Casus Belli n°10, septembre 1982, 40 pages.
T. Martin revient avec quelques idées de scénarios pour Space Opera (voir le n°8). Les pistes ne font que quelques lignes. (1) Les personnages vont explorer un monde nouveau. (2) Ils vont faire une mission d'espionnage ou de sabotage pour les Services secrets de la Fédération, ou bien être envoyés en mission-suicide pour organiser un coup d'Etat. (3) Ils explorent un vaisseau-fantôme. L'article fait remarquer qu'il sera toujours plus facile de faire de l'Heroic Fantasy (où tout le monde reconnaît les mêmes références, en dehors de la Magie : on n'a pas besoin d'expliquer ce qu'est une "dague" ou une "armure") que de la SF (où les joueurs doivent faire des efforts pour apprendre comment fonctionnent les lois de cet univers). C'est convaincant (et l'éditeur d'Empire galactique Gérard Klein critiquera d'ailleurs dans la domination actuelle de l'Heroic Fantasy une preuve de l'abaissement de la culture générale scientifique et des Lumières) mais je crois qu'il y a quand même une part de contingence historique : si Traveller ou Star Wars avaient été le premier jeu de rôle et s'ils avaient instauré les conventions du jeu, l'univers de SF générique "par défaut" paraîtrait aussi "naturel" que les Elfes, la Magie vancienne ou les Classes de D&D.
Devine qui vient dîner ce soir... On continue les traductions de White Dwarf avec le Xylo-esprit (Birch Spirit WD #28, décembre 81), spectre d'une Dryade qui possède un bouleau, et les Anubi (WD #29, février 1982), hommes-chacals qui pourraient compléter les Félys du n°2.
Le Bazar du Bizarre est une suite d'épées magiques assez simples (Epée vampire, épée adaptée au combat sous l'eau, dague des Dunedain qui désintègrent les Morts-Vivants).
L'auberge du Troll farceur est écrit par Bruce Heard. Heard est un peu trop sous-estimé dans les auteurs D&D. Franco-américain, il commença par traduire les produits TSR en français et partit ensuite travailler sur Basic D&D à Lake Geneva. Il y écrivit certains des meilleurs Gazeteers du Monde Connu de Mystara, le baroque Gazeteer 3 The Principalties of Glantri (1987), le Gazeteer 10 Orcs of Thar (1988) ou Savage Baronies (1995). Ici, l'Auberge n'est pas vraiment un "module" mais le plan d'une Auberge avec une longue table d'événements aléatoires pour agrémenter des passages à l'intérieur d'un scénario. C'est vraiment intéressant comme outil d'improvisation et j'aime bien quelques fausses pistes (comme ces enfants de l'aubergistes qui vont "jouer aux fantômes" pendant la nuit, ce qui aurait obligatoirement des effets désastreux sur des personnages-joueurs légitimement paranoïaques). Le numéro suivant reprécisera des règles sur la résistance à l'alcool pour les beuveries dans l'établissement.
Nouvelles du Front passe une page en annonçant tristement la fermeture du Club de Donjons & Dragons de la Rue d'Ulm (ainsi que celui de Saint-Rémy) pour cette rentrée 1982. Ce n'était pas par manque d'effectifs mais au contraire à cause de son succès car il y aurait eu, selon l'article, certains soirs "des centaines" de visiteurs en touristes qui perturbaient l'organisation (et volaient des livres de règles). Les élèves de l'ENS y étaient en fait assez peu nombreux et je présume que la relève n'a pas été faite pour obtenir les salles de l'Ecole (le "Comité d'Organisation des Fêtes" ne date, je crois, que de 1986 et j'ignore comment fonctionnaient les associations d'élèves avant cette date). C'est rue d'Ulm, à côté de Jeux Descartes et l'Oeuf Cube, que FMF, Guiserix et Gros Bill avaient fait leurs campagnes et cette fermeture vient donc au même moment où FMF passe la main à la tête de Casus Belli.
3 commentaires:
SF vs Fantasy: je pense que les tropes de la fantasy sont plus nombreux et plus riches que ceux de la sf (starwars est souvent assimilé à de la fantasy à peine déguisé). Les tropes sf remontent au positivisme et à jules vernes, ceux de la fantasy au monde mythologique pré-chrétien...
Personnellement, la lecture des extraits de hard sf qui vous ont permis d'illustrer mindjammer sonnent à mes oreilles comme un bric-à-brac new age, et stylistiquement peu enthousiasmant. Par exemple, je trouve les synthèses faites du transhumanisme comme mouvement littéraire intéressantes thèmatiquement mais leur usage ludique et/ou leur simple lecture me paraisse plus problématique. En fait je ne comprends pas comment de nouveaux modèles narratifs/paradigmes peuvent éclore sur ce sol métallique. Je fais un peu le troll à dessein, parce que c'est une question qui me titille depuis la lecture avortée de ce raseur de dan simmons.
@ Anonyme : c'est un long, très long débat. Je propose qu'on se croise à la Fnac pour en discuter ^_^
Bon, Dan Simmons est quand même un bon auteur même si je trouve des choses inégales dans son oeuvre (mais au moins il se fait plaisir).
@Anniceris : merci pour ce petit moment de nostalgie rolistique. Quo vadis et Quid du Club d'Ulm ?...
> Anonyme
Les médiocrités de mon propre exemple sur Mindjammer ne pourraient pas incriminer tout le genre, c'est seulement que je n'écris pas bien !
La Hard SF a souvent le défaut d'être trop didactique (même chez mon favori, Greg Egan) et de se désintéresser trop des personnages. Mais ceux de la fantasy sont souvent en carton pâte aussi...
Je me suis aussi un peu ennuyé en lisant Dan Simmons et je ne comprends pas vraiment pourquoi. C'est très riche mais cela me donne toujours une impression de synthèse de bonnes idées qui ne "prennent" pas.
> Desmeil
A ma connaissance, le Club de la Rue d'Ulm n'existe plus du tout. Il y a eu un club de l'ENS à l'intérieur de l'Association des élèves mais comme ils ne demandaient pas d'argent à l'Association, il a peu à peu disparu.
Vers 1990, ils avaient encore une curiosité ancienne, le jeu Heroes, 1979. Le système était très curieux : on créait un personnage dans les Âges sombres (vers le IXe siècle) dans une cité qui était de toute évidence une Venise encore archaïque et toutes les tables aléatoires n'étaient faites que pour jouer dans ce cadre ultra-restreint de la campagne de l'auteur Dave Millard. Mais je n'ai pas revu les règles ensuite et je crois qu'elles ont été volées...
Il y avait aussi un petit joyau injouable de la même année 1979, le jeu de société Freedom in the Galaxy et un visiteur kleptomane a dû le voler aussi.
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