lundi 30 juin 2008

Contes du Vampire (1)



La Vetāla-pañcatantraviṃśatikā (les "Vingt-cinq Contes du Vetāla") est une anthologie de contes sanskrits, un peu comme les Mille et une nuits, et il en existe plusieurs versions au fil des siècles, avec un style plus "picaresque" que mythologique.

Le "récit encadrant" de narration de l'anthologie est celui d'un roi héroïque nommé Trivikramasena (réincarnation du roi Vikramaditya) qui a promis à un grand ascète de décrocher et rapporter un corps pendu à un arbre. Mais ce corps est possédé par un vetāla (qu'on traduit improprement comme "vampire", c'est un esprit malin qui prend le contrôle d'un cadavre), qui va lui faire passer diverses épreuves.

Le Vetāla raconte à chaque chapitre une histoire, puis il pose au roi Trivikramasena une énigme sur la morale du conte et revient se pendre à son point de départ, ce qui contraint le roi courageux à recommencer, sans se lasser, et sans craindre le mort-vivant facétieux (ce qui aura lieu 24 fois, les vingt-cinq contes comprenant le récit encadrant lui-même et son épilogue).

  • Premier Conte : Comment le prince obtint une femme grâce à son ami le fils du ministre

    Le beau Prince Vajramukuṭa avait pour ami le sage Buddhiśarīra, fils d'un Ministre du Roi de Vārāṇasī. Un jour, le Prince Vajramukuṭa tomba amoureux d'une mystérieuse jeune fille qui se baignait dans un lac. Elle ne lui parla pas mais mima son nom par des gestes. Seul le sage Buddhiśarīra sut interpréter ces signes : elle était la belle Padmāvatī, fille du grand artisan ivoirier Saṃgrāmavardhana dans le royaume de Kaliṅga. Grâce à l'intelligence de Buddhiśarīra, le Prince sut entrer dans ses quartiers et la séduire. Mais quand Padmāvatī découvrit que c'était seulement grâce à ce rusé conseiller que le Prince avait réussi, elle décida de faire empoisonner le fils du ministre, qu'elle jugeait trop malin et influent. Pour se venger, Buddhiśarīra organisa un plan complexe pour discréditer la belle Padmāvatī, il la fit marquer en secret au fer rouge, vola ses bijoux, se fit arrêter avec les bijoux et raconta qu'il avait arraché les bijoux à une Sorcière-Démoniaque (Yoginī) reconnaissable par un signe au fer rouge. Ainsi Padmāvatī fut identifiée comme une Sorcière et fut bannie par ses parents et par le Roi de Kaliṅga, ce qui permit ainsi au Prince Vajramukuṭa de l'enlever et de réduire son orgueil.

    L'énigme du Vampire-Narrateur sur cette histoire est de savoir s'il y eut un crime d'injustice dans cette humiliation de Padmāvatī, qui conduisit au suicide de ses parents.

    La réponse paradoxale du Roi Trivikramasena est qu'il y eut bien injustice, mais ni chez le sage Buddhiśarīra (qui agit pour son maître), ni chez le Prince Vajramukuṭa ou la fière Padmāvatī (qui étaient aveuglés par Kāma, le dieu de l'Amour), mais chez le Roi de Kaliṅga qui fit bannir la jeune fille avec des preuves si peu solides, transgressant son devoir de justice.


  • La relation triangulaire entre le Prince, le Conseiller et la jeune fille est assez traditionnelle dans les contes - on a la retrouve un peu dans celle dans les Niebelungen entre le roi Gunther, Siegfried et la reine Brünhild d'Islande, où Siegfried aide secrètement Gunther à gagner Brünnhilde mais où il en tire la haine fatale, mêlée de frustration jalouse, de la Reine humiliée. Mais j'ai déjà évoqué l'intéressante légende indienne de Chitralekha qui inverse les sexes : la Princesse Usha obtient l'aide de la conseillère-sorcière (yoginī là aussi) Chitralekha pour conquérir le Prince Aniruddha.

    Dieu est contre le XXIIe Amendement



    Le site pour un troisième mandat de Bush

    Ce serait les Primaires républicaines les plus fascinantes depuis 1860 si l'Etat d'Urgence théologique a la priorité sur la Constitution...

    Oui, je sais, ça doit être une parodie.

    hein ?

    dimanche 29 juin 2008

    Fini



    aaaaah, ça y est, j'ai terminé mes corrections. C'est curieux comme j'ai commencé plus sérieusement que l'an dernier mais fini avec plus de difficulté. Il faut dire que j'avais un petit problème de notation : j'ai en gros un point de plus en moyenne que mes collègues du centre d'harmonisation, j'étais au-dessus de tout le monde, même très au-dessus de certains. Même après avoir légèrement réduit, j'ai peut-être tendance à surnoter, peut-être parce que je ne crois pas autant qu'eux à la valeur de cette discipline ? Ou parce que je me dis que je ne crois pas que j'aurais pu traiter certains sujets (notamment le sujet 1 sur l'art, qui ne m'inspire pas du tout et pour lequel j'ai pardonné des hors-sujets projetant des généralités).

    X a rompu avec son amie Y - ça doit faire 10 ans qu'ils étaient ensemble -, et j'ai proposé à X de venir habiter chez moi en attendant, mais il a décliné. Il va falloir que j'arrive à lui remonter le moral, chose pour laquelle je suis particulièrement peu doué. Finalement, le film sur Sabra et Chatila attendra une autre fois.

    Le journaliste sportif sans peine



    Pour moi qui hais le foot mais dois quand même supporter qu'on en parle parmi les nouvelles comme si cela pouvait concerner le sort de la planète, le terme de "réalisme" est toujours le plus grand mystère du jargon vide, comme ici

    L’Allemagne compte sur son réalisme légendaire pour l’emporter


    J'ai entendu parler du realismo mágico (ou maravilloso) de la littérature sud-américaine, du réalisme fantastique occulte, ou bien de l'idéalisme spéculatif allemand, mais je ne sais toujours pas ce qu'un "réalisme légendaire allemand" peut apporter pour manipuler (heu, pédipuler) une baballe. Peut-être qu'ils vont se servir de la position objective de la Chose en soi pour invoquer Siegried ? Ou alors les Espagnols sont connus pour un manque de réalisme légendaire depuis Don Quichotte ?

    Contempler ses chaussures



    Plus que 3 copies. gawwwddd... je me suis levé à 6 heures pour me forcer à finir et je procrastine toujours...

    En travaillant d'arrache pied sur ces six copies, j'ai découvert ce groupe disparu de "shoegazing" britannique appelé Lush qui eut ce succès (classifié comme plus Britpop, whatever the difference may be) en 1996. C'est curieux comme la Britpop (qui nie souvent son existence et prétend n'être qu'un artefact médiatique) est parfois reconnaissable (même si la chanteuse Miki Berenyi me semble critiquer le terme de manière assez éloquente dans cette interview.

    samedi 28 juin 2008

    Cartophilie



    Via Cartographers'Guild, le monde de Sorol me paraît avoir les meilleures cartes imaginaires que j'ai jamais vues (bien supérieures en tout cas aux cartes réalisées par des professionnels du design dans les jeux de rôle !), utilisant des fractals et des cartes géographiques réelles pour arriver à un degré d'illusion de vraisemblance sans précédent.

    Regardez par exemple celle-ci. Infiniment supérieur à Hârn dont on prétend souvent qu'il a les meilleures cartes réalistes (sans doute plus à cause de la quantité d'informations que de la qualité graphique).

    Maintenant, mon monde fantastique idéal aurait une mythologie et une anthropologie par Greg Stafford, une linguistique par Tolkien ou M.A.R. Barker, une économie par Miéville et des cartes par le créateur de Sorol.

    Immobile à grands pas

    Plus que 9 copies. Cela commence à devenir un peu Achille-et-la-Tortue (ou bien ce mobile dans une sphère en dilatation infinie dont parlait Poincaré) : plus je me rapproche du but, plus je divise mon travail. J'avais oublié que demain commence la Fête du Cinéma et que j'aurais pu la faire si j'avais fini dès aujourd'hui. Je vais essayer d'aller voir le dessin animé israélien sur la Guerre du Liban de 82, Valse avec Bachir, mais il faut encore que je relise toutes les copies ensuite.

    J'ai un petit problème hypothétique d'étiquette Facebook. Supposons (a) que vous êtes ami avec X, qui est ami avec Y et que vous avez ajouté Y comme amie seulement par transitivité de la relation de Friending, mais que (b) X retire Y de sa liste après une dispute mais (c) qu'ensuite Y ne vous "UnFriend" pas de sa liste et que X ne vous demande pas explicitement de le faire non plus. Serait-il poli, voire recommandé de le faire quand même ?

    Paris-Plages... en 1943



    Au Pont du Carrousel pendant l'Occupation (dans l'exposition des photos d'André Zucca, chez Bekar, site de photos parisiennes).



    La différence est qu'on osait encore se baigner dans la Seine...

    vendredi 27 juin 2008

    Dick Cheney a été redoutablement efficace

    surtout depuis la réélection de 2004 : les actions Halliburton étaient à environ 20$ en 2000, elles sont tombées à 5$ après le 11/09/01, elles sont à 50$ aujourd'hui (depuis le 11/09, le Dow Jones Average passe d'environ 8500 à 11 500 aujourd'hui).

    Oh, et Cheney est une sorte de "barnacle" (en français : un "pouce-pied" parasitaire).

    jeudi 26 juin 2008

    Lumières d'intérieur




    Katherine Doyle, La main au collet, (pastel, 2007)

    Ce tableau de l'artiste Katherine Doyle a peut-être une inspiration de Hopper, en un peu moins soustrait au temps par l'image en mouvement sur l'écran et la chaleur plus douce de certaines couleurs sur les murs, sans que cela soit moins mélancolique.

    Quant à cet autre tableau avec ambiance de tango, il y a peut-être un jeu sur un autre grand peintre figuratif, Balthus, dans la pose de la jeune fille ?


