dimanche 6 avril 2008

BD & comics de la quinzaine




Au bord de l'eauLa bd non-américaine de la quinzaine sera une BD européenne qui est aussi un Mànhuà chez Delcourt (Collection Ex Libris) : Au bord de l'eau (Shuǐ hǔ zhuàn, "le Récit des berges", "Les Hors-la-loi des Marais du Mont Liang", par Shi Nai'an au XIVe siècle), adapté par le prolifique scénariste Jean-David Morvan et un dessinateur chinois, Wang Peng (Morvan sort aussi en même temps une autre adaptation du Roi Singe avec le dessinateur Jian Yi). Le style graphique de ce Mànhuà est d'un réalisme saisissant mais reste pourtant assez dynamique.

Au bord de l'eau raconte l'histoire de 108 bandits sous la dynastie Song finissante (au début du XIIe siècle), réincarnations de 108 astres célestes. Le thème constant est la rebellion de cette bande de Robin des Bois contre le pouvoir administratif du Grand Maréchal.

L'histoire de ce premier volume est encore très introductrice et montre comment l'orgueilleux Grand Maréchal Hong Xin libère par erreur 108 démons enfermés par un sage taoïste qui vont venir s'incarner sur Terre.
Quelques années après, le Grand Maréchal corrompu Gāo Qiú "au Ballon" arrive à la Cour de l'Empereur Huizong au déclin de la Dynastie Song. Le vil Maréchal Gāo Qiú a réussi ironiquement parce qu'il était tellement mauvais, sauf au jeu de ballon, que chaque niveau lui accordait une promotion pour se débarasser de lui (les Chinois avaient deviné le Principe de Peter de toute administration huit siècles avant !). Gāo Qiú persécute l'intègre Maître d'armes impérial Wang Jin, qui s'enfuit et va devenir le formateur du premier des Bandits du Bord de l'Eau : le paysan Shǐ Jìn le Dragon Bleu au corps tatoué de dragons, qui va bientôt réunir la bande célèbre avec Zhu Wu "le Génial Tacticien", Chen Da "Tigre Sauteur de Ravins" et Yang Chun "Serpent à Taches blanches". Ces quatre héros vont être les bases des 108 voleurs.

C'est une bd superbe, absolument indispensable si on a le moindre intérêt pour la culture chinoise. A+

Note : Il y avait un jeu de rôle intéressant gratuit Outlaws of the Water Margin par Paul Mason que je me souviens avoir lu en ligne il y a 8 ans mais il a disparu (le lien va vers l'Archive Wayback). Même chose hélas pour l'excellent Romancing Cathay.

Comics

  • Univers DC

    • Countdown #4
      Le groupe a vaincu Darkseid et revient sur Terre mais Mary Marvel est à nouveau soumise à la tentation et rechute. Quelqu'un ne sait vraiment pas maîtriser le rythme de l'histoire : à quoi rime la brève rédemption des épisodes précédents si c'est pour retomber aussi vite ? Toujours aussi raté et inintéressant, et les personnages sont presque tous profondément antipathiques. F

    • Atom #22
      Ryan Choi affronte toujours une étrange bactérie géante qui a contaminée son propre sang et qui semble affectée par l'étoile Naine Blanche de sa ceinture. C'est aussi le retour d'une jeune fille Amanda qu'on n'avait plus vu depuis une vingtaine d'épisodes et le retour du tueur en série poète Dwarfstar. Ce n'est pas mal pour un chant du cygne de la série mais franchement la faire persister est de l'acharnement thérapeutique. C

    • the Brave and the Bold #11
      Superman s'allie avec le maléfique Ultraman (le Superman de la Terre Inversée, qui s'appelait Terre-3 avant la Crise, Terre-2 après et je ne sais comment depuis le retour des 52 Terres alternatives, sans doute Terre-3bis ou Terre-3.2). C'est très distrayant grâce notamment à M. Mixyezplitelik, le double inversé de M. Mxyzptlk venu aussi de Zrfff dans la 5e Dimension (à ne pas confondre avec le M. Kltpzyxm de la Terre-Bizarro). Comment critiquer des idées aussi saugrenues ? B

