lundi 30 novembre 2009

लिङ्गं & Phallocentrisme



Healy sur certaines tentatives de justifications "féministes" de l'interdiction des minarets en Suisse comme symboles phalliques :
The prohibition also found substantial support on the left and among secularists worried about the status of women in Islamic cultures. Prominent feminists attacked minarets as male power symbols, deplored the oppression of Muslim women, and urged a vote for the ban.

The Times reports that there’s some evidence that more women were in favor of the ban than men, too. One can only suppose that, having waited until 1971 to give women the vote in Federal elections, and in some parts of the country until 1990 in Cantonal elections, the Swiss are now making up for lost time making good on their commitment to feminism.


En 1959, le droit de vote des femmes avait été refusé au niveau fédéral à 67% (les trois cantons de Genève, Vaud et Neufchâtel acceptèrent le suffrage mixte au niveau cantonal).

Add. En parlant de symboles phalliques, le joli site BibliOdissey a des designs de gardes d'épées et Zach Weiner nous révèle les angoisses dans la vie sexuelle de Kant.

samedi 28 novembre 2009

[JDR] Quelques Recensions brèves



  • Alluria est un monde de fantasy que j'ai trouvé sur RPGDriveThru. C'est un petit éditeur indépendant (Matthew Kubisz) qui propose des extensions pour la nouvelle édition de D&D. Il s'est concentré sur une douzaine de nouvelles races de personnages et il insiste à chaque fois pour qu'elle permette des personnages aventuriers et héroïques. Il y a par exemple les Entombians, insectes aimables qui peuvent tisser une toile mais aussi évoluer par une chrysalide vers une forme ailée, les Obitu, race de morts-vivants bienveillants (comme les Eleti) qui se sont rebellés contre un Nécromancien, les Squoles (sorte de Gélées humanoïdes). J'étais très curieux de voir comment le monde d'Alluria allait évoluer avec ces races originales mais la présentation est très brève et décevante. C'est donc seulement un monde carrefour avec des Brumes interdimensionnelles qui en font une passoire. Des races de tout le Multivers arrivent donc sans cesse par toutes ces portes (un peu comme les Brumes dans Rêve de dragon). Il n'y a aucun autre détail intéressant. Cela ne me donne donc pas envie d'essayer la description de chaque race.

  • Shard est un nouveau jeu de rôle complet dans un monde, Dardünah, où toutes les races sont des animaux anthropomorphiques (hommes-reptiles, hommes tortues, homme-oiseau, hommes-tigres, hommes-éléphants, homme-fourmilier) et où l'inspiration est plus orientale (l'Inde mais aussi les arts martiaux d'Extrême Orient) que médiévale-fantastique habituelle. Je ne crois pas l'acheter (parce qu'il n'apporterait sans doute rien pour mon projet de Bharatavarsa) mais il faut reconnaître ses qualités esthétiques.

    D'un autre côté, ce choix d'un monde sans humain et avec seulement des thériomorphes peut avoir des défauts : le singe intelligent Sun Wukong n'est plus aussi spécial dans un monde qui a des nations entières de singes intelligents.

  • J'ai acheté le récent numéro de L'Histoire spécial Néron, autour de la bd Murena (dont le premier volume vient d'être traduit en latin par Claude Aziza, qui avait déjà traduit Spartaci Filius dans Alix). Cela peut donner un bon supplément pour le jeu Praetoria Prima qui se déroule au début du règle de Néron.

    J'ai aussi commencé à lire Requiem for Rome, l'extension de Vampire pour jouer sous l'Empire romain. Dans cette version, Remus, le fils de la Louve, fut le premier Vampire et il a créé une classe patricienne de prédateurs qui règnent sur la Rome nocturne. Un des textes assure aussi qu'après sa mort on disait que le tombeau de Caligula était hanté, ce qui suggère des idées. J'aime beaucoup l'idée paradoxale de Vampires paléochrétiens avec la secte gnostique de Longinus, qui prétend être devenu immortel après avoir bu le vrai Sang du Christ. D'habitude, j'ai plutôt envie de jouer vers la fin de la République mais l'idée d'une courte campagne autour du Christianisme ancien sous Julien l'Apostat m'attire.

  • SuperFrance est un supplément pour le jeu de rôle britannique Squadron UK (nouvelle édition du jeu Golden Heroes de Games Workshop, dont le charme principal venait de sa couverture par Brian Bolland). SuperFrance est rédigé par Olivier Legrand, qui a aussi écrit le jeu mythologique gratuit Mazes & Minotaurs et il décrit la France pour des héros britanniques, un peu comme Kingdom of Champions de Phil Masters décrivait le Royaume-Uni pour des joueurs américains. En 28 pages, après quelques généralités sur les clichés à éviter (bérets basques, "N'appelez pas tous les Français André"), il décrit un groupe de superhéros dont la Base est à La Défense, l'Avant-Garde, avec Jongleur (allusion à Gambit ?), Solitaire (qui manipule les probabilités comme Scarlet Witch) et Le Roc (en gros The Thing). Puis on décrit la compagnie d'armement ARES, une sorte de Matra-Lagardère, qui manipule le gouvernement et d'anciennes colonies pour ses trafics d'armes, et une équipe de supervilains, dirigée par Le Fantôme, un alchimiste immortel. Le fait que l'auteur soit français évite une sorte de parodie Superdupont involontaire mais je n'ai pas vraiment trouvé de détails qui me donne envie d'y jouer. En un sens, l'équipe européenne (dirigée par une mutante grecque) dans GURPS International Teams me paraissait plus intéressante.

  • Sword Worlds est un supplément pour Traveller qui décrit ce secteur des mondes des Epées, où chaque planète prend son nom d'une Epée célèbre de la mythologie terrienne. Cela fut pris directement au roman de H. Beam Piper, Space Vikings, 1963). Space Vikings a inspiré de nombreuses choses dans l'univers de Traveller, comme les planètes isolées qui dépendent de la puissance des Vaisseaux spatiaux qui voyagent entre eux et qui peuvent leur apporter la civilisation (avec toute la mythologie far-west/libertarienne/fascistoïde selon laquelle les Barbares individualistes peuvent mieux préserver la civilisation dans la Frontière que les civilisés amollis ou que la Fondation de chercheurs à la Asimov). Ici, les Mondes des Epées ont été colonisés par des Terriens scandinaves et ont même eu une résurgence de polythéisme nordique. Ils sont maintenant une confédération tampon entre le Consulat Jhodani et l'Imperium, avec des agents des deux Empires ennemis. Un des auteurs du supplément est lui-même Danois, ce qui apporte souvent du vocabulaire très réaliste à ces colonies. En 144 pages, on a donc droit ici à une description relativement détaillée de plusieurs mondes, qui va donc plus loin que les simples survols denses dans les autres suppléments Traveller qui laissaient beaucoup de travail à l'imagination des Narrateurs.

    La science-fiction de l'Âge d'or a vraiment deux pôles politiques opposés entre la gauche relativement optimiste d'Asimov et la droite de Poul Anderson, Robert Heinlein ou H. Beam Piper. Chez le premier, le héros est souvent un scientifique humaniste. Chez les seconds, le héros est souvent un aventurier un peu cynique, désabusé par le déclin bureaucratique d'un Etat trop présent. On retrouve cela dans l'opposition entre l'Utopie socialiste athée de Star Trek et la caste de moines-samurai qui luttent contre l'Empire dans Star Wars. Les jeux de rôle préfèrent le plus souvent l'individualisme de Han Solo à la hiérarchie militaire de James T. Kirk (même si la nouvelle version a insisté pour en faire aussi un Han Solo à l'intérieur de l'Armée).

