Le sexe présente vraiment un problème littéraire. Toute écriture "neutre" deviendrait froide et anatomique et tout jeu de métaphores poétiques devient ridicule, kitsch, hypocrite et fuyant comme si le sexe était un cas où le symbolique ne peut épouser ni le réel ni l'imaginaire (et les étreintes de "catleyas" semblaient une allusion au fait de fuir la description de cette scène "personnelle" par un jeu de signes "intimes").
Jonathan Littell gagne la Bad Sex Award avec une scène des Bienveillantes (le Prix Goncourt 2006) qui semble tomber dans les deux défauts opposés à la fois : anatomie impersonnelle et allusions littéraires gratuites (à la mythologie grecque).
Mais quelqu'un connaît des scènes de sexe qui seraient vraiment par contraste "bonnes" (je ne dis pas seulement excitantes, car cela semble relativement plus facile, même si une scène pourrait être "belle" sans réussir à être très "suggestive" pour autant), sans être des périphrases évasives ?
Bomb Cyclone
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Il y a 4 heures
11 commentaires:
Dans mon souvenir, c'était très réussi ici : http://www.lexpress.fr/culture/livre/confession-sexuelle-d-un-anonyme-russe_806280.html
Mais :
1- je ne l'ai pas relu depuis des années il n'est donc pas impossible qu'il y ait un fort effet d'enjolivement.
2- le clinicisme ne me rebute pas spécialement et me parait même assez adapté aux scènes de sexe.
"comme si le sexe était un cas où le symbolique ne peut épouser ni le réel ni l'imaginaire "
Mon dieu! vous êtes devenu lacanien...
J'ai un faible pour la scène de sexe hyper intellectualisée du "Nom de la Rose" d'Eco, qui réussit le paradoxe de ne pas être excitante tout en étant totalement jouissive...
Apollinaire manie bien le sujet dans Lettres à Lou et les Dix milles verges.
Je croyais que les intellectuels ne pratiquaient que la masturbation cérébrale
House of Leaves de Danielewski,
en plus d'être un chef d'oeuvre délirant
comporte dans les notes de Johnny Truant
des scènes de sexe torrides dans un style
qui passe du vulgaire au sublime
à propose du langage secret des amants, mi-souffle, bruits, mots, noirceur.
En tout cas, ça casse la baraque.
La fille au yeux d'or (Balzac) me semble assez réussi ou alors Bataille.
Sade et Pierre Louys ? (pour compléter Apollinaire et Bataille)
Dans le fascicule #10 du Promethea d'Alan Moore, quand la demi-déesse est initiée aux mystères de l'amour tantrique par un mage noir décalqué sur un Jodorowsky décati ?
Nicholson Baker - le point d'orgue .
Merci à tous pour ces propositions !
(Qu'Elias se rassure, je crains que mes connaissances de Lacan n'aille pas plus loin que cette tripartition)
Cet article de Sonya Chung ("écrire sur le sexe est comme danser sur l'architecture") donne aussi une liste de conseils de métaphores à éviter (je ne suis pas toujours d'accord sur le caractère nécessairement ridicule des images "sacrées" ou religieuses). Chung ajoute même une recommandation positive pour une fois, un roman érotique de James Salter, A Sport and a Pastime (1967).
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