Wonder Woman Historia: The Amazons, Book One (Kelly Sue DeConnick & Phil Jimenez), Interdit aux moins de 17 ans (!)
Cette série limitée sur les origines des Amazones est sans doute le meilleur titre jamais réalisé par DC sur Wonder Woman. Oui, meilleur que The Hiketeia. Certes quand même pas meilleur que Promethea si on la considère comme une version alternative de WW par Alan Moore.
Pourquoi est-ce si réussi ?
Phil Jimenez (qui fut aussi le scénariste et dessinateur de WW en 2000-2003) a souvent été sous-estimé comme un sous-George Pérez (en peut-être un peu plus rigide parfois dans ses anatomies) parce que c'était ainsi qu'il se présentait lui-même comme le continuateur ou le porteur de flammes de ce style de comics américain. Mais ici, il a ajouté une influence plus complexe encore qui me rappelle d'ailleurs le psychédélisme druilletien qu'a fait Liam Sharp sur Green Lantern ces dernières années ou ses jeux sur les graphismes celtiques à la Jim Fitzpatrick dans la série limitée The Brave & the Bold: Batman & Wonder Woman.
George Pérez adorait dessiner les Olympiens mais en dehors de quelques perspectives Escheresques sur l'Olympe, ils demeuraient très anthropomorphiques et Jimenez a souvent été fidèle à ce modèle. Mais ici, peut-être en partie inspirés par les réinventions "totémiques" par Brian Azzarello & Cliff Chiang il y a une douzaine d'années) la scénariste Kelly Sue DeConnick et lui ont choisi des représentations bien plus inhumaines des Olympiens qui feraient passer les Célestes de Kirby pour de simples cosmonautes. Ils deviennent des formes transcendantes plus "sublimes" ou effrayantes.
Voici par exemple, rien que pour prendre les premières pages au début, les Déesses Hestia, Artemis, Hécate, Aphrodite et Athéna :
Aphrodite en Vénus de Willendorf ruisselle du sang d'Ouranos, la géométrie des Trois Têtes de Hécate est déjà non-euclidienne et Athéna a rarement été aussi inquiétante en panoplie spectrale désincarnée, une égide sans visage.
Mais c'est sans doute Héra en déesse recouverte des Yeux d'Argos et de Plumes de Paon qui est la plus réussie.
Je n'avais pas vraiment apprécié la bd de sexploitation à la Tarantino dans l'Amazone d'Oracle n°9. Mais ici le thème de la violence patriarcale me paraît globalement mieux fait, même si c'est avec la même amertume et la même cruauté. C'est sans doute une des meilleures bd sur l'Antiquité que j'ai lues depuis la fabuleuse déconstruction du mythe spartiate dans Three (2014) de Kieron Gillen ou la dramatisation de la guerre de Troie dans Age of Bronze.
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