  • En passant, le nouveau jeu de sf Rogue Trader est une synthèse des deux. Comme dans Star Trek, le joueur commande un vaisseau qui est une véritable ville avec des centaines de subordonnées sous ses ordres (et même encore plus, la population de l'équipage tournerait plutôt vers les milliers). Mais comme dans Star Wars, il serait plutôt Lando Calrissian (traffiquant sans aucun idéal moral) voire Jabba (une créature criminelle inhumaine). Et l'univers me paraît trop désespérant de pessimisme entre l'Humanité complètement asservie par un Empereur-Dieu au pouvoir absolu avec ses castes de guerriers génétiquement modifiés et un Cosmos empli de Dieux du Chaos qui conduisent à la folie.

  • Je comptais m'acheter aujourd'hui légalement les vieux pdfs de Tunnels & Trolls (le second plus vieux jeu de rôle après D&D) sur DriveThru mais ils viennent d'être retirés parce que l'éditeur avait bien eu les droits sur les textes mais il avait ensuite illégalement utilisé d'autres illustrations qui n'étaient pas libres.
  • Le crépuscule des épieux



    Twilight et son succès monstrueux sont bien entendu la preuve définitive que toute notre civilisation est condamnée et que l'idée même de culture a dû s'égarer au point que nous n'aurions jamais dû quitter nos cavernes, mais il y aura quand même un bon côté, quand ils adapteront le dernier volume où Edward doit pratiquer une césarienne sur Bella avec ses dents, le monde pourra enfin finir dans une apothéose de ridicule. Il faut vraiment que David Cronenberg réalise cela.

    mardi 24 novembre 2009

    Hypnothèse



    Ca y est, enfin sorti de 250 copies du mois de novembre (si je compte les 125 de la Toussaint).

    Je ne sais vraiment pas étaler.

    Et vous savez ce qui est le plus agaçant chez les enseignants ? Les "Perles" qui ne font rire qu'eux.

    Mais tant pis :

  • "On se trompe à cause de ses opignions et de son iniorance."

    (J'ai une orthographe déplorable aussi mais celui-ci m'étonne dans sa contradiction qui laisse soupçonner une sorte d'acte manqué)

  • "Freud a une hypnôthèse de l'inconscient"

  • "Selon le géocentrisme, la Terre tourne autour de la Terre."

  • (Oral) "Oui, je reconnais que j'ai triché pendant l'épreuve sur table et ai copié les définitions et mon plan sur Internet. Mais ce n'était même pas mon téléphone portable !"
  • vendredi 20 novembre 2009

    Crise universitaire et vote sur la santé



  • Suite aux augmentations des frais d'inscription des Universités publiques aux USA, l'Université de Californie à Davis annonce une augmentation de +32% (environ 1900$ en plusieurs fois) et les manifestations des étudiants deviennent plus dures.

  • Après le vote de la Réforme du Système de Santé à la Chambre des Représentants à une très faible majorité, le Sénat a donc accepté par 60 voix contre 39 (un Républicain, Voinovich, Ohio, n'a pas participé au vote) de discuter de la Réforme.

    C'était donc seulement un débat pour pouvoir débattre. Cela s'est joué à peu car Max Baucus est revenu à temps d'impératifs familiaux et le doyen Robert Byrd (qui vient de fêter ses 92 ans vendredi) a une santé fragile.

    Mais cela ne met pas encore complètement fin au suspense. On pourrait encore avoir de mauvaises surprises si ces 60 voix ne tiennent pas devant un nouveau vote au fil des amendements. Les Démocrates les plus conservateurs (comme Mary Landrieu de Louisiane, Blanche Lincon de l'Arkansas, Ben Nelson du Nebraska et bien sûr l'ex-Démocrate Joe Lieberman du Connecticut) se sont fait franchement acheter leur voix par des cadeaux pour leurs Etats.

    Contrairement à ce que j'avais compris, ce n'était donc pas encore un vote définitif de "Clôture". Un vote de "Flibuste" (Obstruction) républicain pourrait encore réussir. Surtout si le chef de la Majorité démocrate Harry Reid n'ose absolument pas passer en force par un vote de "Reconciliation".

    Contrairement à ce que ce terme de Réconciliation peut faire penser, ce serait très controversé puisque ce vote (qui n'a besoin que de 51 voix et non 60) doit se limiter normalement à un Budget et non pas à une réforme aussi substantielle que la Santé. Reid s'est même engagé publiquement avant ce vote préalable à ne pas se servir de ce subterfuge de la "Réconciliation".

    On pourrait donc regretter que l'Option Nucléaire des Républicains ne soit pas passée quand ceux-ci avaient encore la majorité. Le Démocrate Yglesias la soutenait d'ailleurs à cette époque avec une certaine clairvoyance. Mais c'est aussi ce pouvoir d'obstruction de la minorité qui a pu dans le passé empêcher certains Juges ultra-conservateurs ou protéger en partie le système des retraites dont Bush voulait augmenter la privatisation en 2004.

  • Le Sénat va donc pouvoir rediscuter la Loi et en donner une nouvelle version.

    La Réforme de la Santé, même quand elle passera (car on peut présumer qu'une version au moins, même décevante ou affaiblie, va passer sauf catastrophe), ne prendra pas effet avant quelques années. Mais Ezra énumère quand même les effets immédiats bien avant que l'Option publique ne soit vraiment appliquée vers 2012-2014. Ce seront surtout des droits nouveaux de subventions des assurés contre les suspensions de remboursements en cas de "conditions préalables" et des droits contre des discriminations fondées sur ce genre de conditions. Il n'y aurait notamment plus de droit de rupture rétroactive de contrat (rescission).

    Mais d'un autre côté, le projet du Sénat, selon Ezra, a des effets pervers comme de pousser des employeurs à ne pas embaucher certaines catégories de salariés à bas salaires.
  • jeudi 19 novembre 2009

    Культ личности




    Ben... heu... il pleut, non ?




    Cela fait à peu près trois ans que Le Point est devenu cet organe interne requis par la Loi de mettre l'ex-maire de Neuilly sur toutes ses couvertures sans aucune exception (* sauf si on met un de ses proches).

    Celle-ci est presque poétique dans sa vacuité : nous n'avons strictement rien à dire mais nous devons quand même le mettre et nous allons simuler superficiellement une préoccupation, mi agacée mi inquiète, pour mieux attirer le fanatique déçu qui pourrait redouter qu'ils passent vraiment à la critique (l'éditorialiste FOG lui reproche, je cite, de "faire des oeillades à gauche" parce qu'une députée pédiatre a proposé une loi sur les châtiments corporels).

    On s'en fout



    Depuis l'arrivée du nouveau Président, les Juges du pôle financier sont gênés et ne peuvent plus travailler. Une division par 6 des affaires traitées, selon une déclaration d'Eva Joly (de mémoire). Tout le monde le sait, des gens l'écrivent dans des éditos et personne ne réagit devant cette corruption grave de notre République. La justice de notre pays s'enfonce dans la kleptocratie berlusconienne, l'impunité ploutocratique et tout le monde s'en fiche.

    Mais si un machin de baballe sans aucune importance triche, on parle de drame éthique et on en fait des tartines, des débats télévisés sur les prétendues "valeurs morales du sport".

    Ce pays a le sens des priorités.

    Add. : Attali semble comparer le fait de subir une tricherie pendant un jeu de ballon au 11 Septembre 2001. C'est bien en deçà dans l'expression de la solidarité : si un pays ne peut participer à un jeu, c'est pire que Bhopal, Tchernobyl, les "écrits" d'Attali et la Peste noire du XIVe siècle réunis.