    K. Doyle, Fin de partie (huile, 1999)

    De même, celui-ci joue sans doute sur l'Oedipe et la Sphinge d'Ingres et celui-là parodie un peu les thèmes classiques comme le Titien (le même thème d'Actéon est aussi traité par Paul Reid).

    Randon Jdriana



  • Cette recréation de ce qu'aurait été un Traveller édition heroic fantasy est l'une des plus belles idées que j'ai vues depuis longtemps.

  • A quoi ressemblait vraiment la Magie chez Jack Vance (chez jrients, un excellent blog sur la nostalgie rôliste).

    Toute personne qui a joué à D&D a pu être étonné de son système de magie : les mages doivent ré-apprendre les sortilèges chaque jour dans leur livre des sorts et ils les oublient dès qu'ils les lancent (le mécanisme "Fire & Forget"). Gygax suivait en fait très directement Jack Vance où les mages ne peuvent apprendre qu'une poignée de sortilèges. Les Sortilèges sont décrits comme quasiment vivants, ou conscients à l'intérieur du cerveau du lanceur (un peu comme dans Terry Pratchett), comme des équations incroyablement complexes à plusieurs dimensions, ce qui explique que les Mages ne puissent pas en retenir tant que cela. Gygax avait aussi repris les noms de Sorts (Prismatic Spray) et le fait que les sorts aient des signatures ou des noms propres.

    J'aimais bien aussi la justification du système dans Earthdawn (un jeu dont tout le background consistait à rationaliser les topoi de D&D) : un sort est en fait une "structure" (pattern) complexe que l'Adepte a besoin de déployer dans le Plan astral avant de la lancer. Il ne peut donc pas retenir énormément de ces "matrices" à la fois.

  • En revanche, je ne suis pas d'accord avec cette transformation de T&T. Tunnels & Trolls, le second jeu de rôle, eut l'idée brillante d'abandonner la Magie Vancienne en prenant la caractéristique FORCE comme points de fatigue : les mages peuvent lancer leurs sorts plusieurs fois mais ils perdent des points en s'épuisant (Fantasy Trip puis GURPS ont repris le même mécanisme de Points de fatigue).

    L'effet pervers est que la FORCE est donc aussi indispensable au Guerrier qu'au Mage, le Mage a intérêt à maximiser sa FORCE pour être plus efficace et donc à faire du Body-Building, ce qui ne correspond pas vraiment à l'image du Magicien comme le frêle Elric.

    La nouvelle édition de T&T abandonne donc ces Points de Force pour une caractéristique ad hoc de Points de Mana (appelés ici la "Wizardry"), comme le POUvoir dans Runequest (qui représentait "l'aura de l'âme").

    Je n'ai jamais compris pourquoi la Fatigue physique et l'Energie psychique devrait être si distinguée - mais j'ai commencé à jouer avec Légendes celtiques où les sorts coûtaient des Points de Fatigue. L'effet pervers est maintenant qu'un Mage qui a épuisé tous ses sorts peut être encore frais et dispos physiquement (sauf si on a un système plus lourd où la baisse de Mana fait graduellement descendre des seuils de santé générale dans les autres caractéristiques).

    Cela peut se justifier dans certains univers. Stafford a dit que cela ne se justifiait pas vraiment pour sa vision de Glorantha. Tékumel, au contraire, a explicitement depuis Gardasiyal une différence entre le Pedhetl, qui est l'énergie mentale "passive", et d'autre part la Capacité psychique active ainsi que la force physique : un grand mage à forte capacité psychique peut donc se retrouver avec un Pedhetl faible et une constitution fragile.

    Une solution si on veut quand même relier les deux serait d'avoir une caractéristique qui serait la moyenne du mental et du physique, par exemple de Volonté et de Vigueur (de même que les Points de vie sont dans Basic System la moyenne de Taille et Constitution). C'est ainsi que "l'Energie" était la somme de Pouvoir et Constitution dans Superworld (ce qui ne marchait pas bien en revanche pour les personnages à source d'énergie artificielle comme Iron Man).

  • Très cool : un générateur aléatoire de scénario de D&D tiré du Basic D&D (1978)de Moldvay. Un bon exercice serait de relier chaque scénario publié à chacune de ces possibilités.

  • Un Quiz de Rients sur l'histoire du jeu de rôle m'apprend que le fabuleux Skyrealms of Jorune avait en fait commencé comme une campagne de Metamorphosis Alpha (ce qui explique sans doute les races zoomorphes dites "Iscin"). Zut, ça détruit ma théorie que Jorune et Tékumel sont la même planète !

    J'aime bien la généalogie refoulée de certains jeux.

    Rêve de Dragon est très clairement une modification graduelle de Runequest, en ajoutant une table unique de résolution (alors que Denis Gerfaud ironiquement proposé dans un vieux Casus Belli un système de Thac0 pour abolir les tables d'AD&D).

    Hârn et Ars Magica sont clairement des modifications de Chivalry & Sorcery (Hârn a gardé les noms tolkienniques des races immergées dans une Angleterre médiévale, Ars Magica a gardé la Basic Magick qui combinait des Verbes et des Compléments).

    Bloodlust reprend les races de Freedom in the Galaxy.

    Swordbearer a des hommages à Bunnies & Burrows.

    Le nouveau Mutants & Masterminds Wild Cards est un univers de romans, inspiré d'une campagne Superworld avant d'être adapté une première fois pour GURPS.

  • Un blog d'un maître de conférence en littérature classique avec un syllabus sur Homère et les Jeux vidéo...
  • mercredi 25 juin 2008

    Topoi 2




    Plus que 21 copies. Ca y est, je dois être tombé sur un autre essaim d'élèves. Les premiers ne me parlaient que des souliers de Van Gogh, ceux-là ne citent que Nature morte avec pommes et oranges de Paul Cézanne (1895), avec tous le même commentaire qui doit venir de leur enseignant que l'oeuvre suffit à déstabiliser les formes a priori de l'intuition du criticisme kantien. Je mets de bonnes notes mais c'est seulement pour féliciter le travail de mémorisation, comme je ne suis pas vraiment convaincu dans le fond qu'une anamorphose proto-cubiste suffise à bouleverser l'esthétique transcendantale (qui s'est déjà écroulée effectivement vers cette période, mais sans doute plus à cause de Poincaré que de Cézanne).

    Epanouissement & Extinction



    Via The Economist, le taux de suicide a augmenté de 60% dans les 50 dernières années selon l'OMS. C'est un des versants sans doute de l'amélioration des conditions matérielles qui engendre la frustration mais aussi de la sécularisation et l'individualisation.

    Ce tableau montre que la corrélation inverse entre Bonheur et Suicide ne va pas toujours de soi - le taux de suicide dépendant aussi d'autres facteurs sociaux (comme la place de la religion).

    Tableau Suicide/Bonheur

    Les Danois se disent donc plus heureux que les Américains, les Britanniques ou les Brésiliens mais se suicident plus qu'eux (je ne crois pas tellement à l'explication par la luminosité dans ce cas-là).

    De manière curieuse, le Japon n'est pas un cas particulier et se trouve à peu près strictement dans la diagonale, ce qui pourrait nuancer le cliché socio-historique (et malgré la recrudescence depuis la récession).

    Il y a le cas particulier des Indiens qui se disent très peu heureux mais qui se suicident nettement moins. Les Français sont toujours aussi dépressifs, avec un taux de bonheur et de suicide proche de celui de la Croatie. La Lithuanie a un taux énorme de suicide, deux fois supérieur à la France bien qu'ils déclarent un taux de bonheur comparable.

    Le moment ou jamais de citer ce texte énumérant des raisons de vivre (mais qui oublie le facteur principal cité par Durkheim, l'intégration dans les normes sociales, à moins que ce soit ce qu'il appelle "The Flow").

    Sociétés de Surveillance



    La notion (qui sonne un peu "foucaldo-deleuzienne") est un peu floue mais cette carte et le tableau (via) ont l'intérêt de brouiller un peu nos préjugés sur les libertés publiques en insistant uniquement sur le droit à la vie privée, aussi menacée par les nouvelles technologies dans les démocraties libérales que dans les dictatures (on remarque dans le schéma que, pour une fois, la République de Grèce y excelle dans la préservation de libertés démocratiques !).

    Pub télévisée pour D&D





    La pub fait vraiment cheap, ne donne pas vraiment envie et présuppose vraiment trop : une personne qui n'a pas une connaissance approfondie de D&D ne reconnaîtra même pas le Beholder (même moi qui joue au jeu de rôle depuis pres de vingt-cinq ans, j'ai été un peu perplexe) et ne comprendra pas de quoi il s'agit - en fait on dirait une pub pour un jeu de figurines.

    mardi 24 juin 2008

    Anima(a/us)



    Plus que 39 copies. J'en ai une assez drôle aujourd'hui qui commentait le texte de Schopenhauer sur la Moralité et le Droit et s'est mis à complètement délirer. Au lieu de dire simplement que la Moralité et le Droit était complémentaire, il (ou elle) a expliqué que le texte avait une métaphore sexuelle et qu'il s'agissait d'un Couple à réunir, la Moralité était la Mère protectrice (alors qu'il s'agit ici plutôt de la culpabilité de la conscience morale, mais passons) alors que le Droit était le Père sévère qui châtie physiquement. Je trouvais ça bien entendu idiot mais me disais qu'il se pourrait que leurs pires craintes soient vraies et qu'un correcteur Lacanien abruti (qui prétend - si du moins cela peut avoir un sens - que le Phallus est le Signifiant souverain représentant la Loi) aurait pu trouver cela génial.

    J'ai vu aujourd'hui Legend (1986) de Ridley Scott et le thème est justement lourdement chargé de "Jungo-Campbellismes" divers sur les deux sexes.

    La Princesse Lys (Lily, l'Innocence) est amoureuse de Jack O'The Green, l'Homme des Bois. Celui-ci pour témoigner de son amour la conduit au couple des deux dernières Licornes. Mais Lys vient alors toucher la corne de la Licorne et profane ainsi son innocence. Elle jette alors un Anneau dans l'eau, disant qu'elle s'unira à Jack s'il trouve l'Anneau. Jack plonge mais ne retrouve pas la promesse d'union.

