-Empress. Depuis quelques années et les dernières Guerres de l'Ascension, il incarne les réformistes raisonnables de l'Ordre. Il est très attaché aux Principes de Maat et Geburah (Sephiroth du Jugement).


    • Seshat (ou Seshet, Sesheta) est la Déesse des Bibliothèques, Nedjer (nitjer) de l'écriture, des livres.

      Elle est parfois la Parèdre de Djehuti ("Djhowtey" chez certains Mages, tWth, Teuth, Toth, Hermès), sa Soeur-Consort.

      Le Ren, Nom de Seshat signifie simplement "la Scribe" (féminin de sesh).

      Un "shât" ou "shauâ" est un livre. "Sesheta" signifie aussi secrets, choses cachées, mystères, vrais noms. Le Shetat (ou shetait) est l'Endroit Caché, un autre nom de l'Am-Douat. Les "Seshetj" sont des bandes ou bandelettes.

      Son autre nom le plus courant est Sefkhet-Abwy. Ce nom signifie la "Dame aux Sept Cornes" ou bien "la Dame qui étend Deux Cornes".

      Cela décrit la fameuse coiffure avec la "Rosace" - ou "rosette" comme la pierre de décodage selon un jeu de mots qu'aiment les cryptographes - tige à sept "pétales" et deux "cornes".


      Cette "rosace" (prononcée s'sh't) est le Hiéroglyphe et le symbole principal de la Déesse.

      On pense que c'est une fleur plutôt qu'une étoile. Il y a d'habitude sept pétales, mais parfois cinq ou neuf.

      Ses deux cornes inversées (ou deux plumes) qui lui donnent ce titre de Sefkhet-Abwy et qui sont l'aura de la fleur sont le symbole calendaire des mois de l'année.

      Ses autres épithètes sont "la Première de Per-Medjat (la Maison des Livres)", "la Première de Per-Ankh (la Maison de la Vie, bibliothèque du Temple)", "la Dame de Khmwn" (Khemenou, la "Cité des Huit", ville de Djehuti et de l'Ogdoade), "Première de Heseret (Nécropole de Khmwn)", l'Origine de l'Ecriture, la Dame des Années, la Dame des Bâtisseurs, la Vraie Fleur dans la Main de Ra, Weret-Hekau (la Grande de Magie, titre aussi d'Aset, de Nit, de Sekhmet, de Bast, de Djehuty).

      On distingue parfois deux Hypostases : Seshat-Weret (la Grande) et Seshat-Nedjset (la Petite) qui sont représentées ensemble comme la Déesse et la Scribe inscrivant la Déesse, le Lekton et le Soma, l'Esprit et la Lettre, le Signifié et le Signifiant.

    • SIGNES ET ICONES

      Seshat porte sur la tête sa rosette et comme vêtement une peau de léopard avec des pattes. C'est la tenue des Prêtres Setem (funéraires) et les taches de léopard peuvent aussi représenter le ciel constellé des Akhu (les Morts Bénis) et l'astronomie.

      On dit que les Morts quand ils sont jugés sont "nés" de Seshat et de ses registres, ce qui en fait une déesse du Voyage vers l'Au-delà et du Jugement de Ma'at. Un texte dit aussi qu'elle est vêtue de l'enveloppe du dieu Sutekh vaincu par Ra-Heruakhety.

      Elle porte une branche de palme (hiéroglype "renpet", signe de l'Année et du dieu Renpet).

      La base de la branche porte le hiéroglyphe du tétard ("million") et le shen, symbole de l'éternité et du dieu Heh.

      Seshat inscrit ainsi l'éternité de ses fondations, que ce soit les registres, les archives, les chroniques officielles des règnes, les décomptes des années. Elle fonde et immortalise pour des Millions d'Années et elle est invoquée pour faire durer les choses mortelles et la splendeur des réalités.

      Avec Djehuti, elle inscrit ses registres sur l'arbre Ished, signe de vie et d'éternité.

    • HISTOIRE ET MEMOIRE

      C'est un culte très ancien. On en a des traces dès une inscription sous le Roi Khasekhemoui de la 2e Dynastie.

      Elle avait très peu de prêtres et les scribes semblaient moins l'adorer que Djehuti.

      Seshat est aussi la Dame des Bâtisseurs, déesse des architectes et des Maçons, invoqué à la fondation des constructions (cérémonie de Pedjeshes, de "pedj", étendre, "shes", la corde).

      Elle restait importante comme symbole de l'éternité pour le Roi mais pas pour la plupart des fonctionnaires. On la représente donc plus dans la cérémonie de Pedjeshes qu'en train d'écrire. Djehuti écrit pour transmettre et administrer, Seshat grave sur les monuments pour fixer et conserver pour l'éternité. On dit qu'elle construit notamment les demeures dans l'Au-delà.

      Sa fonction de Mémoire est donc plus abstraite que celle de Djehuti. Certes, elle note aussi les registres de prisonniers et de butin, mais c'est encore pour immortaliser les victoires royales. Même les constructions sont donc avant tout des Bibliothèques de Pierre, des monuments documents.

