mercredi 29 février 2012

Autres oligarchies



  • Le Russie est un pays étrange où le camp du Président Poutine peut vraiment s'amuser à faire une publicité où le slogan est que Poutine va vous... comment dire... prendre votre virginité d'électeur mais "par amour" et sans risque d'adultère.



    On doit tous être le puritain de quelqu'un mais, cela, même Berlusconi n'aurait pas osé.

  • Je ne comprends rien au système chinois mais je n'imaginais pas que l'Assemblée nationale populaire chinoise comptait nettement plus de milliardaires que le Congrès américain, même relativement à la taille respective.

    Le Parti "communiste" chinois a environ les 2/3 des 3000 Députés de cette Assemblée nationale et il a progressivement incorporé depuis une vingtaine d'années les plus riches patrons chinois (même si une partie de ces milliardaires doit appartenir au Front Uni des partis "indépendants" autorisés et à la Fédération de la Chambre du Commerce et de l'Industrie qui est membre de droit de l'Assemblée). Et le vrai pouvoir est davantage à l'intérieur des factions du PCC qu'à l'Assemblée (un peu comme en France, les factions du parti majoritaire comptaient parfois plus que l'Assemblée réduite à une sorte de Conseil économique et social de figuration).

    Ezra Klein fait remarquer que malgré le nombre considérable de millionnaires dans le Congrès américain (il y a presque une majorité d'élus qui font partie des 1% les plus riches), on maintient encore un peu la fiction d'une distinction entre oligarchie financière et représentation politique : les premiers soutiennent les seconds mais sans s'identifier littéralement avec ces derniers.

    La dictature chinoise ne prend pas ces gants. Les investisseurs sont présents directement de crainte d'être gênés dans leurs affaires si leurs concurrents gagnaient du "capital" politique. Une part importante de ces entrepreneurs chinois a fait fortune dans l'Immobilier, qui est un "terrain" encore plus politique dans un pays où on peut exproprier des surfaces énormes par une décision administrative.

    Ce qui est intéressant est à quel point la nouvelle classe d'entrepreneurs défend explicitement et franchement la supériorité de la Dictature oligarchique sur la Démocratie au nom de l'efficacité. Ce propagandiste, qui a dû trop écouter les Républicains américains, confond démocratie et théocratie et juge qu'il est temps de dépasser la voix du peuple par une administration plus "pragmatiques" :

    The fundamental difference between Washington’s view and Beijing’s is whether political rights are considered God-given and therefore absolute or whether they should be seen as privileges to be negotiated based on the needs and conditions of the nation.

    The West seems incapable of becoming less democratic even when its survival may depend on such a shift. In this sense, America today is similar to the old Soviet Union, which also viewed its political system as the ultimate end.

    History does not bode well for the American way. Indeed, faith-based ideological hubris may soon drive democracy over the cliff.

    Le texte est complètement grotesque mais c'est assez amusant de voir un capitaliste chinois donner des leçons de "pragmatisme" à une Amérique trop pris dans le "préjugé religieux des droits de l'homme".

  • "En cas d'échec, vous n'entendrez plus parler de moi"



    Aujourd'hui, au printemps 2022, alors que la Commission parlementaire du Président Baroin enquête sur les meilleures stratégies d'extradition pour récupérer l'ancien Président déchu Jean-François Copé, toujours en fuite en Colombie après ses détournements de fonds, c'est peut-être une bonne occasion de revenir sur le discret ancien Chef de l'Etat, le Père N.S., O.P. qui fut Président pendant cinq ans, de 2007 à 2012.

    Suite à sa défaite dès le premier tour, le Père N.S. refusa finalement tout livre de témoignage. "J'ai changé. Non, vraiment, cette fois. Je suis opposé à tout ce tapage permanent et à une précipitation préjudiciable pour notre pays", déclare-t-il à l'époque dans sa retraite dans le monastère de la Grande Chartreuse.

    Alors que son ancienne épouse, Carla Gingrich-Bieber, étonne la planète en le quittant pour un ancien politicien américain discrédité de Géorgie, celui qu'on avait si souvent surnommé le "Président du Peuple" décide de se ressourcer.

    Il entre dans l'Ordre mendiant des Prêcheurs en 2013. "Pour moi, la règle de Saint Dominique, c'est aussi l'idée de l'enseignement en plus de celle de la Contemplation, pas celle d'inquisition. Cela ne signifie pas qu'il faille hiérarchiser pour autant un enseignant et un prêtre. Tout ce discours affairé sur le prétendu pragmatisme nous conduisait vers l'abîme."

    Il donne aujourd'hui des cours d'alphabétisation et de français, en suivant plusieurs enfants Rroms déscolarisés à travers plusieurs écoles provisoires. "Vous ne pouvez pas imaginer le gravité des discriminations dont les nomades sont encore victimes en Europe", murmure-t-il, encore tourmenté par sa vie passée et par les textes de Guaino de sinistre mémoire.

    Ancien avocat, le Père prêcheur défend aussi les droits de ces réfugiés en 2018 quand la Ministre de l'Intérieur Marine Le Pen lance les "Lois de Narbonne" sur les Reconduites à la Frontière et que Patrick Buisson réclame dans le Figaro-Rivarol la "Purification ethnique de ces Camps illégaux".

    L'Ordre dominicain laisse quand même le Père N.S. participer avec constance aux réunions du Conseil constitutionnel. Il y observe d'ailleurs une règle de réserve absolue, ne participe pas aux censures des lois qu'il avait fait voter et ne critiquera jamais son successeur François Hollande. Il n'accepte de ne parler que de questions formelles.

    "Ces questions constitutionnelles peuvent avoir l'air austères ou abstraites mais elles touchent directement les vies de nos concitoyens, déclare-t-il en confidence en 2015, "J'avais compris après mon expérience que le pouvoir exécutif dérivait vers une monarchie irresponsable et dangereuse. Il n'est pas bon de laisser trop de pouvoirs dans les mains d'un seul, aussi bien intentionné soit-il, et c'est pourquoi j'ai défendu devant nos pairs les lois de réformes constitutionnelles de notre VIe République."

    Toujours modeste, il n'insiste pas sur le fait que c'est grâce à cette révision de l'immunité présidentielle et de l'indépendance de la justice que les poursuites purent être ouvertes contre son autre successeur Jean-François Copé quand on découvrit ses trafics d'armes et d'organes.

    "Je n'allais quand même pas aller pantoufler dans le privé. Cela serait contraire à la dignité et à tout sens élémentaire de l'Etat. Imagine-t-on le Président de la République en plein conflit d'intérêt chez Halliburton, au Groupe Carlyle ou chez Gazprom pour quelques avantages matériels éphémères ?", dit-il comme si c'était une évidence.

    Il voit toujours une partie de sa famille, comme son fils, Jean S., qui vient de renoncer à toute carrière politique après son Agrégation de Droit. "Une fois que je m'y suis vraiment mis, aux études, j'ai trouvé cela finalement plus passionnant que le reste", reconnaît le Professeur de Droit public qui se consacre aujourd'hui à l'ONG Juristes Sans Frontières.

    "Je trouve sain que Jean ait trouvé une voie où le soupçon de népotisme ne le poursuivrait plus autant. Il ne serait pas séant de confondre démocratie et oligarchie héréditaire. Notre République repose aussi sur nos sens des devoirs et sur une conscience de ce qu'elle exige", avoue l'ancien Chef de l'Etat.

    Dans son ancienne équipe, il ne revoit plus grand monde. Brice Hortefeux travaille au HCR. Jean-Louis Borloo dirige la section française des A.A. Nadine Morano est entrée à l'Académie Française suite à son grand cycle poétique et elle fut accueillie par un vibrant discours (qu'on dit plagié) par l'Académicien Patrick Poivre. Eric Besson a pris la nationalité tunisienne et se bat pour la démocratie dans son nouveau pays d'adoption.

    "Avez-vous des regrets ?"

    "Oui, bien entendu. J'ai la nausée quand j'entends les déclarations récentes de M. Frédéric Lefebvre dans son parti de la Nouvelle Alliance Nationale. Je me demande pourquoi il est le seul à ne pas avoir changé. Si seulement je pouvais annuler ces cinq ans de Présidence et une carrière politique fondée sur la brigue personnelle et la division de nos frères humains. Il m'a fallu l'épreuve du négatif pour le comprendre. Je ne me reconnais vraiment plus dans les folies que ce Président pouvait commettre. Vous imaginez, une franchise médicale pour les plus pauvres ? Comment a-t-on pu laisser faire ?"

    Nous le laissons prendre un avion pour Budapest où le Père N.S. participe à la mise en place de la nouvelle Constitution démocratique après la Révolution récente.

    Il espère pouvoir y servir à quelque chose, même s'il ne parle pas la langue locale. Il se peut qu'il doive alors se servir de sa nouvelle passion, la langue latine dont il veut faire une langue auxiliaire pour l'Europe. "Et dire que j'avais pu dire que le Latin n'avait plus à être enseigné", plaisante le Père Prêcheur.

    mardi 28 février 2012

    Egée se jetant à la mer

    Je devrais peut-être m'en lasser quand même.


    (Piqué à Charlie-Hebdo)

    La Cartocratie





    Sur les cartes les plus anciennes, il n'y a pas de "Terra Incognita", fait remarquer Bertrand Westphal dans son nouveau livre Le Monde Plausible. Espace, lieu, carte.