    Le Seigneur des Ténèbres profite de la perte d'innocence de la Licorne pour envoyer ses Gobelins la chasser. La Licorne mâle meurt et se fait couper la corne, mais le Seigneur des Ténèbres cherche alors la dernière Licorne, la femelle, qui peut faire renaître l'espèce.

    Avec la mort de l'Unicorne mâle, l'Hiver tombe sur le monde mais le Soleil subsiste tant que vit encore la dernière Licorne. Jack tombe sur Gump (un Elfe inquiétant qui est clairement Puck), la petite fée Oona (qui est à Jack ce que Tinker Bell fut à Peter Pan) et des Nains. Ils partent en quête pour sauver la Licorne, vont chercher des Armes héroïques (armure, bouclier de Persée et épée) et affronte une sorcière Trollesse, Megg (qui semble tout droit sortie de D&D).

    Jack résiste à la tentative de séduction de la fée Oona, qui a pris l'apparence de Lys. Lys est elle aussi soumise à la tentation du Seigneur des Ténèbres, qui tombe amoureux d'elle et essaye de la séduire. Elle lui dit qu'elle l'épousera s'il la laisse tuer la Licorne, mais en profite pour la libérer. Le Seigneur des Ténèbres la frappe mais est vaincu par la lumière du soleil réfléchie par Jack et ses adjuvants nains. La Licorne est guérie et Jack embrasse Lys, qui s'éveille d'un songe, juste après avoir jeté l'Anneau dans l'eau, toute la Quête devenant un rêve ambigu dans l'esprit des deux amoureux.

    Retour vers Blackmoor



    (Suite de cette note)

  • Blackmoor dans Greyhawk

    La version "parallèle" de Blackmoor qu'on trouve dans le monde de Greyhawk est la plus "apocryphe" et la plus minuscule (voir cet article non-officiel et l'entrée sur le GreyhawkWiki). Il s'agit d'une simple baronnie tout au nord à l'est de la Forêt Flamméale (Burneal Forest, des pins et des sapins), au nord de l'Empire d'Iuz, des Collines Hurlantes et des Marais Glacés, mais surtout au sud du Pays de la Glace Noire. Cette Glace Noire est décrite comme de la neige bleue ou sombre pour des raisons inconnues et c'est une des grandes idées de Gygax pour rendre Blackmoor encore plus inquiétante (et cela sonne comme un des problèmes épistémologiques d'Anaxagore). C'est une idée à voler pour le Blackmoor original.

    Les ressources principales sont l'ivoire de morse et les gemmes. Il y a une magie chtonienne dans le sol, liée à d'antiques monolithes et alignements de pierre de Blackmoor, ou peut-être à la Glace Noire (radioactive ?).

    La Blackmoor du monde de Greyhawk a environ 110 000 habitants (37% d'humains d'origine surtout Flan-Oeridienne, 20% d'Orques, 18% d'halflings, 10% d'elfes, etc.). Elle n'était plus vassale du Royaume de Furyondie depuis lontemps, si loin au nord, et était dirigée en théorie par l'Archibaron Bestmo (Guerrier 11e niveau/Mage 4e, Neutre Mauvais) mais il a été renversé par les Orques de l'Oeuf de Coucou (Egg of Coot, la traduction française est littéralement "Oeuf de Foulque") qui ont pris le Château de Blackmoor. Bestmo s'est replié dans le village de Dantredun (700 habitants) avec ses troupes et la guerre dure entre les deux camps. La distance entre les deux groupes est nettement inférieure à celle dans le monde de Blackmoor (où le Château Blackmoor a été repris par Uther aux Orques du Roi Funk depuis longtemps).

    Une des villes s'appelle Glendour (comme la Glendower de la Blackmoor officielle) et elle aurait abrité une Liche. Le Temple de la Grenouille adore en fait Wastri, le dieu de la discrimination raciale (Wastri est un culte de la haine amphibie qui se fait adorer par les humains pour qu'ils haïssent les autres races non-batraciennes, mais une version dit que Wastri ne se rend même plus compte qu'il n'est pas lui-même un dieu humain, concentrant sa haine contre les quasi-humains : Elfes, Halflings et Nains). Wastri est ridicule, mais quand même moins que le dieu B'rr'bb't de la nouvelle version officielle d'Arneson.

    Un scénario dans Dungeon #115, 2004 (Raiders of the Black Ice par Wolfgang Baur) a aussi ajouté de la technomagie dans le coin avec des robots mécaniques travaillant pour l'Oeuf de Coucou (voir aussi la suite "The Clockwork Fortress", Dungeon #126). La Cité des Dieux est au Nord, au lieu d'être au sud dans la Vallée des Anciens.

    Dans cette version, le Duché des Dix (Duchy of Ten) n'est pas une république à l'ouest de Blackmoor mais s'appelle le Duché de Tenh, un territoire loin à l'est, entre le Comté d'Urnst et les Monts Griff (on peut dire que le Nord de Greyhawk est donc inversé par rapport au Nord dans Blackmoor).


  • Le Nouveau Blackmoor

    Voir la présentation de Dave Arneson's Blackmoor sur cet autre blog francophone (qui semble abandonné).

    La nouvelle version est brève, 240 pages, mais a su intégrer les renseignements qu'on trouvait dans la version Judges Guild (First Fantasy Campaign, 1977) et la version dans Mystara (la série des modules DA).

    Environ 100 pages sont occupées par des règles : races & classes (38), classes de prestige (24), Magie (12), Monstres (20). Les races comprennent notamment les deux variantes d'Elfes (nobles Cumasti et xénophobes Westryns), les Docrae (Halflings sauvages). Les classes comprennent notamment le Guerrier Arcane (un guerrier-mage qui sert la Cabale des Magiciens pour pourchasser les Ensorceleurs) et les Moines de l'Etoile Déchue, ordre ascétique qui adore la chose mystérieuse qui est tombée dans la Vallée des Anciens (et qui serait en fait un Vaisseau spatial). Les Wokans orcs ou westryns sont des sortes de shamans liés aux bêtes.

    L'orginalité principale des règles de magie est le Focus, une Gemme extraite de Blackmoor qui permet d'améliorer les sorts et de se passer de Livre de sortilège. J'aime bien le détail qui veut que les 8 écoles de magie AD&D correspondent à 8 gemmes (Abjuration : Opale, Conjuration : Rubis, Divination : Topaze, Enchantement : Améthyste, Evocation : Emeraude, Illusion : Turquoise, Nécromancie : Obsidienne et Transmutation : Héliodore, béryl jaune). Ce serait peut-être une bonne idée d'incorporer à Blackmoor le "Gemcaster" qu'on trouve dans Monte Cook Presents: The Year's Best d20 et peut-être de chercher quelque chose de minéralogique pour les Nains qui extraient ces Gemmes-Focus (Géomancie ?).

    Puis commencent la description du monde avec le Royaume de Blackmoor (30 pages), les pays voisins (20), les religions du Nord (15), les PNJ importants (15 pages).

    Un détail que je n'avais pas remarqué est que la ville de Blackmoor n'a pas que des gemmes ou un sol magique, elle suinte aussi du pétrole (une "huile noire dont on se sert pour les lampes et les torches").

    Si on met ensemble la Neige noire plus toutes les nappes d'Eaux de Roche dans la Mer Noire autout des Landes Noires, on commence à comprendre l'ambiance sombre. Si on ajoute des volcans comme j'ai l'intention de le faire, la poussière sombre peut expliquer en partie des nuées noires qui cacheraient le Soleil (un peu comme Dark Earth ou La Compagnie des Glaces) tout en expliquant que des colons puissent avoir envie de s'installer dans ce Nord empli d'Orcs et de Dragons (les terrains volcaniques étant assez fertiles, même sans parler de la Ruée vers les Gemmes-Focus extraites par les Nains).

    Ce premier livre se termine (c'est devenu rare de nos jours) par un scénario de 20 pages, "Ties That Bind", que je trouve très honnête tant il tisse les quelques thèmes originaux de la région (l'Oeuf de Coucou qui peut hypnotiser à distance par contrôle mental, les Gemmes-Focus et le conflit entre les Mages de la Cabale et les ensorceleurs sauvages). Ce n'est pas un Donjon mais un vrai scénario, un peu linéaire mais avec une intrigue et du role-play : les personnages sont engagées par une aristocrate de Newgate pour aller chercher des Gemmes pour la Cabale, alors que leur Guerrier-Arcane a été victime d'une attaque.


  • The Wizards'Cabal

    Ce supplément de 125 pages a quelques éléments intéressants, même si j'ai du mal à lire des pages de "crunch", de suppléments aux règles.

    Les 20 premières pages sont l'histoire de la Cabale et de la magie dans le Nord. Skelfer Ard fonda la Cabale pour lutter à la fois contre ses collègues les Rois-Sorciers qui dévastaient le pays, et contre les Ensorceleurs autodidactes (mais ceux-ci craignent maintenant la Cabale comme une Inquisition oppressive qui les éradique ou ferait des expériences sur eux).

    La Cabale est ensuite décrite en 12 pages, avec quelques personnalités (comme Col, qui apparaît dans l'histoire courte à la fin) et les plans de sa forteresse d'Arden à Vestfold.

    Puis viennent environ 50 pages de classes, de sorts et de règles. Les classes ajoutent diverses sortes d'Inquisiteurs et Enquêteurs mages.

    Il y a à nouveau un scénario, "Losing Focus", où les personnages doivent retrouver une Gemme d'un Mage et se retrouvent pris dans une intrigue. Puis vient une fiction de 15 pages par Harley Stroh, "A Night in Maus" où un Inquisiteur / Guerrier Arcane au bras mécanique nommé Col cherche à retrouver des pillards de trésors magiques la Veillée des Esprits (l'équivalent d'Halloween, la nuit où les morts-vivants sont de sortie à Blackmoor). SPOILER : Col y a pprend d'une goule qu'il serait en fait l'héritier d'une des Maisons nobles disparues de Blackmoor (j'imagine que c'est les Osborgs, comme leur dernier héritier a été enlevé enfant).
  • lundi 23 juin 2008

    Obama garde son avance



    15 jours ont passé depuis la dernière fois et Obama a gardé son avance.



