Je garde un peu une appréhension inconsciente que ce ne soit que pour des raisons accidentelles (en gros, la mode, même en philo) même si dans ce cas précis, le Positivisme logique dans sa forme pure fut détruit de l'intérieur par ses membres qui l'abandonnèrent comme un programme trop procustien : Hempel et Reichenbach critiquent le vérificationnisme et même l'austère Carnap se tourne vers une semantique intensionnelle qui va conduire à l'abandon d'une partie de l'empirisme de l'Ecole. Le Positivisme logique ne fut donc pas une école pérenne mais bien une phase, un programme de recherche instable et éphémère.
Mon argument naïf serait sans doute que les dispositions, les probabilités mais aussi la représentation des contenus mentaux ou d'autres notions modales devaient nécessairement conduire à critiquer l'empirisme et l'extensionalisme (c'est ce qu'on voit en lisant les amendements en épicyle sur la "Testabilité" chez Carnap, ou bien les articles étranges de Wilfrid Sellars dans sa période archi-nominaliste vers 1947), mais il faudrait raffiner l'idée puisque après tout il y a des traitements extensionnels des notions modales grâce aux mondes possibles.
Mais même YouTube a une interview avec le même argument sur le vérificationnisme par Ayer :
(1) les Positivistes logiques croyaient avoir trouvé le fondement de leur théorie dans le Principe vérificationniste de Schlick ( en gros "la signification d'un énoncé est ses conditions de vérification, donc un énoncé non-vérifiable n'a pas de signification"),
(2) or ils n'ont jamais pu même trouver une formulation assez précise du Principe vérificationniste,
(3) donc ils ont dû jeter le Principe comme impossible à amender (mais il n'empêche que l'intuitionniste Michael Dummett garde une variante du Principe en philosophie des mathématiques).
Un autre argument pour la mort du courant fut que le seul défenseur resta (par esprit de contradiction) le conservateur australien David Stove. Les livres de Stove sont très drôles à lire parce qu'il insulte à peu près tous ses contemporains avec acrimonie, les traitant tous de crétins (un peu comme l'épistémologue Jean Largeault chez nous, seul René Thom trouvait grâce à ses yeux) mais on ne peut pas écarter complètement le soupçon lancinant qu'il ne fût qu'un "vieux con".
samedi 28 février 2009
Pourquoi le Positivisme logique est-il mort ?
Publié par Phersv à 20:22 5 commentaires
Libellés : philosophie
Styles graphiques
Je reviens de la première journée du Festival BD à l'ENS-Paris (vous avez encore une chance le 1er mars, 3 euros l'entrée). Je ne connaissais pas bien les auteurs à part les expos sur Xavier Dorison et sur Mézieres (je n'avais jamais remarqué les emprunts de Star Wars à Valérian, c'est parfois criant). Beaucoup de dédicaces mais je n'aime pas vraiment cela.
Mézières parlait surtout de son développement en tant qu'artiste au fil des albums. J'ai un peu honte de l'avouer mais comme nous sommes entre nous, suis-je le seul à trouver que le nouveau style de Mézières depuis à peu près Les armes vivantes est moins agréable qu'avant ? Ou ai-je juste vieilli ? Je crois même que je préfère le Mezières encore immature sur Alflolol que sur le cycle du Métro Châtelet (où la faute vient aussi de Christin : la symbolique lourde des quatre éléments et de la Psychanalyse de l'Imaginaire me laisse froid).
Une très bonne surprise a été la conférence de Denis Bajram sur le dessin et l'ordinateur.
J'avais des préjugés idiots contre son style à cause d'un regard trop paresseux sur ses couvertures et il est en fait incroyablement créatif, se renouvelant et transformant son dessin de manière vraiment exploratoire. Il a peint à l'ordinateur des coloriages de planches qui donnaient une impression d'aquarelles.
Il a su parler avec beaucoup d'éloquence de l'art du dessin et de la narration. Il citait une phrase de Tardi "Un style, c'est tout ce qu'un artiste ne sait pas faire", toutes les solutions trouvées pour résoudre des difficultés sur ce qu'on n'arrive pas à faire, et il a su bien illustrer cette esthétique négative.
Il a aussi indiqué deux anecdotes sur des dessinateurs que je ne connaissais pas. (1) Aucun artiste n'ose encrer directement, sauf Moebius, qui est le seul à parvenir à ce point de virtuosité au premier trait. (2) Bajram a dit que le cas inverse était le Canadien Travis Charest. J'avais toujours cru que Charest - connu pour ses retards - n'était simplement que paresseux ou peut-être moins compétent, mais c'est le contraire, il nous a assuré avoir vu lui-même que Charest est un perfectionniste extrême qui n'arrive plus à finir une planche tant il la travaille pendant plusieurs semaines. D'après Wikipedia, il aurait mis 7 ans à faire les 30 pages des Meta-Barons... Dommage que je n'aime pas les scénarios sur lesquels Charest a travaillé car cela donne vraiment envie d'essayer d'approfondir.
Bajram a aussi montré le projet d'une bd qu'il essaye de vendre à Marvel Comics et j'espère que Joe Quesada va accepter : il s'agirait d'une histoire des traumatismes américains depuis 50 ans, vus à travers une vision uchronique des Quatre Fantastiques.
Publié par Phersv à 19:39 2 commentaires
Libellés : bd
vendredi 27 février 2009
Un petit moment de chauvinisme
I recall that back during his 2000 convention speech, Joe Lieberman suggested that “only in America” could a Jewish person get nominated for Vice President even though France had a Jewish Prime Minister back in the 1930s.
The kind of solipsism and hubris of that statement, or of made-up tales of automobile invention, ill-befits a country that wants and needs to play a role of genuine leadership on the world stage.
La France a pu jouer un rôle important dans l'automobile ou dans l'aviation (après les frères Wright) mais elle fut complètement distancée dans les Nouvelles Technologies de l'Information (même par la Finlande ou la Corée du Sud). Cette perte d'importance dans l'innovation est peut-être plus gênante que le déclin géopolitique après l'émancipation de l'impérialisme colonial.
Add. Après le voyage à Londres, je me rappelle que l'un des aspects où la France est (pour l'instant) encore nettement supérieure au Royaume-Uni est la presse "populaire" nationale. Je ne parle même pas des tabloids mais même le Metro (quotidien gratuit d'origine scandinave) britannique fait passer le Metro parisien pour le Guardian. Quand j'y étais, le titre principal avec photo sur toute la couverture était : "Un homme de 75 ans fait du roller". Et dans l'intérieur, il n'y avait strictement aucune information politique ou internationale à part les Oscars.
Publié par Phersv à 12:28 6 commentaires
Jindal n'est pas seulement Kenneth the Page
Même si cela ne fait pas de doute qu'il l'est.
Il est aussi Kermit la Grenouille.
Toute la compassion qu'on peut avoir pour un discours aussi raté (où son argument principal contre l'intervention de l'Etat d'Obama était que l'administration Bush avait très mal géré le sauvetage après Katrina) ne devrait pas faire oublier que, Rhodes Scholar ou pas, Piyush "Bobby" Jindal est aussi de l'aile catholique la plus rigide et qu'il a déclaré avoir probablement vu une scène de possession démoniaque. Décidément, entre la sublime Sarah Palin (dont on vient de découvrir aussi qu'elle avait oublié de payer ses impôts) et ce partisan de l'Exorcisme, le Parti républicain a des ressources insoupçonnées de démence.
[C'est aussi le Parti humaniste où un Sénateur d'Etat républicain refuse de faire traiter des bébés nés avec le Sida pour donner une leçon morale aux parents sans doute trop licencieux.]
Nettement moins sympathique que le doux Mr. Rogers donc.
Publié par Phersv à 11:41 0 commentaires
Libellés : spirit of '76
jeudi 26 février 2009
Retour de Londres
En revanche, j'ai été un peu déçu par le Museum of London, très bien adapté pour les enfants mais où on n'apprend pas grand-chose (il est vrai que le Musée est en rénovation et n'avait que la partie antérieure à l'incendie de 1666). Si on s'intéresse à l'histoire de l'Angleterre, la National Portrait Gallery (à côté de la National Gallery) me paraît finalement meilleure. A part quelques reproductions de tableaux sur l'Incendie, c'est surtout un musée archéologique (mais par exemple le Musée de Bordeaux avec son temple de Mithra m'avait paru plus intéressant). Il y a un aspect saisissant qui est la construction du Musée en hauteur, avec vue en surplomb sur les ruines du Mur de la Cité médiévale et un ancien chantier de fouille (mais je crois que je préfère Cluny - ou même les Cloisters de Manhattan !).