    Travailler dans un roman gothique



    J'arrive au terminus du RER à 6h35 et rate mon bus habituel. Comme j'ai des photocopies à faire, je décide d'en prendre un autre, qui me conduit à un cimetière Saint-Lazare, pas très loin des petits étangs boisés près desquels se situe mon établissement. C'est très brumeux ce matin et très peu éclairé, je n'arrive même plus à lire ma montre. Quand j'arrive finalement, une dame d'entretien me dit avec angoisse : "Mais il ne faut pas passer par ce chemin-là la nuit, Monsieur, il y a eu un pendu à un arbre il y a quelques années."

    Il ne manquait plus qu'un éclair de foudre et des chevaux qui hennissent, comme dans Frankenstein Junior.

    Etiquette et Destruction Mutuelle



    Comme tout le monde (par exemple Guillermo, voire la généralisation plus violente par Autheuil), je suis vraiment effaré par toute la scène depuis le micro-événement de Dijon. C'est vraiment à en gémir.

    Une personnalité socialiste (Royal) crée un courant (Espoir à Gauche), et le laisse dirigé par un futur ambitieux (Peillon). Peillon, ex-porte-parole qui veut prendre son autonomie, organise une réunion sur l'éducation en disant qu'il ne veut aucun Présidentiable. Royal s'invite malgré le mot d'ordre de son propre courant (et prétexte même hypocritement que Peillon n'a aucun moyen de savoir si elle se présenterait ensuite aux Primaires). Peillon, furieux, dit qu'elle a tout gâché (et sa réaction est une prophétie auto-réalisatrice car on ne parle plus en effet que de cela), qu'elle ne pourra ni ne mérite de gagner et qu'elle est folle. Royal exclut donc Peillon de son courant, ce qui est devenu inévitable, et Peillon s'insurge qu'elle n'en a pas le droit et qu'il a été élu. La fête de l'éducation devient un gigantesque hara kiri sur la place publique de tout ce courant "royaliste".

    Royal a fait une vraie faute en s'imposant ainsi, en voulant jouer le fait accompli, même si c'était "son" courant. Elle n'avait rien à y gagner et elle pouvait se douter que la tentative de réunion des divers groupes n'allait pas faire de Peillon un Présidentiable, même si elle redoutait l'autonomie qu'il voulait prendre.

    Mais Peillon a fait une faute encore plus ennuyeuse en rendant son indignation publique. Pourquoi interdire ainsi des invités ? Le thème même d'unité qu'il espérait défendre, c'est lui encore plus que Royal qui le ridiculise. Il pouvait l'engueuler en privé et s'écraser un peu hypocritement en public. Sa réaction disproportionnée paraît pire que le caprice initial de la fâcheuse importune.

    Peillon nous dit qu'il n'a jamais eu confiance en Royal mais il était son porte-parole et cela jette un discrédit sur tout ce qu'il soutiendra par la suite (de même que Royal avait dit après la défaite qu'elle ne croyait pas non plus à son propre programme).

    Le personnage de Royal commence à m'inspirer une compassion que je ne crois pas de mauvaise foi (et j'étais pourtant depuis au moins les Primaires d'un anti-Royalisme assez primaire, ayant même pris ma carte du PS à 20 euros en grande partie pour voter contre elle).

    A force de souffrir de complexes visibles sur les critiques violentes (dont certaines pouvaient être en effet sexistes) et une forme de surcompensation narcissique, elle renforce toujours ces doutes sur elle, en un cercle vicieux. Plus on l'attaque, plus elle s'enferme et plus on l'attaque.

    Quand Jospin attaque son jeu d'évangéliste, elle répond "Pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font" ou se compare à Jeanne d'Arc, c'est-à-dire précisément de manière à s'auto-dissoudre dans ce que Jospin lui reprochait. Elle est plus charismatique que les autres dirigeants, c'est indéniable mais elle n'arrive pas à accepter que ce "charisme" empoisonne tout débat, au point que même si elle avait raison sur un sujet, on se demanderait si elle n'en parle pas que pour des raisons médiatiques.

    Il est très pernicieux et de mauvais goût de prétendre tout psychologiser avec de la psychanalyse de bistrot mais tout se passe comme si les dirigeants socialistes étaient tous prisonniers d'une forme d'auto-destruction compulsive. Plus ils parlent de réconciliation, plus ils se divisent entre eux, voire se contredisent individuellement d'un jour à l'autre. On en vient à se demander s'ils ne redoutent pas de gagner et s'ils ne préfèrent pas se contenter de fiefs régionaux par une forme d'auto-flagellation que je ne m'explique pas.

    La droite a la chance d'une cohérence rare qui ne vient pas d'un mérite du Président ou pas seulement de la synthèse des courants libéraux et conservateurs-autoritaires mais des effets destructeurs du Président précédent qui avait fait le vide autour de lui (au point qu'il ne lui restait plus que des médiocrités comme Raffarin).

    La gauche désintégrée aurait peut-être un trop plein de personnalités présidentiables mais elles auront du mal à rassembler (DSK, Fabius, Royal), ont un passif trop lourd (DSK, Fabius, Aubry), manquent de charisme (DSK, Fabius, Aubry) ou semblent trop inconsistantes (Royal). Je n'arrive plus à imaginer d'issue heureuse - même si la majorité accumulait encore plus d'erreurs qu'elle n'en fait déjà actuellement.

    Add.
    En parlant d'autorité charismatique de Gourou de secte, ce message sur Sarah Palin en Rogue de Dungeons & Dragons :
    On every single page she bemoans her 8 INT build and blames her horrible playing on everyone else! It's her fault for putting all her stat points into Charisma!

    mardi 17 novembre 2009

    [JDR] Plus de travail que pour une conférence



    J'adore les jeux de rôle mais franchement, si l'avenir du hobby est de préparer plus de slides que pour une présentation PowerPoint, je préfère encore jouer au Papa et la Maman ou à 1,2,3 Soleil.



    Cette extension pour D&D sur la nouvelle M$ Surface peut certes faciliter certaines tâches mais toute cette réalisation graphique me semble vraiment antithétique avec un loisir qui repose sur l'imagination. Mais je dois être dans une minorité car même les jeux informatiques me font le même effet.

    dimanche 15 novembre 2009

    Courtoisie et Proskynèse



    Les blogs obamophobes ont remarqué que le Président s'est incliné devant le Roi d'Arabie saoudite et l'Empereur du Japon et ils crient à la faute d'étiquette et la violation des principes sacrés de la République imaginaire qui existe dans leur tête. Bien entendu, ils ne l'auraient jamais remarqué si cela avait été le si habile diplomate qui a précédé l'actuel résident de la Maison blanche. SEK montre qu'Eisenhower se courbait souvent devant des invités étrangers, dont le Général de Gaulle (ce qui doit donc impliquer une vassalité).

    samedi 14 novembre 2009

    L'argument de David Lewis contre l'Enfer



    David K. Lewis, le plus grand métaphysicien du XXe siècle, mourut en 2001 avant d'avoir achevé un article "Divine Evil" qui a été édité par Philip Kitcher (qui avait pu discuter avec lui une version de l'argument) dans Philosophers without Gods. Meditations on Atheism and the Secular Life (dirigé par Louise Anthony).

    L'article a été repris dans Harper's en 2007 (et il y a un scan et chez Endlessly Rocking.

    On le trouve aussi en partie sur un site d'apologétique protestant qui le critique (mais d'une telle manière qu'il me semble au contraire renforcer les arguments nietzschéens sur la malveillance fondamentale de la croyance qui se veut bonne).

    L'argument de Lewis n'est pas seulement théologique mais éthique et anthropologique, il formule clairement pourquoi il lui paraît finalement contradictoire de croire en un Dieu juste ou bien désastreux de croire en ce Dieu chrétien standard.