    Il l'a même un peu solidifiée, gagnant d'une très courte tête les 13 voix de Virginie (j'ai du mal à y croire) et atteignant même l'égalité en Floride (27 Electeurs). Même en donnant la Floride à McCain cela fait donc un score de 317 à 221.

    Mais comme le répète l'âme damnée de Bush Karl Rove, Dukakis écrasait Bush Père en 1988 pendant l'été et Kerry battait Bush fils en 2004 avec des marges semblables.

    Mais le journaliste Mohammed Cohen joue inutilement à faire monter le suspense en disant que les 55 Grands Electeurs de Californie pourraient basculer vers McCain.

    A l'heure actuelle, les sondages donnent une avance de 12 points à Barack Obama (53% contre 41%), un peu comme pour Kerry 'O4 ou Gore'00.

    Certes, la Californie a une tradition républicaine, et a voté presque tout le temps pour le GOP à l'après-guerre, sauf depuis Clinton et Bush fils. Et le Gouverneur républicain Schwarzenegger est populaire. Mais cet argument est particulièrement absurde :

    As in 1988, California has a Republican governor.


    Il y avait aussi un Gouverneur Républicain, Pete Wilson, quand Clinton a gagné les élections de 1992 et 1996 (Wilson essaya même de se présenter en 96), et bien sûr en 2004 quand Kerry l'emporta !

  • Add. (25/06) :
    Ca doit vraiment être une erreur de sondage : même l'Indiana (11 Electeurs) deviendrait gagnable pour Obama ? C'est un fief républicain et Bush l'avait gagné en 2004 avec près de 20 points d'avance !
  • Crise Critique à DC Comics



    Chuck Dixon, scénariste sur Batman (et dont je ne connais pas la qualité du travail à vrai dire), se fait virer et attaque directement l'éditeur en chef Dan DiDio :

    I’ve worked under tyrants and I can say that I’d prefer to work under a talented, knowledgeable tyrant with a successful plan than a directionless gladhander with a ouija board any day of the week.


    Ensuite, c'est la star Grant Morrison, qui écrit notamment le cross-over de l'été Final Crisis, qui annonce qu'il ne tiendra pas compte de la série hebdomadaire Countdown to Final Crisis (contrairement à ce que le titre aurait pu nous faire penser), la considérant comme "apocryphe" par rapport à son propre plan.

    Il avait demandé que Final Crisis se situe juste après les événements de 52 mais Countdown et Death of the New Gods ont fini par contredire le statu quo que Morrison avait exigé (ce qui explique en partie les contradictions à la fin de Countdown mais ne résout pas toutes les contradiction).

    D'où le retcon instantané : Countdown de Paul Dini était non seulement intrinsèquement mauvais mais il n'est même plus le préambule à ce à quoi il était censé introduire !

    Grant Morrison explique ses griefs :

    Back in 2006, I requested a moratorium on the New Gods so that I could build up some foreboding and create anticipation for their return in a new form … instead, the characters were passed around like hepatitis B to practically every writer at DC to toy with as they pleased, which, to be honest, makes it very difficult for me to reintroduce them with any sense of novelty, mystery or grandeur. So in cases like this, where fellow creators have overlooked my carefully established additions to DC continuity or ignored my pleas to hold certain characters in reserve, my intention is to follow the through-line I’ve established in my own work so that there’s at least some long-term consistency.


    Comparer les apparitions inconsistantes des Nouveaux Dieux en 2007 dans l'Univers DC avec une maladie vénérienne est en fait de mauvais goût pour les MST.

    L'extinction de l'enfer



    Lorsque Adlai Stevenson parle à l'ONU pendant la crise des missiles de 1962, il dit qu'il est prêt à attendre une réponse soviétique "jusqu'à ce que l'Enfer gèle" ("until Hell freezes over"). Une des théories théologiques qui m'a toujours fasciné est l'Apocatastase, la restauration universelle, la Rédemption pour tous (un corollaire possible de l'universalisme théologique où tous les Fils Prodigues peuvent retrouver leur place). Cela séduisit d'ailleurs le théologien Origène, qui en faisait une synthèse de Création et d'Eternité dans l'Eternel Retour.

    La secte du nord de l'Irak des Yazidis a aussi une très belle légende (racontée dans ce Lexique Oriental).

    Selon les Yazidis, Dieu créa de sa substance le plus beau de tous ses Anges, Melek Taus (ou Malak Ta'us, Tawsi Melek), l'Ange-Paon, arc-en-ciel de sept couleurs. La Révélation Yazidi dit que Dieu offrit Sept Terres et Sept Cieux pour le plus beau de ses Anges. Il créa sept anges qui sont dans l'ordre 'Azra'il (Melek Taus), Darda'il, Israfil, Mika'il, Gibra'il, Shimna'il et enfin Nura'il.

    Quand Dieu créa Adam, les six anges inférieurs décidèrent de le servir mais l'Ange Suprême Melek Taus refusa de s'incliner devant le libre-arbitre de l'Homme, car il portait la Lumière divine et ne voulait pas l'humilier devant l'Homme. Melek Taus fut alors précipité des Cieux aux Enfers pour apprendre l'humilité.

    Le Roi Paon pleura pendant 7000 ans et remplit ainsi Sept jarres de ses larmes.

    A la fin, il versa ces 7000 ans de larmes sur les Enfers et éteignit leurs flammes.

    C'est ainsi que Melek Taus fut pardonné par Dieu et revint sur Terre comme le Prince de ce monde. Il s'incarna en un descendant d'Adam, Cheikh Adi, et fonda la religion du yazidisme.

    Et c'est pourquoi il n'y a plus d'Enfers et plus de Châtiment divin selon les Yazidis.

    Urnes de dévotion



    J'avais parlé en mai du "vote" organisé par la revue Foreign Policy sur les plus importants intellectuels. Le sondage, comme cela arrive souvent dans les votes électroniques a été manipulé par un vote massif de militants turcs et le gagnant est donc Fethullah Gülen (né en 1941).

    Gülen est un gourou musulman turc qui a l'air plutôt "moderniste" (contrairement à la plupart des imams sunnites, il prêche le dialogue interconfessionnel les autres religions, dont la minorité plutôt laïque des Alévis, dont j'ai parlé il y a 4 ans), mais qui a été aussi accusé d'être un allié de l'AKP d'Erdoğan.

    Gülen vit aux USA depuis 1998(il était poursuivi pour complot religieux par la justice turque) mais a un réseau important en Turquie (dont des éditorialistes du journal Zaman, "le Temps", édition anglaise). Ses fidèles ont apparemment voté en masse pour en faire le plus influent intellectuel du monde...

    La liste des 10 premiers montre en tout cas que les Internautes musulmans aiment voter pour ces listes :

  • 1 FETHULLAH GÜLEN, militant religieux turc
  • 2 MUHAMMAD YUNUS, microfinancier bangladeshi, Prix Nobel de la Paix 2006
  • 3 YUSUF AL-QARADAWI, prêtre égyptien présentant une émission sur la Charia sur Al-Jazeera
  • 4 ORHAN PAMUK, romancier turc, Prix Nobel de littérature 2006
  • 5 AITZAZ AHSAN, juriste pakistanais qui s'oppose au Général Musharraf et soutient le Parti du Peuple Pakistanais des Bhutto.
  • 6 AMR KHALED, prêtre égyptien animant une émission télévisée.
  • 7 ABDOLKARIM SOROUSH, philosophe exilé iranien, musulman moderniste.
  • 8 TARIQ RAMADAN, islamiste helvète.
  • 9 MAHMOOD MAMDANI, anthropologue d'origine ougandaise enseignant à Columbia.
  • 10 SHIRIN EBADI, avocate iranienne, Prix Nobel de la Paix 2003.


  • Chomsky, qui avait gagné il n'y a pas si longtemps, est maintenant 11e et les 10 premiers sont tous originaires de pays musulmans (encore que Pamuk appartient clairement à la gauche laïque). On remarque aussi des personnalités télévisées comme Ahsan et Amr Khaled, complètement inconnus pour ceux qui ne regardent pas ces émissions. Ayaan Hirsi Ali, Neerlandaise athée, est 15e et Richard Dawkins, militant de l'athéisme est 19e, ce qui montre à quel point la question religieuse semble devenir plus centrale que les querelles économiques (Amartya Sen est certes là, 16e).

    Le sérieux de ce sondage se voit avec le principal nom ajouté à la liste : Stephen Colbert...

    dimanche 22 juin 2008

    Semantic Responsibility



    Oh, Senator McCunt...



  • Add.
    Un des meilleurs comiques américains, George Carlin est mort à 71 ans, et il était notamment célèbre pour ce sketch sur les mots prohibés. (cf. cet autre sketch)



    (version plus longue)
  • Recensions rapides



    ok, je devrais corriger mes copies. J'en suis presque à 50% et je n'y arrive plus.

  • Je viens de voir le Final de la 6e saison de West Wing sur Série Club (qui est passé en avril 2005 et imagine déjà une Convention démocrate divisée). C'est une série brillante mais je l'ai toujours vue de manière intermittente, ratant en gros tout le second mandat du Président Bartlett (Saison 4-6).

    Je n'arrive pas à faire abstraction de certains acteurs que je ne connaissais pas, comme le candidat Matthew Santos (le Barack Obama hispanique du Texas) qui est joué par Jimmy Smits (qui jouait déjà l'avocat hispanique Victor Sifuentes dans LA Law, et le Sénateur Bail Organa dans Star Wars Episode III) mais surtout l'assistante Annabeth Schott à la voix nasillarde jouée par la maintenant légendaire Kristin Chenoweth (qui joue la serveuse/jokey Olive Snook dans Pushing Daisies).

    Une des grandes trouvailles est le Républicain intelligent Arnold Vinick (joué par le charismatique Alan Alda), qui change des caricatures que sont les Républicains réels. En revanche, malgré le beau discours de Santos, je n'ai pas compris pourquoi on ne devrait pas préférer le Vice-Président Russell.