    Les cartographes anciens ne croient pas à l'inconnu. Ils n'ont pas encore séparé les représentations géographiques et les mythes. Ils remplissent donc les espaces vides avec des récits, des lieux communs de divers textes, des rumeurs. La "Légende" de la charte contient aussi des légendes qu'elle charrie. Les cartes sont pleines, saturées de croyances (comme cette belle carte de Hereford ci-dessous avec des licornes dans les coins reculés). Et ce n'est qu'avec l'émergence du modèle scientifique que la carte va accentuer sa crédibilité en distinguant croyance et savoir, en incluant elle sa propre lacune, le vide comme "Non-Cartographié" (Uncharted, comme on dit en anglais). La thèse de Westphal est que cette case vide n'est pas sans effet d'appel. Les bordures du monde étaient pleines de Monstres terribles et de Merveilles attirantes mais ces confins deviennent maintenant des Mystères à combler, des trous provisoires dans notre savoir qu'il s'agit alors d'étudier et de coloniser. Le périple à travers une odyssée de stations déjà connues à l'avance (le Prêtre Jean ou l'île mystérieuse de Taprobane) devient une exploration, une percée dans l'inattendu.


    Le livre repose sur une sorte de schéma dialectique annoncé dès le sous-titre. Westphal oppose d'abord le Lieu et l'Espace, comme le font aussi les historiens de la philosophie ou Gaston Bachelard. Le Lieu a un site et il tend toujours à avoir un centre et une périphérie. Westphal rappelle comme "Complexe de l'Omphalos" comment chaque Lieu de culture s'est créé comme Lieu central. L'Espace, lui, serait presque le négatif du Lieu, il est la béance indéfinie, la création moderne, notamment de Descartes qui invente le système de coordonnées qui va donner ensuite l'étendue absolue de la physique classique. Les deux ont des formes de désirs, entre le Lieu rassurant du foyer et l'Espace distant et tendu à parcourir pour mieux l'intégrer dans le Lieu.

    Un des plus beaux passages de toute la littérature mondiale sur l'Espace est très bien analysé dans le chapitre III ("la Pulsion Spatiale") sur les Argonautiques. Jason doit franchir les Rochers en mouvement (Symplégades ou Cyanées icebergs) qui scellent le passage vers le Pont Euxin, la Mer Favorable. Quand il réssit à les dépasser, les Roches errantes sont définitivement brisées (elles s'éloignèrent l'une de l'autre et ne gênèrent plus le passage), comme une muraille de cité ou comme un hymen. L'Argo quitte l'Hellespont pour une Mer au-delà des limites du Monde Connu.

    L'auteur des Argonautiques s'exclame que les héros virent alors "le ciel et le grand large des étendues marines qui s'ouvrait à perte de vue".

    ἠέρα παπταίνοντες ὁμοῦ πέλαγός τε θαλάσσης
    τῆλ' ἀναπεπτάμενον.
    Argonautiques, II, 608-609

    To Boldly Go Where No Man Has Gone Before, répète Star Trek. L'Espace était le Chaos terrifiant, la Béance dans l'ordre du Cosmos et il devient soudain pour la première fois, mieux que dans l'Odyssée, le désir dans cette distance, l'Eros rassemblant le Chaos, une expérience extatique qui ne se réduit pas qu'à la Conquête de la Toison d'or. C'est aussi un exode heureux, des premiers pas pour sortir des chemins de la Mer Intérieure. Westphal appelle cette expérience nouvelle du sublime "l'Epiphanie de l'Espace".

    Cet enthousiasme de Jason et de son équipage est repris trois siècles après par Sénèque qui en fera le manifeste d'une première Mondialisation romaine dans sa tragédie Médée.

    Nunc iam cessit pontus et omnes
            patitur leges
    non Palladia compacta manu
    regum referens inclita remos
           quaeritur Argo
    quaelibet altum cumba pererrat.
    Terminus omnis motus et urbes
    muros terra posuere noua,
    nil qua fuerat sede reliquit
           peruius orbis:
    Indus gelidum potat Araxen,
    Albin Persae Rhenumque bibunt
    uenient annis saecula seris,
    quibus Oceanus uincula rerum
    laxet et ingens pateat tellus
    Tethysque nouos detegat orbes
    nec sit terris ultima Thule.

    "Désormais, les profondeurs de la mer ont cessé toute résistance et elles se sont soumises aux Lois. On ne cherche plus d'Argo de la main de Pallas ou de Princes pour ramer, n'importe quelle embarcation peut parcourir la haute mer. Toutes les bornes ont été retirées, des Villes ont posé leurs murs en une Nouvelle Terre, et l'Orbe du Monde, maintenant ouverte au voyage, n'a plus rien laissé en son ancienne place, l'Indien peut boire l'eau froide de l'Araxe et les Perses s'abreuvent dans l'Elbe et dans le Rhin. Il viendra plus tard une époque où l'Océan relâchera les liens et où toute la Terre immense sera découverte, quand Tethys dévoilera de nouveaux mondes et que Thulé ne sera plus la dernière limite de nos terres."
    (Sénèque, Médée, vers 364-377)

    L'Humanité est appelée non pas seulement à voler un feu divin mais à partir s'embarquer vers de nouveaux espaces. Comme dit Sophocle dans Antigone, l'homme est un animal terrible parce qu'il est pantoporos, le "Passe-Partout", un voyageur prêt à frayer toutes les voies. Et Christophe Colomb, qui n'était pas mû que par l'Or mais aussi par ces songes de la Toison, citera à son tour ce texte de Sénèque comme sa propre devise. La Mer Noire reste une Mer intérieure et ce sera donc au-delà des Colonnes d'Hercule, un Océan des Atlantes qui devra ouvrir vers d'autres Atlas, et vers d'autres cieux.

    La première partie du livre de Westphal, le passage du Lieu à l'Espace, est plus consacrée à une littérature classique et médiévale. La suite revient sur la Carte, troisième terme qui sert à transformer de l'Espace en un nouveau réagencement du Lieu. Et les textes sont ici plus "post-coloniaux" et notamment consacrés à l'exploration du (ou des) Nouveau Monde depuis le XVe-XVIe siècle.

    Chaque profession a aussi un biais dans la centralité. Les philosophes relisent toujours tout comme si quelques "Décisions" philosophiques avaient déterminé l'ensemble de l'histoire de l'Humanité. Westphal étant un littéraire comparatiste (qui propose une "géocritique des textes") a tendance à écrire comme si toute l'histoire n'était déterminée que par des récits. C'est en partie une convention d'écriture mais aussi une parallaxe inévitable du métier.

    Et le livre rappelle souvent à quel point nos conventions dans nos représentations du monde, que ce soit par des cartes ou par les choix des Toponymes, ne sont pas neutres. Cela peut sembler être devenu une banalité (comme l'indiquait la vidéo de The West Wing sur la projection Peters). Les Amériques ne sont pas faites que de noms indigènes plus ou moins mal compris ou de simples décalques de métropole (j'ignorais que la cité-phare de la modernité, la Nieuw-Amsterdam, avait pu s'appeler la Nouvelle-Angoulême dans certaines cartes italiennes). On doute parfois que le nom du Brésil vienne réellement du Hy-Brasil irlandais des anciens Portulans mais l'Amazone tout comme la Californie doivent leur nom à des femmes mythiques des romans qu'aimaient les Conquistadors, et l'histoire positive peut oublier le dépôt insensible des mythes dans notre environnement.

    Cela ne signifie pas que l'histoire matérielle ou économique puisse non plus se réduire entièrement à un rêve d'exploration, sans le souci plus terrestre de l'exploitation. L'histoire littéraire va avoir tendance à enfler la place de cet aliment à rêve et parfois on a l'impression que Westphal devient moralisant (sur les questions politiques des Toponymes) comme pour se défendre de négliger ces injustices ou ces asservissements réels derrière ces songes sur des Amazones.

    Le Monde Plausible est à son meilleur sur les littératures hispanophones et de nombreux romans dont je n'avais jamais entendu parler sont commentés (dont des histoires sur Abou Bakari II, le Roi de Guinée qui aurait tenté de franchir l'Atlantique). Westphal s'amuse avec les mots et les étymologies et réussit souvent à convaincre que ce n'est pas que verbal (certains jeux de mots sont parfois hors-sujet, comme quelque part son gag "La doctrine Monroe avait eu sept ans de réflexion").

    J'y vois quand même deux défauts qui viennent de l'édition française. Comme la plupart des livres français, il n'y a pas d'index nominum. De plus, il y a assez peu d'illustrations, seulement 3 reproductions de cartes et 3 allégories sur 250 pages. Personnellement, je trouve aussi les quelques références à Agamben parfois peu éclairantes mais c'est ma propre allergie envers l'exégèse de ce philosophe et cela n'enlève rien à l'intérêt de l'ensemble.

    vendredi 24 février 2012

    Crises & Changements



  • Y a-t-il un nom pour le fait qu'une structure non-optimale subsiste bien qu'on sache qu'elle n'est pas optimale parce qu'on n'a pas envie de faire les investissements de réadaptation à un nouveau système (coûts de changement) ? Syndrome Dvorak/Marsan/Bépo ? Avantage pour le Premier entrant ?

    Ce n'est pas exactement la même chose que le skeuomorphe (très joli mot de jargon), où on garde un objet qui n'a plus aucune fonction par simple conservatisme esthétique. Ici le conservatisme est conscient, "pragmatique" et pourrait même se justifier comme une forme d'économie des coûts d'apprentissage.

  • L'instabilité financière actuelle a pu avoir son histoire dans ce qu'un élève hétérodoxe de Schumpeter, Hyman Minsky, a théorisé comme moment Minsky. Mais le problème politique et institutionnel est aussi de savoir comment les pouvoirs peuvent ne plus dépendre aussi directement de ceux qui pensent avoir un intérêt à ce que ce système non-optimal se perpétue.