Ma librairie favorite, Blackwell's (100 Charing Cross) est l'un des rares endroits qui me guérit encore de ma désillusion généralisée sur la philosophie. Je reprends toujours l'envie de lire en m'y promenant, comme si le désir ne pouvait naître que de ces étalages et non de ma propre réflexion. Hélas, ils ont réarrangé le rayon philosophie et il a considérablement décru en taille, à seulement 5 étagères, ce qui doit le mettre maintenant derrière Foyle's. Des rayons entiers de stupidités théologico-lacaniennes de Badiou à Zizek en anglais et de moins en moins de philosophie analytique. Ce qu'il y a de pire dans la philosophie continentale continue à dominer complètement la philosophie "cosmique" (celle qui est censée s'adresser aux questions concrètes des lecteurs) en cantonnant la philosophie analytique dans un domaine "scolastique". A mon sens, c'est une illusion, Badiou ou Zizek n'ont rien à dire sur la modernité mais je comprends que si un honnête homme a le choix entre un livre d'oracles avec une dose de radicalisme politique et de bonnes plaisanteries sur le cinéma et d'autre part un cinquantième bouquin sur les théories de la référence ou sur les attitudes propositionnelles, n'importe qui va choisir le premier comme plus divertissant. Bernard Williams disait dans l'introduction d'Ethics and the Limits of Philosophy que le problème de la philosophie analytique était qu'elle cherchait un style clair (bien sûr, il y a des exceptions) mais tombait dans la technicité aride alors que le problème de la philosophie continentale est l'inverse, elle peut sembler adresser des questions d'intérêt plus large mais en choisissant une écriture plus paradoxale et obscure. L'intérêt de l'éthique analytique (par opposition à leur épistémologie ou leur métaphysique) est que c'est un des rares domaines qui pourrait concilier le meilleur des mondes, avec des questions d'intérêt large et un style plus lucide (l'éthique continentale n'ayant peut-être rien produit d'intérêt depuis Nietzsche - à part peut-être l'ontologie morale de Sartre).
Un des aspects des librairies qui me fascinent est les Catégories et les grands déplacements des Genres. Par exemple, Forbidden Planet, la librairie de sf, s'appelle maintenant "cult entertainment bookstore" et non plus "science fiction bookstore". J'ai toujours pris le terme "cult" (ou de même "fan") comme un étrange auto-dénigrement mais il est clair que le centre se déplace des romans/bd vers les séries télé (Forbidden Planet devenant de plus en plus un sanctuaire de Doctor Who, la série quinquagénaire qui vaut un peu comme shibboleth du Geek britannique, n'intéressant guère qu'eux sur la planète).
J'avais mentionné le succès de nouveaux Genres de la Bit-Lit et de la "Romantic Fantasy" et il y en avait confirmation avec trois rayons entiers de la catégorie "Paranormal Romance" (même si je ne vois toujours pas beaucoup de femmes dans la librairie, ce public nouveau existe alors que la SF était si démesurément masculine).
La "sexuation" des Genres ou du moins du public potentiel est un fait sur lequel il faudrait des chiffres pour ne pas se contenter de clichés ou d'intuitions, mais on peut parfois défendre que le déclin du cinéma hollywoodien fut le passage d'un cinéma visant les femmes (Nouvelle Comédie des années 40, voir Stanley Cavell) à un cinéma visant les garçons de moins de 15-25 ans (le film d'aventure et de sf des années 70-80 - même si la nouvelle rom-com n'a rien du charme théâtral de la comédie des années 40). Je n'ai pas l'impression en revanche que la féminisation de la fantasy actuelle apporte une progression qualitative (même si j'ai entendu du bien sur Naomi Novik ou sur Mary Gentle).
Par ailleur, l'étrange catégorie littéraire mal définie du "Slipstream" (qui dans le meilleur des cas était censée être une sorte d'école littéraire mainstream mais qui en réalité recoupait des livres sur les Ovnis) a été retirée de la librairie.
Le texte de la pièce a une stratégie réussie de mise en abyme et de gestion de tout l'espace y compris les sièges : au lieu d'assister aux événements, on est dans un théâtre vide où deux acteurs rejouent ce passé qui revient hanter la scène. Et un des aspects est que c'est en fait le spectateur qui devient spectral tout en craignant de voir le Fantôme - mais ils ne sont pas allés jusqu'aux extrêmes auxquels je m'attendais comme de mettre le Fantôme derrière nous par exemple.
Un détail amusant : c'est la première fois qu'en conclusion un des acteurs ne vient pas aux applaudissements, en l'occurrence celle qui joue la Fantôme, ce qui est une bonne idée pour ne pas désenfler son mystère.
Mais tout cela n'était qu'un paragraphe de politesse rhétorique pour passer aux achats de jeu de rôle (environ 300£). J'ai surtout pris ce que je ne trouve pas à Paris.
- Jeux de superhéros :
* Capes : un jeu indie très abstrait où les joueurs créent ensemble l'aventure par un système que je ne comprends pas, à la lisière entre jeu de rôle et jeu de société.
* Legends Walk! : un jeu indie où les superhéros ont tous leur origine dans une des mythologies terrestres.
* Mutant City Blues : CSI + Heroes. Des policiers paranormaux enquêtant sur des crimes paranormaux.
* Wild Cards : l'adaptation de l'univers Wild Cards pour le système de Mutants & Masterminds (c'est-à-dire le système d20 adapté aux superhéros). J'avais déjà le supplément GURPS Wild Cards (1989) mais il est toujours bien d'avoir une réactualisation.
* With Great Power : encore un jeu indie de superhéros, censé être bien adapté pour le soap opera inhérent au genre. - Jeux pseudo-historiques
Un genre que j'achète très peu d'habitude mais Leisure Games avait de vieux jeux à bas prix.
* ἀγών : un jeu indie très particulier sur la mythologie grecque, qui va loin dans l'axe "ludiste". Il abandonne l'idée traditionnelle de jeu non-agonistique du jeu de rôle : les joueurs cherchent ici à gagner plus de Gloire que leurs amis/rivaux et le jeu a donc des conditions de victoire et un gagnant, celui qui l'a le plus emporté sur les autres avant sa mort tragique inéluctable. L'aspect non-agonistique du jeu de rôle est une des choses que je préfère dans ce hobby et il n'y a pas assez de détails sur la Grèce mais le système est fascinant à étudier pour comprendre comment écrire un jeu aujourd'hui. Très belle présentation avec des images néo-classiques libres de droit par Thomas Hope (1809).
* En Garde! : le jeu abstrait de 1975 où chaque joueur joue un Mousquetaire. Un des rares jeux où vous êtes récompensé si votre personnage a une maîtresse.
* Flashing Blades (et tous ses suppléments) : vieux jeu FGU sur les Trois Mousquetaires.
* Mercenaries, Spies & Private Eyes : un jeu "réaliste" de 1983, sur les aventures contemporaines qui avait commencé comme une adaptation de Tunnels & Trolls. Cela m'a l'air très buggué et déséquilibré (l'Intelligence a une importance énorme) mais seulement 5£ ! - Runequest
Le seul jeu où j'achète quasiment tout ce qui paraît si ce n'est pas excessivement sans intérêt.
* Blood of Orlanth : un scénario au Second Âge.
* Ducks : un supplément pour jouer les Durulz, la race non-humaine qui ressemble à des canards anthropomorphes.
* Fronela : un supplément sur le Nord-Ouest de Glorantha, royaumes occidentaux monothéistes et froids.
* The Middle Sea Empire : un texte de Greg Stafford sur les Apprentis Divins qui fut ensuite utilisé pour le supplément Jrustela. Semble donc un peu redondant aujourd'hui.
* Monsters II : un guide de monstres gloranthiens. Semble redondant à première vue si vous avez déjà le très bon Anaxial's Ark.
* Rough Guide to Pavis City : Il décrit Pavis mais vers 900, ce qui correspond à l'époque standard de Glorantha au Second Âge, et non plus en 1620.
* Ruins of Glorantha
* Runequest Pocket Deluxe (compilation de la nouvelle édition de RQ, plus son Companion et son manuel des monstres) : je l'avais déjà en pdf mais l'expérience montre que je n'aime pas utiliser des règles en pdf. - D&D
* Codex of Arcanis et Player's Guide to Arcanis : une bonne surprise soldée, un univers romanisant (mais avec des armes à feu) pour D&D qui a l'air d'avoir quelques idées originales (notamment l'idée que les Dieux transcendent le système d'alignement si bien que la même Déesse du Fatalisme et de l'Hédonisme, mêlange curieux d'Apollon ou des Moirai et d'Aphrodite, est adorée sous des aspects complètement opposés).
* Trois suppléments pour Pathfinder : Guide to Absalom et deux scénarios urbains, U1 Gallery of Evil et U2 Hangman's Noose. Le sous-genre du scénario "urbain" (ce qui suppose interactions nombreuses avec des PNJ) est de loin mon favori comme je déteste les donjons.
* Points of Light : une description très rapide de cadres de campagne pour D&D4, dont un qui s'inspirerait (si j'ai bien compris) de cartes modulables d'Outdoor, utilisées par défaut pour toute aventure en extérieur dans Original D&D. Que le moderne D&D4 reprenne la carte primitive de D&D "0" serait un retour aux sources ironique.
* Yggsburgh et Dark Château : deux suppléments pour Castles & Crusades par Gary Gygax et Rob Kuntz. Je ne suis pas persuadé de la qualité mais c'est du pur "grognardisme".
* Order of the Stick (épisodes -1 et 0) : j'ai craqué et acheté les Prequels qui n'avaient pas été publiés en ligne sur le site du Webcomic. La bd la plus drôle sur D&D (même si les épisodes récents commencent à se prendre trop au sérieux).