    La Convention démocrate est une scène dramatique (avec le retour de Baker, qui s'était retiré pendant les Primaires, puis son effondrement quand on apprend les problèmes de dépression de sa femme) qui a peut-être causé l'obstination d'Hillary Clinton plus encore que l'assassinat de RFK.

  • A Good Year a eu 26% au tomatomètre et les critiques ont été en dessous de la réalité. Ce film est un désastre. Ce n'est pas seulement son horrible prévisibilité (le Méchant Trader Golden Boy vient en Provence pour vendre son héritage, un vignoble, et il est moralement transformé par la Nature). Toute la sensualité que le film essaye de suggérer tombe à l'eau et au lieu d'apprécier la Provence, on a l'impression que le Trader n'a qu'une régression infantile, Marion Cottillard, qui est censée être la Vénus française, est presque repoussante dans son rôle, Russell Crowe est ridicule du début à la fin.

    Un détail quand même : Didier Bourdon, qui joue un agriculteur cliché, joue relativement normalement en anglais alors qu'il joue d'habitude atrocement mal en français. C'est un peu comme ces bègues qui arrivent à bien chanter, la contrainte de l'autre langue a l'air de l'aider.

  • Ensemble c'est tout d'après Gavalda a deux de mes acteurs favoris Audrey Tautou et Guillaume Canet et est pourtant moins agréable qu'une visite chez le dentiste. D'habitude, dans une comédie romantique, on attend avec lassitude que les personnages aillent ensemble. Ici, les personnages sont tellement antipathiques qu'on souhaite qu'ils s'évitent le plus possible. Je trouvais que les Guignols exagéraient dans leurs attaques contre le cinéma français mais ce film correspond très bien à leur satire du film neurasthénique sur les trentenaires qui ont du mal à s'engager.
  • Gender-twisting



    Maureen Dowd a un article sur Badinguette aujourd'hui (mais un Français n'y apprendra rien puisqu'elle traduit surtout les articles récents que nous avons déjà tous lus).

    Peut-être pour faire oublier l'accusation par son propre journal d'avoir été sexiste dans ses attaques contre Clinton et Obama...

    samedi 21 juin 2008

    Review: War of the Burning Sky



    La compagnie Paizo (dont j'ai retracé les origines) a développé dans leur revue Dungeon puis dans leurs suppléments sur le monde de Golarion un modèle de scénarios en campagne appelés "adventure paths" (sentiers d'aventure). C'est une série limitée de scénarios avec un thème unificateur et une progression qui doit permettre aux joueurs de gravir les différents niveaux de D&D. C'est donc une bonne synthèse entre un univers complet indéfini et des modules isolés, une campagne finie sur plusieurs niveaux ordonnés.

    Eric Noah's World, le plus célèbre forum indépendant de fans de D&D a publié sa propre "Campaign Saga" appelée La Guerre du Ciel Brûlant. D'après les premiers épisodes que j'ai pu lire, c'est plutôt intéressant. Le premier volume est gratuit mais les 11 suivants sont à 6$ pièce en pdf (mais on peut aussi les acheter en bloc pour 50$).

    Les auteurs autour de Ryan Nock ont suivi le modèle des Adventure Paths de Paizo mais avec quelques bonnes idées épiques que je trouve plus originales. La première saga de Paizo se fondait sur les Sept Péchés Capitaux pour la campagne des Runelords. Ici, le lien est un peu plus flou autour des Quatre éléments classiques (ce qui est moins original) et d'une grande guerre entre diverses factions sur des artefacts magiques.

    Au début, il y avait 4 totems élémentaires : Kraken des Eaux, Ver de Terre, Dragon de Feu et Aigle des Airs. L'Aigle régnait sur le monde mais le Dragon de Feu réussit à le vaincre en exploitant son orgueil, l'emprisonnant sous la Terre et lui arrachant le Coeur. Le sang du Coeur Aquilin devint le souffle de vie immortel. Il est encore adoré par un ordre de Chevaliers du Sacré Coeur Aquilin (c'est peut-être une influence du monde des Accordlands où les Chevaliers des Tempêtes adorent l'esprit tourmenté du Dragon mort).

    L'Empire ragesien Il y a quelques décennies, le grand héros demi-orc Langue-de-Charbon, dont on dit qu'il aurait terrassé un Dragon d'Or, unifia les tribus orques. A l'aide de son génie stratégique et de sa grande relique la Torche, il fonda un grand empire à majorité humaine autour de la cité de Ragos. La Torche permettait aux Légions de Langue-de-charbon d'ouvrir le Plan élémentaire de Feu (cela explique qu'il y ait quelques endroits avec des "Incendies perpétuels"). L'Empire ragosien a su avoir le soutien de l'Etat elfe de Shahalesti et a annexé presque tous les Etats humains au nord.

    Mais au début de la campagne arrive la nouvelle que l'Empereur Langue-de-charbon, qu'on croyait immortel, a été assassiné. La Torche a disparu et les pouvoirs magiques de l'Empire semblent perturbés. Sa conseillère anti-magie l'Inquisitrice Leska prend le prétexte de cet assassinat pour lancer sa croisade contre les Mages et Sorciers. Les Généraux de l'Empire commencent à se disputer.

    Au sud, le royaume elfe de Shahalesti, plusieurs Etats non-alignés, le Monastère des Vents, les Chevaliers du Coeur Aquilin et le Lyceum des Mages commencent la résistance. Mais ils ont des intérêts divergents et chacun espère tirer profit de la Guerre. Les choses sont-elles vraiment aussi claires qu'il paraît ? Qui a tué l'Empereur et quels sont les vrais traîtres ?

    On peut remarquer quelques ressemblances avec le début du Malazan Book of the Fallen de Steven Erikson. Dans le premier volume Gardens of the Moon, le vieil empereur malazien meurt et Surly Laseen, la chef des Agents secrets, prend le pouvoir.

    Mais ils ont surtout repris une certaine absence de manichéisme. L'Empire ragesien, malgré son impérialisme, son aristocratie demi-orque et la tendance de persécution des Mages, est décrit comme assez "bénéfique" et Langue-de-charbon a plus l'image d'un Despote éclairé et admiré que d'un tyran sanguinaire.

    La campagne est très ouverte selon les factions que les joueurs décident de soutenir. Je vois quand même un problème dans certaines factions secrètes (dont une qui est vraiment simplement maléfique) qui paraissent sans rapport direct avec le thème "élémentaire". Les artefacts semblent parfois bizarres, comme s'il fallait que chaque faction ait le sien, mais la Torche est un joli symbole, qui nous change un peu des armes magiques traditionnelles.

    Les sourcebooks du joueur et du MJ sont peu illustrés mais le premier scénario, Scouring of Gate Pass, a quelques jolies cartes en couleurs. Ce n'est bien sûr pas aussi professionnel que les suppléments Paizo mais c'est assez correct.

    Un défaut de ces campagnes est que l'univers paraît un peu "jetable". Il n'est pas approfondi et ne comporte que les éléments nécessaires pour la campagne précise, un peu comme ces romans de heroic fantasy où on sait que tous les endroits qui sont précisés sur la carte sont ceux qui seront visités dans le cycle. La mythologie est un peu simpliste (peut-on faire moins original que les Quatre éléments ?) mais elle a le mérite d'exister - après tout il y a de nombreux univers D&D sans mythologie du tout.

    vendredi 20 juin 2008

    Qu'elles s'entrelacent harmonisées



    Plus que 65 copies. Je suis allé à la réunion d'Harmonisation, un peu écourtée par des Assemblées générales d'enseignants qui demandaient un jour de plus (il faut dire que certains ont 35 copies de plus que moi, ce qui est vraiment dure). Nous avons même été brièvement filmés par France 3 Île de France.

    Dating is hard. In spite of what Wikipedia editors believe.

    jeudi 19 juin 2008

    La vie, hélas ! ne se corrige ou ne s'amende



    Plus que 80 copies... Les explications de texte vont être pénibles, ce sont presque toutes des paraphrases du type "Belle marquise, vos yeux d'amour me font mourir". Si je tenais ce rythme, je pourrais finir d'ici à jeudi prochain mais je crains de perdre du temps demain avec la matinée d'harmonisation et samedi avec la fête de la musique.

    J'ai repris la lecture du livre sur le monde d'Arduin (800 pages quand même...) et mon verdict devient plus favorable que dans la note précédente (mais je n'ose rétroactivement l'amender). Les 200 pages sur le pays d'Arduin sont pleines de bonnes idées qui donnent vraiment envie d'y jouer. C'est notamment grâce aux intrigues politiques. Arduin, terre cosmopolite par excellence, est emplie de portes dimensionnelles pour lesquelles tous les peuples voisins se sont entre-tués (ce qui explique qu'après les Traités de paix les Portes sont "internationalisées" et le pays est protégé par une coalition "d'occupation" en rotation des pays voisins).

    Arduin est une monarchie élective, qui par la loi doit avoir parmi son couple royal un (ou une) Arduinien et un époux/se étranger. Cela signifie que le Roi et la Reine représentent des intérêts politiques assez différents (il y a encore une faction qui représente une ancienne Reine Veuve, princesse viruelandienne qui est tombée depuis longtemps).

    Il faut ajouter une Chambre des Lords décrite précisément (un peu comme dans le très bon Power Behind the Throne pour Warhammer) avec le poids de chaque faction (plus le léger pouvoir de la Chambre des Communes, qui est composée d'Intendants Royaux et Gouverneurs élus). Il faut 90 voix pour emporter une décision et le Roi n'en contrôle que 15 alors que les Ducs elfes Starhammer de la Rose Brulante en contrôle 24, la Maison des Barons de Stormcrow en contrôle 23, les Archiducs Naskilion 12, et les Ducs Korohnel du Lion d'Or 11. Il y a un total de 36 Maisons nobles qui sont décrites p. 680-699 + p. 718-720 (un peu comme les factions elfes décrites dans Cormanthyr: Empire of the Elves de Steven Schend) et même un Comte Demi-Orc, Asmodeion, qui dirige un petit domaine de confédérés Orcs de ce royaume elfico-humain.