  • Crooked Timber a un séminaire en ligne sur le livre de l'anthropologue David Graeber, Debt: the first 5000 years.

  • Il y a une mode actuelle de concevoir certains "problèmes" comme des traits émergents ou des évolutions qui pourraient devenir bénéfiques. L'auteur de cyberpropagande Douglas Rushkoff vient d'écrire une bd de Geek-porno pleins de jargon de la culture ludique où le "problème" de déficit d'attention est redécrit comme une mutation rapide des individus qui tentent de ne pas se laisser programmer. Ce serait amusant d'optimisme mais hélas assez invraisemblable. J'ignore complètement s'il y a un problème réel de Déficit d'Attention ou si nous sommes dans une idéologie qui veut nous faire croire au "problème" (en tant qu'enseignant devant des adolescents sur-stimulés par leurs portables en continu, j'ai tendance à croire à cette "idéologie", malgré le risque qu'elle ne soit que "réactionnaire"). Mais si on croyait vraiment à la croissance du Déficit d'attention et à une interprétation "politique" (ce que veut faire Bernard Stiegler), ne serait-il pas plus simple de croire que nos maîtres des Corporations ont un intérêt à ce Déficit et à une attention fluctuante où nous allons changer de récits chaque semaine ?

  • Ce long article par l'ex-financier Ashwin Parameswaran défend une nouvelle version de Schumpeter et sa Création destructive : non pas l'idée que les marchés s'auto-contrôlent (la Main Invisible) mais que les techniques de Contrôle - qu'elles soient de la régulation étatique de la Main Visible ou bien des modèles plus techniques de contrôle - n'empêchent pas les Crises mais finissent au contraire par les rendre plus graves et plus imprévisibles.

    Il a ce style typique des manuels américains (que ce soit du Self-help ou du Management) qui partent d'un cas concrets (ici, l'exemple d'une catastrophe aérienne où le modèle informatique était si performant qu'il a causé des erreurs humaines que des humains n'auraient jamais commises sans le développement de la complexité de ces modèles) pour en tirer des théories générales de hérissons applicables à tout, avec des néologismes qui se multiplient (ici, j'ai du mal à voir l'application de la généralisation du concept de Vallée dérangeante de l'Inquiétante étrangeté à l'ensemble du processus technique et économique).

    Cette idée d'une origine commune du socialisme et du capitalisme dans un modèle physique d'ingénieurie du Contrôle était plus à la mode à l'après-Guerre, de la Cybernétique au discours sur les "systèmes", mais Parameswaran reprend ici surtout James Beniger, un sociologue de l'Information qui veut défendre une forme d'analyse "thermodynamique de la société", où les groupes formeraient des contrôles pour augmenter la "Lisibilité", réduire le Bruit, mais sans voir les effets de crises que cela provoque.

  • Casting


  • La série Borgen commence à souffrir de son manque de personnages. Cela devient un peu étouffant comme les quatre ou cinq personnes autour de Birgitte Nyborg vont toujours se retrouver reliés, comme hier où on découvrait comme par hasard que le mari de Birgitte avait couché avec la Ministre du Commerce. Mais surtout ce triangle entre le Premier Ministre Nyborg, son Spin Doctor narcissique Kasper Juul, et la journaliste Katrine Fønsmark devient trop répétitif.

    En revanche, l'autre défaut de la série (que c'était un peu trop "gentillet" et donnait toujours le beau rôle à l'héroïne, la Premier ministre Birgitte Nyborg, qui l'emporte toujours en ne cédant jamais au chantage) va se réduire un peu dans les épisodes suivants, si j'ai bien compris, alors que son Gouvernement et sa vie personnelle vont connaître des crises plus profondes.

    Peut-être que tous ces succès des premiers épisodes ne servaient d'ailleurs qu'à faire mieux accepter les compromis futurs. The West Wing avait eu une progression un peu inverse dans mon souvenir : la première saison était trop "réaliste" et la Présidence Bartlet ne faisait pas grand chose par peur des sondages, puis les scénaristes se sont libérés et ils ont commencé des réformes irréalistes et audacieuses tout en gagnant les élections quand même.






  • J'aime beaucoup l'atmosphère des romans d'espionnage de John Le Carré et j'ai donc plutôt aimé La Taupe (Tinker, Tailor, Soldier, Spy) mais là, le problème de Casting devient gênant pour le suspense.

    Je ne parle pas de Gary Oldman en Smiley (le "Beggarman" dans la comptine de Control), qui a réussi à diminuer son charisme pour prendre le masque du petit fonctionnaire discret et tout en retenue. SPOILER : Mais trop d'indices accusent vite Percy Alleline (Toby Jones) et tout est fait pour préserver Bill Haydon (Colin Firth), ce qui fait qu'on devine tout de suite qui est le coupable. D'ailleurs, y en a-t-il un qui entre dans la salle sans se dire : "Oh, c'est Colin Firth, c'est forcément lui le coupable ?". Il y a un autre indice qui n'est pas dans le casting mais bien à cause d'un clin d'oeil de John Le Carré : Esterhaze a trop un nom de traître (Esterházy, celui de l'Affaire Dreyfus) pour pouvoir être la Taupe.

    Il y a un frisson propre à l'Espionnage que je préfère infiniment au Roman Policier. Le philosophe Guy Lardreau a écrit que la science-fiction posait des questions de métaphysique (Comment pourrait être le Monde ?) alors que le policier pose des questions d'épistémologie (Comment pouvons-nous déterminer ce qui s'est passé ?). Le Roman Policier a une énigme avec des indices dispersés et des fausses pistes mais on sait qu'on est dans un puzzle qui va se résoudre (House, MD appartient au genre du Roman Policier d'ailleurs). L'Espionnage au contraire fait entrer dans un autre vertige épistémologique du scepticisme : une tentative de vérification qui finit par dissoudre les conditions mêmes de la vérification. C'est ce que résume bien Smiley quand il s'exclame qu'en un sens plus rien n'est "vrai" et que tout fait peut être réinterprété ou utilisé. Certains des personnages trahissent vraiment involontairement en croyant apporter des broutilles pour mieux espionner l'autre camp, se faisant prendre à leur propre piège. Et il y a aussi une sorte de nihilisme moral assez fascinant et qui n'est guère possible que dans la Guerre Froide : Smiley peut être un patriote sans aucune attirance pour le communisme mais il considère que certaines des méthodes de son camp ne valent pas mieux que celles de Karla, et la Taupe (inspiré de Kim Philby) dit avoir trahi "pour des raisons esthétiques". Le Policier est toujours un peu binaire (Coupable/Innocent, Pris / Pas Pris) alors que l'Espionnage multiplie l'ambiguïté à l'infini dans un jeu de miroirs et faux semblants où chacun craint de se faire éliminer par l'Autre Camp ou bien au contraire par le sien qui y verrait un gain ou croirait que vous avez déjà été "retourné".

    J'avais envie de faire un jeu de rôle d'espionnage (baptisé pour l'instant Agent Dormant ou Sub Rosa) où chaque personnage pourrait augmenter ses chances de réussite en gagnant des Points de Duplicité (je préfère cela mieux que "Points de Trahison" mais peut-être qu'un terme plus neutre comme "Points de Risque" permettrait de plus pousser les joueurs à en gagner ?). A chaque fois qu'il gagnerait des Points de Duplicité, il devrait faire un jet et si le score du dé était en dessous de ces Points, le personnage se révélerait être un Agent Double depuis le début, que le joueur le veuille ou pas. Les autres joueurs sont informés des succès des autres mais bien entendu pas de qui vient de devenir un Agent Double (peut-être même que chaque Agent Double pourrait ignorer l'identité des autres !). Call of Cthulhu a la crainte de la Folie et Agent Dormant aurait la crainte de la trahison avec la subtilité supplémentaire que même le joueur ignore au début du jeu si son personnage est ou non une Taupe, ce qui ne sera dévoilé que rétroactivement. Je pense que cela aurait bien simulé l'atmosphère paranoïaque du Genre, mais je crois avoir volé cette idée quelque part en lisant un article. Est-ce une idée dans le Spione de Ron Edwards ?
  • jeudi 23 février 2012

    Lettre écarlate



    La nouvelle stratégie du Parti Républicain contre l'avortement dans certains Etats comme la Virginie était originale. Au lieu de chercher comme d'habitude à limiter l'avortement lui-même, par des droits du Foetus (ou de ce qu'ils considèrent comme étant déjà un Foetus même avant la 11e semaine - un autre texte virginien voulait définir la "personne" comme commençant "à la conception"), ils proposaient un nouvel angle qui était la "prise de conscience de la mère" : toute femme qui voudrait avorter serait contrainte par la loi de faire une échographie et d'entendre le battement de coeur avant d'avoir le droit de passer à l'acte.

    Ce n'est donc pas vraiment une interdiction, plutôt une technique de persuasion ou, disons-le, d'intimidation. Cela devait se servir du cas singulier de la "Jurisprudence" Juno ("Je n'ai pas avorté quand on m'a dit qu'il avait déjà développé ses ongles") : si vous n'êtes pas prête à voir d'abord le coeur du futur individu en formation dans l'échographie, alors vous n'avez pas le droit moral d'exécuter cette vie.

    C'était une voie assez ingénieuse pour prétendre laisser toute l'autonomie aux femmes tout en insultant cette autonomie directement (comme si les femmes qui avortent étaient toutes incapables de concevoir ce qu'elles font sans une image). C'était aussi se servir d'un moyen permis par la technique (l'échographie) pour tenter d'empêcher indirectement une autre possibilité permise par la technique (l'avortement médicalisé). Même si on n'est pas d'accord, on ne peut que trouver cela assez habile car les arguments ne sont plus exactement les mêmes que d'habitude.