Publié par Phersv à 10:50 7 commentaires
lundi 23 février 2009
Soirée à Londres
Je serai à Londres demain soir et j'avais envie d'aller voir une pièce de théâtre mais il n'y a pas tant de choix que cela si on n'a pas envie d'une comédie musicale (20 musicals). Il n'y a que 6 comédies (mais je ne sens pas vraiment d'humeur, et je ne comprends pas assez l'anglais pour suivre Twelfth Night en entier sans avoir le texte sous les yeux) et 8 drames : Be Near me (un curé catholique accusé d'attouchements, cela commence à devenir répétitif, même si là il semble innocent), Duet for One (une violoniste affligée par la sclérose en plaques discute avec son psychanalyste), The Mousetrap (Agatha Christie), Mrs Affleck (remake du petit Eyolf d'Ibsen), On the Waterfront (l'adaptation du film de Kazan), Three Days of Rain (trois enfants d'architectes viennent à la lecture du testament et s'interrogent sur les événements passés), A View From the Bridge (drame d'Arthur Miller sur la jalousie d'un homme qui trahit les immigrés italiens qu'il héberge) et Woman In Black (thriller néo-gothique avec deux acteurs interprétant tous les rôles sur un avocat qui vient enquêter sur la demeure hantée d'une femme disparue).
J'hésite pour l'instant entre Three Days of Rain (1997) de Richard Greenberg (qui a l'air d'être la pièce traditionnelle sur la famille s'entredéchirant et découvrant les secrets dans le placard, les critiques sont assez mitigées) et Woman in Black (bien que j'aie un peu peur d'un effet grand-guignol, mais les critiques sont très positives).
Le premier est à l'Apollo où j'avais vu Qui a peur de Virgnia Woolf? il y a 3 ans. Mais ai-je vraiment envie de m'attrister sur le sort de pauvres enfants riches dans leurs splendides palais de Manhattan - même si Metropolitan est un film vraiment réussi ?
Le second, La Dame en Noir, par un certain Stephen Mallatratt a l'avantage d'être anglais et c'est un des archi-classiques du West End, se jouant sans interruption depuis maintenant plus de 20 ans. Il est actuellement au Fortune Theatre (Russell Street, du côté de Covent Garden) et je crains de ne pas trouver de place s'il commence déjà les réservations pour janvier 2010.
Je vais aussi essayer le Museum of London (Barbican/St. Paul) même si toute la partie depuis le Grand Incendie de 1666 est fermée pour rénovation jusqu'en 2010, et j'espère ainsi briser un peu mes habitudes monotones de me cantonner à la Old Tate et l'itinéraire British Museum/National Gallery.
Une collègue prof d'anglais indophile m'a conseillé une adresse de restaurant indien, The Punjab, 80 Neal Street, Covent Garden, qui a l'air très raisonnable (des plats à seulement 9-11£). Je pourrais peut-être y aller en même temps avant la pièce s'il reste des places à la Dame en noir ?
A l'heure actuelle, 1 £ = 1.14 € (1 £ = 1.46 $, 1 $ = 0.78 € & 1 € = 1.28 $). La dernière fois que j'y suis allé, on était plutôt proche de 1 £ = 1,5 €. Merci la financiarisation abusive de l'économie britannique !
En regardant le site de Leisure Games où j'achète d'habitude mes jeux de rôle, le taux de change pourrait pour une fois être profitable (à condition peut-être de n'acheter que des produits anglais car les produits américains seront à peu près au même prix, en dehors des frais d'importation).
Par exemple, le scénario pour Runequest Blood of Orlanth (chez Mongoose, compagnie britannique) est à 28 € chez Starplayer-Paris mais seulement £14.99 chez Leisure Games ou chez Orc's Nest (soit 17 €, une différence de -40%).
Zut, je vois que Mutant City Blues ne doit arriver que mercredi. Je l'achèterai peut-être en France ou alors chez Playin' Games ou au (souvent désagréable mais pratique) Orc's Nest.
Je retourne au même hôtel près de St. Pancras qu'en novembre 2007, même si le Generator est bruyant.
Publié par Phersv à 10:46 6 commentaires
Libellés : nombril
dimanche 22 février 2009
Grognardismes
Comme le jeu de rôle a atteint son sommet de popularité dans les années 80 et est en déclin (sauf bien sûr les jeux de rôle par réseau ou par ordinateur), la population ne se renouvelle pas (on a le même phénomène dans les comic books). Cela explique la multiplication des Grognards, des joueurs souvent quadragénaires qui associent donc les jeux de rôle plus à la nostalgie de leur adolescence qu'à une activité nouvelle et qui parfois refusent d'évoluer avec les nouvelles éditions et révisions de règles. Cela explique aussi la mode rétro actuelle : au lieu de suivre les jeux récents, ils reviennent aux jeux des origines ou bien vont jusqu'à réinventer intentionnellement des règles recréant l'atmosphère étrange des premiers jeux, dans leur imperfection brouillonne et leur "ensauvagement des possibles" (oui, j'essaye de glisser du Glissant en passant). Le phénomène s'est d'autant développé avec la mort de Gary Gygax, le créateur de D&D, qui a fait prendre conscience de l'historicité récente du hobby.
Dans les ancêtres du jeu de rôle, on remonte toujours au wargame. Le wargame utilise des pions qui représente plusieurs soldats à la fois mais il y avait déjà des représentations de certains Leaders. Curieusement, une des premières formes proches du JDR représentait en fait des navires et non pas des humains : Naval Wargame par l'auteur de science-fiction Fletcher Pratt dans les années 40 utilisait déjà des Classes d'armure et des Points de Coups pour chaque embarcation.
Vers 1966, Michael J. Korns publie The Modern War in Miniature (aussi appelées les "Règles de Kansas City"), un wargame sur la Seconde Guerre mondiale qui utilise un arbitre pour modérer et gérer les actions des joueurs (j'en avais parlé là).
En 1966, Mike Carr (qui lui aussi vit dans la région de Minneapolis, comme de nombreux créateurs de cette période) développe un wargame de combat d'avions de la Première Guerre mondiale Fight in the Skies (auto-édité en 1968 puis réédité sous le nom Dawn Patrol par TSR en 1975). Le thème même conduit à l'individualisation puisqu'on joue des As et que ces As peuvent recevoir au fil des parties de l'expérience et des médailles, ou être capturé par l'ennemi si son avion s'écrasait. Par la suite, Carr écrivit un wargame naval avec Arneson et Gygax et le premier module pour la version de D&D Basic, le très vide B1 In seach of the unknown (qui fut remplacé ensuite par le presque aussi médiocre B2 The Keep on the Borderlands par Gygax).
En 1967, David Wesely créa un wargame napoléonien, Braunstein, où plusieurs joueurs dans les deux camps jouaient chaque officier dans une bataille autour d'un village. C'est par référence à cette "Brownstone" que le donjon de Dave Arneson s'appelle Blackmoor et celui de Gary Gygax Greyhawk.
Quelques liens de Grognards :
Publié par Phersv à 12:37 0 commentaires
Libellés : jdr, old school
samedi 21 février 2009
Feuerbach et le dépassement de l'ontologie
Non, le titre n'est pas sérieux mais j'ai une envie de "philo continentale" ce soir. Feuerbach est peut-être oublié et je crois un peu à l'argument de Heidegger (je ne sais plus où, Lettre sur l'Humanisme ?) selon lequel Ludwig Feuerbach, malgré son obscurité, est en fait La Philosophie "par défaut" inconsciente de notre époque oublieuse de l'Être.
Je ne suis pas sûr que "dépassement de l'ontologie" ait un sens. Mais cela semble finalement plus singulier que sa célèbre "critique de la théologie".
Feuerbach ne doit plus guère intéresser aujourd'hui que les Marxiens et simplement comme un devancier forcément insuffisant, un Hégélien qui n'aurait pas encore su rompre assez nettement le lien avec le Père, un matérialiste trop captif de la séduction de l'idéalisme, simple intermédiaire entre Hegel et Marx et le personnage plus connu par les courtes Thèses sur Feuerbach (1845) que pour ses propres thèses.
Un des éléments fondamentaux de Feuerbach est son idée d'une "religion séculière" (pour récupérer l'expression d'Erich Voegelin en un sens non-totalitaire). Même sans reprendre toute l'analyse de l'Idéologie allemande, Feuerbach est un pasteur refoulé qui n'écrit que pour attaquer la religion mais en même temps pour dire que la religion doit être conservée ou modifiée vers l'Humanité. Le but de sa philosophie est la suppression de la religion mais au sens hégélien de la suppression comme intégration, ce qui en fait une philosophie profondément religieuse, même si c'est une religion anti-théologique de l'Immanence contre l'aliénation dans l'Au-delà. Auguste Comte alla à peu près à la même époque encore plus loin dans ce sens d'une Eglise en transformant le Positivisme en une religion de l'Humanité, et ce positivisme se retrouve encore dans l'arrière-fond de l'idée du religieux comme lien social chez Emile Durkheim.
Feuerbach répète tout le temps cette même critique de la religion, la "dissolution de la théologie en anthropologie" et cet aspect du religieux cherchant à se réapproprier son essence aliénée paraît un peu fade après la critique nietzschéenne qui sera plus radicale en attaquant religion, humanisme et socialisme comme des aspects de l'idéal moral.
