Je suis toujours étonné de voir à quel point l'Inde joue peu de rôle dans notre culture populaire de bd et de jeux, comparée à la Chine et surtout au Japon. L'explication doit venir du fait que les USA ont eu une sorte d'attitude d'indifférence vis-à-vis de l'Inde, bien qu'anglophone et membre du Commonwealth, alors que leurs vrais alliés régionaux ont été plutôt les pays musulmans ou l'Extrême-Orient. Si le Royaume-Uni était la puissance hégémonique, l'Inde aurait gardé une place plus importante dans nos représentations et ne se serait pas réduite au Yoga et à quelques gourous.
D&D est assez centré sur l'Occident mais le Deities & Demi-Gods (Legends & Lore) d'AD&D a un chapitre de 5 pages sur le panthéon "indien". Les auteurs James Ward et Rob Kuntz disent qu'ils ont mélangé un panthéon plus védique (Indra comme chef du panthéon) et quelques concepts plus tardifs du brahmanisme. Les choix d'alignement sont parfois surprenants. Il y a Indra (dieu CN), son éléphant (vous serez enchanté d'apprendre qu'Airavat a 150hp et fait 5 attaques qui font 2d10 dégats), Agni (CN), Kali (CE), Karttikeya (CG) et son paon, Lakshmi (CG), les Maruts (N), Ratri (déesse de la nuit assez mineure mais elle doit être là à cause du roman Lord of Light, NE), Rudra (LN ?? ils ne précisent pas qu'il est Shiva, que je verrais vraiment CN), Surya (LG), Tvashtri (N), Ushas (NG), Varuna (LN), Vishnu (LG), Garuda (CG), Yama (LN) et son buffle. Oui, pas de Ganesh, curieusement, et pas de Brahma.
Dans les 16 Plans d'alignement, il y en a un qui a une vague référence à l'Inde, mais bouddhiste, c'est le Nirvana, décrit comme Plan Loyal Neutre. Jeff Grubb dans Manual of the Planes, 1987 (p.85) précise que le Nirvana est surtout le domaine de Primus, chef des Modrons, Anu (du panthéon babylonien) et Shang-ti (bureaucratie céleste) mais rappelle aussi Varuna, Rudra et Yama. Dans D&D3 et son nouveau Manual of the Planes, 2001, le Nirvana devient seulement Mechanus.
Je n'énumererai pas les monstres qui viennent de mythes indiens (Rakshashas, etc.) mais certains sont de toute façon très modifiés (les Nagas par exemple deviennent maléfiques).
Les univers de D&D ont souvent un pseudo-Proche Orient des Mille et une nuits arabes mais presque jamais de pseudo-Inde. Les Royaumes Oubliés ont des petits royaumes riches avec des Maharajahs et des castes au sud (Shining South), Estagund, Durpar et Var la Dorée, mais ce ne sont que des détails mineurs situés entre Faerun (l'Europe) et Zarakha (le Califat arabe). Le Known World de Mystara avait Sindh et Jaibul (notamment décrits dans Champions of Mystara), mais ils n'insistent guère que sur un désert pauvre, ce qui ne paraît pas très indien...
Je parlais hier encore des Wilderlands of High Fantasy, l'univers de Judges Guild, et il y a bien une Inde dans ce monde qui a l'air d'avoir une certaine importance, mais elle est surtout hors-carte. Voir le Player's Guide to the Wilderlands, p.52, le royaume antique de Karak, qui est un mélange de Mongols (cavaliers), de Mayas (leur ancienne capitale s'appelait "Populva") et d'Inde (castes sociales rigides et panthéon védique). Ils disent qu'ils adorent les mêmes dieux déjà décrits dans Deities & Demi-Gods, si ce n'est qu'ils appellent ici Indra "Kara", dieu principal des Karakhans.
On le voit, le rôle de l'Inde est assez maigre dans D&D. L'aspect le plus essentiel doit être le mot "Avatar" qui est devenu si important à partir de la seconde édition d'AD&D pour désigner des Dieux-avec-des-caractéristiques (la fameuse philosophie hack&slay, if it has stats, you can kill it).
mardi 15 janvier 2008
L'Inde dans D&D
Publié par Phersv à 18:41
Libellés : bharatavarsa, jdr
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