    Conservatives in a Nutshell



    Via le satiriste-styliste Edroso :

    Exemple 1 :
    Obama figures: I'll just opt out of public financing, rely on the huge sacks of cash ordinary people keep sending me, and leave the Republicans to "game this broken system." Much screaming no fair! from people who never liked public financing (or public anything, except hangings) in the first place.


    Exemple 2 :
    Libertarianism is conservatism for guys who are trying to get laid.

    mercredi 18 juin 2008

    Si les livres de cuisine étaient des jeux de rôle



    Cet article de Wired n'est drôle que si vous avez suivi les Flamewars sur la 4e édition de D&D (et même si je trouve l'analogie en fait assez fautive).

    Topoi





    Plus que 99 copies. Je vais à un rythme très lent au début, avant de trouver les types de paralogismes les plus usuels, mais j'espère le faire descendre à 30 minutes par copies, sinon je n'arriverais pas à garder la concentration toute la journée.

    Le sujet 1 sur l'art est très répétitif et avec tout le temps le même argument pseudo-hégélien faux ("l'art classique ne modifierait rien à notre conscience alors que l'art moderne oui"). J'aimerais qu'un élève me cite Don Quichotte ou Mme Bovary (et non pas seulement le sous-heideggerianisme des Chaussures de Van Gogh qui commence à me lasser comme seul exemple de "transfiguration du banal"). J'étais content au début qu'ils essayent de citer des films (j'aurais même apprécié un machin récent du genre d'American Beauty) mais pour l'instant ce sont toujours des artefacts "sociologiques" sans grande valeur esthétique comme Indigènes.



    Le sujet 2 est effectivement pris par des élèves meilleurs mais il reste en fait trop dur pour eux puisque ils ont des idées assez floues sur la notion de vérité et sur l'épistémologie (et qu'ils réduisent donc la question à un domaine théorique trop étroit).

    Je corrigeais dans la bibliothèque municipale Couronnes mais il y a trop de bruit et trop d'élèves de Terminales en train de réviser ensemble.

    J'ai découvert que j'habite juste à côté de la librairie Ambikâ, spécialisée sur l'Inde et j'ai acheté un poster très kitsch de श्री विष्णु, qui reste un des dieux favoris (bizarrement les représentations des divinités shivaïtes font encore plus "saint-sulpiciennes" par rapport à ce qu'elles sont), un bouquin de cuisine indienne et deux bouquins de contes. Je n'ai vraiment plus d'excuses pour ne pas revenir au jeu Bharatavarsa...

    Je suis allé voir hier Börn ("les Enfants", 2006) écrit et réalisé par Ragnar Bragason (il a ensuite réalisé la suite, Foreldrar, "les Parents", qui eu l'Edda du Meilleur film 2007). Le film dans un noir et blanc cassavetesien a plusieurs familles monoparentales éclatées à Breiðholt : Marinó (Ólafur Ólafsson) est un autiste trentenaire un peu attardé qui vit chez sa mère, l'adolescent Guðmundur (Andri Helgason) est le seul homme de la famille chez l'infirmière Karitas (Nína Filippusdóttir) et enfin Garðar (Gísli Garðarsson) est un voyou qui croit avoir certains étranges principes.

    Le Courrier International de la semaine a un bon article sur l'Islande qui fait remarquer que cette nation de pêcheurs, où les pères étaient longtemps absents, a une indulgence pré/post-chrétienne pour les mères célibataires et une habitude enracinée dans la société d'avoir des familles recomposées (les pêcheurs adoptaient les enfants que leur épouse avait eu avec des Þræll, serfs souvent d'origine irlandaise), les jeunes filles ayant souvent des enfants pendant leur jeunesse avant de se remarier plusieurs fois (la Présidente de la République Vigdís Finnbogadóttir était une mère célibataire il y a 30 ans sans que cela n'inquiète personne). Quand j'enseignais à Reykjavík, j'étais surpris par la quantité de crêches pour étudiantes (qui ont souvent des enfants entre le lycée et la première année d'université). Le film présente clairement cette atmosphère de ce que Tchekhov appellerait "Безотцовщина" (l'a-patrie), qui est une bonne métaphore de la modernité, surtout avec une onomastique qui reposait aussi directement sur le Patronyme. J'espère que la suite, Parents (où on retrouve notamment les personnages de l'autiste Marino et du sociopathe Garðar), sortira vite en France.

    Darcosophisme



    Darcos est vraiment incapable d'argumenter. C'est à désespérer des vertus de notre méthodologie de la dissertation.

    On sort de la censure le rapport de deux Inspecteurs qui montrerait - ô surprise - que l'assouplissement de la Carte scolaire ne fait qu'accentuer la ghettoïsation.


    «C’est une double ânerie», a-t-il tranché. Premièrement, «parce qu’on ne me persuadera jamais, même pas mes inspecteurs généraux, que c’est une liberté plus grande que d’être assigné à résidence dans un établissement, au lieu de choisir l’établissement qu’on veut».


    Mais la question ne portait pas sur la liberté, mais sur l'égalité (en l'occurrence l'égalité des chances que même les Libéraux prétendent défendre).

    En changeant le sujet, ou en glissant intentionnellement vers le Hors-Sujet, il démontre plutôt le sérieux du rapport qu'il prétend critiquer.

    Deuxièmement, «ce rapport ne tient pas compte d’un phénomène central: lorsque des établissements ont commencé à perdre des élèves, nous avons décidé de leur maintenir les moyens.»


    Pour combien de temps ???

    Et une fois de plus en quoi cela répond-il à la question de la ghettoïsation sociale ? Les lycées pourris perdront leurs seuls et rares bons élèves qui pouvaient remonter le niveau, mais garderont autant d'argent, la belle affaire ! Pour une fois, je suis d'accord : ce n'est pas une question de moyens.

    Les commentateurs me diront que la carte rigide maintient déjà une ghettoïsation, ce qui est vrai. Mais l'assouplissement ne fait qu'aggraver cela au lieu d'y répondre. La réponse est d'incendier un grand brulé au lieu de le soigner. Le sarkozysme consiste à chercher les ambulances à bruler.

    C'est un peu comme l'argument de Badinguet sur les effectifs dans l'Education : On a augmenté les effectifs (ce qui est vrai) et la qualité a quand même baissé (ce qui est vrai), donc on peut supprimer des effectifs et des horaires pour avoir de meilleurs résultats.

    Je n'ai pas d'opinion sur le contenu des programmes du primaire (s'ils déplaisent à Meirieu, ils doivent être bons) mais j'ai du mal à croire que les 2 heures en moins avec une heure de sport en plus par semaine vont améliorer la qualité (donc un total d'une centaine d'heures de cours en moins par an alors que les enfants français ont déjà des vacances trop longues).

    Ce gouvernement ne veut pas lutter contre l'illettrisme ou les inégalités, il veut attiser, intensifier, empirer l'ignorance et l'injustice pour pouvoir mieux anéantir ce qui reste de notre République.

    Il faut vraiment que j'arrête de parler de politique nationale, je suis incapable de faire de l'humour ou de prendre de la distance sur ce désastre programmé où Badinguet est constamment un pompier pyromane.

  • Add. Comme le Monde ne garde pas d'archives gratuites, voilà l'extrait :

    Pour MM. Obin et Peyroux, le principal effet de l'assouplissement de la carte scolaire a été de dégrader davantage la mixité scolaire, "accélérant les processus sociaux déjà à l'oeuvre depuis des années". Les établissements déjà délaissés sont les plus touchés par cette érosion. Même si seulement 13 500 demandes supplémentaires de dérogation ont été enregistrées, les effets sont sensibles.

    "Dans la plupart des départements visités, la question de la survie de certains collèges est ouvertement posée, indique le rapport. C'est aux deux extrémités de la hiérarchie des établissements que la mixité sociale est mise le plus rudement à l'épreuve : dans les établissements les plus convoités, il y a peu d'élèves de condition modeste ; dans les collèges les plus évités, ce sont les catégories favorisées qui ont disparu."

    La création d'options ou de filières d'excellence dans les quartiers sensibles, ou les labels ZEP et "ambition réussite", n'y changent rien : "Non pas qu'il faille se contenter d'une offre médiocre dans ces collèges (...), mais jamais ces initiatives ne permettent de faire revenir les populations des classes moyennes qui ont déserté un établissement."

    "L'objectif d'amélioration de la diversité sociale n'a en général pas été l'objet d'une attention prioritaire", regrettent les inspecteurs généraux, et c'est toujours la logique des bonnes notes des élèves qui prime, et relègue en bons derniers les critères sociaux dans le traitement des dossiers. D'où l'impératif, selon eux, de consignes claires en la matière aux responsables académiques et aux chefs d'établissement.

    Favorables à un système qui ne serait pas totalement dérégulé, Jean-Pierre Obin et Christian Peyroux affichent également leur attachement au maintien par les familles d'un "droit d'affectation dans l'établissement le plus proche du domicile" et à une régulation toujours "assurée par l'Etat" plutôt que par les chefs d'établissement ou les parents eux-mêmes. Ces pistes trouveraient un écho plutôt favorable au ministère de l'éducation nationale.

    Pour motiver les collèges et lycées à rester dans une dynamique de mixité, ils suggèrent en outre l'introduction d'un "indicateur" de suivi de la mixité sociale, qui permettrait de récompenser les établissements les plus vertueux par une "dotation supplémentaire". La fermeture des établissements "ghettos", "si le quartier est dangereux et le collège déjà bien vide", à l'image de certains établissements déjà identifiés sur le pourtour méditerranéen ainsi qu'à Lyon ou à Grenoble, pourrait être par ailleurs une solution "positive".

    Ainsi, face aux "inquiétudes manifestes" que suscite la suppression de la carte scolaire, il reste encore au gouvernement à offrir des réponses, estiment les rapporteurs. Et à ne pas perdre de vue un objectif : que "l'émulation entre établissements qui se profile à l'horizon de 2010 débouche sur une amélioration d'ensemble en termes de réussite scolaire, et non sur une concurrence stérile et coûteuse".
  • La famille Badinguet



    Oui, moi aussi j'aimerais ne plus y penser à vrai dire...