    Lewis dit que le Mal réel (en ce monde, physique et moral) est l'argument le plus important de l'anti-théodicée mais qu'on doit ajouter un argument qui est le Mal divin lui-même.

    Une des raisons principales pour croire dans de nombreuses religions comme le Christianisme est en fait l'eschatologie qui suppose un châtiment pour les méchants. Lewis argumente alors que
    (1) la plupart des Chrétiens parlent de châtiment infini,
    (2) que cela implique que le Dieu juste n'a aucun principe de proportionnalité
    (3) donc que les croyants soutiennent un Dieu plus maléfique que tout Mal réel.
    (4) donc que les croyants (quelles que soient leurs vertus morales) ont une croyance qui ne peut pas être moralement défendable et qui devrait même être critiquée.

    Bien sûr, il y a des épicycles ou des solutions pour éviter cela (des formes indulgentes du Purgatoire, l'Apocatastase de l'Origènisme, l'Universalisme, la doctrine selon laquelle tout le monde sera sauvé et l'Annihilationnisme, la doctrine selon laquelle les damnés sont en fait simplement détruits et non pas punis pour l'éternité).

    La doctrine religieuse évolue avec celle de nos schèmes moraux et je crois qu'un certain pélagianisme ou une théologie "universaliste" devient beaucoup plus acceptable que l'ancien schème "retributiviste", qui était pourtant l'une des bases fondamentales de la croyance religieuse (depuis au moins que Platon postula dans le Mythe du Gorgias que la croyance dans l'au-delà était le seul moyen de réconcilier la justice et le bonheur dans le Souverain Bien).

    Lewis conclut qu'il peut être difficile de pardonner aux croyants, même les plus vertueux, pour leur acceptation d'une telle conclusion. On pense à Leibniz qui répète plusieurs fois dans la Théodicée qu'il ne voit rien de mal à l'idée qu'une large majorité soit condamnée à l'enfer.

    Daniel Dennett se sert aussi de l'argument de David Lewis dans sa conférence de 2007 sur la lente "érosion" du théisme vers une forme de plus en plus "diluée" (le terrible et destructeur Dieu des Montagnes El-Shaddai devient une aimable "brume" sociale du consensus communautaire).

    jeudi 12 novembre 2009

    Saillies & Apophthegmes

    (oui, je sais que c'est avec un t et non un th, mais l'orthographe française est fautive)

    Le philosophe du droit Gerald Dworkin fait une compilation de très laconiques mots d'esprit sur la philosophie. Quelques-unes :

    La philosophie est un remède pour lequel il n'y a aucune maladie adéquate (Jerry Fodor)

    (ce qui est plus drôle que celle plus classique de Chamfort, la philosophie est beaucoup de médicaments sans aucun remède)

    La relation entre la science et la philosophie est comme la relation symbiotique entre la campagne et la ville. La première fournit à cette dernière sa nourriture et reçoit ensuite ses déchets. (Leszek Kołakowski)

    C'est un philosophe quantique. Personne ne peut le comprendre et comprendre sa position en même temps (Sidney Morgenbesser - qui est un peu hors catégorie tant il est le champion des phrases à la Groucho Marx en philosophie)

    Num custos fratris mei sum ego ?



    James K. Galbraith est un des fils du célèbre économiste de Kennedy John K. Galbraith et il vient de sortir The Predator State, où il dénonce le faux libéralisme qui cache l'oligarchie :
    Predation has become the dominant feature — a system wherein the rich have come to feast on decaying systems built for the middle class.


    Et l'ennui est que ce pillage semble décrire de manière assez directe son grand-frère, l'ambassadeur Peter W. Galbraith, qui défendait l'invasion de l'Irak, puis la partition du pays selon trois zones ethniques (thèse assez à la mode du néo-con Michael O'Hanlon au démocrate Leslie Gelb) et l'indépendance du Kurdistan.

    Peter Galbraith, qui travaillait comme conseiller pour les Kurdes des provinces du Nord de l'Irak, aurait reçu des centaines de millions de dollars d'intérêts pétroliers au Kurdistan. Marié à une Norvégienne, Peter Galbraith aurait en fait travaillé aussi pour une compagnie pétrolière nordique et c'est d'ailleurs la presse scandinave qui a révélé l'affaire.

    Add.
    En France, à une échelle moins dramatique que pour la Guerre en Irak, c'est Jean Gadrey d'Alternatives économiques qui a révélé les relations entre des économistes comme Christian de Boissieu, Jean-Hervé Lorenzi, qui prétendent donner des conseils économiques au gouvernement tout en étant membres de divers Conseils d'administration.

    (les passages d'Audiard sur le MRP travaillant pour une banque Rothschild ou sur la colonisation sont un peu limite)

    mercredi 11 novembre 2009

    La Grande Vie



    Le premier long-métrage d'Emmanuel Salinger semble avoir une noble ambition, vouloir être à la fois un hommage aux comédies de Pierre Richard des années 70 (le générique est la partie qui y ressemble le plus) et en même temps une sorte de parodie de film métaphysique où le Philosophe loser est contraint à quitter sa vie banale dans les Ombres pour être plongé non pas dans la Réalité mais au contraire dans le Simulacre superficiel total du monde de la télévision (à nouveau une sorte de Thierry Ardisson, qui était déjà visé dans Le goût des autres de Bacri & Jaoui). Cela échoue sans doute dans ces deux directions à la fois.

    Je ne saurai pas être un script doctor (il y a 5 auteurs au scénario, dont Pascal Bonitzer) mais malgré quelques gags, on ne voit pas vraiment comment l'améliorer. Trop lourd pour être drôle, dans sa tentative de pseudo-dénonciation d'un méchant Promoteur immobilier "Ozymandias" qui contrôle les médias. Trop léger pour être intéressant dans sa tentative de jouer avec les gags les plus éculés de classe de Terminale avec sa Caverne de Platon.

    Le problème est que le film s'auto-dissout. Il se moque d'un monde superficiel qui ne peut pas prendre la réflexion au sérieux, mais il fait presque pire que ces émissions bruyantes en réduisant toute réflexion à de l'histrionisme (le jeune essayiste "Damien Demorvaux", petit Raphaël Enthoven dandy ou bien MBK en moins "subversif", avec un jargon deleuzien ; le héros, Grégoire, qui se veut sincère, mais dont on ne croit jamais une seconde à l'authenticité, si ce n'est quand il erre avec des cocards et des bleus). Un consultant philosophique leur aurait évité la confusion entre Heidegger et Whitehead sur Platon.

    Le ton passe en fait du personnage ingénu à la Pierre Richard (Thalès tombant dans son puits au début) à un personnage plus proche des bd de Gérard Lauzier, tout aussi médiocre, hypocrite et égoïste que ceux qu'il critique, même s'il a des accès de remords ou de retour à la réflexion. Mais il est plus un Clown Triste, au corps qui cherche en vain un peu de grâce, et non la "Torpille" qui ébranlerait les opinions reçues.

    Le Philosophe parvient à faire passer le Sophiste (le présentateur télé) dans une apparente révolte (ce qui irait bien plus loin que ce que Socrate a jamais réussi) mais en fait toute révolte est faussée : le Sophiste feint de jouer à Diogène le Cynique, mais il est aussitôt récupéré dans le système et le Philosophe découvre qu'il mimait lui-même la philosophie extérieurement, tout en cherchant en fait la reconnaissance des autres.

    Les gags nombreux sur les copies à corriger (jetées, piétinées, trempées) m'ont un peu défoulé mais si vous n'en avez pas, je crains que cela ne vous touche guère.

