La corrélation entre éthique protestante et développement capitaliste semble bien réfutée en détails.
Même à l'époque de Max Weber, il avait déjà nuancé sa thèse face aux nombreuses critiques mais elle relève des clichés si persistants qu'aucun test empirique n'arrivera jamais à la remettre en cause (de même pour l'équivalent moins convaincant en histoire des sciences avec la thèse de Robert Merton). Un nouveau cliché encore plus puissant semble être un équivalent avec une éthique "confucéenne" (sic, mais en fait on y range aussi les Sud-Coréens contemporains et les Japonais, ce qui montre que le concept est pseudo-"culturel").
En revanche, il y a des versions plus faibles de la thèse de Weber (comme la corrélation entre Calvinisme et "formalisme" éthique) qui semblent toujours très plausibles (voire un peu triviales ?). Je ne retrouve plus ce sondage européen qui confirmait que les pays catholiques semblaient bien plus enclins à admettre des procédures informelles (en clair, le piston) dans le recrutement alors que les pays nordiques (certes Luthériens, et non Calvinistes) semblaient plus opposés.
Bomb Cyclone
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Il y a 3 heures
3 commentaires:
Moins que ça : les commentaires montrent que c'est la lecture de Weber par les économistes qui permet de la réfuter ou de la conserver, selon l'influence attribuée à la religion dans le développement économique.
Weber n'a pas fixé la portée de sa théorie, sauf par identification négative pour dire qu'elle n'était pas mono-causale. Cela permet de la soumettre à l'exploitation suivante :
1- Agreement: H->O; O => H
2- Refutation: H->O; ~O => ~H
3- Rescue (Duhem Trick): A•H->O; ~O => ~A
Ça ferait une petite étude de socio. des sciences très complète, sur la conception de la causalité en histoire économique.
Mais dès qu'on la nuance, la thèse devient finalement moins intéressante comme simple condition favorable que ce qu'on retient.
Il y aurait aussi une étude sur le succès dans la réception de la thèse : certains Catholiques du début du siècle soutenaient aussi la thèse de Weber par haine de la Banque protestante, alors que les Anglo-saxons (et notamment certains Ecossais) ont adoré la thèse comme une sorte de confirmation de leur image d'entrepreneurs vertueux.
Tu ne te souviens pas des références de ce sondage sur le formalisme dans les procédures de recrutement ? Je me souviens que The Economist en avait parlé sans cacher le délice que cela confortait de nombreuses thèses sur la Vertu puritaine.
J'hésite à dire que vous ne devriez pas hésiter à lire 'Reformation' de Diarmaid MacCulloch, qui n'est pas du tout consacré à cette question mais qui rejette la thèse en passant à la fin de son livre. Le livre (qui fait quand même 700 pages) est d'ailleurs parsemé de ces faits contredisant le sens commun que vous semblez apprécier particulièrement.
L'argument est que le protestantisme n'était pas du tout individualiste, malgré les apparences (causées par le rejet de l'autorité de l'Eglise qui a été inévitablement le fait d'individus au début). Lorsque le protestantisme s'est développé complêtement - il cite le cas de l'Ecosse, de la Hongrie et de la Nouvelle Angleterre - il a été au contraire profondément communautaire - et ces lieus n'ont pas été le berceau du capitalisme. Au contraire le capitalisme est apparu en Angleterre et en Hollande, où le protestantisme était tout à fait imparfait, avec des restes de catholicisme, et des formes très diverses de protestantisme. Et encore plus en Amérique du Nord (et ensuite aux USA), mais là encore aux endroits où le protestantisme était divers et pluraliste comme New York ou la Pennsylvanie.
Bien entendu, on peut pointer que l'Italie de la Contre Réforme et l'Espagne de l'Inquisition, ou même la France de Louis XIV, étaient tout le contraire du pluralisme, elles aussi. Et effectivement le capitalisme n'y a pas prospéré.
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