      Elle est aussi celle qui transmet les enseignements pour les Pharaons. Le Roi grec Ptolémée IV est décrit comme "Né de Seshat, élevé par Sefkhet-Abui dans la Bibliothèque". Aux Couronnements, au Festival du Sed (le "Jubilé" des 25 ans) et autres cérémonies royales, elle prolonge la durée des monarques.

      "ar(=i) m nHH ryt m Dt
      Mon roseau inscrit pour Toujours et peint pour l'Eternité
      Je rends ton Nom grand, en le gravant dans ces murs.
      Je rends tes Noms permanents et aussi durables que les Cieux.
      Je t'ai donné des Millions d'années de mes doigts pour aussi longtemps qu'Eternité existe.
      Je te donne les Eons et la résistance des Deux Seigneurs (Heru et Sut).
      Ma main inscrit les Durées & les Temps conformément aux dictées de Ra.
      Ma plume est Eternité, mon encre est Toujours et la palette est des millions de Sed."

      Ainsi, elle est liée à la mémoire et la survie des morts, et parfois identifiée à Nit ou Nebt-Het. Seshat est aussi un Aspect de Nebt-Het. Elles forment une Triade de la Triple-Déesse où Nit est la Créatrice (Clotho), Seshat la Durée des temps (Lachésis la Tisserande) et Nebt-Het les limites de l'existence (Atropos l'Inflexible).

      Elle a des amis parmi les Apa-Maat, les 42 Assesseurs d'Osiris, notamment Shet-Kheru (l'Ordonnateur des Paroles, voir Mummy, p.149) et d'autres Juges plus particulièrement concentrés sur le langage comme Tenemiu, Neb-abiu Seigneur des Cornes (chargé de la calomnie), Ahi (insultes et jurons), Uatch-Rekhit ou Utu-Nesert.

      Il existe aussi un autre aspect nommée Aset-Seshat, Protectrice de Wsir et Gardienne des Noms comme Aset Weret-hekau avait la Connaissance des Vrais Noms. Seshat est aussi par ses registres et ses calculs une des déesses de la Magie.

      On lui connaît aussi une version masculine, Sesha ou Seshu, qui peut être un autre nom de Tehuti.

    • CULTES ACTUELS

      Seshet est toujours adorée par une tradition continue nommée la Per-sesheta ou Maison de Shaea.

      Le siège actuel de la Maison Shaea n'est plus à l'ancienne Khmwn de Djehuti (el-Ashmunein) mais dans la cité hellenistique d'Alexandrie où s'est d'ailleurs bâtie une nouvelle Bibliothèque.

      Il y a aussi quelques traces dans les mouvements polythéistes "néo-païens", plus ou moins New Age, Wiccans ou parfois très sérieux comme les sectes dites "kémetiques".

      Des Mages prétendent avoir réussi à l'invoquer mais sans accéder à sa Bibliothèque infinie, dite Bibliothèque de Babel dont la Bibliothèque des Morts d'Hypatia sur le Styx ou la Bibliothèque des Rêves de Lucien pour le Seigneur Morphée ne sont que de pâles succédanés.

      On a récemment découvert une nouvelle Hypostase, Avatar virtuel de Seshat dans la Toile Digitale (voir Mage : Digital Web).

      La Déesse numérique bâtit ses nouveaux monuments par de purs chiffres et des équations. Elle grave des mémoires de silicium et dans les ondes et les fils de la Toile mondiale.

      Dans cette Icone ci-dessous, elle a ajouté comme symbole l'Aleph borgésien, le Point infini, à la place de sa rosace de Dame Sefkhet-Abouy.

    Cette description est inspirée des notes de Seshat.org et cet autre lien (ainsi que de Richard Wilkinson, The Complete Gods and Goddesses of Ancient Egypt pp.166-167). 

    Cette notule ne prétend pas à la vérité archéologique et historique mais doit être simplement utile pour les joueurs.
    J'ai ainsi négligé le fait que le lien avec Djehuti est peut-être finalement moindre qu'on ne l'a cru dans le passé. Elle ne serait appelée sa "collègue" que dans un seul texte ! Cela dit, l'iconographie les associe et elle est Dame de Khemenou.

    Mais dans les jeux Momie et Mage, les Dieux-Mages "Djhowtey" et "Sesheta" (voir Tradition Book : Order of Hermes (2003), p. 17, 56) sont mariés comme les deux Ordres de la Coupe et du Roseau et j'ai conservé cela.
    En revanche, je ne suis pas vraiment convaincu comme le prétend le jeu que Djhowtey et Sesheta doivent venir de Phénicie (??) sous le prétexte que l'Alphabet y a été inventé ni même à la rigueur de Mésopotamie parce que l'écriture à Sumer précède les hiéroglyphes, à la naissance de l'Histoire.
    Comme pour les autres Netjerou, je pense qu'il faut distinguer une Déesse de ses avatars humains. Autrement dit, je ne crois pas très amusant qu'Aset-Seshet qui Connaît les Noms ne soit qu'une magicienne qui a réussi à se faire passer pour une Déesse. Dans ma version, la "vraie" Seshet est un aspect numineux de l'Absolu et il y a en plus des mortels et diverses Hypostases de cette Seshet qui ont pu s'identifier à elle.

    Mais c'est une question de goût. Je préfère que les jeux soient "anti-évhémeristes". 

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