    J'ai aussi vu la Grande Vie comme une sorte d'inversion inconsciente des films du frère ennemi de Salinger à la FEMIS, Desplechin. Comment je me suis disputé est un film intellectuel lourd mais qui pourrait s'approcher quand même de la profondeur qu'il vise à force de superposer des références obscures, parce que Desplechin est un faiseur rusé dans sa rouerie.

    La Grande Vie affronte au contraire des références bien connues bien plus directement dans une structure qui se veut complètement "Grand Public" tout en dénonçant en apparence la Grand Public et le snobisme, mais ne peut s'arracher à une comédie un peu triste.

    La Nasa nous rassure



    Les Frequently Asked Questions sur 2012 :

    QUESTION (Q) : Le monde va-t-il s'arrêter en 2012 ? Non, parce qu'il y a pleins de sites Web qui disent que le monde va s'arrêter en 2012.

    Réponse (R) : Vous devriez croire tout ce que vous lisez sur l'Internet et leur envoyer tout votre argent.

    Q : Alors je peux m'endetter sans aucun risque encore plus d'ici à 2012 ?

    R : En réalité, la rumeur est née d'un racontar qui parlait du retour de la planète Nibiru, astre de Marduk.

    Q : Et, c'est mal, non ?

    R : Pas si Nibiru, qui devait être tout bêtement Jupiter, tombait sur Glenn Beck. Bon, non, c'est ridicule. Ce ne sera pas du tout Marduk.

    Q : Ouf.

    R : Marduk est un loser. Ce sera le dieu maya Bolon Yookte' K'uh qui va vous broyer et percer d'épines de cactus les paupières de vos enfants sous vos yeux pour qu'ils descendent dans le Xibalba. Son nom signifierait "Arbre à Neuf Chiens" et cela n'incite pas vraiment à la confiance. Les autres dieux mayas qui vous tortureront seront Ahalpuh (Pus), Chamiabac (Os), Chamiaholom (Crâne), Cuchumaquic (Hémorragie), Xiquiripat ("Croûte Volante"), Ahalgana (je préfère ne plus dire ce qu'elle fait), Ahalmez, Ahaltocob, Xic et Patan.

    Q : Zut. Nebiru est plus facile à prononcer que Bolon Yookte' K'uh.

    R : Oui, et cela fait moins lovecraftien.

    Q : Mais est-ce que le calendrier maya s'arrête vraiment en 2012 ?

    R : Oui, ils avaient aussi prévu la victoire de Sarah Palin et la réelection de Sarkozy ("Quelque chose de ténébreux arrivera à la fin du cycle long"). Et quoi de mieux qu'une civilisation qui a ruiné rapidement son propre écosystème comme guide fiable pour deviner les catastrophes à venir plus d'un millier d'années après leur désintégration ?

    Q : Mais quelqu'un prenant au sérieux un navet de Roland Emmerich va-t-il penser à vérifier sur un site de la Nasa ?

    R : Il y a à peu près autant de chances qu'une nouvelle extinction majeure causée par des météores.

    Q : La Terre va-t-elle être touchée par des météores ?

    R : Heu... en fait, ça s'est vrai. Heureusement, Superman fera tourner la Terre en sens inverse pour l'empêcher.

    mardi 10 novembre 2009

    Double Bind



    Une histoire raconte que lorsque le grand logicien Kurt Gödel devait passer l'examen pour acquérir la nationalité américaine, il s'était plaint à ses collègues que la Constitution américaine était trop "inconsistante" et avait des failles pour permettre une dictature. On ne sait pas à quoi il faisait référence mais ses amis lui dirent juste de ne surtout pas en parler lors de son examen.

    Grâce à l'Amendement Stupak, la réforme de la Santé est aussi auto-contradictoire : (1) l'amendement dit qu'une assurance privée qui voudrait participer au Plan d'Echange avec l'Option publique (pour recevoir des subventions publiques) ne doit pas couvrir les frais d'avortement (selon les estimations, environ la moitié des assurances privées couvrent cela) mais (2) la réforme dit aussi que l'Option publique n'aura pas le droit de restreindre les couvertures des assurances privées qui participeraient au programme. Il semble qu'on ne sache absolument pas comment concilier ces deux parties.

    Comme le disait Ezra, il y a aussi une hypocrisie de classe dans l'Amendement Stupak qui ne concernerait que les subventions pour les plus démunis ou les moins couverts, et pas les subventions pour les Plans obtenus via les entreprises. On n'a lutté contre le droit à l'avortement que des citoyennes les plus pauvres, pas pour tous, sans doute parce qu'on imaginait bien que c'est la partie qu'on peut attaquer en priorité.

    Au moins, cela ne ressemble plus du tout à l'ancien Malthusianisme whig au XIXe siècle qui conseillait de lutter contre la natalité des Classes dangereuses.

    dimanche 8 novembre 2009

    Stupak & Tremblement



    L'éthique de la responsabilité politique consiste sans doute à tenir compte des compromis réalistes mais la ligne des compromissions est parfois mince ou difficile à évaluer selon les paramètres. Le débat restera ouvert de savoir jusqu'où les représentants américains devaient arriver entre les intérêts particuliers des lobbies de l'assurance, les intérêts éthiques d'une couverture élargie et les codes moraux ou confessionnels sur les pratiques entourant la médecine. Les Démocrates avaient déjà ajouté dans le remboursement des méthodes de "prière", mais à présent les élus anti-avortement ont pu aussi profiter de la réforme.

    Hier, le Représentant démocrate catholique et farouchement pro-Life Bart Stupak (Michigan) a donc ajouté un amendement qui interdit tout financement de l'avortement dans le Plan d'échange entre assurance privée et Option publique. Toute personne qui choisirait un système public devra payer son IVG et cela agira ensuite sans doute sur la couverture des assurances privées.

    L'Amendement Stupak est passé avec 240 voix (dont 64 Démocrates et 176 Républicains) contre 194. C'est une grande victoire pour les Pro-Life mais cela ne va pas pousser les Républicains (nettement plus monolithiquement Pro-Life que le Parti démocrate) à avoir une perception plus favorable de ce plan de réforme.

    Amy Sullivan (qui est elle-même une Chrétienne qui trouve que le compromis est allé plus loin que ce que réclamaient les Evêques catholiques) accuse Nancy Pelosi d'avoir maladroitement sous-estimé la faction Pro-Life autour de Bart Stupak.


    Ensuite, la réforme de la Santé vient de passer à la Chambre à une très mince majorité : 220 (dont 1 seul Républicain) contre 215 (dont 39 Démocrates, dont la gauche du Parti avec Dennis Kucinich !). Normalement, les Démocrates ont une large majorité avec 258 sièges sur 435 (59%).

    [Quiddity donne la liste des 25 Démocrates qui ont voté pour l'Amendement Stupak et ensuite contre la Réforme Santé.]

    La Réforme est donc passée à la Chambre à 50,5% (alors que les Démocrates y ont 59% des sièges) et cela n'est vraiment pas bon signe si le vote au Sénat a besoin de 60% des voix dans le vote préalable.

    Add. Lemieux répond à l'argument d'Amy Sullivan sur Stupak de manière cinglante :
    Certainly, there are many potential criticisms of how Democratic leadership has dealt with health care, although when you actually care about expanding access to health care it's hard to negotiate with the Stupaks of the world who don't, but want to use other people's progressive impulses to attack women.


    Matthew remarque que les Démocrates n'y ont rien gagné puisque le projet est une régression qui n'apporte même pas de gains politiques pour mieux faire passer la réforme :
    With the exception of Democrats for Life, pro-life organizations are praising Stupak but denouncing the bill anyway, citing imaginary provisions to euthanize seniors.