    Mais du moins, on pouvait toujours se dire que même dans l'utilisation d'instruments assez "invasifs" dans les premières semaines, cela n'impliquait pas une contrainte de regarder :


    Mais Jon Stewart était en-deçà de la vérité : là où l'humiliation va encore plus loin que leur imposer l'acte même de l'échographie "transvaginale", c'est qu'elle était en effet une contrainte sur l'image (c'est le texte du projet de loi) :

    A woman who refuses to look at the ultrasound would have to sign a statement, which along with a print of the image would become part of her medical file.

    Si elle refuse de regarder l'image, on la mettrait dans son dossier médical toute sa vie, au cas où elle risquait de ne pas pouvoir ressentir de culpabilité sur le moment.

    Devant les protestations, les Républicains de Virginie viennent de renoncer à l'obligation et le Gouverneur de Virginie a déclaré qu'il ne se rendait pas compte que l'échographie pouvait ainsi comporter un élément intrusif.

    Add. Ce dessin de Matt Bors résume bien le contexte curieux des dernières discussions contre la contraception (comme ce comité sénatorial sans aucune femme).

    mardi 21 février 2012

    [JDR] Les mondes de Traveller (9)

    Suite du précédent sur les planètes créées par l'éditeur Group One pour Traveller.

  • Port Xanatath (1980)
    C'est encore un module court de 16 pages concentré à un seul système. Port Xanatath est une Base construite dans un astéroïde du Quadrant Ventura (Hexagone 0801 Astroport B, 050330-D, donc une population de quelques milliers de personnes, une oligarchie et un haut niveau technologique de D (13)).

    Cela paraît être en gros l'Île de la Tortue, un repaire de Pirates de l'Espaaace. C'est plus exactement le plus important "Marché Noir" de recel de tout le Secteur, un Marché où on peut tout acheter, y compris des esclaves puisque la seule Loi est celle qu'imposent les dirigeants (mais l'esclavage garderait-il une valeur légale en quittant le territoire ?).

    Mais le plus important secret est que Port Xanatath réussit depuis des siècles à échapper aux investigations. Les deux clans dominants (les Paldoren et les Laranest) ont en effet une ressource spéciale. Ils possèdent des Machines télépathiques (Mind Probes) et des robots, des cylindres flottants très avancés (Niveau Technologique 16) pour dissuader tout assaut, guerre civile ou révolution dans ce repaire d'iniquités. Un agent ennemi qui viendrait sur Port Xanatath avec des intentions hostiles se retrouverait vite amnésique après un effacement par les Sondes Mentales. Cela permet de justifier que la Base n'ait jamais été éliminée après des décennies d'activité, surtout que les systèmes des alentours sont moins avancées ou peu peuplées.

    Le supplément décrit ensuite quelques commerces et lieux principaux de cette station (hôtels, hôpitaux, armuriers, mécaniciens, magasins de robots, restaurants, night-clubs) avec quelques PNJ. Il n'y a donc pas d'histoire, seulement un cadre d'arrière-fond qui n'est pas sans intérêt. Cela ne se veut pas très "réaliste" et rappelle un peu une ville de fantasy, avec des restaurants à la place des vieilles auberges.

  • Nystalux
    Nystalux (X686735-6) est une planète du Secteur Ventura (Hexagone 0302). Le cadre décrit surtout (en dehors de la faune et de la météo) une espèce insectoïde intelligente, les Sedas qui vivent dans d'immenses Ruches ou Fourmilières.

    Ils ont capturé un vaisseau pirate naufragé et, bien que pacifiques, leurs dirigeants, les Cerveaux, ont analysé l'agressivité des pirates et ont commencé à réorganiser leur société communautaire vers l'hostilité envers les Envahisseurs étrangers. Les Cerveaux ont déjà redécouvert l'énergie nucléaire (Niveau Technologique 6) et l'exploration spatiale approche donc grâce à une "rétro-ingéniérie" sur cette épave.

    On n'est donc pas encore exactement dans un scénario de Bugs à la Starship Troopers mais on pourrait aller dans cette direction si on ne veut pas négocier et si les personnages cherchent à récupérer le vaisseau échoué chez ces Bestioles. Avec une population de plusieurs dizaines de millions de Sedas, il serait peut-être mieux de pouvoir discuter avec les Cerveaux des Sedas, mais ce cadre est extrêmement flou (ou "souple") sur la question.

  • Nithus
    Petite planète sèche du Quadrant Banderhue à l'air difficilement respirable (A341543-F), Nithus a pourtant une population indigène, les Captutains, des sortes de grands bouledogues noirs humanoïdes. Comme les illustrations en font clairement des sortes de Canidés, ils feraient un peu double emploi avec les Vargr, mais ils sont naturellement télépathes et plutôt paisibles (depuis qu'une Guerre civile a dévasté leur monde - ce qui donne quelques ruines à explorer). Comme pour les maléfiques Zerps décrits dans le Guide du Secteur, leur Force et leur Endurance tourne plutôt autour de A, et on peut donc les tirer avec 3 dés au lieu de 2. On remarquera que l'espèce est peu équilibrée, avec son fort potentiel psionique et sa très haute technologie de Niveau 15.

    Les Captutains ont une flotte spatiale et j'imagine qu'on doit en retrouver ailleurs dans les alentours du Quadrant Banderhue comme les planètes moins avancées Gadwop ou Dinloc. S'ils étaient plus nombreux, ils devraient même être une espèce assez importante et pourraient fonder une Confédération dans le Quadrant Banderhue, encore assez sauvage. Mais on se méfierait peut-être de leur télépathie.


    Voici d'ailleurs une petite carte de ce Quadrant de Banderhue un peu plus détaillée où j'ai ajouté les noms des systèmes. Ce Sous-secteur n'est pour l'instant pas desservi par des lignes commerciales régulières, contrairement aux Quadrants Festab, Corelian, Monway, Phoenix et Sibigil :


  • Sapies

    Sapies est dans le Quadrant Banderhue. Après tous ces mondes plutôt inexplorés ou marginaux, on a ici une planète riche avec un Astroport fréquenté de catégorie A (on est d'ailleurs dans un Corridor de systèmes assez denses), même si le Niveau technologique local est en moyenne encore au tout début du Saut hyperspatial (UWP A854643-9). Les indigènes, les Cygmo, sont encore à un niveau médiéval avec des tribus barbares et nomades, mais le peuple dominant est les petits Mitzene (grands d'un mètre), qui descendent d'un Vaisseau Colonie échoué et sont nettement plus intelligents et plus développés que les farouches Cygmo. Les Mitzenes ont un régime démocratique et leur capitale Praxel doit parfois faire face aux assauts des hordes de Cygmos (qui leur ont volé certaines armes technologiques).

    Un détail touchant est que le supplément précise (alors que la plupart des modules de Group One sont anonymes) que Sapies fut créé dans leur campagne par Dorothy Bledsaw, la mère des fondateurs Debi et Bill Bledsaw. Il ne devait pas y avoir beaucoup de Meneuses de jeu quadragénaires qui créaient déjà leur propre campagne de Traveller en 1980. Comme pour tous ces petits cadres de campagnes, il n'y a pas d'histoire dirigiste du tout mais tout semble s'orienter vers des intrigues sur les conflits entre les paisibles Mitzenes allogènes et les violents Cygmos autochtones.

  • Wabor-Parn
    Wabor-Parn est le dernier supplément publié par Group One en 1981 (il est dédié à John Lennon, assassiné en décembre 1980). C'est d'ailleurs le seul module qui tienne vraiment compte du Guide de Theta Borealis avec une allusion au Royaume des Péladons, l'Etat humain qui se trouve pourtant dans les Quadrants Alpha et Evalren, à au moins une vingtaine de Parsecs dans la direction Directe. Wabor-Parn est encore dans le Quadrant Banderhue (Hexagone 0503), comme Nithus et Sapies.

    C'est un monde très arriéré (UWP E545420-2), avec la particularité d'avoir une faune qui ressemblerait à des Mégasauriens (même si certains ont huit pattes). Le supplément a même la bonne idée d'introduire quelques groupes d'espèces sans retranscrire simplement des noms terrestres. Il y a deux espèces intelligentes issues de ces sauriens : les gigantesques nomades Trist (3,50-4m) et les plus petits Bose (1,50m), qui ont atteint le Niveau Technologique 2 et notamment la Poudre à canon. Oui, c'est donc un monde de Sauriens à Mousquets. Le supplément, en dehors de la faune et des habituelles tables de rencontres aléatoires, décrit surtout des villes des Bose et une base abandonnée d'éclaireurs de Peladon.

    Ils ont fui ces installations quand les Zerp ont commencé à attaquer leur Royaume et tout le Secteur. Les Péladons ont laissé un étrange bâtiment qui est en réalité une station de recherches (avec, jolie touche, un téléscope braqué vers l'étoile de Péladon (Quadrant Alpha, Hexagone 0110, à environ 90 années-lumière de Wabor-Parn).


  • Group One publia aussi trois autres Guides (Encounters in the Phoenix Quadrant, Encounters in the Corelian Quadrant et Encounters in the Ventura Quadrant) mais à ma connaissance ce ne sont que des plans de vaisseaux avec des UPP de l'équipage.

    Les produits de Group One ont une atmosphère particulière, qui doit venir en partie de cette débauche d'extra-terrestres à chaque planète décrite ou bien des illustrations si datées. Les produits de Judges Guild sont bien plus sobres.