Mais quand on lit son livre Principes de la philosophie de l'avenir (1843), il y a certaines autres thèses qui ne sont pas sans intérêt, même si elles restent toujours prises dans la langue hégélienne où Feuerbach veut chercher à "déduire" dialectiquement sa contradiction de Hegel comme une négation et nécessité interne au "syllogisme" incomplet du Maître. D'autres philosophes veulent faire de l'anti-Hegel en craignant de retomber ainsi dans son système (cela explique l'obscurité totale de Kierkegaard ou les jeux de mauvaise foi de Derrida) alors que Feuerbach souhaite au contraire montrer que son anti-Hegel ne fait que dévoiler la vérité encore inachevée dans son système.
Une des ruptures dans le titre est de réussir à remettre l'Histoire en marche. Hegel a été le philosophe de l'Histoire mais aussi de la conclusion de l'Histoire et l'appel à l'Avenir consiste pour Feuerbach à montrer à nouveau pourquoi la philosophie de la récapitulation n'était pas encore parvenue à son plein développement.
Feuerbach tente de défendre la priorité de la sensibilité sur l'Esprit et la Raison réflexive par un argument fichtéen qui est l'intersubjectivité. C'est un peu surprenant comme l'intersubjectivité est d'habitude au contraire chez Hegel ce qui dépasse la conscience sensible vers la reconnaissance dans la conscience de l'autre. L'argument semble presque sophistique et il semble étrange de justifier les stimuli sensoriels immédiats par la médiation de "l'Etre pour-autrui". Il dit (au §32, qui commence son dépassement de la philosophie "contemporaine") que ce n'est que par la sensibilité et l'affectivité que le Moi devient un "Tu". Le Moi s'il n'était que pensant simplifierait tout vers la substance et le monisme, mais c'est la sensation qui lui donne la résistance d'une autre conscience puisqu'il ne voit pas l'objet sans le voir comme un alter ego. "Ce n'est que par les Sens que le Moi n'est pas Moi".
Puis Feuerbach déduit que la relation affective et intersubjective par excellence qui dépasse la simple ostension à des particuliers sensibles pour viser une singularité est l'Amour.
Ici, il me semble quitter la lettre hégélienne (mais il faudrait vérifier) en disant que l'Amour dépasse la conception intellectuelle abstraite de l'Identité vers la conscience d'une différence irréductible.
L'Amour n'est pas que la propriété psychologique entre volontés individuelles et Feuerbach va la mettre au centre, à peu près là où se trouvait le concept de Devenir dans la Science de la Logique.
Mais la déduction prend des termes excessifs ou obscurs qui peuvent ressembler au mouvement abstrait si difficile des textes hégéliens, où les concepts semblent s'animer d'activités pour entrer dans un enchaînement prévu par l'auteur.
Feuerbach aime les maximes et formules plus que son maître austère :
"Alors que l'ancienne philosophie disait "Ce qui n'est pas pensé, n'est pas", la nouvelle philosophie dit au contraire "Ce qui n'est pas aimé, ce qui ne peut être aimé, n'est pas". (...)
L'amour est le critère de l'être, aussi bien objectif que subjectif, le critère de vérité et de réalité. Où il n'y a pas d'amour, il n'y a pas non plus de vérité. Et il n'y a que ce qui aime qui est quelque chose, n'être Rien et n'aimer Rien sont identiques. Plus on est et plus on aime, et réciproquement. " (§35)
Le concept d'Amour est donc ambigu, pris ici entre l'affectivité humaine (puisque Feuerbach veut y appuyer la priorité de la Sensibilité) et l'Agapè johannique (puisqu'il est clair qu'il s'agit du dépassement de Dieu : ne plus aimer Dieu comme Charité universelle mais aimer directement les autres sujets sensibles, transformer l'intercession de l'incarnation en notre propre chair).
La suite retombe dans la discussion avec Hegel, expliquant qu'il suffit de généraliser la théorie de l'Esthétique de l'Art comme spirituel dans le sensible pour comprendre l'essence déjà complexe de la Sensibilité.
Mais il a quelques bonnes formules sur les exorcismes à faire, appelées à une certaine fortune sur l'idée de spectres de la dialectique (cela me ferait presque me demander si le bouquin ectoplasmique et fuyant de Derrida à ce sujet n'a pas en fait quelque chose à dire) :
"L'ancienne philosophie retombait nécessairement dans la théologie, car ce qui n'est supprimé/dépassé que dans l'entendement in abstracto a encore son contraire dans le coeur. La nouvelle philosophie au contraire ne peut plus être relapse : ce qui est mort aussi bien dans la chair et l'âme ne peut plus revenir comme spectre." (§53)
"Le Philosophe absolu disait ou du moins pensait de lui, naturellement en tant que penseur et non en tant qu'humain "La vérité c'est moi" - par analogie à "l'Etat, c'est moi" du monarque absolu, ou "l'Être c'est moi" du Dieu absolu. Le philosophe humain, au contraire, dit "Même dans la pensée, même comme philosophe, je suis humain avec les autres humains (Mensch mit Menschen)." (§61)
"La vraie dialectique n'est pas un monologue du penseur solitaire avec lui-même. Elle est un dialogue du Je et du Tu." (§62)
On me dira que cela est devenu un cliché de la philosophie continentale contemporaine, que ce soit le Je et le Tu de Martin Buber (1923), le dialogisme de Bakhtine, le dépassement éthico-métaphysique de l'Être en "visant" l'Autre chez Lévinas, le pseudo-pragmatisme dialogique d'Apel et l'éthique de la communication d'Habermas. Mais on ne remarque pas toujours à quel point cette rhétorique de l'intersubjectivité et de l'Amour se trouve déjà, de manière certes très condensée et abstraite, chez Feuerbach.
Mais la proclamation que sa philosophie de l'avenir allait enfin supprimer la religion car elle serait la vraie religion montrait que le progrès par rapport au Savoir absolu hégélien semblait faible. Comme dit Engels dans Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande (1886), le langage de la dialectique pour exalter la sensibilité, l'amour, la sexualité, l'alimentation et les relations sociales concrètes ne servait en fait qu'à les rendre "acceptables" dans ce savoir en les traduisant en déterminations.
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Libellés : philosophie
Rythmes de suicides
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C'est le métier du futur d'être inquiétant
J'ai suivi un peu la manifestation des universitaires et enseignants chercheurs jeudi dernier (entre 15 000 et 30 000 à Paris, entre 30 000 et 50 000 sur toute la France). C'était parfois très créatif, notamment les médiévistes de Paris I qui avaient fait un "Mystère" avec une personne symbolisant l'Université martyrisée par diverses allégories dont un âne couronné (dont je me demande qui il pouvait représenter). J'avais presque de la peine en lisant le Canard qui disait que Valérie Pécresse était à bout, surtout que l'incompétent au pouvoir la juge responsable alors qu'il n'a pas peu fait pour enfin mobiliser les chercheurs contre les décrets actuels.
Mais il y avait aussi des dingues. Un philosophe de Paris 8 manifestait en tenant un pamphlet de Badiou comme seule revendication. Un type - même pas un LaRouchiste [les LaRouchistes sont tellement conspirationnistes qu'on ne peut jamais deviner a priori leurs positions entre les extrêmes, ils soutiennent par exemple la thèse des grandes entreprises sur le réchauffement climatique], je crois que c'était plutôt un allumé apocalyptique - m'a expliqué que "le Nouvel Ordre Mondial avait organisé le 11 Septembre pour pouvoir mettre des puces RFID pour ficher tous les citoyens".
Et enfin, j'ai eu une brochure du Groupe Oblomoff, qui se disent chercheurs luttant contre la Technoscience et un réductionnisme scientiste qui détruirait "notre liberté et la raison" (la référence à la raison fait donc penser que ce ne sont pas des Heideggeriens, qui diraient, eux, que c'est à cause de la Raison que la Technoscience détruit notre liberté).
Le hasard est parfois étrange car le même soir, France 2 passe un étrange reportage "Les Prêcheurs de l'Apocalypse : quand les écologistes perdent la raison" (par Jérôme Lambert et Philippe Picard) qui utilise justement une scène où des membres du Groupe Oblomoff interrompent une conférence de scientifiques. Je n'en avais jamais entendu parler et ensuite ils semblent omniprésents !
Ce documentaire était surprenant dans son soutien virulent aux OGM. Le premier argument était que les écologistes étaient devenus excessifs, anti-progrès, négligeaient les problèmes de développement et les famines ou les possibilités des OGM médicaux. Le second était que les anti-OGM européens rendaient en fait service aux grandes entreprises produisant certains OGM comme Monsanto et Syngenta.
En passant, on voit donc un point d'accord entre arguments pro- et anti-OGM, les deux disent que l'autre camp sert Monsanto (dont j'imagine qu'ils vont vite changer de nom tant ils sont devenus l'Empire du Mal en Europe).
Je ne saurais juger de la pertinence de ces arguments. Mais le côté unilatéral du documentaire semblait curieux dans le contexte actuel - même si après tout, on pourrait dire exactement l'inverse pour d'autres documentaires unilatéraux anti-OGM. J'avais cru assez naïvement aux arguments du Monde selon Monsanto de Marie-Monique Robin, docu très efficace sur ARTE, mais j'ai maintenant quelques doutes après avoir lu ce démontage par certains chercheurs de l'AFIS (qui sont certes eux-mêmes de parti pris pro-OGM et Marie-Monique Robin les accuse d'être devenu un lobby lié à Monsanto).