    Joseph Cao (le Républicain d'une circonscription très démocrate qui a été le seul sur 176 à voter pour la Réforme) a cité l'Amendement Stupak comme une raison qui l'aurait fait basculer pour le Oui. Mais il semble qu'il ait attendu de voir d'abord si son vote serait décisif ou pas avant de voter Oui (le Oui est passé à 2 voix de plus que les 218 nécessaires). De même, certains des 29 Démocrates (Chiens Bleus, mais aussi Démocrates de gauche) selon Ezra auraient changé leur vote en sens contraire si cela avait été nécessaire.

    samedi 7 novembre 2009

    Signe discret



    Malgré ma position favorable à l'interdiction des signes religieux à l'école publique, je dois reconnaître que cette histoire sur le signe khamsa est un bon exemple de confusions dans le débat (quand une tentative de concession se contredit en une discrimination).

    Cécile Laborde, qui enseigne la philosophie politique à Londres critique l'interdiction du voile à l'école dans son livre Critical Republicanism. The Hijab Controversy and Political Philosophy, au nom d'une nouvelle forme de "républicanisme" (fondé sur la solidarité entre Citoyens) qui tienne compte des formes de discriminations réelles qu'un formalisme peut entraîner (puisque de facto, le formalisme républicain en prétendant l'égalité et la neutralité va laisser dominer la tradition historique antérieure à la proclamation de la neutralisation).

    Challenging official interpretations of laïcité, the book then puts forward a critical republicanism which does not support the hijab ban, yet upholds a revised interpretation of three central republican commitments: secularism, non-domination and civic solidarity. Thus, it articulates a version of secularism which squarely addresses the problem of status quo bias--the fact that Western societies are historically not neutral towards all religions. It also defends a vision of female emancipation which rejects the coercive paternalism inherent in the regulation of religious dress, yet does not leave individuals unaided in the face of religious and secular, patriarchal and ethnocentric domination. Finally, the book outlines a theory of immigrant integration which places the burden of civic integration on basic socio-political institutions, rather than on citizens themselves. Critical republicanism proposes an entirely new approach to the management of religious and cultural pluralism, centerd on the pursuit of the progressive ideal of non-domination in existing, non-ideal societies.


    La version française, publiée l'an prochain, aura un titre nettement plus sadien (Encore un effort pour être républicain).

    Mais contre qui discriminer alors ?



    Après les 13 meurtres par un psychiatre militaire américain musulman d'origine palestinienne, on craint une accusation collective des Américains musulmans (le comble étant atteint par certains Blogs républicains disant que cela justifiait a posteriori l'usage de la torture). Et dire que certains Girardiens croient que notre société post-moderne va sortir du sacrifice de bouc-émissaires.

    Mais après les 32 meurtres à Virginia Tech d'avril 2007 commis par un Sud-Coréen, on ne parlait pas d'accuser toute la culture sud-coréenne. En revanche, on peut se demander si le prévenu, le Major Nidal Malik Hasan, qui était psychiatre censé soigner les stress post-traumatiques des militaires américains, ne va pas aussi faire rejaillir une partie de la responsabilité sur sa profession de psychiatre. Certains ont déjà parlé de "dépression par compassion ou de traumatisme par délégation" et ce genre de diagnostic pourrait viser alors de nombreux médecins.

    Une autre coïncidence est que le Major Hasan est un ancien élève de Virginia Tech. Pourquoi ne pas discriminer contre les Virginiens ?

    Mythe luc-ferrien



    Une des habitudes "contrariennes" de tout média (et d'un Blog) est d'aller contre "le concert de louanges".

    LCI a une émission de "débat" (sic), avec Luc Ferry et Jacques Juillard (qui arrivent parfois à feindre un désaccord), et ils tapent donc tous les deux contre les hommages à Lévi-Strauss.

    Luc Ferry explique une critique de Lévi-Strauss et de son "anti-humanisme", et en tant qu'auteur récent d'un best-seller sur les mythes grecs, il déclare que "la pensée de Lévi-Strauss est très pernicieuse car comme il ne s'intéresse qu'à des structures formelles non-historiques, il va comparer un mythe grec et un mythe bantou au lieu de tenir compte des différences historiques."

    C'est vraiment à se demander s'il l'a lu, car cela me paraît un mauvais angle d'attaque.

    Lévi-Strauss n'est pas un comparatiste-universaliste déraisonnable à la manière de Frazer au XIXe siècle. Lévi-Strauss oppose au contraire les mythes amérindiens non-historiques et des légendes plus ou moins politiques de cultures africaines ou des textes littéraires grecs. Il y a donc eu des controverses pour savoir ensuite quelles étaient les limites du concept de "non-historicité". Dumézil a prouvé que certains récits historiques de Tite-Live sur les origines romaines sont vraiment trop pénétrés de structures mythiques pour que ce soit une coïncidence mais à l'inverse certains specialistes de l'Afrique ou de la Polynésie ont pu retrouver dans ce qu'on croyait des généalogies mythiques des traces dynastiques plus réalistes.

    Certes, il a regretté d'avoir pris l'exemple d'Oedipe pour des raisons purement didactiques dans Anthropologie structurale et je crois que tout le monde est un peu sceptique sur l'hypothèse "analogique" de la "Formule canonique du mythe"
    Fx(a) : Fy(b) = Fx(b) : Fa-1(y)


    Mais dans son débat très clair avec Jean-Pierre Vernant, Lévi-Strauss s'expliqua en 1988 sur ces différences et écarts entre mythes sud-américains et littérature grecque :



    Add. Maintenant, Julliard reproche à Lévi-Strauss de ne pas avoir assez défendu l'Unité de l'esprit humain ? Il faudrait savoir...

    Luc Ferry utilise l'argument du relativisme. Sur le relativisme culturel, Lévi-Strauss a pu être ambigu (et c'est un problème légitime quand il joue à prendre le "Regard Eloigné") mais il a aussi en partie tenté de répondre à cette objection. Il pense que la civilisation occidentale technique n'est pas absolument supérieure à celle des Bororos mais cela ne signifie pas qu'à l'intérieur d'un cadre de la civilisation occidentale, le fascisme soit équivalent à la démocratie. Le relativisme peut être un homme de paille, car nous sommes tous à un certain degré des relativistes, tout dépend des critères qui peuvent le délimiter.

    En revanche, le reproche du préjugé "malthusien" dans une certaine misanthropie rousseauiste ne me paraît pas absurde. Lévi-Strauss était assez humble dans ses opinions politiques, disant que quelqu'un qui s'était trompé en 1938 sur Munich avait perdu le droit de donner son avis, mais il avait parfois orienté son humeur d'Alceste génial sur la question de la surpopulation.

    mercredi 4 novembre 2009

    Payer plus pour moins de cours



    Les Universités publiques américaines comme UCLA augmentent leurs frais d'inscription (+6%) et coupent le nombre de cours dispensés (-10%) alors que le nombre d'étudiants continue à augmenter.

    Certaines Universités publiques comme l'Université du Michigan, qui reçoit de moins en moins d'argent de son Etat, a même monté les frais d'inscription à 36,000$ par an pour le tiers de ses étudiants qui ne résident pas dans le Michigan (ce qui revient au montant des grandes universités privées de l'Ivy League comme Princeton). Les Universités d'Etat (qui ont plus d'étudiants venus des minorités) demandent donc à pouvoir augmenter leur pourcentage autorisé d'étudiants extérieurs à l'Etat pour augmenter leurs revenus. Cela accroît donc la concurrence au niveau national avec les Universités privées pour attirer les étudiants plus fortunés.

    mardi 3 novembre 2009

    Totem triste


    Encore un rappel qu'il ne faut pas être trop superstitieux sur les nécros et qu'il faudrait préparer une longue note par avance. Je me retrouve trop dépassé par le temps pour dire autre chose que des banalités sur le décès de Claude Lévi-Strauss, à un mois de ses 101 ans.