    Le supplément le plus détaillé est Hydronaut (la planète submergée de Dagan) mais je n'ai hélas pas bien compris comment l'utiliser en le lisant rapidement. Curieusement, l'un des meilleur me paraît toujours être le premier, Pen-Latol's World, grâce au fait que je pourrais imaginer faire un peu de xéno-ethnologie sur ces crevettes dans leurs vaisseaux terrestres. Mission to Zephor a un scénario très directif (récupérer l'otage des Tshini) mais il n'est pas très clair. Port Xanatath pourrait devenir une dystopie intéressante (une base criminelle protégée par une Police de la Pensée : une version très sombre de l'Utopie des Jhodanis). L'ennui est que ces Sondes Mentales (qui détectent les pensées de tous les habitants !) pourraient vite déséquilibrer la technologie du jeu si les personnages-joueurs pouvaient avoir accès à une Sonde Mentale. Parmi les nombreux extraterrestres, je n'en ai vu aucun qui donne vraiment très envie d'y jouer (même ces Captutains de Nithus, si surpuissants). Et surtout, les adversaires, les Zerps, ne sont pas très intéressants alors que l'une des grandes qualités de Traveller a toujours été d'éviter le manichéisme.

    Une campagne dans Theta Borealis ne semble donc pas vraiment s'imposer, sauf si vous jugez l'Imperium de l'OTU trop étouffant et voulez vraiment avoir les coudées franches en ajoutant vos propres espèces Aliens à travers tout le Secteur comme l'ont fait les auteurs. Un autre attrait serait pour certains le peu de matériels publiés : il n'y aura jamais rien de plus que ce Guide et vous pouvez faire à peu près ce que vous voulez en contredisant les constantes de Traveller en toute impunité. Par exemple, une planète entière de Robots paraît déplacée dans Traveller mais rien n'interdit d'en mettre une ici.

    Un Cynogriffon et un Cerf Blanc



  • Via Gianni, ces illustrations du panthéon slave par Guselnikov.

    J'aime bien cette chimère russe, le Semargl', griffon à corps de chien ou mélange de Loup et d'Aigle. On sait seulement que les Slaves adoraient des idoles de ce Sermargl et on pense qu'il serait relié au Simurgh, l'Oiseau gigantesque des légendes iraniennes qui aide les princes. L'illustration le mélange ici aussi un peu avec l'Oiseau de Feu ou le Phénix d'autres légendes.


  • Via In Places Deep, je découvre ce vieux groupe de folk britannique, Pentangle (ainsi nommé à cause de l'étoile à 5 branches sur les armoiries du chevalier Gauvain).

    Voici leur "Chanson de Chasse", chanson médiévale obscure sur une chasse au Cerf Blanc, la mort et l'infidélité qui rappelle des thèmes arthuriens (le Cerf Blanc apparaît dans la légende de Saint Hubert et devint ensuite l'armoirie du roi Richard II).



    As I did travel all on a journey
    Over the wayside and under a dark moon
    Hanging above a mountain


    I spied a young man riding a fine horse
    Chasing a White Hart and all through the Woodland
    There go the hunting and cries

    And there followed after ten Kings and Queens
    Laughing and joking, the White Hart they'd seen
    Bloodied running into the bushes

    I plume to his helmet, a quiver and a bow
    There's nowhere to run now, there's no place to go
    The hunter is fast and ready

    Still farther I journeyed through the hills and the valleys
    Until upon the verge of despair I sat and rested
    And there did pass a princely knight poursuite by a lady
    And this she did say: "Oh may I ask you kind sir where you are going?
    And pray tell unto me sir why you do hurry
    Strange that I should meet you here, come sit by me.

    "I have here a magic Horn to deliver
    And one drop from this silver and gold Horn I hold, sir
    Shall prove all to be false, lovers beware!"

    "The gift that you bear for your brother the King
    I gladly would carry to the banquet this even'
    What fair sport this would be for the maidens at court."

    Wearily I crossed the stream to the castle
    Where I found shelter from the cold wintry wind
    And food did I have and plenty
    But the Lord and Lady seemed so sad
    For these words they did say unto each other:

    "My good lord, all off to war in thy armor
    Leaving me here alone to weep and to worry
    Take care lest misadventure
    Shall overcome thy kindly heart
    My good Lord, all off to war in thy armor."

    "My Lady, you have no need for to worry
    I'll return victorious and true unto thee
    Take care, lest misadventure
    Shall stain your heart and lead to woe
    My fair lady you have no need for to worry."

    While underneath the spreading oak a knight with white device
    Upon a shield of black, and deep in grief and sorrow sings
    His unrequited love "Young noblewoman riding by, pray tell me have you seen
    Queen Azelda the fairest maid, in company she rides For I swear to have revenge."

    A thousand days have come and passed, the Lord returns this night
    The victor from the bloody wars proven his fearsome might
    As ever he would claim
    But fate has played its wanton game, the circle come full turn
    The magic Horn has done its work, cried "Falseness is found out!"
    The sorrowed quest is over.

  • lundi 20 février 2012

    Presidents' Day



    Au lieu de voter pour Lex Luthor, Clark Kent ou pour Cthulhu, comme c'est aujourd'hui le Jour des Présidents aux USA, mon Président fictif favori est pour l'instant :


    Dunkelzahn a une histoire fictive assez tortueuse. Dans le jeu de rôle Earthdawn, qui se déroule des milliers d'années dans le passé, il est le Dragon nommé Mountainshadow (et non pas son serviteur le Drake nommé Darktooth, ce qui veut dire la même chose que Dunkelzahn).

    Des milliers d'années après, il se réveille en l'an 2012 à la fin de l'ère Maya du 5e Monde et décide de rendre son identité publique. Il va jusqu'à la médiatiser dans des émissions télévisées. Il devient vite richissime et actionnaire de plusieurs Mégacorporations. Après la sécession des Indiens de la Confédération des Etats Américains de l'Ouest et l'unification des USA restants et d'une partie du Canada dans les UCAS en 2030 et après la Crise constitutionnelle de 2056 (où le Président Steele et son vice-Président, du Parti Technocratique, furent invalidés tous les deux pour fraudes aux Machines de vote), Dunkelzahn obtient le droit de se présenter (comme Indépendant) aux élections exceptionnelles de 2057 (la même année 2057, Aurélie de Paladines est élue Présidente de la VIe République française).

    Dunkelzahn gagne de justesse les élections au début août 2057. Elu 7e Président des UCAS et premier Président non-humain, sur un programme audacieux d'intégration des méta-humains, il sera assassiné le 9 août 2057, la veille de son Inauguration par un mélange d'explosion et de rituel de sorcellerie. Le Vice-Président humain Kyle Haeffner continua son Administration. Son Testament montre une richesse accumulée sur plusieurs siècles. On dit qu'une émanation de lui hante encore le Plan spirituel et que des avatars virtuels se trouvent aussi dans la Matrice. Plusieurs sectes se réclament de lui et un autre Dragon de Denver, Ghostwalker (apparu en 2061 dans une fissure du Plan Astral au lieu de l'assassinat à Washington), se présente comme son héritier spirituel.

    Je n'ai jamais accroché à Shadowrun (à cause du cyberpunk et du système plus qu'à cause du grand mélange de fantasy contemporaine) mais enquêter sur l'assassinat d'un Kennedy-Dragon m'a toujours donné envie d'essayer le jeu.

    Ruth Barcan Marcus (1921-2012)



    C'est une trace de nos conventions de nominations que Ruth épouse Marcus (dont Hady Ba m'apprend le décès) ait dû toujours ajouter son nom de jeune fille Ruth C. Barcan pour qu'on sache qu'elle était l'auteur de ce qu'on appelle en logique la "Formule de Barcan", dont une des applications est justement la Nécessité de l'Identité : si "Ruth Barcan" est identique à "Ruth Marcus", alors il est nécessaire que "Ruth Barcan = Ruth Marcus". Ou pour le dire dans un autre langage il n'y a aucun monde possible où il y aurait l'une sans l'autre, et où Marcus aurait pu ne pas être identique à cette personne dans notre monde réel qui a inventé la Formule de Barcan.

  • La Logique Modale Quantifiée et le Spectre de l'Essentialisme






  • Barcan n'a qu'une vingtaine d'années dans les années 1940 quand elle décide, sous la direction de Frederick Fitch à Yale de travailler sur la Logique Modale Quantifiée, après une Licence de mathématiques et de philosophie.

    La Logique Modale est la partie de la logique qui traite des énoncés qui ne sont pas seulement vrais ou faux mais qui sont possibles ou nécessaires. A cette époque, Clarence Irving Lewis avait développé depuis des années des axiomes de la Logique Modale propositionnelle (sans sémantique) mais on ne voyait pas vraiment comment étendre les propositions à la version "quantifiée", au calcul des individus, c'est-à-dire à des relations possibles ou nécessaires entre individus.

    Ruth Barcan avait d'ailleurs choisi Yale plutôt que Harvard parce que dans cette dernière université le plus grand philosophe de la logique, Willard Van Orman Quine, considérait que tout travail sur la Logique Modale Quantifié était philosophiquement obscur et vain, un danger à la fois logique et philosophique qui réintroduirait subrepticement toute une métaphysique suspecte sans qu'on la remarque.

    Pour Quine, on pouvait - à l'extrême rigueur - dire qu'une proposition est "nécessaire" au sens où on ne peut pas ne pas l'affirmer ("il est nécessaire que P") mais il ne fallait certainement pas passer au degré suivant d'engagement ontologique en disant par exemple "x possède nécessairement la propriété F".

    Passer cet interdit quinien serait accepter une propriété nécessaire ou "propriété essentielle" d'un objet. Cela impliquerait une "métaphysique" avec des "substances" qui auraient des propriétés nécessaires indépendamment de la description pour faire référence à cet objet. Sous le couvert d'étendre la Logique quantifiée de Russell, on abandonnerait certains principes fondamentaux de toute la théorie de la dénotation ou de la référence.