Par exemple, un de mes principaux arguments anti-OGM était l'utilisation de graines donnant des plantes stériles mais il semblerait que ces variétés dites Terminator ne soient absolument pas commercialisées (même si la rumeur court toujours sur les forums de Greenpeace que Monsanto voudrait le relancer).
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vendredi 20 février 2009
Comics de février 2009
- Batman #686
Oui, même un Batmanophobe peut aimer un numéro de Batman.
A l'occasion de la prétendue mort de Batman (on y croit très fort), DC Comics a confié deux numéros (la suite sera dans Detective Comics #853) à Neil Gaiman et au dessinateur Andy Kubert pour une histoire intitulée Whatever Happened to the Caped Crusader? (comme Alan Moore avait eu l'honneur d'écrire la dernière histoire du Superman pre-Crisis, Whatever Happened to the Man of Tomorrow?).
DC a acquis depuis les années 80 un certain fétichisme des Grands Auteurs Britanniques. Neil Gaiman est le légendaire auteur de Sandman dans les années 90 mais il a un peu pris ses distances avec les comic books en se consacrant aux romans depuis une douzaine d'années. Ses rares retours vers le "mainstream" furent d'ailleurs peu convaincants, comme le décevant 1602 chez Marvel (qui partait pourtant de la bonne idée de recréer tout l'univers Marvel à l'époque de la Reine Elizabeth I).
Au début, on peut redouter que Neil Gaiman soit plus en train de s'auto-parodier que d'écrire un récit. En effet, on a une Veillée funèbre de Batman où chaque personnage de son entourage vient raconter une histoire, avec Catwoman, le Joker, Alfred, Robin, Penguin, Riddler et même Joe Chill (le petit gangster qui a tué ses parents). Gaiman reprend le thème post-moderne à la John Barth des personnages racontant des fictions sur leur statut fictif. Autrement dit, oui, cela ressemble presque exactement à un remake de The Wake, la fin de sa série Sandman (où Batman se demandait déjà si ses aventures de l'âge d'argent n'avaient pas été de mauvais rêves). On craint donc que Gaiman ne soit un peu en "pilotage automatique" ou qu'il ne se soit pas foulé.
Mais ces doutes devant ce cadre si traditionnel sont vite estompés. Les deux contes de cette première partie sont excellents et émouvants et le dessinateur Andy Kubert (un des fils du célèbre Joe Kubert) me semble avoir incroyablement progressé et muri dans son dessin en parodiant le style de Will Eisner, qui convient très bien à une histoire de Vamp avec Catwoman.
C'est une histoire sur les thèmes récurrents de Batman et cela devrait donc être ennuyeux et prévisible. Il suffit de voir à quel point Grant Morrison vient de rater une idée très similaire dans Batman #683 "Last Rites" : on entrait dans l'inconscient de Bruce Wayne sans rien voir de neuf, en ressassant les obsessions habituelles sur ses parents morts ou Robin. Ici au contraire, le voyage dans l'inconscient réussit à fasciner et étonner, tout en étant conforme à ce qu'on pourrait déjà avoir imaginé sur les inquiétudes de Bruce Wayne. Gaiman réussit cet équilibre très étonnant d'être complètement "classique" et saisissant en même temps.
La meilleure histoire de Batman depuis... en fait depuis toujours pour moi. A+ - Booster Gold #17
Cela devient tellement absurde que c'est drôle à un certain point de vue. Booster Gold avait rencontre Barry Allen (Flash II) dans le passé au #4 mais ici, il voyage au même moment pour se rencontrer lui-même au moment où il avait rencontré Barry Allen, en une boucle interne à la série. Un des retcons sur les origines de Flash était qu'il avait acquis ses pouvoirs par une boucle temporelle où il était retourné dans son propre passé se donner ses pouvoirs à lui-même. A présent, on découvre que Booster Gold est aussi intervenu dans le passé pour créer Flash. Les paradoxes commencent s'empiler et à devenir un peu trop extrêmes mais après tout c'est le but de ce comic. B - Final Crisis #7/7
Je crois que je n'avais pas fait mon propre résumé de ce dernier épisode même si j'ai déjà indiqué de nombreux liens sur les débats enragés des fans. The Question forme un groupe de Supermen de différentes Terres. Oui, c'est normal qu'une vigilante/détective urbaine sans pouvoir soit celle qui se charge de cette mission cosmique et multiverselle. Puis de manière complètement incohérente et désordonnée, les Flash de différentes époques luttent contre Darkseid, Superman et Lex Luthor construisent ensemble une arme avec l'aide d'Atom II et Atom IV (juste parce que cela fait joli pour une case). Puis Superman chante dans sa Machine pour recréer l'univers car Morrison nous explique entre deux overdoses que l'univers est comme une symphonie, tu voaaaaa, mec. A ce moment, le Monitor vampire Mandrakk (dont Final Crisis n'avait absolument pas parlé auparavant puisque l'unité thématique semblait être Darkseid) attaque et Superman réunit une armée de Supermen en ajoutant des Green Lanterns et les super-animaux cartoons de Terre-C, Captain Carrot & the Zoo Crew. Mandrakk est tué avec un pieu et la Terre est réparée. Les personnages nous expliquent avec la légerté d'un camion de 38 tonnes qu'ils sont dans une histoire et qu'il fallait une Happy End.
Et vous trouvez des commentaires pour dire que ce serait un chef d'oeuvre. Morrison est tout ce que Gaiman n'est pas : la lourdeur du symbolisme sans aucune émotion ou authenticité, assez de ratiocination mais sans lucidité ou sans intelligence. Une preuve qu'un comic book peut être élaboré et compliqué et pourtant atroce et complètement vide de tout intérêt. Un échec esthétique presque total avec des dessins de Mahnke repoussants (mais heureusement il y a les animaux cartoons qui tombent là comme un cheveu sur la soupe). Le seul bon côté est le soulagement que cette laideur ait une fin. C - Green Lantern Corps #33
Mongul (oh, non, encore ??) envahit la planète Daxam (le monde xénophobe proche de la Krypton de Superman d'où viennent Lar Gand/Mon-El et le Green Lantern Sodam Yat - mais qu'attendent les scénaristes pour changer son nom stupide ??) et y refonde le Sinestro Corps. La Star Sapphire Miri (veuve représentant l'éternité de l'amour) dialogue avec le Green Lantern nécromancien Saarek (qui représente au contraire un deuil éternel). Kyle Rayner décide de transgresser la nouvelle règle stupide d'interdiction de l'amour entre Green Lanterns en commençant une relation avec Soranik Natu (quand on sait que Kyle Rayner a déjà fait mourir 3 ou 4 petites amies successives, c'est mauvais signe pour cette pauvre Soranik). Une prédiction obscure annonce que Jade, la précédente fiancée de Kyle, va revenir des morts pour relancer un Triangle. L'angoisse continue à monter avant la guerre générale contre la Lanterne Noire, mais j'aimerais quand même que les Gardiens de l'Univers se comportent de manière un peu plus compréhensible. Même un imbécile comme Guy Gardner se rend compte que quelque chose ne va pas. B - Justice Society of America #23
Black Adam ressuscite Isis (tuée dans 52) avec l'aide de Felix Faust et prend les pouvoirs de Captain Marvel. Black Adam et sa famille avaient pu être intéressant dans 52 mais ce retour semble être une ressucée qui vide la série précédente de toute une partie de sa tragédie. Il est temps que Geoff Johns écrive moins d'histoires. B- - Legion of Super-heroes #50
La conclusion du second reboot (le troisième reboot semblant être quasiment un retour à la première version). Le scénario est signé "Justin Thyme" et je ne sais pas si c'est l'équivalent comics d'Alan Smithee : est-ce toujours Jim Shooter et il a retiré son nom par mauvaise humeur contre DC Comics qui a détruit son titre ? Ou bien est-ce un autre scénariste pris à la dernière minute (Just in Time) pour remplacer Shooter qui aurait claqué la porte ? Une des difficultés des fictions en publications périodiques est de ne pas toujours pouvoir gérer le rythme et la durée des épisodes. On est donc dans le cas classique de la "Conclusion bâclée où il faut tenter de résoudre toutes les intrigues à la fois". Dans ce genre fatalement insatisfaisant, ce n'est pas si mal. La Légion vainc les Intelligences artificielles du monde virtuel et Brainiac en profite pour ressusciter Dream Girl comme c'était annoncé depuis plusieurs années. Un problème majeur vient des anatomies grotesques du dessinateur, Ramon Bachs, qui remplace l'infortuné Francis Manapul (qui fut si méchamment critiqué par Jim Shooter dans cette interview). Aussi frustrant que toute conclusion hâtive. B- - Legion of 3 Worlds #3/5
Geekgasm! La Légion des superhéros de la version classique (celle de Paul Levitz vers 1986), la Légion post-reboot des années 90 et la Légion du threeboot des années 2000 se coalisent en un groupe de près d'une centaine de superhéros dessinés par George Perez. Et en plus on revoit mon Légionnaire favori, Gates.