    Claude Lévi-Strauss était une intelligence et une capacité de travail prodigieuses. Il peut y avoir des doutes sur la vérité ou même la vérifiabilité empirique de certaines thèses massives de son "anthropologie structurale" (ou sur une attraction excessive pour certains formalismes mathématiques, comme cette fameuse "formule canonique du mythe") mais personne ne peut douter en le lisant d'un génie presque effrayant quand il embrassait les matériaux ethnologiques mais aussi les données concrètes d'histoires naturelles, en digne héritier de Marcel Mauss ou de Franz Boas.

    Mais une remarque sur la bio dans le New York Times :
    Claude taught in a local high school, the Lycée Janson de Sailly, where his fellow teachers included Jean-Paul Sartre and Simone de Beauvoir.


    J'ignorais complètement ce fait. Cela devait être un peu étrange d'avoir comme profs de philo en Terminale vers 1930 tous ces jeunes gens seulement trentenaires qui devaient tous dominer la vie intellectuelle de l'après-guerre.

    Add. En vérifiant, il a été élève à Janson de Sailly (puis en prépa à Condorcet) mais après l'agrégation, il a enseigné à Mont-de-Marsan (1931 - il s'y présente pour la SFIO) puis à Laon (1933). Il part au Brésil en 1935, donc je ne sais pas si l'information du New York Times est juste.

    Baptiste illustre bien le sens de l'humour du Totemisme contemporain.

    Add. Décidément sourcilleux d'Identité nationale, Le Figaro.fr titrait dans les dépêches Google :

    L'ethnologue et sociologue belge
    Claude Levi-Strauss est décédé
    www.lefigaro.fr

    Il est né à Bruxelles mais je ne crois pas qu'il soit resté belge, si ??

    Add.
    René Girard (malgré tout ce qu'on peut reprocher à son primat de la violence réelle sur tout rituel symbolique) faisait une remarque qui me paraît assez juste sur Lévi-Strauss (dans "Différenciation et réciprocité", repris dans La voix méconnue du réel p. 72).

    Lévi-Strauss, philosophe de la dialectique et des structures intellectuelles qui fonctionnent à l'insu des sujets, paraît complètement opposé à Henri Bergson, philosophe de l'intuition immédiate et du continu (pour qui l'intelligence n'est qu'un outil d'homogénéisation de ce continu). Pourtant, une même musique les unit, ce genre de beau passage ("Finale" des Mythologiques, L'Homme Nu, 1971 p. 603) ne peut qu'évoquer du Bergson, si on ignorait l'auteur :

    La fluidité du vécu tend constamment à s'échapper à travers les mailles du filet que la pensée mythique a lancé sur lui pour n'en retenir que les aspects les plus contrastés.


    Add. L'expression "Tristes portiques" se trouve dans la tragédie de Casimir Delavigne, Les Vêpres siciliennes, V, 1, v. 10 (1819) :
    Quels sinistres adieux ! tes accents prophétiques
    Retentissent encor sous ces tristes portiques.

    Et Delavigne avait le 28e Fauteuil de l'Académie (celui de Sainte-Beuve) alors que Lévi-Strauss avait le 29e (celui de Claude Bernard et Ernest Renan).

    Add.
    La revue Sciences humaines avait un numéro spécial sur Lévi-Strauss qui comporte cette brève discussion critique sur la prohibition de l'inceste dans Les Structures élémentaires de la parenté. Le problème est que dès que le concept d'inceste est lui-même relatif à une société (cf. entre cousins), la thèse paraît déjà un peu moins stricte.

    Je ne connais pas la littérature anthropologique sur la question et j'ignore si sa thèse fameuse sur ce tabou (seule règle culturelle mais universelle) comme contrainte d'échange n'était pas déjà chez Durkheim en 1896, même avant l'anthropologie du don chez Mauss.

    Add.
    Dans les commentaires, Sr rectifie l'info sur Janson de Sailly :
    En ce qui concerne l'info du NYT, ils doivent faire référence au fait que CLS a fait un stage d'agrégation dans son ancien lycée (Janson) avec Merleau-Ponty (pas Sartre) et Beauvoir.


    Add.
    Un jeu de rôle sur les Voyageurs & Explorateurs.

    lundi 2 novembre 2009

    Palinanalyse



    Matt Taibbi a un article sombre sur ce phénomène étrange qu'est Sarah Palin, l'ex-Gouverneur de l'Alaska et chouchou de la Droite religieuse américaine pour son mélange de libertarianisme brutal et de fondamentalisme ignare. On a presque honte d'en parler tant il devrait être évident qu'elle n'est qu'une sorte d'anomalie médiatique, surtout que, malgré tout son fanatisme religieux, elle a l'air de vouloir plus tirer profit matériel de sa notoriété que de chercher un réel pouvoir politique (c'est la seule chose crédible dans le déballage d'attaques de son ex-futur gendre Levi Johnston). Mais même si elle n'est qu'une télévangéliste éclair pour le culte républicain qui devrait finir comme un monstre de talk-shows, le problème est qu'il serait imprudent de l'écarter trop vite. Dans un monde rationnel, Berlusconi serait en prison et celui qui a gagné 53% des voix au niveau national serait juste un avocat véreux de plus pour les Balkany dans les Hauts-de-Seine.

    She could turn her resignation into the supreme expression of conservative principle, seeming to show such high distaste for government that she can quit an executive job in a nervous panic and still get high marks from her base for ideological leadership – a hilariously contradictory and idiotic situation only possible in a country willing to go past a certain intellectual point of no return.

    (...)

    All of which makes Sarah Palin the perfect leader for the inevitable pushback against the Obama era, when America in a vague and superficial sort of way decided to celebrate the values of culture, tolerance and knowledge.

    The other America doesn’t read and doesn’t remember anything it didn’t learn in the last five minutes; it’s angry and unhappy but doesn’t want to think about why, and knows only that it wants someone to pay the price for what it feels.

    Going Native



    Un des clichés de la science-fiction a été repris à la littérature coloniale : le colon qui prend parti (ou est absorbé) pour l'indigène contre son propre Impérialisme, il "goes Native" comme on disait. Tout Empire suscite un appétit pour ses bordures. Cela commence déjà avec les Houyhnhnms dans Gulliver mais surtout avec les Mutinés du Bounty, qui se fondent dans l'utopie insulaire. De nombreux explorateurs et administrateurs coloniaux montrent aussi des parcours semblables (cf. Isabelle Eberhardt ou T.E. Lawrence). Joseph Conrad en a usé dans plusieurs romans (même s'il a plutôt tendance à mépriser autant les indigènes que ses narrateurs, et que l'Afrique ou l'Asie représentent plus des pôles inconscients de fuite opposés à la Civilisation que des cultures réelles). En un sens, ce cliché commence peut-être dans le mythe de Superman, inversion de Tarzan ou de Flash Gordon. Robinson Crusoë, Tarzan ou Flash Gordon représentent des Occidentaux qui dominent les indigènes par leur supériorité innée, Superman, nouveau Moïse changeant d'identité, est celui qui décide de ne pas nous dominer malgré sa supériorité et de se montrer plus "paternaliste" en dépassant toute volonté de puissance.

    Plus récemment, Dune ou la bd Aquablue reprenaient le cliché : l'humain exilé de l'Empire ne fait qu'un avec les indigènes et leur lien avec l'écosystème contre les intérêts commerciaux.

