C'est l'ancienne stagiaire de la Maison blanche Monica Lewinsky qui a le mieux résumé toute la Présidence de Trump en disant dès son élection que c'était la victoire des Trolls.
Trump n'a pas de cohérence idéologique ou politique, il n'est pas fondamentalement fasciste même si depuis quelques années c'est bien du fascisme et du racisme qu'il répète sans cesse. Bien avant sa croisade ridicule pour démontrer qu'Obama n'était pas né sur le territoire américain, il avait payé cette page dans les journaux pour faire accuser des Noirs innocents. Mais ce qu'il est, en plus d'un Pervers narcissique est avant tout un Troll.
Cela conduit certes souvent vers le fascisme parce que le Troll tire une satisfaction sadique et que son manque d'empathie le rend plus compatible avec l'Ur-fascisme. Il n'a pas de théorie sur l'utilité de la discrimination ou de l'injustice mais sa motivation est seulement que l'injustice le fait jubiler parce qu'il sait qu'elle nuira à ceux qu'il perçoit comme ses cibles à humilier. On pourrait même imaginer des contextes où il pourrait ne pas être fascisant par esprit de contradiction si cela lui permettait de troller davantage (comme à l'époque où il prétendait être un Démocrate new yorkais atypique il y a une trentaine d'années).
Par exemple, Trump n'est pas anti-sémite contre son gendre (il a tout au plus une rivalité avec son double plus jeune) mais il est capable de basculer dans l'anti-sémitisme le plus virulent (contre les Juifs qui votent "mal" contre "les intérêts d'Israel" si jamais ils osaient le critiquer) si cela lui semble procurer le maximum de "lulz". Le fascisme n'est pas son but caché, ce n'est qu'un exutoire à sa personnalité de sociopathe. Il n'a pas une personnalité autoritaire parce qu'il saurait ce qu'il veut imposer, il se sert de l'autoritarisme pour mieux se défouler dans ses caprices infantiles.
Même son racisme récurrent contre les Noirs ou les Hispaniques exprime sans doute plus d'égocentrisme mégalomane ("I have good genes") qu'une vision du monde générale sur la biologie. Il n'y a d'ailleurs aucune vision du monde quelle qu'elle soit au-delà de son nombril. Le fait même qu'il soit devenu si obsédé par Twitter est que cela s'adapte bien à sa forme de narcissisme lapidaire, réactif, hostile et plein de ressentiment.
Quand on lit la liste des 9 critères du DSM sur le pervers narcissique, on a l'impression que la liste n'est pas générale et n'a été écrite après coup que pour décrire Trump lui-même.
Bomb Cyclone
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Il y a 11 minutes
8 commentaires:
La question est plutôt : pourquoi de plus en plus de personnes, dans les démocraties (ou réputées telles), votent-elles pour des trolls (cf. Brésil, Italie, Royaume-Uni...)
Une explication est peut-être que les Trolls apparaissent moins "aseptisés" et que leurs vices conviennent mieux pour conquérir le pouvoir.
J'ai l'impression vague d'une marée de Ressentiment. Dans le cas de Berlusconi ou Trump, c'est étonnant de réussir à prendre des millionnaires comme héros populistes.
L'énigme que représentent Trump comme avant Berlusconi pour moi, c'est comment ils ont fini par obtenir le soutient massif des partisans des "valeurs traditionnelles" alors qu'ils les incarnent si mal.
Concernant Trump, il y a un argument que j'ai lu à deux occasions chez des conservateurs qui expliquaient pourquoi ils soutenaient Trump en dépit de tout ce qui devrait le rebuter chez eux : "lui au moins il ne s'excuse pas". Comme s'il valait mieux un gars qui n'a aucun surmoi que quelqu'un qui aurait un surmoi un tant soi peu "progressiste".
Oui, ce qui va un peu avec un fond de Troll (au moins, il n'est pas Politiquement Correct). Trump a commencé sa campagne en disant que les Mexicains étaient des violeurs et il a gardé une base fidèle à environ 40% tout le temps.
Beaucoup d'Evangélistes conservateurs le soutiennent avec ardeur malgré tout son hédonisme matérialiste de New Yorkais, et ils arrivent à se persuader qu'il a été Oint par le Seigneur.
Certains des Républicains qui le critiquent reviennent presque à chaque fois à lui en disant "au moins, il nommera les Juges dont on a besoin".
Trump, c'est un gars sympa!
J'aime beaucoup cette courte analyse de caractère : "Trump's world is one of resentment and paranoia. It's what fuels him. It's what colors every interaction he has. It's what explains why he acts the way he acts."
Sur le soutien aux originaux aux cheveux oranges, je pense qu'il s'agit d'un réflexe "anti-système". (il y a aussi un comédien qui s'est fait élire en Ukraine) Mine de rien, c'est la démocratie à l’œuvre...
Sur la créature du Ressentiment et de la Paranoia, on disait aussi beaucoup cela de Nixon (qui était bien plus brillant que Trump quel que fût son cynisme). Nixon est l'un des rares Présidents nés assez pauvre (il y a aussi Clinton) et qui a eu une ascension sociale fulgurante et il en voulait à la Terre entière car il pensait qu'il avait plus fait ses preuves que les autres.
La démocratie a quand même besoin de ne plus nous donner des brutes comme Duterte ou Bolsonaro. Qu'elle arrive à tomber sur des Populistes-Millionnaires comme Berlusconi ou Trump est sans doute une dénonciation des dérives de la démocraties.
(En y réfléchissant et malgré les analogies entre Trump et cet aristocrate de Johnson, je ne mettrais pas tout à fait le Brexit au même niveau car malgré tous les côtés auto-destructeurs de ce choix, il traduit une très vieille hostilité qui ne se réduit pas à de la désinformation récente).
Il semble que Zelensky, l'humoriste TV ukrainien, travaille bien assez directement pour un Oligarque, Igor Kolomoyskyi, qui avait déjà financé Yulia Tymochenko ou Victor Yuschchenko.
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