Que demander de plus ?
Oh, une histoire ?
Mais qui a besoin d'une histoire ?
Un détail, le cinquième numéro n'est prévu que dans trois mois, et ce 5e numéro expliquera enfin ce qui s'est passé au début de Final Crisis #6. A - Outsiders (vol. 4) #15
Historiquement, cette équipe de superhéros de deuxième zone avait été créée par Batman et la "mort" du héros est donc un prétexte pour un redémarrage à froid assez intéressant avec le scénariste Pete Tomasi (qui est aussi dans le très bon Green Lantern Corps). Le titre avait déjà abandonné presque tous les nouveaux membres de la période du scénariste Judd Winick (le volume 3) et on revient aux classiques. Alfred Pennyworth, portant le deuil de son maître Bruce Wayne, dirige l'équipe et elle est recréée avec la plupart des membres anciens (Black Lightning, Geo-Force, Halo - oubliée sur la couverture, signe qu'elle va mourir ? -, Katana, Metamorpho) et deux nouveaux (le Creeper, très drôle dans le repeat gag sur sa démence, et Owlman, un nouveau personnage dont on peut se demander s'il doit en partie exploiter la sortie de Watchmen comme il ressemble à Nite-Owl). Il y a un gag qui doit être une allusion à Bill O'Reilly et le titre a l'air intéressant. En fait, tout l'univers DC me semble plus intéressant quand Batman n'est plus là... B - R.E.B.E.L.S. (vol.2) #1
Une nouvelle série spatiale pour l'univers DC mais à l'époque contemporaine (ce qui en fait l'équivalent de Guardians of the Galaxy chez Marvel). Brainiac II (Vril Dox, l'ancêtre de Brainiac 5 de la Légion des superhéros au XXXI siècle) est poursuivi par l'organisation de mercenaires, les L.E.G.I.O.N., qu'il a fondée, et vient se réfugier sur Terre auprès de Supergirl. Il trouve en elle un message de son descendant Brainiac 5 (déposée quand elle vivait au XXXIe siècle) et on annonce déjà que l'équipe des Omega Men, les superhéros du système Vega, vont le rejoindre. Un titre de superhéros avec de nombreux membres extra-terrestres serait presque mon comic-book idéal s'ils reprennent leur distance avec la Terre prosaïque : le système Vega a été trop négligé dans les comics DC depuis une bonne douzaine d'années au moins. Cela pourrait être pas mal, surtout s'ils réutilisent aussi Starfire. B+ - Wonder Woman (vol. 3) #28
Wonder Woman lève une cohorte d'amazones et de gorilles albinos pour combattre Génocide qui lui a pris son Lasso.
Comme Athéna est toujours absente, Zeus fonde sa nouvelle île d'"Amazones" mâles, Thalarion, en la peuplant d'Argonautes ressuscités conduits par Jason. Et Jason ne trouve rien de mieux que de déclencher un casus belli contre les USA. Oui, si vous aviez trouvé Amazons Attack! mauvais, attendez-vous à une reprise avec les Manizons.
Dr. Psycho (le plus agaçant des vilains dans WW comme son pouvoir d'illusions donne toujours le même genre d'histoire, tout comme Mastermind dans les X-Men) s'échappe de sa prison et son alliée la Cheetah pose une bombe dans le centre de Checkmate. B-
- Rex Mundi #16
On a l'impression que le scénariste Arvid Nelson ne croit plus à sa bd et qu'il a hâte de conclure. C'est vraiment n'importe quoi. Après près de neuf ans d'attente, on arrive à ce qui doit être le pénultième numéro. Le roi David de France tue sa fille Isabelle et sa femme Geneviève, les deux seuls personnages un peu intéressants, et j'imagine que la conclusion sera Julien devenant le Messie en buvant le Graal (qui est le crâne de Jean-Baptiste) avant de renverser le roi David. Quelques beaux dessins par l'artiste espagnols Juan Ferreyra mais c'est dans l'ensemble très décevant. C - The Savage Dragon #144
Savage Dragon est une bd très particulière puisqu'elle alterne des scènes très "primaires" de simples pugilats et des bd très "expérimentales" qui feraient penser à l'OuBaPo (comme l'épisode incroyable entièrement dans un lit d'hopital avec focalisation statique, vue pendant la durée de vie d'une mouche). Ici, le créateur Erik Larsen s'amuse avec un concept d'ellipses poussées très loin : une case par jour pendant 121 jours en 20 pages. Le sens de "compression" du temps est très réussi puisqu'on survole 4 mois de la vie de Frank Dragon alors qu'il revient à la normale après des mois de recherche vaine pour son son épouse défunte Jennifer Murphy-Dragon. Sa nouvelle petite-amie l'officier Alex Wilde finit par rompre avec lui et elle se fiance avec Chris Robison. Le fils du Dragon, Malcolm, semble commencer une romance avec la seconde Angel (fille d'une Jennifer Murphy d'une autre dimension). Rex Dexter (dans son nouveau corps cyborg) épouse la mutante Horridus (Sarah Hill). B+
- Black Panther (vol. 5) #1
Les ventes de Black Panther étant décevantes, autour de 20,000 exemplaires (sauf pendant le cross-over de Secret Invasion), Marvel le relance. T'challa tombe dans le coma après un combat contre le Doctor Doom et le Wakanda va chercher une nouvelle Panthère noire pour le remplacer.
Je parie que l'élue sera sa soeur, Shuri, même si c'est le choix le plus prévisible. B - Dark Avengers #2
Une histoire quasiment sans aucun personnage vraiment sympathique puisque les "Vengeurs" officiels dirigés par Norman Osborn interviennent pour aider le Dr Doom contre la Fée Morgane. C'est intéressant mais je n'aurais pas cru qu'une bd pourrait me faire aimer The Sentry encore moins. Il tombe encore dans la folie et je ne vois pas vraiment l'attrait d'un Superman schizophrène. B - Guardians of the Galaxy #10
Le groupe interstellaire est réuni quand le groupe vient délivrer Star-Lord assiégé dans la Zone Négative. L'Eglise Universelle ouvre un Cocon qui semble contenir un nouveau Adam Warlock. Starhawk fait la prédiction qu'une Guerre interstellaire va éclater à cause de Black Bolt qui a conquis l'Empire Kree et de Vulcan, l'Empereur des Shia'r (ce qui lance donc le cross-over War of the Kings). B - Invincible Iron-Man #10
La compagnie de Stark est dépecée par Norman Osborn et Tony Stark s'enfuit en détruisant une partie de ses armures, non sans en avoir confié une à sa secrétaire Pepper Potts. La bd continue de devenir plus intéressante alors que Stark inverse sa position de Leader de l'univers Marvel en marginal recherché. B+ - Nova #21
L'Esprit-Monde de Xandar a recréé le Corps des Novae et exige de Richar Ryder qu'il lui restitue la puissance déposée en lui. Ryder refuse dans ce qui semble d'abord de l'hubris mais qui s'avérera sans doute une bonne intuition par la suite. J'ai du mal à imaginer comment la suite va se dérouler et l'interaction entre Ryder et son Intelligence artificielle va me manquer. B+ - X-Men Kingbreaker #3/4
Havok s'enfuit de la geôle où l'a jeté son frère l'Empereur Vulcan mais il a alors l'idée saugrenue de rester dans la prison pour "tendre un piège à Vulcan". L'idée est aussi idiote qu'elle en l'air et échoue malgré le soutien des Starjammers. Je commence à penser que cette mini-série n'est vraiment pas indispensable pour lire le cross-over War of the Kings car il ne se sera pas passé grand-chose. B-
Publié par Phersv à 11:09 4 commentaires
Libellés : comics
jeudi 19 février 2009
Elections européennes
Le Co-Prince d'Andorre/Chanoine honoraire de Saint-Jean-de-Latran baisse dans les sondages mais l'UMP semblerait atteindre un score encore relativement honorable dans les prochaines élections du 6-7 juin 2009.
Comparons d'abord les élections depuis 15 ans :
L'UMP aurait 26% et les Souverainistes de De Villiers seraient à 5%, le PS 23%, le MoDem à 14,5%, le NPA à 9%, les Verts à 7% et le FN à 6%.
On peut déjà imaginer la même soirée électorale que d'habitude où l'UMP essayera de faire croire que c'est une victoire s'ils sont devant le PS ou s'ils ont un score meilleur qu'en 2004 (16%), même si le FN et les Souverainistes ont décliné. Comme dit cette pétition des Larrouturouistes, le Président aura beau jeu, avec son talent désarmant pour le bluff, de dire qu'un gain par rapport à 2004 implique un blanc seing pour sa politique de "réformes". Il semble que l'UMP baisse par rapport au premier tour des Présidentielles (où le député-maire de Neuilly avait eu 31,18%) et la liste PS serait au niveau du Premier tour de 2007 (Royal avait eu 25,87%).
Publié par Phersv à 23:03 0 commentaires
Coalitions libanaises
L'intellectuel ex-trotskiste ex-néo-conservateur britannique Christopher Hitchens (qui peut avoir quelques bons moments entre deux phases délirantes quand il est sobre) se serait fait tabasser à Beyrouth par des militants du Parti social-nationaliste syrien qu'il avait insultés dans la rue.