    Mais le cliché prend un aspect particulier dans le récent District 9 et le nouveau Avatar. Dans le premier, un gardien raciste doit surveiller des réfugiés extra-terrestres emprisonnés et il contracte un virus qui l'assimile soudain à eux et qui lui fait réaliser soudain notre propre inhumanité morale vis-à-vis de ces Non-humains.

    Dans le second, Avatar, un soldat terrien handicappé est envoyé dans un corps synthétique fait pour qu'il puisse s'infiltrer chez les extra-terrestres (mais bien sûr il finira par vouloir protéger la culture indigène contre les envahisseurs impérialistes - tout cela ressemble beaucoup - notamment le détail de sa paralysie dans son corps réel, qui va lui faire aimer encore plus sa nouvelle enveloppe - à la nouvelle de Poul Anderson, Call Me Joe, mais la fin de la nouvelle est beaucoup plus déstabilisante et ironique).

    Une des fonctions principales de la SF est de nous faire changer de points de vue hors des limitations contingentes de notre humanité mais ici, même si on ne voit pas de meilleur moyen, il est un peu répétitif que le raisonnement moral dépende de la perspective en première personne : il faut que le sujet soit projeté littéralement dans le corps de l'Autre pour pouvoir adopter son point de vue.

    En un sens, le film Enemy Mine (1985) de Wolfgang Petersen avait su poser le problème du souci de l'autre de manière plus directe avec une métaphore sexuelle ou familiale : l'humain et l'Autre Effrayant sont naufragés sur un Monde désert et l'humain va finir par adopter l'enfant de l'Autre et le considérer comme le sien. L'expérience de l'amitié et de la fécondité ou de la transmission dans le temps paraît plus riche que le subterfuge d'entrer dans l'identité de l'Autre.

    Gâcheur



    La trajectoire de l'Honorable Sénateur Joseph Isadore Lieberman restera un effrayant désastre.

    Voilà un Sénateur démocrate d'un Etat qui devrait être assez bourgeois de gauche, le Connecticut. Joe Lieberman a voté plutôt comme les autres Démocrates et avait un bilan législatif plutôt à gauche, mais sous Clinton, ce juif orthodoxe commence à critiquer le Président d'un point de vue "moral" en 1998 lors de l'affaire Lewinsky. Al Gore décide de le prendre comme co-listier en 2000 pour pouvoir mieux prendre ses distances vis-à-vis de l'héritage du pourtant populaire Clinton. Après la victoire de Bush, Joe Lieberman glisse de plus en plus à droite en politique étrangère. En 2004, ce soutien à Bush est vite battu par John Kerry pendant les Primaires démocrates. Le sommet est atteint pendant la campagne de 2008 où Lieberman, devenu Indépendant en 2006 et Président de la Commission à la Sécurité intérieure, soutient John McCain contre Obama et insinue même comme un vulgaire journaliste de Fox News qu'Obama ne serait pas assez patriotique. Obama finit avec 60% des voix dans le Connecticut.

    Mais à présent Lieberman veut profiter pleinement de son rôle de "Gâcheur", d'Indépendant crucial et il dit qu'il voterait avec les Républicains tout projet de réforme de la Santé avec la moindre option publique. Il dit même préférer qu'il n'y ait aucune réforme du tout.

    Cela semble bien impliquer que l'Option publique est définitivement compromise puisque sans une abstention de Joe Lieberman et Olympia Snowe, les Républicains auront bien les 40 voix au Sénat pour la faire mourir.

    Non seulement Joe Lieberman a trahi son Parti mais un seul Sénateur (élu en 2006 par seulement 564,095 citoyens du Connecticut) réussit ainsi, au nom d'on ne sait quel honneur attendu auprès des Républicains ou des assureurs privés, à empêcher des douzaines de millions de personnes d'espérer un jour un système de protection de la santé qui puisse éventuellement devenir un peu plus juste.

    En un sens, cela cristallise bien l'importance tragique de la politique, même dans des sociétés complexes où le politique se dissout dans les pouvoirs économiques et techniques. La médiocrité d'un individu peut suffire à faire une énorme différence.

    Mythologie kalash



    Les Kalash sont une peuplade polythéiste isolée au nord-ouest du Pakistan, dans les montagnes du Chitral près de l'Afghanistan. D'origine vraisemblablement iranienne, ils ne sont plus que quelques milliers maintenant. Contrairement à d'autres peuples de la région, ils ont exilé ceux qui se convertissaient à l'Islam, ce qui a permis de retenir un dépot original de mythologie polythéiste, distinct de l'Hindouisme plus à l'est ou du Zoroastrisme plus à l'ouest.

    Je recopie à partir de l'article de Witzel sur la religion kalash.

    Les anciens prêtres (ištikavan) de la religion kalash ont maintenant disparu et leurs rituels se perdent donc. Il y a encore quelques bardes et shamans (dehár) qui racontent des légendes. Les fonctions sacrées sont souvent accomplies non pas par des anciens mais au contraire par des jeunes hommes encore impubères (car le fait d'avoir eu des relations sexuelles les éloigne ensuite des Dieux).

    Il y a plusieurs dieux (Devalog), on parle souvent de 7 Dieux, mais les listes ne s'accordent pas.

    Le Dieu principal est Dezáw, Imra ou Paydagaráw, dieu des cieux mais aussi des enfers. Il a créé l'humanité. Sa soeur et épouse Dizálik est la déesse de la fécondité.

    Il y a aussi un dieu du ciel associé au tonnerre mais aussi aux tremblements de terre, Indr ou Waræn(dr-), qui ressemble donc à Indra (qui est un peu l'équivalent de Zeus dans l'ancienne religion védique). Sa mère était une Géante. Il a eu plusieurs avatars chez les mortels comme le vaillant Giwīṣ ou le héros culturel Baḷimaín, venu à cheval du pays mythique de Tsyam et très populaire dans les fêtes des bergers.

    Le dieu Munjem Malik (Roi du Milieu) est associé au monde médian et il aurait disposé les terres à partir du corps de son père, un démon. Il règne sur la saison automnale alors que Imra règne sur le printemps. Sorizan protège les bétails de montagne en hiver et Goshidai en été.

    Dans un mythe, le dieu Mandi (en se transformant en petit garçon) a mené une expédition de 7 Divinités pour aller chercher chez 7 démons le Soleil et la Lune qui étaient enfermés, ce qui apporta la lumière au monde. Il semblerait que ce soit aussi un aspect de Munjem.

    [En passant, une hypothèse sur le conte du Chaperon Rouge est qu'il s'agit d'une variante du mythe indo-européen où Vishnou ou Thor se déguisent en femme pour aller chercher la Souveraineté ou l'ambroisie de lait chez les Démons (si ce n'est que c'est le Loup qui se travestit en grand-mère pour accéder au Petit Pot de Beurre). Mais ici Mandi, qui conquiert la lumière de la Lune, aussi associée à l'ambroisie, ressemble plus au Petit Poucet, qui fait tuer les 7 filles couronnées de l'Ogre.]

    Jeṣṭan au corps de chien est l'adversaire des Dieux, Trickster ou Asura. Mais chez les Kalash, dans une inversion structurelle intéressante, c'est le Renard qui est l'animal positif aimé du berger Balumain alors que le Chien est le rebelle.

    Les Kalashs adorent de nombreuses autres divinités comme Jéṣṭak, déesse du foyer et des femmes, et des esprits mineurs comme les Jac (nymphes du sol), les Suchi (nymphes qui favorisent la chasse, on les appelle aussi du nom persan des peris, ces fées neutres, anges déchues qui n'ont pas suivi la révolte des démons) et leurs compagnons, les Varōti (esprits mâles violents).