Voir les épisodes précédents : Saurians (1979) dans C&S par Wes Ives & Ed Simbalist, Lizardmen (1991) par William Tracy.
Pour une compagnie qui avait pris l'Homme-Lézard comme un de ses premiers logos de son entreprise (ci-dessus, de 1975 à 1978), TSR n'a pas si bien traité cette espèce de créatures dans D&D. Ils apparaissent dans le premier supplément Greyhawk (1975), p. 18, 33 & 37 comme des primitifs anthropophages (mais d'Alignement Neutres, pas Maléfiques) :
Number: 10-40, AC 5, Moves: 6''/12'' ; HD 2+1, in Lair 40%, Treasure D, Attack: 2 Claws (1d3), 1 Bite (1d8).Cela changera très peu dans la version AD&D du Monster Manual (1977), si ce n'est que E.G. Gygax insiste plus sur la variété de certaines tribus un peu plus "avancées", ce qui ouvre la voie vers des cultures des Lizardfolks (comme on les appellera ensuite pour éviter l'anthropocentrisme).
These aquatic monsters have a rude intelligence, using weapons such as spears and clubs. They are fond of human flesh, and they will generally capture as many humans as they can when offered the opportunity in order to take them to their lair and have a tribal feast. They live either wholly under water or in very wet places (65%/35%).
Le Monster Manual avait aussi ajouté d'autres créatures à écailles, les Troglodytes, qui sont la version plus chtonienne et chaotique maléfique
En 1980 paraît le Deities & Demi-Gods qui fournit (p. 111) le début de la mythologie des Hommes-Lézards avec leur dieu Semuanya, créé par Jim Ward (illustration par David S. La Force), dieu froid et amoral, qui ne s'intéresse qu'à la survie de son espèce à tout prix. Les Troglodytes reçoivent leur dieu monstrueux, Laogzed. Mais ce n'est que beaucoup plus tard, avec Monster Mythology qu'il va avoir une opposition avec le seigneur démoniaque des lézards Sess'inek, et même ensuite un mythe où Semuanya est un hermaphrodite qui a été divisé de sa parèdre femelle rationnelle, Kecula.
Dès cette époque, on sait que les membres de TSR eurent au moins un personnage-joueur homme-lézard, comme c'est raconté dans Rogues'Gallery (1980) p. 44-45. Jeff Leason (co-auteur du module Hidden Shrine of Tamoachan de 1980) jouait Phoebus, un Guerrier humain neutre de 10e Niveau qui fut tué mais réincarné par un Druide en un Homme-Lézard à la force colossale (18/00) tout en gardant son intelligence (comme cela était aussi arrivé par coïncidence à un Nain métamorphosé dans un des comic-books de fantasy de Wally Wood au début des années 1970). Phoebus est devenu un mercenaire qui a un rituel intéressant de Pacte de Sang pour se lier à un de ses alliés. On voit l'homme-lézard sur l'illustration (par Jeff Dee) avec son trident magique aux côtés de deux autres personnages des campagnes des années 70, Luther le Moine (Loyal Bon) et Lassiviren l'Assassin (Loyal Mauvais).
Phoebus ne fut pas oublié et réapparut 27 ans après comme PNJ dans un article sur une auberge inter-dimensionnelle, "The World Serpent Inn" d'Erik Boyd (Dragon #351, janvier 2007, p. 26), où il est monté au 13e Niveau comme garde de l'établissement. Mais Boyd néglige tout le rituel du Frère de Sang, qui pourrait donner bien des scénarios : Phoebus est tellement lié à ses "frères" qu'il peut retrouver même leur cadavre en se servant de ce lien.
Dès 1981, TSR-UK ajoute dans le Fiend Folio (p. 61) une variante créée par un certain "Stephen Home", le Lizard King, qui est plus puissant (HD 8) et Chaotique-Mauvais. Je n'y ai vu aucune allusion claire au célèbre surnom de "shaman" de Jim Morrison. Le texte pourrait impliquer qu'il ne s'agit que d'une différenciation sociale de dirigeant puisqu'il est dit contrôler 10-100 suivants hommes-lézards dont il exige des sacrifices quotidiens. Mais la suite en fera plutôt une autre espèce, un hybride démoniaque qui adore le seigneur-démon Sess'innek alors que la plupart des Hommes-Lézards "normaux" adorent le dieu neutre Semuanya. L'illustration du Fiend Folio le montre ensuite luttant contre les Lava Children, des humanoïdes chtoniens.