Le Parti social nationaliste syrien est un cas intéressant puisqu'il s'agit d'un parti arabe d'extrême droite (qui a même adopté une version déformée de la svastika) mais qui est dans une position particulière.
Premièrement, comme l'indique son nom, c'est un parti nationaliste qui défend le projet d'une "Grande Syrie" qui comprendrait non seulement le Liban mais aussi Israël, la Palestine, la Jordanie voire Chypre, l'Irak, le Koweït et une partie de la Turquie. Mais c'était historiquement un Parti anti-communiste et ennemi du Baath syrien (qui défendait en théorie un nationalisme panarabe et non pas seulement syrien). Le Parti social-nationaliste fut même longtemps interdit en Syrie (même si aujourd'hui ils y sont reconnus avec 2 sièges et qu'ils font partie de leurs agents au Liban).
Mais il fut fondé par un Syrien grec orthodoxe et a encore aujourd'hui des électeurs chrétiens pro-syriens (même s'il est laïc dans son fascisme et que leur leader actuel était un chiite). Il n'a que 2 sièges sur 128 au Liban et est allié à l'Alliance du 8 Mars, la coalition pro-syrienne qui comprend surtout le mouvement Amal (Sunnites) et le Hezbollah (Chiites), en alliance avec certains Chrétiens maronites.
La coalition du 8 mars atteindrait environ 56 sièges sur les 128, contre l'Alliance du 14 Mars, la coalition anti-syrienne (surtout composée de Sunnites et de Druzes). Depuis 2006, le "Courant Patriotique libre", les Maronites partisans du Général Michel Aoun, ont en partie renversé leur alliance en se rapprochant de l'Alliance du 8 mars.
Le Président de la République libanaise depuis mai 2008 est Michel Suleiman, un Chrétien maronite, est le représentant de la "neutralité" de l'armée et a été choisi comme compromis entre l'Alliance du 8 mars et l'Alliance du 14 mars, en remplacement d'Emile Lahoud, qui était clairement pro-syrien. Le premier ministre reste Fouad Siniora, de l'alliance du 14 mars, sunnite proche de la famille Hariri et donc anti-syrien.
Mais le gouvernement de Fouad Siniora est lui-même divisé autant que l'Assemblée.
Sur 30 membres (en comptant le Premier ministre), 16 sont membres de l'Alliance du 14 mars mais 11 sont membres de l'Opposition du 8 mars. Le Hezbollah a hérité du Ministère du Travail et le Ministre des affaires étrangères Faouzi Salloukh est un Chiite proche de leurs positions. Même le Parti social-nationaliste syrien (qui avait pris les armes contre le gouvernement en 2006 avec le Hezbollah et d'autres mouvements) a obtenu un poste pour l'ancien leader du Parti, le chiite Ali Kanso comme "Ministre d'Etat" (sans portefeuille ?).
On oppose souvent guerre civile et gouvernement de coalition mais le Liban illustre qu'on peut avoir les deux à la fois : une très grande coalition qui comprend la majorité et l'opposition et en même temps une Guerre civile larvée qui ne demande qu'à éclater à nouveau.
Publié par Phersv à 12:08 0 commentaires
Libellés : l'orient compliqué
mercredi 18 février 2009
Obama v. Boss Smiley
Les humoristes se plaignent parfois qu'Obama, qui semble en gros charismatique et compétent, est nettement moins drôle que Bush. Les tentatives des conservateurs pour rire sur le Culte de la Personnalité d'Obama semblent aussi prouver le même point, tant elles sont ratées.
Et je vais hurler si j'entends encore une fois pour la 5667e fois qu'il suffirait que les fonctionnaires de l'administration Obama payent leurs impôts pour que le déficit cesse (franchement, les émissions comiques et les talk show ont toutes utilisé ce "gag" plusieurs fois, en en faisant la plaisanterie la plus éculée de l'Histoire en une seule semaine).
Ce nouveau webcomic qui vient de commencer, President Awesome, a l'air de vouloir faire rire en partant de l'idée qu'Obama serait encore plus brillant et admirable que dans la réalité, mais je me demande si cela peut être drôle.
Neil Gaiman avait fait une très jolie bd sur un Président "parfait" et sur nos attentes confuses d'un tel mythe (Prez dans Sandman #54) mais c'était plus touchant qu'amusant (et je trouve que Boss Smiley, le descendant de George Washington à la tête éternellement innocente et souriante d'un Charlie Brown, qui symbolise tout l'Establishment ou le "Système" comme on aurait dit dans les années 60, est l'un des meilleurs vilains jamais créés grâce au contraste entre l'apparence et la réalité).
Publié par Phersv à 14:30 2 commentaires
Libellés : comics
L'ordre et les livres
J'aime les librairies mal rangées (j'adorais passer des journées dans The Strand par exemple, l'une de mes librairies favories avec son foutoir total) mais malgré cette gallerie de photos de Jason Mills (de Fantagraphics) qui visitait Paris, je trouve Le Regard Moderne quand même trop stressant pour un claustrophobe (voir aussi ce portrait de ce minuscule lieu alternatif).
Publié par Phersv à 13:20 0 commentaires
mardi 17 février 2009
Les jeux de rôle de superhéros (II) : Superhero '44
Je vais essayer de suivre l'histoire des jeux de rôle de superhéros de manière chronologique, et donc avec le tout premier JDRSH, Superhero 44 (qui fut rebaptisé ensuite de manière moins confuse Superhero 2044 pour qu'on ne croie pas que cela se passe pendant la Seconde Guerre mondiale).
Le jeu fut développé dès 1976 au club de science-fiction de l'Université de Bloomington, Indiana, deux avant la publication de Villains & Vigilantes et bien avant le jeu le plus important, Champions (qui doit descendre en partie de Superhero 2044 mais avec des règles bien plus riches et systématiques).
Le jeu est écrit par Donald Saxman (voir cette interview de septembre 1999 - loué soit le Web-Archive). Saxman était un jeune chimiste de 22 ans, encore à l'Université. La première édition fut auto-éditée à 200 exemplaires en 1977 avant d'être reprise quasiment sans modification sauf le titre et une couverture couleurs par la compagnie Gamescience de Lou Zocchi en 1978. Gamescience est restée célèbre parce qu'elle fabrique les dés polyhédriques qu'utilisent presque tous les jeux de rôle, mais elle publia peu de jeux, en dehors de la seconde version d'Empire of Petal Throne, Sword & Glory.
Saxman explique dans le préambule que tout avait commencé par une campagne d'un de ses amis, Mike Ford, à D&D à travers les dimensions où le groupe de magiciens et de guerriers affronta "Doctor Doom et Darkseid avec l'aide de Luke Cage et du Phantom Stranger", et conduisit à une bataille en culminant du cross-over avec des armées de "magiciens, de Starship Troopers, de Nazis, de Klingons, de Martiens (des romans de Burroughs) et de membres de la Légion des super-héros". C'était la période héroïque du grand N'Importe Quoi (comme dans Blackmoor avec ses allusions à Star Trek ou Arduin qui mélange à peu près tout dans cet esprit).
Ce qui frappe tout de suite est la brièveté de Superhero 2044: The campaign of super-powered crimefighters in the year 2044 avec seulement 44 pages en comptant les couvertures (c'est peut-être la vraie cause du titre !). C'est tapé à la machine et encore un peu grossier, même si les illustrations amateur de Mike Cagle sont convenables pour l'époque - il n'est pas toujours évident d'imiter le style des comic books sans être trop directement un plagiaire.
Le second étonnement est que Superhero 2044 a, comme l'indique le titre, un univers associé qui n'est pas standard (ce qui ne fut pas le cas des autres premiers JDRSH qui se voulaient complètement neutres et "génériques").
L'auteur explique qu'il a cherché un univers qui puisse "rationaliser toutes les conventions des comics". Ce ne pouvait donc pas être l'Amérique contemporaine où la question des effets globaux de la technologie superhéroïque aurait brisé la suspension of disbelief. Le but était un régime politique qui puisse accepter des vigilantes indépendants dans son système juridique et une quantité de mutants qui s'écarte donc de notre Terre.
Le choix est un univers de Science-Fiction post-apocalyptique dans un futur proche, avec un cadre limité, la nation d'Inguria sur l'île volcanique Shanter dans le Pacifique. Le jeu détaille la carte de l'île et même la carte de la capitale, Bloomberg. Inguria, ancienne colonie américaine indépendante, a l'air de ressembler à peu près dans la taille et la position à l'île de Guam, mais avec certains côtés qui feraient penser à notre Kourou en Guyane puisque l'île était le siège du programme de la Navette Spatiale (le jeu fut créé alors que ce n'était encore qu'un projet).
Ce monde peut en partie faire penser au futur de la Légion des Super-héros (la Police s'appelle d'ailleurs "Science Police") mais en moins optimiste, peut-être plus proche de Judge Dredd (la Science Police est conditionnée pour être incorruptible). Il y a une hésitation entre une utopie technologique et un cadre urbain sombre avec explosion du crime. Mais globalement, à part une technologie supérieure, cela peut aussi ressembler aux USA de 1977, malgré le saut de 67 ans dans l'avenir.