  • Cette couverture a été intentionnellement acide mais elle illustre bien la défiance française envers l'opacité et le népotisme, mais en même temps le cynisme tranquille qui l'accompagne.

    C'est Jean Badinguet, le Dauphin de notre Conducător Geniul din Carpaţi à nous, et il a eu en effet une façon originale de mériter son Premier Job.

    Il est né.

    Il a trahi.

    On l'a nommé.


  • Le Canard a plusieurs notes sur Badinguet : Radio France choisit de sponsoriser la sortie du disque d'une nouvelle chanteuse méritante, Carla Badinguette (notre Codoi à nous) et il y a une nouvelle loi passée par l'Assemblée simplement pour avantager une compagnie privée dont un actionnaire principal vient de nommer comme directeur à New York un certain Oliv(i)er Badinguet, demi-frère de l'autre.

  • Le Danube de la Pensée Badinguet aurait aussi dit à François Hollande dans l'avion vers le Liban "On va vous niquer en mettant la proportionnelle aux régionales". La proportionnelle peut à vrai dire se défendre mais la phrase donne toute la dimension médiocre de ce triste personnage.
  • mardi 17 juin 2008

    Corrigez-vous, dira quelque sage cervelle



    J'ai mes copies de Bacc. Elles sont à rendre pour le lundi 30 juin et j'en ai cette année 112, une trentaine de moins que l'an dernier, ce qui me rend assez joyeux (même si j'ai 0 copies blanches cette fois et qu'elles semblent longues dans cette série).

    Ce sont des copies de Terminales S. Dans mon paquet, 35% ont pris le sujet 1 sur l'art ("L'art transforme-t-il notre conscience du réel ?"), 20% ont pris le sujet 2, plus "technique" sur la vérité ("Y a-t-il d'autres moyens que la démonstration pour établir une vérité ?") et 45% ont pris l'explication de texte sur la justice (un extrait d'Arthur Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation, §62, p. 433 de la traduction PUF, il y explique que le Droit ne se soucie que des actes et des sanctions réelles, non de la morale de l'intention, j'espère que mes élèves se seront souvenus du texte des Fondements de la métaphysique des moeurs sur ce sujet que je leur avais fait étudier).

    Nous avons une première réunion pour discuter des sujets ce vendredi 20 juin et une seconde réunion d'harmonisation vendredi 27. Le paquet que j'ai a pour l'instant des élèves sans génie mais qui font au moins l'effort de tenter d'écrire quelque chose qui ressemble à une copie. Je me demande si je ne baisse pas un peu trop mes attentes...

    Je vais essayer d'en corriger un petit tas des trois sujets pour comprendre les conversations ce vendredi à la commission d'entente. J'espère qu'il n'y aura pas trop de collègues qui s'écouteront parler.

    Je suis un peu gêné par la relativité des notes. Je corrige les trois sujets séparément pour arriver à une note moyenne qui n'ait pas trop d'écart. Mais j'ai le préjugé que les rares qui ont choisi le sujet 2, plus abstrait, seront meilleurs ou bien que je serais plus indulgent. L'explication de texte attire généralement les élèves les plus faibles mais ce n'est pas un mauvais pari comme les écarts sont généralement plus faibles (il est plus difficile de rater complètement l'explication, à moins que la paraphrase soit vraiment maladroite).

    L'Islande est un géant du cinéma



    Selon cette carte, si on compte la production de films par habitant, l'Islande est première.


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    lundi 16 juin 2008

    Le vrai héros de l'information

    Sur LCI, pub officielle du journal :
    "On arrivera même à faire aimer le football à Damien Givelet."
    Damien Givelet : "Il y aura du boulot."

    Ce soir, pour illustrer la coupe, Givelet a passé des images de propagande de 1942 et a commenté assez sobrement : "Le Baccalauréat a 200 ans cette année, mais cela ne fait que 66 ans que le régime de Vichy a ajouté le sport parmi les épreuves."

    Chiasmes



  • Les Français avaient voté Non surtout parce qu'ils craignaient que l'Europe laisse une dérégulation fiscale et sociale (ou qu'elle serve à rétablir l'ordre moral). Les Irlandais ont voté Non surtout parce qu'ils craignaient que l'Europe empêche leur concurrence fiscale (et qu'elle serve à autoriser l'avortement).

  • Fabius m'a étonné en étant si farouchement pour le Non en 2005 et si timoré aujourd'hui en refusant de dire clairement sa position sur le Traité de Lisbonne. Il a ainsi perdu le peu de capital de confiance qu'il aurait pu tirer de son Non. J'ai voté Oui en 2005 mais finalement j'étais si mécontent du mépris pour les peuples par le Président français (quels que soient les défauts des référendums pour des textes aussi longs qui peuvent greffer toutes les oppositions antinomiques) que je me réjouissais presque du Non irlandais.
  • Blackmoor



    J'ai commencé dans ce blog une série de "pseudo-nostalgie" (nostalgie pour un passé que je n'ai jamais connu) sur les origines du jeu de rôle. J'ai déjà parlé dans la rubrique JDR de Greyhawk, de Tékumel, des Wilderlands et d'Arduin, mais il est temps de parler de la première campagne.



  • Les Origines réelles de Blackmoor

    Vers 1970-1971, Dave Arneson (né en 1947, donc neuf ans après Gary Gygax) utilisa le wargame pour figurine Chainmail (créé par Gary Gygax) et il commença à arbitrer une campagne de wargame où les joueurs jouaient non seulement des armées mais les dirigeants de chaque armée. L'intrigue se situait dans un château sombre nommé Blackmoor (les Landes Noires, mais aussi un jeu de mots sur le Maure Noir), au Nord du Grand Royaume.

    Le jeu de rôle moderne était né et bientôt Gary Gygax s'inspira de l'idée pour écrire Dungeons & Dragons (ce qui explique qu'Arneson soit cité comme co-auteur même s'il ne participa pas réellement à la rédaction). Le second supplément de D&D, Blackmoor, ne décrivait rien du monde mais avait le tout premier "module", Temple of the Frog (avec une touche de science fantasy qui influença sans doute le premier jeu de SF Metamorphosis Alpha).

    Par la suite, Gygax intègra Blackmoor comme une petite baronnie au nord de son propre monde de Greyhawk (le "Grand Royaume" devenant son Royaume d'Aerdie).

    Quand Arneson se disputa avec Gygax, il reprit Blackmoor chez Judges Guild et son monde fut intégré en 1978 au nord-est des Wilderlands (voir cette carte.

    Arneson revint chez TSR à la fin de la période de Gary Gygax et en 1986 Blackmoor fut réintégré non plus dans Greyhawk (qui était le monde officiel d'AD&D) mais dans le passé du nouvel univers créé pour D&D à travers ses modules, The Known World (qui prit plus tard le nom de Mystara). Arneson donna ses notes à David Ritchie qui les adapta pour D&D dans une série de modules appelées la série DA, DA 1 Adventures in Blackmoor, DA2 Temple of the Frog, DA3 City of the Gods, DA4 Duchy of Ten (écrit sans l'autorisation d'Arneson et donc rejeté comme apocryphe). On y apprenait que le Grand Royaume au sud de Blackmoor était "l'Empire Thonien", un équivalent de Rome.

    Avec D&D 3e édition, D&D a retrouvé un sens de son histoire et Blackmoor a été réécrit comme un univers indépendant, publié par Zeitgeist Games, via Goodman Games. Blackmoor a donc dans son histoire été dans 4 univers différents : Greyhawk, Wilderlands, Mystara et son propre univers.


  • Une description rapide de Blackmoor

    Blackmoor est assez peu original au premier abord, avec ses Nains dans les montagnes, ses Elfes des forêts et ses méchants Gobelins. Mais il faut creuser un peu les éléments.

    • 1 Blackmoor n'est pas un monde, mais une région (ce qui explique d'ailleurs qu'il soit compatible avec divers mondes). Nous sommes loin du centre, dans un territoire de Frontières lointaines et peu habitées. [Michel Galabru ON]C'est le NORD.[Galabru OFF]

    • 2 Le climat ne semble pourtant pas si froid, surtout composé de marais froids (même si la faune a des alligators de marais chauds).


      J'ai longtemps cru que les landes de Blackmoor étaient clairement l'Ecosse - il y a des "Lochs" comme le Loch Gloomen et une ville à côté de Blackmoor s'appelle Glendower comme le dernier Prince des Galles indépendantes. Mais comme c'est une masse continentale, je crois que la cité de Blackmoor serait plus Copenhague (ou Elseneur) ou bien une Saint Petersburg (en plus chaude).

    • 3 Il faut dire qu'il y a des Géants de Feu au nord vers le Firefrost Channel et Blackmoor est peut-être réchauffée par une activité volcanique comme en Islande (?).
      Les Steppes de Hak juste au sud de Blackmoor font plus penser à l'Asie centrale qu'à l'Europe, avec des nomades équestres comme les Peshwahs, ou les barbares Afridhi (sombres et roux, adorant le feu), qui peuvent faire penser aux Huns.

    • 4 Mais l'élément le plus original de Blackmoor est le principal Vilain du coin, The Egg of Coot (littéralement l'Oeuf de Foulque mais comme coot signifie "vieux, fou" et qu'il y a des idées de remplaçant ou de parasitisme, on pourrait peut-être plutôt l'appeler l'Oeuf de Coucou). Contrairement à une légende répandue sur Internet, The Egg of Coot n'est pas une parodie d'Ernest Gary Gygax (E.G.G.) et était inclus avant même la dispute, il serait en fait la parodie d'un wargamer des années 70 nommé Greg Scott qui critiquait le wargame fantastique comme puéril par rapport au wargame historique. L'Oeuf de Coucou est un être immatériel qui contrôle l'esprit de tout un peuple au nord de Blackmoor et qui passe son temps à essayer de le conquérir par ses armées (son hypnotisme de masse doit avoir certaines limites puisqu'il doit passer par la violence).