    Cette métaphysique, Quine l'appelle "Essentialisme" mais cela a un sens logique et pas seulement "métaphysique". L'Essentialisme consiste à dire qu'il y a des "objets" du discours qui ont telles propriétés de manière contingente, donc cela signifie qu'elles pourraient être strictement la même entité sans avoir cette propriété. Selon l'adage de Quine, il n'y a pas d'entité sans conditions d'identité et (conformément à la théorie de Russell où nos constantes du langage ordinaire ne servent en réalité que de simples abréviations de descriptions), on ne peut pas identifier et ré-identifier une entité "indépendamment de toute description".

    Avant même que Rudolf Carnap n'introduise une première théorie sémantique de la Logique Modale (1947), Ruth Barcan publie sa thèse de doctorat sur la Logique Modale Quantifiée (1946). Parmi les résultats formels de Barcan, un des théorèmes dans certains axiomes (que le logicien Arthur Prior appela plus tard la "Formule de Barcan") est que "Si tout x a nécessairement la propriété F, alors il est nécessaire pour tout x d'avoir F".


    Les conséquences sont étranges : "S'il est possible qu'il existe un x qui a F, alors il existe un x qui a possiblement la propriété F". Et une des conséquences est le paradoxe de l'identité, "Si a = b, alors il est Nécessaire que a = b".

    Cette Nécessité de l'Identité paraît curieuse selon les termes qu'on met sous "a" et "b". Car si "Le Président de 2007 = NS", on a du mal à croire qu'il est nécessaire que ce soit vrai ou qu'il soit impossible logiquement que le Président ait pu être SR. Très peu probable, certes, mais pas impossible logiquement quand même ?

    Mais c'est justement qu'il y aurait une ambiguïté dans une description comme "Le Président de 2007" et cette ambiguïté devient difficile à expliquer si on ne passe pas par une traduction formelle.

    Le modèle est la phrase étudiée par Bertrand Russell dans "On Denoting", 1905 "Je croyais que ton navire était plus grand que ce qu'il est dans la réalité". La phrase ne veut pas dire que je croyais que ton navire était plus grand que sa propre taille, ce qui serait m'attribuer une croyance absurde où l'objet serait plus grand que lui-même. Je croyais que ton navire avait une taille possible T et cette taille T était strictement plus grande que T2, sa taille réelle.

    C'est la même chose pour l'expression "Le Président de 2007". Si elle est une description simple, alors ce n'est pas une identité mais un énoncé prédicatif : "il existe un x qui a la propriété d'être le Président de 2007 et NS a de facto cette propriété d'être le Président de 2007 - mais il aurait été possible que SR soit identique à cet x qui a la propriété d'être la Présidente de 2007".

    En revanche, si on entend par Le Président de 2007 une référence stricte au Président tel qu'il a été réellement élu, alors la Nécessité de l'Identité n'a plus rien de paradoxal. Dans ce second sens, on doit lire la phrase comme "Il existe un seul Président de 2007 et ce Président réel est identique à NS, donc ce Président réel (=NS) n'aurait pas pu être distinct de cet individu réel qui a gagné les élections (=NS)".

    Barcan adopte, en même temps qu'un autre Russellien, Raymond Smullyan, cette inteprétation qui fait dépendre l'interprétation de l'énoncé modal de la Portée (scope) de la description.

    Mais à partir de cette époque, Ruth a épousé un physicien en 1942, le Dr Marcus et donc changé de nom pour ses nouvelles publications. Elle quitte la recherche en philosophie complètement pendant une douzaine d'années. Elle suit son mari à Chicago et même si elle y rencontrera l'exilé viennois Rudolf Carnap laisse de côté ses premiers travaux. Elle, qui avait été élevée dans les années 1930 dans un milieu juif russe socialiste new-yorkais, rejoint des recherches de psychologie comparative sur la psychanalyse et après avoir servi d'échantillon, en sort très réservée sur la portée de la théorie psychanalytique.

  • Le Retour de Ruth Marcus et la Controverse sur les Désignateurs Rigides








  • Après douze ans sans publication, la Dr Barcan-Marcus revient à Boston défendre (avec ses arguments néo-Smullyaniens) ses travaux de Logique Modale Quantifiée devant Quine, qui considère ses résultats comme une sorte de reduction par l'absurde et une confirmation de ses propres anticipations. Marcus cherche à conserver une part "innocente" de ce que Quine appelle un "Essentialisme" mais en même temps, elle se veut déflationniste. Elle espère ne pas accorder beaucoup de poids ontologique à tout le discours sur les Essences ou sur les Possibles, grâce à une théorie de la quantification substitutionnelle qui éviterait de traiter ces discours comme autre chose que comme des "manières de parler".

    Elle a donc à présent 40 ans et il y a un jeune génie précoce de 20 ans dans l'assemblée, Saül Aaron Kripke, qui défend Mme Marcus devant Quine et qui prend parti à égalité avec eux.

    Kripke avait déjà un statut particulier. Il avait démontré ses premiers résultats de Logique Modale Temporelle à l'âge de 17 ans en étudiant avec Arthur Prior. Dès 20 ans, le jeune mathématicien est considéré comme un des plus brillants logicien de sa génération et il va démontrer la complétude de la Logique Modale Quantifiée.

    Kripke n'a pas tellement publié, comme il souffre de certaines névroses qui le rendent trop perfectionniste et légèrement paranoïaque. Mais l'influence énorme de ses publications dépasse la quantité. Neuf ans après cette discussion générale, en 1971, sa célèbre conférence nommée "Naming and Necessity" va expliquer sa théorie sémantique en relation avec la Logique Modale Quantifiée et contre la Théorie Russellienne des Noms Propres comme Descriptions Déguisées.

    Naming & Necessity est un monument de la philosophie analytique contemporaine par son retentissement. Kripke donne en un sens raison à la sombre prédiction de Quine en réintroduisant une certaine sorte d'Essentialisme. Kripke justifie la Nécessité de l'Identité comme tout à fait acceptable si l'énoncé d'identité est entre "Désignateurs Rigides", un terme qui par stipulation désignerait un individu indépendamment d'une description (même si une description peut aussi rigidifier comme "le Président de 2007 dans la réalité").

    Beaucoup plus tard, Barcan Marcus a eu tendance à (laisser) dire que bien que Kripke l'ait citée, on lui avait nié une part de sa gloire et que ses propres textes sur le concept d'Etiquette (tag) accrochée à un objet représentaient déjà le Désignateur Rigide kripkéen.

    C'est une question historique qui a commencé à faire couler beaucoup d'encre quand certains articles d'un élève de Barcan Marcus, Quentin Smith, ont insinué qu'il n'y avait finalement rien de plus chez Kripke que ce qui se trouvait déjà chez Barcan Marcus. Et Lingua Franca a repris la polémique en transformant la querelle de précédence en une sorte de nouvelle Guerre Newton/Leibniz.

    La question d'érudition historique est technique mais j'ai tendance à croire plutôt les logiciens pro-Kripke Scott Soames ou John Burgess qui ont expliqué qu'il y avait une sorte d'erreur rétrospective dans le camp des Barcaniens. Selon les Kripkéens, les théories de Barcan Marcus cherchent encore - comme Smullyan et à la suite de Russell - la solution aux problèmes d'identité avec des ambiguïtés de portée dans les descriptions. Et Michael Dummett de même commet encore l'erreur dans ses remarques défendant la théorie frégéenne de croire qu'un Désignateur Rigide n'est rien d'autre qu'une question de portée russellienne dans les descriptions définies.

    Or Kripke a montré formellement que son concept de Désignateur rigide ne se réduit en fait pas à la portée russellienne et que sa rupture n'est pas qu'un changement cosmétique ou un rhabillage de l'étiquette barcanienne (la démonstration technique par Kripke sur la portée est dans son "Speaker's Reference and Semantic Reference", Midwest Studies in Philosophy 2, 1977, p. 255–276). En revanche, la notion d'étiquette est certes plus proche de la référence directe chez David Kaplan.

    Cela n'enlève rien au mérite immense de Barcan Marcus comme logicienne (surtout qu'elle a aussi publié d'autres travaux sans rapport sur les ensembles ou même sur l'éthique). Mais cela peut défendre quand même Kripke de l'accusation d'avoir volé le mérite de Barcan. On peut reprocher bien des choses à Kripke mais ce reproche infondé a dû contribuer à aggraver son complexe de persécution.

  • Dernières années et dernière controverse




  • A partir des années 1970-1980, Ruth Barcan Marcus devient Professeur de philosophie à Yale et commence à prendre plus d'importance dans l'American Philosophy Association au fur et à mesure qu'elle devient une des femmes les plus importantes de la philosophie contemporaine (même si son influence me paraît quand même moindre qu'Elizabeth Anscombe ou Judith Jarvis Thompson).

    C'est à Yale qu'elle va commencer à s'opposer au Département de littérature française et comparée qui s'est placé sous la tutelle symbolique de la critique littéraire de Paul de Man et la Déconstruction de Jacques Derrida. Je ne veux en parler que pour l'anecdote comme c'est souvent la seule connaissance que les Philosophes Continentaux ont de son oeuvre.

    Elle va publiquement refuser toute attache du Département de Philosophie avec Derrida et va même écrire des lettres violentes contre ce qu'elle juge être de la pure et simple "sophistique" irrationnelle. Elle s'étonna que les autorités françaises donnent à Derrida des responsabilités dans le Collège International de Philosophie et elle organise une pétition contre lui quand il reçut un Doctorat honoris causa de Cambridge en 1992.

