L'électorat de Trump montre une crise du GOP et de la base républicaine (les électeurs blancs peu éduqués du Ressentiment que le GOP a cultivé contre les Démocrate depuis le début de la Stratégie Sudiste de Nixon il y a 50 ans). Ils ne sont quand même pas assez naïfs pour penser que Trump peut représenter des valeurs évangélistes ou être plus proche de la "base" et pourtant ils lui pardonnent toutes ses frasques et votent pour lui. Cela prouve que ce qui les attire le plus n'est pas un programme mais bien une garantie d'une personnalité "dure", "ferme" ou "forte", ce discours du Père strict et déçu par ce que devient l'Amérique. On s'étonne que ses gaffes ne le desservent pas mais elles sont au contraire une des raisons de son succès dans cette base (mais sans doute pas sur le pays entier). Ce qui leur plaît est justement qu'il insulte les Hispaniques, les musulmans, les journalistes, les LOSERS ou même les élites du GOP (il est surprenant de ce point de vue de voir Trump battre Ted Cruz, le candidat du TEA Party même dans les évangélistes et ces éléments de révolte contre le Parti). Trump n'a même pas besoin d'avoir prouvé de la moindre manière qu'il était un "dur" pour faire croire qu'il en est un, même contre de vrais vétérans comme McCain. Il y a une circularité du dogmatique : plus on affiche son culot, plus on atteste qu'il est fondé.
Une des données surprenantes est que même les Républicains de Caroline du Sud d'origine hispanique auraient préféré Trump à Ted "Rafael" Cruz et Marco Rubio, même après toutes les attaques de Trump contre les immigrés mexicains. Et de même les Evangélistes (qui en toute logique devraient voter pour Cruz) ont dû se vendre finalement plus à une théologie de la Prospérité qu'à leurs prétendus principes bibliques. La persécution d'étrangers vaut bien de suivre un Mammon.
Ce qui plaît le plus à ces fans est donc non pas seulement un dynamisme extraverti et charismatique ou sa notoriété télévisée mais surtout l'impression qu'il représentera mieux la figure de la violence. Il ne promet rien de précis, il ne fait qu'afficher une perplexité pleine de confusion, de colère et de rancoeur (son slogan le plus répété est "What's going on? we need to know what's going on! We won't let Muslims enter the country until we figure out what the hell is going on"). Il vend très efficacement un personnage binaire de cartoon et ne s'en cachent même pas, cela fait partie du spectacle auto-caricatural. Ces fans exultent quand il dit qu'il aimerait tuer des journalistes ou qu'il restaurera davantage de torture. Il est le candidat cathartique du ça. Même s'il est en réalité plus modéré et plus proche de l'establishment, ils croient y voir une réalisation par procuration d'une revanche, d'un nouveau candidat know-nothing (avec l'Hispanique et le Musulman à la place du Catholique). Leur racisme conduit 20% d'entre eux à refuser encore aujourd'hui l'abolition de l'esclavage.
Trump est un histrion narcissique et il doit être le premier surpris de se voir monter si haut (tout le monde remarque d'ailleurs qu'il a engagé pour l'instant relativement peu d'argent grâce à sa notoriété). Mais nul ne sait ce que donnerait dans la réalité sa Présidence si par malheur il réussissait jusqu'au bout. En un sens, malgré toute sa démagogie raciste, il paraît moins dangereux et moins idéologique qu'un Ted Cruz. Au moins, il y a une possibilité qu'il n'ait aucune intention de faire ce qu'il annonce plus ou moins vaguement. Et il est plus facile à battre qu'un Marco Rubio.
7 commentaires:
La question qu'on peut commencer à se poser maintenant c'est : "qui prendrait-il pour la vice-présidence" ? Quelqu'un de "complémentaire" en terme de profil politique comme c'est l'usage ?
Brian Leiter parie pour un de ses fils !
Ou sa fille.
Voir aussi ce très bon article par Matt Taibbi.
Extraordinaire, le sondage sur l'abolition de l'esclavage...
“Une des données surprenantes est que même les Républicains de Caroline du Sud d'origine hispanique auraient préféré Trump à Ted "Rafael" Cruz et Mar[c]o Rubio.”
Hm, pas vraiment : cherche la phrase “Did Trump win Hispanics in Nevada?” dans cet article.
Mais Nate Silver dit donc seulement qu'on ne sait pas trop à cause de la marge d'erreur mais au mieux ils auraient donc fait à peu près jeu égal. Cela reste surprenant.
Ce pays ne s'en sortira jamais.
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