En 2003 eut lieu la Troisième guerre mondiale, la Guerre des Six Secondes, qui dévasta une partie des grandes nations industrialisées et laissa l'Astroport d'Inguria comme un des centres technologiques du nouveau monde d'après l'apocalypse. Les radiations de la guerre et la technologie génétique firent apparaître de nouveaux mutants, qu'on appelle les "Uniques".
Trente ans plus tard, après la Reconstruction, Inguria fut la première nation à établir des contacts avec une race extra-terrestre, les Formiens (de Fomalhaut à 25 années-lumière). Ce sont des humanoïdes recouverts d'un duvet gris mais sans pouvoir particuliers en dehors de leur intelligence et leur endurance. Leur planète traversait une catastrophe climatique et Inguria lança un programme (avec des Uniques Téléporteurs car il n'y a pas encore de technologie pour aller plus vite que la vitesse de la lumière) pour accueillir des réfugiés qui vinrent immigrer sur l'île (ils vivent maintenant dans un quartier, l'Enclave Formienne, dans la banlieue de Bloomberg).
Un des aspects fascinants est la politique. La nation a plusieurs partis, dont les principaux sont les Nouveaux Républicains et le Parti des Droits Civiques (CRP). Les Nouveaux Républicains au pouvoir mènent une politique favorisant les manipulations génétiques et le vigilantisme (l'auto-défense - certains passages semblent faire penser que l'Auteur en est un partisan peu critique) pour lutter contre le crime, ils sont donc les "alliés" des superhéros. Le CRP est hostile aux vigilantisme privé (ce qui pourrait les rendre plus "à gauche") mais aussi hostiles aux Uniques en général (préconisant même une sélection pré-natale) et liés à des lobbies de l'industrie de la robotique (alors que les Nouveaux Républicains sont hostiles à l'idée d'une automatisation qui déresponsabiliserait les travailleurs). Le Parti Populaire Progressiste, soutenu par l'Eglise catholique, est très minoritaire et encore plus opposés aux Uniques et aux programmes d'eugénisme.
Une des lois amusantes est que les superhéros qui prennent possession d'une caverne dans l'Outback de l'île gagnent un titre de propriété pour leur QG (ce qui doit simuler les équipes comme la première version de la JLA ou des Teen Titans). Cela n'aurait-il pas des conséquences foncières curieuses avec des organisations immobilières créant des équipes uniquement pour profiter de ce système curieux ?
La presse est décrite selon ces partis (comme venant dans les "ordinateurs domestiques", ce qui n'est pas mal vu). Il y a même un forum pour les supervillains, Grapevine. La monnaie (le Pseudodollar) est aussi complètement virtuelle et électronique, avec un "médaillon" autour du cou qui sert de carte de paiement. Il y a en revanche des aspects qui font très SF des années 70 comme des monorails et des rampes accélérées pour piétons. L'île a même un parc d'attraction avec robots qui évoque Westworld.
La ville de Blommberg a un centre de l'Institut Köln, qui entraîne des humains pour en faire des héros dignes de Batman (mais tout en respectant les lois), et Uniquex, le centre de protection des Uniques (l'équivalent de l'Ecole Xavier dans l'univers Marvel, mais déjà public).
Dans les événements récents, le groupe de superhéros la Freedom League vient d'être détruite en 2042 dans un combat final dans le Volcan d'Inguria contre le Docteur Rubis (qui semble avoir péri avec eux). Le gouvernement cherche depuis des superhéros pour remplacer la Freedom League. Le seul survivant, le Shifter (un polymorphe) n'est plus qu'un cerveau dans un corps cyborg et il dirige la Boutique des Superhéros, un magasin qui vend des articles de l'ancienne Ligue de la Liberté, des armes de leurs anciens ennemis ou des héros défunts (une très chouette idée pour l'origine de l'équipement). Un des repeat gags du livre est composé de petites illustrations avec les manières pour le Docteur Rubis pour avoir survécu dans le Volcan (scaphandre anti-lave ?).
Cette destruction récente de l'équipe nationale est une très bonne idée pour donner la place centrale aux héros des joueurs. D'ailleurs la même solution fut reprise aussi dans Champions New Millenium où les héros principaux viennent de se faire tuer au début de la campagne.
Un des modèles de Superhero 2044 fut en fait En Garde!, le jeu tactique abstrait de 1975 pour simuler les Trois Mousquetaires. Le "rôle" des joueurs se limitait à En Garde! à décider combien de temps les personnages consacrait aux duels ou à la séduction des dames. En un sens, Superhero 2044 est donc encore à mi-chemin avant d'être un "vrai" jeu de rôle.
Et les règles paraissent curieuses. Très développées sur certains aspects comme les longues et arides tables de rencontres et absolument pas sur d'autres points qui paraîtraient plus essentiels (comme les Superpouvoirs).
Il y a trois sortes de superhéros : les Uniques (mutants aux pouvoirs inhérents), les Toolmasters (humains aux gadgets de haute technologie, comme Iron Man) et enfin les Übermensch (humains normaux mais entraînés au sommet des capacités humaines - Batman serait plus un Übermensch qu'un Toolmaster). On remarquera que Superhero 2044 se veut de la SF et exclut donc la Magie (même si cela pourrait être un cas particulier d'Uniques et que la magie est mentionnée p. 15). Les Formiens n'ont aucun pouvoir et sont donc plutôt là comme PNJ mais rien n'interdit d'autres individus extra-terrestres.
Ici apparaît la principale innovation de Superhero 2044 dans l'histoire du jeu de rôle. Ce fut le premier jeu à abandonner la création aléatoire pour prendre un système par répartition de points.
Les joueurs ont 140 points à répartir en sept caractéristiques : Vigor (santé), Stamina (en fait la force physique et la capacité au combat à mains nues), Endurance (ne pas confondre avec Stamina, c'est l'énergie), Dexterité, Mentality (intelligence), Ego (résistance aux attaques mentales), Charisme.
Les Übermensch ont un +20 en Vigueur, Force, Endurance, Dextérité mais -20 en Intelligence. Les Uniques ont +20 en Charisme et les Toolmasters ont +20 en Intelligence mais -10 en Vigueur, Force et Endurance. On voit qu'on a un intérêt clair à jouer un Übermensch et non un Unique si on n'a pas de système clair pour rééquilibrer cela dans les Superpouvoirs.
Mais le jeu s'effondre avec des conseils trop vagues : 50 points supplémentaires sont donnés pour acheter des compétences et des pouvoirs et le jeu précise même déjà que des désavantages pourront être pris pour avoir plus de points. Mais c'est tout : il n'y a aucun détail, aucune liste de pouvoirs ou de handicaps. Cette simple ligne elliptique donnera ensuite tout le système de Champions. Saxman explique avec candeur qu'il ne veut pas donner de liste de pouvoirs pour cause de copyright des comics. Si le jeu avait eu un supplément sur les pouvoirs et l'équipement, il aurait pu devenir jouable.
Il y a quand même quelques exemples de personnages, faute de règles. Mais cela reste un jeu "free-form" où le maître de jeu doit créer ses propres règles, ce qui contredit complètement le côté très minutieux et tactique du reste.
Le jeu est composé par un calendrier. Les joueurs indiquent ce qu'ils font chaque jour de la semaine pendant les heures de jour et de nuit (Patrouille, Entraînement, Recherche, Repos). Il doit dire s'il patrouille dans le centre-ville, dans le quartier gouvernemental, le quartier industriel, la banlieue, les propriétés touristiques ou l'arrière-pays sauvage.
L'arbitre doit tirer les rencontres aléatoires. Il y a un système complexe pour déterminer les chances d'un crime (qui décroît si le superhéros devient célèbre ou arrête beaucoup de crimes dans la même région) et de sa détection. Le système marche de toute évidence mieux (comme l'auteur le dit lui-même) pour un jeu en solitaire - ou bien peut-être pour un jeu par correspondance - que pour un jeu de rôle tel que nous l'entendons aujourd'hui.
Le combat est fait en comparant le score de Force (Stamina) ou d'Ego en cas d'attaque psychique. Il faut dépasser sur 3d6 un score qui est égal à 11 - (différence entre les deux scores divisée par 5), ce qui ressemble un peu au système Champions (où il faut faire moins sur 3d6 que 9 + la différence entre attaque et défense).
Après les combats, on calcule les résultats sur toute la semaine, les procès, les dépenses et salaires si le personnage a pu tenir un emploi.
Il y a peu de jeux de rôle des origines qui ont autant de charme et de possibilités mais il faut reconnaître que Superhero 2044 n'est pas encore jouable tel qu'il est. L'idée d'inclure un univers était brillante, même si l'île d'Inguria peut paraître un peu étriquée au bout d'un moment comparée à Metropolis/Gotham City. Le système est trop incomplet et laisse donc de nombreux points à déterminer arbitrairement.
J'ai déjà fait un premier survol de Superhero 2044 il y a 5 ans, et il y a une longue review par le collectionneur R. Dushay, une autre assez distrayante avec récit de campagne, une review plus concise mais assez négative sur RPG.net et un survol de la couverture (qui a en effet à l'arrière le Docteur Strange lançant un sort sur la Sorcière rouge au moment où elle lance les dés).
Publié par Phersv à 19:31 0 commentaires
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