    Derrida répondra (dans ce qui doit être l'un de ses plus mauvais livre Limited Inc, et hélas pour lui le seul que les Philosophes analytiques américains regardent) en l'accusant d'avoir voulu faire la "Police de la Pensée" (ou plutôt même un "Interpol philosophique"). Ce n'est pas entièrement une accusation absurde (il est d'ailleurs possible qu'elle ne connaisse de Derrida que ce qu'elle a pu lire dans de courts articles polémiques) mais on peut comprendre comment une logicienne pouvait avoir du mal à lire sa "Rhétorique spéculative".

    Les Mémoires de Barcan ne dissimulent pas sa Schadenfreude quand on découvrit le passé antisémite de Paul de Man et que Derrida dut chercher à déconstruire le passé nazi de son ami.

    Mais bien que je préfère Russell à Derrida, ce serait de la mauvaise foi déplacée d'user ainsi d'un argument ad hominem par association contre Derrida lui-même.

    Ruth Barcan Marcus ne devrait pas se réduire à ces deux controverses anecdotiques.

    Elle a été une philosophe qui dans la lignée de Russell a bravé des interdits quiniens et a contribué à chercher comment les Logiques pouvaient être enrichies ou développées pour étudier de nouveaux problèmes.

    Brian Leiter a des liens vers un discours autobiographique de Ruth Barcan Marcus et l'éloge par le philosophe logicien Timothy Williamson.

    (Add. Je m'étonnais de l'accord entre son entrée Wikipedia française et ce que je viens d'écrire mais je vois dans l'Historique que je l'avais créée son en 2006 et que je l'avais complètement oubliée entre temps. L'entrée anglaise est (pour l'instant) bien meilleure en couvrant aussi d'autres aspects comme ses travaux sur la morale ou sur la quantification substitutionnelle.)

    [JDR] Les mondes de Traveller (8)

    Rappel des épisodes précédents : (1) Introduction générale aux mondes non-officiels pour le jeu Traveller.

    Je n'ai pas tellement de détails sur notre second éditeur indépendant agréé, Group One. Les modules de ce Group One n'étaient pas tous signés mais les dirigeants semblent avoir été Debi Bledsaw-Summerlott et son frère Bill Bledsaw. J'imagine qu'ils étaient de la famille de Robert (Bob) E. Bledsaw, un des fondateurs de Judges Guild (avec Bill Owen). L'adresse du Group One était d'ailleurs dans la même commune, à Decatur, Illinois, et ils furent ensuite tous réintégrés dans l'équipe de Judges Guild. Je ne connais pas l'histoire (il faudrait jeter un coup d'oeil dans Designers & Dragons - Add. Imaginos ajoute le texte pertinent dans les commentaires) mais je crois comprendre que lorsque Judges Guild obtint les droits d'exploiter des zones de l'univers de Traveller, c'est Dave Sering qui développa les quatre secteurs alloués à la compagnie mais que Bill Bledsaw fonda sa propre micro-entreprise pour obtenir lui aussi un autre secteur dans la structure de répartition de l'Univers Officiel.

    Bledsaw reçut donc Theta Borealis, un autre secteur au-delà de l'Imperium, mais cette fois terriblement loin du côté Direct (spinward). Le Domaine Gateway est une zone de frontière entre l'Imperium et les K'Kree. Theta Borealis est au-delà du monde habituel, loin à la fois de l'Imperium et des autres Empires du côté direct, que ce soit les Aslans ou les Jhodanis. Il se trouve à 8 secteurs de la Capitale Impériale (soit plus de 250 parsecs - un vaisseau avec Saut-3 aurait besoin de près de 2 ans de voyage pour y aller, et encore s'il était possible de ne pas faire de pause à chaque arrêt).

    J'ai parfois critiqué la qualité des produits de Judges Guild mais ils ont vraiment l'air très professionnel comparés à ceux de Group One, qui s'approchent parfois plus de ceux d'un fanzine. Les illustrations JG de Ken Simpson sont assez classiques (bien que parfois plagiées), alors que les illustrations de Jeff Johnson chez Group One sont plus proches d'une expérience psychédélique de LSD des années 1970 (surtout ces infortunées couvertures qui ont le malheur d'avoir été aspergées de couleurs). Jetez un coup d'oeil sur ces exemples de leurs bouquins.

    Group One ne publia que quelques descriptifs de planètes dans son secteur et des vaisseaux. Ils avaient une liberté totale comme ils n'avaient pour ainsi dire pas besoin de tenir compte de l'Univers Officiel créé par Marc Miller. Ils se déchaînèrent dans des extra-terrestres encore plus que les produits JG.

    Le premier supplément de Group One fut, je crois, Pen-Latol's World (1980) mais je vais commencer par leur Atlas synthétique, Theta Borealis (1981), même s'il n'est pas toujours en accord avec tous les autres suppléments.


  • Theta Borealis Sector (1981)
    La couverture imite bien la sobriété du style Traveller mais les illustrations des créatures par Jeff Johnson nous plongent plus directement dans un univers qui tient plus des bd d'horreur de Marvel ou des Aliens de Star Wars que de l'humano-centrisme habituel de l'Imperium. Il y a une carte réussie mais aucune carte séparée pour chaque sous-secteur, ce qui rend le guide vraiment trop spartiate et peu commode.

    Les Sous-secteurs sont ici appelés "Quadrants" (le supplément Gateway to Destiny utilisera ensuite l'expression "Quadrants" en un autre sens, en mettant ensemble quatre sous-secteurs). Le supplément est deux fois plus court que d'habitude en mettant deux "quadrants" par page.

    Dans l'ordre, les 16 sous-secteurs de Theta Borealis sont A Alpha B Festab C Monway D Banderhue E Evalren F Corellian G Phoenix H Sibigil I Angilla J Persiphus K Ventura L Duhamel M Trasfalca N Borealis Kantel O Jauhaux P Bengalaz. Si vous rêviez de jouer dans une zone galactique nommée "Duhamel", faites-vous plaisir... Ils ne développèrent des mondes quasiment dans les Quadrants Alpha, Banderhue, Corelian, Phoenix et Ventura. De manière assez confuse, le système Corelia (au nom qui rappelle le monde d'origine de Han Solo) n'est pas dans le Quadrant Corelien mais dans le Quadrant Evalren...


    Contrairement au Domaine de Gateway qui utilisait tant des références historiques terriennes, les noms dans le coin sont presque tous n'importe quoi, dans le style star warsien, avec des noms qui ressembleraient à des produits pharmaceutiques. Il y a notamment un système nommé Antarès dans le Quadrant Alpha - la vraie Antares est à 170 parsecs de la Terre et le Secteur est certes à environ 200 parsecs de Sol. Je vois tout de même quelques autres noms un peu familiers, Artemis, Barbusse, Cabbot, Cordoba, New Caledonia, St. Thomas, Zurbaran...

    Le Secteur Theta Borealis a quelques Etats, surtout du côté Direct. Le plus grand Empire est les Zerps (dans les Quadrants Evalren et Anguila). Les Zerps sont de grandes brutes agressives et griffues de 2m venus du Secteur Mavuzog (on tire leur force et endurance avec 3d au lieu de 2d, leur niveau technologique est A). Il a l'air à peu près aussi vain de négocier avec eux qu'avec les Kafers dans 2300AD, ce qui les rend encore moins intéressant que des Klingons. Les Marches de Percavid (Quadrant Persiphus) sont une zone d'occupation récente de l'empire des Zerp, dirigée d'une main de fer par le cruel Amiral Percavid. Le Royaume de Peladon (Quadrant Alpha et Evalren) est une monarchie constitutionnelle humaine qui résiste aux Zerps. La Confédération de Trooles (Quadrant Festab/Monway) est une alliance démocratique fondée récemment (Niveau Technologique B) pour s'opposer aussi à l'invasion des Zerps. Trois entités au total, c'est nettement moins de complexité interplanétaire que dans les guides de Dave Sering. Les tables des rencontres montrent que le secteur est dangereux : en dehors des Quadrants Alpha ou Festab, on a plus de chances de tomber sur des pirates ou bien une patrouille de Zerps que sur autre chose.

    Il y a en tout qu'une douzaine de mondes décrits dans les divers scénarios en 1980-1981 : Pen-Latol's World, Mission to Zephor, Geptorem, Hydronaut, Lomodo IV a, Marinagua, Nithus, Nystalux, Port Xanatath, Sapies, Wabor-Parn.

  • Pen-Latol's World: Adventure on an Alien Planet

    Les aventuriers sont engagés par une compagnie minière pour explorer Pen-Latol dans le Quadrant Phoenix. C'est un monde primitif mais très riche en minéraux (y compris dans les os de certains animaux). Pen-Latol est peuplé par des créatures qui ressembleraient un peu à des crustacés terrestres, les Cleashitars. Les Cleashitars ont un niveau technologique assez médiéval, en dehors de quelques clans qui vivent sur des véhicules terrestres tirées par les vents. En apprenant à connaître les différents clans des savanes et leurs coutumes, les aventuriers en apprendront plus sur des ruines d'êtres venus des étoiles.

    L'aventure doit donc tourner à l'histoire à l'épisode de Star Trek ou à la Avatar, avec des personanges qui doivent apprendre à aider les Cleashitars (même si c'est aussi pour mieux exploiter leurs gisements). Les Cleashitars sont assez sympathiques mais le scénario manque un peu de conflits, en dehors de divers bêtes (mais on verra que les suppléments tomberont souvent dans l'excès inverse). Peut-être faudrait-il mettre plus de divisions entre eux et un peu plus de potentiel de conflits avec les humains. Le scénario tournerait sans doute aussi vite vers de la fantasy, comme les pouvoirs psioniques très puissants de certains Shamans cleashitars en font des magiciens dignes de D&D. En un sens, cette Pen-Latol a des côtés qui pourraient faire penser à une Tékumel.