    • Green Lantern #29
      Oh, non, encore un retour des origines d'Hal "Highball" Jordan en imitation au Pete "Maverick" Mitchell de Top Gun. Aucun intérêt, à part développer la relation entre les trois frères Jordan (Jack, Hal et Jim) un petit peu. Les Jordan étaient à l'origine inspirés de la dynastie Kennedy mais ici le politicien Jack est surtout le grand-frère sévère et le loser Jim devient le petit-frère adulateur. Oh, et l'histoire revient aussi sur la prophétie faite à Abin Sur par l'Empire des Larmes d'Ysmault - histoire qui vient de Tales of the Green Lantern Corps Annual #2 (1986) par Alan Moore. C

    • Justice League of America #19
      Les héros interviennent contre le programme gouvernemental de déportation des vilains sur une autre planète. Ils doivent à nouveau affronter le dictateur Kanjar Ro (qu'ils ont vaincu pour la première fois il y a déjà 50 ans dans Justice League of America vol. 1 #3, (février 1961). C'est toujours dessiné par l'épouvantable Ed Benes mais au moins même Batman est convaincant en tacticien de l'équipe. C

    • Legion of Superheroes (vol. 6) #40
      Lightning Lad, qui était un incompétent total ces derniers temps, commence à progresser dans son rôle de nouveau Leader, ce qui est un peu rassurant. La Princesse Projectra en revanche continue sa descente aux enfers depuis la destruction de sa planète Orando et la perte de son statut royal. C

    • All-Star Superman #10
      Toujours aussi traditionnel dans sa réadaptation d'histoires de l'âge d'argent au goût du jour. Mais je dois être la seule personne à rester hermétique au style graphique de Frank Quitely. Ses maniérismes exacerbés font que je ne sais jamais si un personnage est un squelette sorti d'un camp de concentration ou normal (Lois Lane), ou à l'inverse si c'est un monstre de Frankenstein enflé ou bien un héros (Superman, moins humanoïde que Bizarro). Mais d'un autre côté, certaines scènes sont charmantes, comme celle où Superman envoie une nuée de Kandoriens miniatures comme anticorps sur des cancéreux ou bien celle où il crée notre Terre (Terre-Q) comme une simulation de ce que serait l'univers s'il n'avait pas existé (on y voit passer notamment ce qui semble être Pic de la Mirandole, Nietzsche et enfin Joe Shuster).
      Je m'abstiendrai de noter, tout cela est plein d'une sincérité rafraichissante qui mériterait un B+ nostalgique mais les dessins de Quitely m'empêchent vraiment d'apprécier.

    • Uncle Sam & the Freedom Fighters #7/8
      Red Bee est sauvée de son infestation insectoïde et Miss America revient sous une nouvelle forme moins "nationale", Miss Cosmos. Le final assez prévisible sera sans doute une guerre contre les Aliens. Cette deuxième mini-série n'a pas vraiment su relancer le concept de ces héros rebelles, qui auraient sans doute besoin d'avoir leur propre Terre parallèle puisque leur concept (des rebelles idéalistes contre un gouvernement américain dystopique) s'harmonise mal avec le reste de l'Univers DC qui doit rester plus "consensuel"). B



  • Indépendants

    • Ex Machina #35
      J'espérais que l'histoire allait repartir avec la décision de Mitchell Hundred (élu maire de New York aux élections de janvier 2002) de se présenter comme candidat indépendant aux Présidentielles de novembre 2004 (?). Il choisit ici comme successeur son fidèle assistant noir Dave Wylie, qui est bien plus proche de Mike Flaherty dans la série Spin City que d'un token idéaliste comme le personnage de Carter Heywood. Mais l'histoire tente maladroitement de tisser une métaphore sur la question raciale aux Etats-Unis avec un fantôme d'esclave qui demande une cérémonie. Même Brian Vaughan peut parfois errer dans ses usages un peu lourdingues de métaphores (de même que je trouve toutes les intrigues d'intervention psychanalytiques un peu ratées dans Y the Last Man). B-

    • Savage Dragon #135
      Une critique souvent faite contre l'évolution des comics est qu'on sent moins de différence qu'avant entre un scénario original et une "fanfic" (fiction écrite par un fan). Le défaut de la fanfic est souvent que le fan d'un personnage cherche plus à rendre hommage à ce qui lui a plu et non pas vraiment à raconter une histoire. Savage Dragon - que j'aime beaucoup par ailleurs - donne souvent l'impression d'une fanfic officielle complaisante où l'auteur Erik Larsen veut faire des clins d'oeil à un groupe de fans dévoués. Ici, le Dragon retrouve le héros Prism de Seatle. Prism était apparu en même temps que la première apparition de Dragon dans un fanzine en 1982. Toute l'histoire est donc un hommage à une histoire que personne n'a lu à part une poignée fans de Seatle il y a 25 ans. Finalement cette fanficisation des comics pourrait presque être une sorte de dérive expérimentale d'autofiction déplacée : le vrai thème des comics de superhéros n'est pas seulement la power fantasy (devenir plus fort) mais un commentaire autoréférentiel sur sa propre enfance et sur les comics qu'on aimait à cette époque. B