On retrouvera ce type de Roi Lézard l'année suivante dans le module de 1982, I2 Tomb of the Lizard King de Marc Acres (Niveau 5-7). Mais le Roi Lézard du titre, Sakatha, est d'une puissance augmentée puisqu'il s'est servi d'un Anneau des Trois Voeux, devenant à la fois Magicien du 9e Niveau et, à sa mort, un Vampire.
L'aventure se déroulait dans un lieu générique nommé "Comté d'Eor" mais il a été situé rétroactivement en "Vicomté de Nume Eor" au sud du Keoland dans le monde de Greyhawk, juste à côté du Marais de Hool où se passe aussi le cycle de Saltmarsh (voir les cartes chez Anna Meyer). Les personnages croient au début lutter seulement contre des brigands avant de remonter au vrai chef caché dans son tombeau, Sakatha, à la secte humaine qui l'adore, à son Dragon noir Aulicus et à ses Hommes-Lézards Vampires. C'est un donjon assez traditionnel mais un détail est que les informations pour retrouver la Tombe du Roi-Lézard devront venir d'interrogatoires de sectateurs à moitié fous de Sakatha, ce qui pourrait donner un peu de roleplay. Le module a peut-être inspiré aussi en partie Island of the Lizard King (1984), un des premiers livres-jeux dont vous êtes le Héros de Fighting Fantasy.
La même année 1982 est faste pour les Hommes-Lézards puisque c'est aussi la parution du module U2 Danger at Dunwater, par Dave J. Browne et Don Turnbull. Cette série de scénarios U pour débutants est peut-être une des meilleures éditées par TSR (en fait par la division britannique TSR-UK). Le premier module du cycle du Marais Salant, U1 The Sinister Secret of Saltmarsh (1981) commence certes trop comme une histoire de Scooby Doo mais ensuite il y a un retournement qui peut être intéressant. Le cliché des scénarios D&D depuis la série contre les Géants était qu'on affronte un Vilain qui conduit à un autre Vilain qui manipulait le précédent. Ici, la partie contre les Hommes-Lézards exploite enfin la société neutre de ces adversaires et elle ouvre la possibilité de s'allier à ceux-ci contre les vrais ennemis - même si la succession risque trop de pousser les personnages à massacrer pas mal d'Hommes-Lézards avant de se rendre compte de cette possibilité.
Mais franchement, comment feraient-ils pour ne pas finir par avoir de la sympathie pour nos écailleux avec des illustrations comme celles-ci :
Il serait possible de faire une série saurienne en enchaînant la série U (au sud du Kéolande, Niveau 1-5) et ensuite le I2 (Niveau 5-7) : les personnages pourraient même être d'autant plus surpris par les Hommes-Lézards maléfiques du I2 s'ils ont pu fraterniser avec ceux plus civilisés du U2. Le module N1 Against the Cult of the Reptile God (Niveau 1-3, 1982) se situe plus au nord du Kéoland, à la frontière de la Gran-Marche et tourne autour d'autres créatures à écailles, Troglodytes et Nagas.
3 commentaires:
Chuis pas le seul à aimer les hommes-lézards, cool cette série d'articles. Merci !
L'Île du Roi Lézard est un des rares livre dont vous êtes le héros que j'ai joué. Et il est extrêmement mortel. Si quelqu'un a réussi à vaincre le roi lézard sans tricher, il est franchement fort.
> Fred Mestre
C'est plus facile que de faire les suppléments sur les Nains ou les Elfes, qui sont trop nombreux. :)
> Fabien Lyraud
Je n'y ai quasiment joué en lançant vraiment les dés, je crois (à part les premiers de la série Lone Wolf, peut-être). D'après l'entrée sur l'Encyclopedia Titannica, il y a un peu moins de pièges (surtout par rapport au Labyrinthe de la Mort) mais plus de combats que dans la moyenne.
L'analogie de l'Île avec la Tombe du Roi Lézard est que ce dernier est aussi un sorcier mais le Roi Lézard du "LDVELH" a une magie dite "vaudou" et dirige une Île de Feu plus "caraïbe" (même si l'île de Feu dans la "Baie de l'Huitre" est juste à l'ouest de la côte de l'Allansie, près de la cité de Port Blacksand). Dans les deux cas on doit libérer des prisonniers qui vont se faire sacrifier.
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