  • Mission to Zephor: An Adventure into the Xova II Sector
    Certaines des planètes nommées dans ce scénario (Xova II, Tshi, Yutu) n'apparaissent pas dans le guide de Theta Borealis. Zephor, planète inhospitalière, est dans le Quadrant Corellien. Les aventuriers sont engagés pour récupérer un héritier d'une compagnie minière, kidnappé par des rebelles extraterrestres tshini (une espèce intelligente ultra-pacifiste qui ressemblent à des Tatous). La plupart des Tshini sont si pacifistes qu'ils se laissent exploiter par la compagnie et il est donc curieux qu'une bande de rebelles aient capturé l'héritier et l'aient emmené vers ce monde de Zephor, où certains d'entre eux viennent en pélerinage religieux (leurs ancêtres ayant fui Zephor après un holocauste nucléaire).

    Cette fois, il y a beaucoup plus de conflits directs que dans l'aventure précédente mais je ne suis pas très satisfait de la progression. Comme les Tshini ont enlevé l'héritier, il y a peu de chances que les aventuriers soient très intéressés par la xéno-ethnologie et cela va donc se réduire plus directement à un commando militaire. Pourtant ces pauvres Tshini sembleraient mériter d'être un peu mieux présentés d'abord, si on ne veut pas les réduire à ces kidnappers fanatiques. Ainsi certains personnages altruistes pourraient éventuellement avoir l'idée de les libérer de leurs employeurs.

  • Geptorem
    On revient au Quadrant Corelien avec enfin un monde de niveau technologique avancé (A). Mais Geptorem est hélas le descriptif qui contient le moins d'idées directes de scénario. Geptorem est habitée par un peuple humain, les Attorns, à la peau légèrement bleutée. La planète est divisée en cinq nations qui se font la guerre et le supplément décrit les cinq capitales de cette planète balkanisée avec les cinq dirigeants. Il y a beaucoup plus d'illustrations de la faune locale que dans les suppléments antérieurs.

    Et c'est tout. Il reste donc tout le boulot pour l'arbitre qui voudrait se servir de cela.

  • Hydronaut
    Ce supplément est plus long (50 pages) et décrit la planète Dagan (rebaptisée "Hydronaut", Quadrant Alpha). La planète a commencé récemment à attirer l'attention car ses habitants, des humanoïdes aquatiques nommés les Halkyons, cacheraient des ressources inconnues. Mais au moment où l'exploration commençait, un astéroïde a frappé la planète et a submergé les bases connues. Les aventuriers devront donc revenir sur cette Planète-Atlantide et explorer la cité côtière de Hembree, dont la description détaillée recouvre la majorité du supplément.

    Je dois reconnaître que je n'ai pas vraiment compris ce scénario et ce qui peut servir de fil rouge à une intrigue. Y a-t-il des secrets qui sont bien cachés dans le descriptif de la ville ? Quelles parties de la planète ont été vraiment recouvertes par l'eau après la catastrophe ? Où sont les survivants ? Cette chute de météorite est-elle un accident ? Que sont censés découvrir les aventuriers au juste ?

    Hydronaut est peut-être l'ancêtre de beaucoup d'autres aventures aquatiques comme la Poseidon de Blue Planet, mais l'originalité est que ce n'est pas un waterworld habituel, le raz-de-marée étant tout récent (on est passé d'une Hydrosphère de 7 à A, et le Niveau technologique qui atteignait C s'est effondré). Mais en dehors d'une faune marine très riche, il n'y a pas assez d'informations pour y jouer.

    Un détail qui peut détonner dans l'univers habituel de Traveller est une PNJ exploratrice, une androïde à l'Intelligence Artificielle dont on nous dit qu'elle a été fabriquée en masse, alors que l'Univers Officiel limite volontairement la place des Robots (le livre de règles Book 8 Robots ne fut d'ailleurs publié que 5 ans plus tard).

    La carte en couleurs de la planète avant la catastrophe est certes plus détaillée que les cartes planétaires des suppléments Judges Guild.

  • Lomodo IVA

    Ce bref scénario (18 pages) est un peu le degré zéro du Donjon-Planétaire que semblait affectionner Group One.

    Lomodo IV "A" est une planète à l'atmosphère toxique (pleine de soufre) du Quadrant Alpha. Les habitants principaux, les Osps sont des sortes d'amibes à l'intelligence assez basse. Les aventuriers sont censés venir pour fouiller les ruines d'un autre peuple intelligent disparu, les Irfs, qui ont préexisté aux Osps et semblaient adorer des divinités extra-lomodoniennes (dont une qui aurait une tête de cheval - mais rien ne sera expliqué). Rien de très intéressant.

  • Marinagua: Murder and Mayhem

    La planète est dans le Quadrant Borealis Kantel et le court module ressemble encore au précédent, avec des forteresses et tombes à piller.

    L'espèce intelligente locale, les Alejia, est au niveau technologique 9 (Début de l'exploration interstellaire), ce qui permettrait d'en faire une espèce jouable dans l'espace du Secteur. Ce sont des sortes de reptiles, avec un aspect de chameaux bipèdes, hermaphrodites et ovipares. Leur Dextérité et leur Endurance se tirent avec 3 dés au lieu de 2.

    La planète a une monarchie centrale (type 3 oligarchie héréditaire) mais très faible (Niveau de Loi 0), avec un très haut niveau de criminalité et de trafic d'armes qui rend Marinagua un lieu dangereux à visiter (et même un Personnage-Joueur Alejia n'aurait peut-être pas vraiment envie d'y revenir). Les riches Alejias vivent isolés dans des forteresses entourées de mercenaires et les idées de scénarios tournent encore une fois autour de Donjons de bandits alejias.

    (la suite la prochaine fois)
  • dimanche 19 février 2012

    Laurie Jupiter, Princesse de Mars



    L'adaptation de Princess of Mars d'Edgar Rice Burroughs par les studios Disney s'appellera finalement aux USA seulement John Carter et plus John Carter of Mars dans le vain espoir que certaines femmes accepteront d'aller voir un film avec le mot "Mars" (Mars Needs Moms avait été le plus gros bide de Disney l'an dernier). Bientôt ils pourront essayer de le vendre sous le titre Jo et la bande annonce ne mentionnera plus que le début (où John Carter, rappelons-le, est un vétéran des années 1860 des Rebelles en faveur de l'Esclavage). Mais en France, les affiches du film avec des sortes de Rancors à quatre bras ne risquent pas de faire illusion (la faune martienne a souvent quatre bras à part le groupe auquel appartient Deja Thoris, la Princesse du titre).

    En attendant, via ces idées de "suites" à Watchmen, j'aime bien cette illustration par Axel Medellin qui mélange Laurie Juspeczyk (Silk Spectre II) et Dejah Thoris, Princesse de la Cité d'Helium (avec Doctor Manhattan multiplié en Thars Taxas le Martien Vert, un martien de Mars Attacks, Marvin le Martien de Bugs Bunny, Jonn Jonnz le Limier Martien de DC Comics et - je pense - Martin de la série My Favorite Martian ?) :


    Un autre dessin sur les enfants de Nite Owl et Silk Spectre (nommés un peu trop littéralement Nite Spectre et Silk Owl) laisse aussi penser que les années d'irradiations de Laurie auraient eu des effets.

    Badinguétophobie galopante



    Des psychanalystes disaient souvent que vers 2007-2008 leurs patients faisaient des cauchemars hystériques sur le Président actuel mais que les choses se sont calmées depuis.

    Hélas pas pour tout le monde, car je ne sais si c'est sa ressemblance avec Louis de Funès mais je ne peux pas voir cette photo du Quartier Général des Forces Badinguétistes :


    sans penser à cette image :


    Je m'attendais vraiment à le voir retirer son masque d'un coup en éclatant d'un rire satanique (cela n'eut pas lieu sur scène en tout cas).




    Voir le reportage sur le nouveau QG m'en a appris plus sur notre rapport quasi-religieux aux hommes politiques. Les UMPistes avaient imprimé sur les couloirs en lettres géantes "Oui, je suis candidat à la Présidence de la République" - Mercredi 15 février 2012", comme s'il s'agissait là d'une sorte d'apophtegme digne d'être retenu à travers les siècles.

    Je me demande quelle phrase il restera de ses 30 ans de carrière politique mais je subodore que ce sera plus une interjection au Salon de l'Agriculture.

    En attendant, Fantomas nous prévient : même quand il se fera payer par Gazprom, il ne nous laissera pas seuls (il a déjà dû se faire cloner comme l'Ombre Jaune dans Bob Morane).


    NOOOOOOOOON, pas le mème de la France Forte, NOOOON....

    vendredi 17 février 2012

    Les autres sont des robots



    Sans aucun doute, quand je pense aux défauts des Français, je me dis tout le temps que notre grand problème est vraiment notre discipline quasi-militaire rigide et nos châtiments corporels. Mais j'aimerais vivre dans ce monde parallèle où les enfants français ne font jamais de caprices (certes, ce serait aussi un monde inquiétant entretenu par Le Monde où les élèves de Classes Prépa sont brisés et détruits par le SYSTEME).

    On est toujours le "Caporaliste Prussien" de quelqu'un d'autre, j'imagine. Pour les Américains, il importe toujours de dire qu'ils respectent la CREATIVITE, la SOUPLESSE, l'IMAGINATION et l'INDIVIDUALITE et que les autres peuples sont des conformistes engoncés dans des étiquettes médiévales.