    • The Sword #6
      C'est l'origine de l'Epée, qui remonte à l'époque proto-minoenne. Une prétresse crétoise Ida (comme le Mont Ida) avait eu quatre enfants avec un être divin (le Zeus crétois ?) : Knossos, Malia, Phaistos et Zakros (le nom des quatre cités principales de la Crète historique). Ce sont eux qui ont forgé l'Epée qui contient leurs pouvoirs divins mais un humain Demetrios vola l'Epée - avec l'aide de Malia -, il tua Phaistos et s'enfuit. Devenu immortel tant qu'il gardait l'Epée, il a été poursuivi par les trois demi-dieux survivants depuis des milliers d'années. L'héroïne Dara est la fille de Demetrios, tué par les trois demi-dieux dans le premier épisode, et elle jure ici de finir ce conflit millénaire en tuant de son Epée les assassins de son père. L'histoire risque de devenir plus traditionnelle avec une vendetta à la place de la fuite des épisodes précédents.



  • Univers Marvel

    • Mighty Avengers #11
      Les Vengeurs réunis partent en guerre contre le Dr Doom, revenu du passé. Malgré l'aide de la magie de la Fée Morgane, Doom est vaincu grâce à un afflux soudain de pouvoir de Spider-Woman (un indice ou une fausse piste sur sa vraie identité ?). Le style de Mark Bagley me semble moins fin et moins net, comme s'il se détériorait ou qu'il était surchargé. Il y a un joli flashback à l'époque de Morgane par Marko Djurdjevic. B

    • ClanDestine #3/5
      Dominic l'Empathe se retrouve sur une autre dimension avec l'équipe Excalibur (ou bien une autre version de l'équipe Excalibur ?). Walter, l'écrivain à l'eau de rose, commence de plus en plus à perdre le contrôle et devenir un Troll sauvage. Adam Destine (le père du Clan) se retrouve dans l'Himalaya chez son fils Albert le guérisseur, qui lui conseille de retrouver Yden, que je suppose être le territoire de leur mère la Djinn. Rory et Pandora, les petits derniers, se retrouvent face à des vampires. Une très belle bd par Alan Davis, même si l'histoire va un peu dans tous les sens. A

    • Secret Invasion 1/8
      C'est le début du nouveau grand cross-over de l'été 2008, l'Invasion secrète des Skrulls. Les Skrulls, race d'extra-terrestres polymorphes qui peuvent tous se déguiser en n'importe qui, sont dans l'univers Marvel depuis les premières origines, depuis Fantastic Four #2 en janvier 1962, sans doute inspirés par le grand film paranoïaque Invasion of the Body Snatchers, 1956. Ils ont déjà eu dans le passé certains succès pour infiltrer la Terre. Pendant la grande Guerre entre les Skrulls et les Kree dans Avengers vol. 1, #89 - 97 en 1972, on découvrait que le Président Richard Nixon lui-même avait en fait été remplacé par un Skrull !
      Ici, les Skrulls ont aussi gagné la capacité de ne plus être détectables, ni par magie, ni par l'odorat de Wolverine ni par la télépathie du Professeur Xavier. On en vient même à se demander si certains héros ne seraient pas des Skrulls sans le savoir. Je ne donnerai pas les noms des premiers Skrulls infiltrés mais Brian Bendis dit qu'il a mis des indices depuis trois ans qu'il a cette idée d'invasion. DC Comics avait déjà eu la même idée dans le cross-over de Steve Englehart Millenium en 1988 (où de nombreuses personnes étaient remplacés par des androïdes Manhunters) mais Bendis est allé plus loin en remplaçant des héros et non pas seulement des personnages secondaires, et avec une plus longue durée puisque il a pris le temps d'installer ces substitutions depuis plusieurs années. Le suspense est réussi et Bendis nous surprend même dans nos attentes de fans un peu blasés (non, l'Iron Man fascisant de ces derniers mois ne sera pas révélé comme un Skrull, ce serait trop facile). B+

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