    • 5 Au sud de Blackmoor se trouve une Vallée creusée par la chute d'un objet céleste, la Vallée des Anciens. Je crois comprendre qu'il s'agissait en fait d'un vaisseau spatial (en tout cas d'après la version du module DA3 City of Gods), ce qui autorisait de mettre des lasers et des robots.

    • 6 Les races ne sont pas originales (à part peut-être les Docrae, qui ont l'air d'être des Halflings ou des Gnomes sauvages). Dans la version de 2005 il y a deux races d'Elfes, qui inversent un peu l'idée du Haut-Elfe hautain et de l'Elfe sylvain plus accessible. Les Cumasti à l'est sont alliés de Blackmoor, ce sont en gros des Hauts-Elfes amicaux (+2 Intelligence, -2 Constitution), ils vivent longtemps et peuvent se mélanger avec les humains. Les Westryns à l'ouest (d'où leur nom) sont des elfes plus sylvains, xénophobes et farouches (+2 en Force & Dextérité, -2 en Intelligence et Charisme), ils vivent nettement moins longtemps, passent leur temps à lutter contre des Spectres de leurs forêts et ne sont pas inter-fertiles avec les autres races, ni Humains ni Cumasti, ayant été maudits par un ancien roi elfique pour avoir suivi leur Reine Noire qui s'était rebellée contre les Cumasti.

    • 7 Une autre idée originale développée en 2005 est la "Cabale des Mages". Comme D&D3 sépare les Wizards (Mages qui ont besoin d'apprendre leurs sorts) et les Sorcerers (Ensorceleurs innés), la Cabale est une organisation unissant tous les Mages (un peu comme les Ordres dans DragonLance ou les Ajahs dans la Roue du Temps) et luttant contre les "ensorceleurs" qu'ils jugent trop dangereux et irresponsables (ce qui inverse donc le cliché sur l'Inquisition puisqu'elle est menée par les Mages). Une autre différence avec D&D normal est que les Mages utilisent des objets ou des gemmes appelées Focus pour ne pas avoir besoin de livres de sorts. [Il y a quelques autres détails comme la possibilité de jouer des Mages élémentalistes cumasti]
      Le supplément Wizards'Cabal précise que la terre même de Blackmoor et ses minéraux sont particulièrement magiques, ce qui peut expliquer que la région inhospitalière attire des colons.

    • 8 La religion n'a rien d'intéressant. Il y a la Grenouille adorée dans les Marais par les Froglins (elle a l'air sans lien avec le dieu grenouille de la haine Wastri dans Greyhawk). Mystara a laissé quelques influences comme Ordana, déesse végétale, mais en gros ils n'ont pas fait l'effort de créer une mythologie, reprenant des morceaux épars de dieux scandinaves avec Baldin (Baldr) ou Odir (Óðin).





  • Quelques idées sur Blackmoor

    On le voit, cet univers manque encore un peu de singularité si on n'accentue pas ses spécificités. Une des idées serait de radicaliser l'atmosphère.

    • La version officielle de Blackmoor a maintenant un "Gentil Roi" nommé Uther. Dans la première campagne de Blackmoor où une partie des joueurs étaient des monstres, le Baron de Blackmoor avait été mordu par un vampire, devenant le "Baron Fang" (et le premier Clerc fut d'ailleurs créé pour pouvoir lutter contre ce premier Vampire joueur), ce que je trouve plus original qu'un simple Arthur (surtout si on utilise l'idée d'un Vampire Loyal Neutre par exemple, comme les Nosferatu de Mystara).
      Correction : J'avais oublié en écrivant cela que la nouvelle version de Blackmoor a déjà un noble vassal du Roi qui est un lycanthrope. Cela risque de faire beaucoup de monstres loyaux si on fait du roi un Vampire.

    • J'utiliserais encore plus l'image "écossaise" de Blackmoor, en mettant par exemple des "Lairds" à la place de Lords, des clans avec tartans, des Nessies dans les Lochs, l'Île noire de Tintin, des allusions à Macbeth, à Lady Macbeth et aux Trois Wyrd Witches, des fantômes dans les châteaux, le Nain Noir. Il y a aussi un Mur d'Hadrien pour arrêter les armées du Vieil Oeuf de Coucou.

    • Black Moor fait aussi penser à Othello le Maure (qui pourrait être ici un mercenaire Afridhi ?), et Blackmoor a un côté Elseneur (avec les Spectres dans le Château, plus un côté plus archaïque venu de Beowulf). On ajoutera donc beaucoup d'allusions à Shakespeare comme Prospero, Sykorax, Caliban, Ariel, Puck, Oberon & Titania, Falstaff ou Shylock.

  • Le Michigan revient vers Obama



    Depuis la dernière fois, les sondages se sont encore améliorés pour le candidat présomptif des Démocrates : on lui donne maintenant au moins 304 grands électeurs contre 234 pour McCain (il faut 270 Grands Electeurs pour gagner). Obama a repris une courte majorité (45% contre 43%) dans le Michigan (17 grands électeurs), ce qui lui assure une victoire confortable avec ses gains du Colorado (9), Iowa (7), Missouri (11), New Mexico (5) et Ohio (20).

    La majorité relative d'Obama est encore très faible en Ohio, au Missouri et au Nouveau Mexique.

    Cela reste fragile puisqu'il suffirait que Ohio et Michigan reviennent vers McCain pour qu'on soit à Obama 267 contre McCain 271 !

    L'Etat le plus partagé demeure la Virginie (43%/43%, 13 Grands électeurs) mais j'imagine que les Noirs seront souvent privés du droit de vote même si le Gouverneur actuel (Tim Kaine) est un Démocrate fortement pro-Obama et qu'on parle de Jim Webb (un des deux Sénateurs de Virginie) comme un Vice-Président.



    Une chose est certaine : même si Obama perd, les Démocrates auront une forte majorité dans les deux chambres (malgré la trahison de Joe Lieberman qui est en train de s'accentuer).

    dimanche 15 juin 2008

    Memórias de meu pai

    Quantum denique ad parentes attinet,
    ut omnia vera sint quae de illis unquam putavi,
    non tamen profecto illi me conservant,
    nec etiam ullo modo me, quatenus sum res cogitans, effecerunt;
    sed tantùm dispositiones quasdam in eâ materiâ posuerunt,
    cui me, hoc est mentem, quam solam nunc pro me accipio,
    inesse judicavi. (Méditation III)

    Une fibre qui ne m’a point été donnée, une fibre lâche
    qu’on a beau pincer et qui ne vibre pas.
    La molécule paternelle était dure et obtuse ;
    et cette maudite molécule première
    s’est assimilé tout le reste. Le Neveu de Rameau

    Tout est travail d'édition et nous, ainsi que toutes nos croyances, ne sommes que ces erreurs typographiques. Ce que nous croyons si sacré, si sublime, si individuel, si autonome, repose sur ces fautes infinitésimales, ces coquilles, écarts de molécules et copies délavées et érodées de nos chaînes.

    João était né dans l'Alentejo, dont le nom signifie "Au-delà du Tejo", au sud dont les habitudes populaires disent qu'ils sont renommés pour leur paresse. Il n'alla pas plus loin que l'Escola Secundária jésuite mais il avait un don pour les langues et avait appris le français avec les touristes avant même d'émigrer, peut-être autour du quartier du Temple romain, qu'on appelait un peu arbitrairement le Temple de Diane.

    Sa mère avait quitté son père et il jouait à son tour à faire des fugues contre ce père et sa belle-mère. Il était né juste après la Seconde guerre mondiale et l'Estado Novo avait su rester bien plus neutre que l'Espagne, ce qui leur permit d'entrer dans l'Otan dès cette année, seule dictature autorisée dans les membres fondateurs.

    Quand il avait à peine 11 ans commença la Guerra do Ultramar, la Guerre des Provinces d'Outremer, qui devait durer encore pendant treize ans en Angola, en Guinée, au Mozambique. Quand il eut 12 ans, l'Inde reprit le comptoir de Goa. Cette année-là, il y eut de grandes manifestations étudiantes à la Capitale qui furent violemment réprimées en mars.

    L'année de ses 17 ans, il cessa définitivement ses études ratées en pension. La Guerre dévastait la Guiné et il savait que le vieux Presidente do Conselho de Ministros qui était au pouvoir depuis 45 ans l'enverrait bientôt faire un service de trois ans en Outremer, combattre le Partido Africano da Independência da Guiné e Cabo Verde d'Amílcar Cabral ou le Frente de Libertação de Moçambique d'Eduardo Mondlane. Tout cela sonnait moins triomphant qu'une guerre punique.

    João fit donc désertion de cette Seconde République pour en rejoindre une Cinquième au nord, un an avant que des manifestations étudiantes ne touchent un officier démocratiquement élu. Il changea son prénom, en partie parce qu'il pouvait le faire, ou bien parce qu'il aimait les allitérations. Il n'eut jamais vraiment le désir de rentrer dans son pays natal, malgré la Revolução dos Cravos quand il eut 25 ans. Il aimait dire que Paris était la seconde ville de son pays.

    Il y repassa brièvement, y laissa même en vacances un fils âgé de trois ans, pour quelques semaines, peut-être dans l'espoir que ce choc linguistique profiterait à sa forme légère d'autisme. Cette thérapie innovatrice n'eut pas cet heureux succès mais ne sembla pas non plus entraîner de séquelles profondes.

    Il croyait si fermement à son génie et à sa réussite matérielle qu'il s'effondra dès qu'il comprit qu'elle ne se matérialiserait jamais. Il se mit à boire de plus en plus, passait ses nuits dans les casinos à jouer et commença des crises d'épilepsie. Il tenta quelques empoisonnements aux barbituriques, vola un peu d'argent dans la caisse et s'enfuit du pays.

    Pendant vingt ans, il erra en Europe et multipliait les boulots grâce à son don pour les langues. Mais le cancer le rattrapa, on lui retira la gorge et il mourut dès la cinquantaine atteinte juste avant le XXIe siècle. Il laissa plus d'effets indirects par l'existence d'enfants de divers lits que par quoi que ce soit d'autre.