Voir les n°1-5
Tome 6 Sylvain Cordurié, Stéphane Bervas Le Supplicié 2015
Homère, maintenant aveugle et guidé par Cydippé (tome 5), est accueilli chez un inconnu. Il lui raconte comment Perséphone avait aidé Sisyphe à se libérer de son éternel châtiment et comment le rusé Sisyphe s'était vengé des Olympiens en délivrant les Titans du Tartare. Les Titans se font ensuite passer pour les Olympiens sur Terre pour les discréditer. La Seconde Titanomachie se finit dans une défaite relative des Olympiens, quand Kronos obtient comme tribut les Champs Elysées à la place du Tartare. Mais quel sera le destin du plus rusé des mortels ?
Contrairement à ce que j'avais dit au début sur le fait que tous les héros étaient originaux, ce volume 6 est donc le premier à avoir pour héros un personnage des mythes grecs traditionnels même si l'histoire est nouvelle. Un défaut de l'histoire est que les New Teen Titans avaient déjà fait une version avec une base assez parallèle où les Titans mythiques s'évadaient du Tartare. L'originalité n'est donc pas ici la Titanomachie mais le fait d'y ajouter la vengeance de Sisyphe. Sylvain Cordurié écrit aussi le dernier volume qui raconte à nouveau une guerre entre les dieux.
En passant, dans cette version, Ulysse est né du viol d'Anticlé par Sisyphe alors qu'il y a des versions, si je me souviens bien, où c'est Autolycos qui voulait que Sisyphe engendre son petit-fils.
Tome 7 Antoine Tracqui, Lucio Leoni, Emanuela Negrin Le clairvoyant 2016Homère, qui commence à préparer l'
Iliade, et Cydippé rencontrent à Lacédémone un enfant nommé
Philométis qui leur raconte l'histoire de cet album. Homère croise
Lycurgue qui est en train de créer la Constitution si particulière de Sparte.
J'avais parlé d'un thème prométhéen de la série depuis le début mais ici il s'agit d'une version évhémérisée (historicisée ou humanisée) de la légende de Prométhée.
Après la chute de la civilisation mycénienne, les Olympiens déclinent et sont remplacés par un culte matriarcal, la Potnia Theron. Mais Zeus et Héra vont manipuler les deux jumeaux (mortels) du Titan Japet, Protogonos (Epiméthée) et Deuteron (Prométhée le Clairvoyant) pour assurer le retour de leur culte. Ce Prométhée explore le passé comme Homère est en train d'essayer de ressusciter la Guerre de Troie.
C'est l'un des volumes les plus ambitieux dans la complexité de son scénario par le romancier Antoine Tracqui. Ce Prométhée n'a pas volé le feu aux origines, il tente de voler l'immortalité, comme Sisyphe, et de protéger la flamme de la civilisation face à la tyrannie des Olympiens, qui ressemblent un peu à la version qu'on voyait dans Il était une fois l'espace... la Planète Mytho (des sortes d'extraterrestres géants plus que des dieux).
Dans les voyages de Prométhée, il est un peu curieux de le faire rencontrer brièvement Moïse en fondateur du monothéisme pour qu'il en tire une relativisation du divin et on a parfois l'impression qu'il y a eu une saturation de thèmes (le Matriarcat originel, le
Culture Hero comme diffusion et non création - on voit une mise en parallèle de Lycurgue le Législateur Borgne et de ce Prométhée philosophe).
Athéna apparaît dans une scène comme ne valant pas tellement mieux qu'
Arès et c'est une des idées qui revient assez souvent dans la série qu'Athéna est plus intelligente mais pas moralement supérieure aux autres Olympiens.
Tome 8 Patrice Lesparre, Fabio d'Auria, Roberto Viacava Le héros
P. Lesparre avait déjà fait le tome 4, Le Malformé et il écrit aussi la suite. Ca commence mal avec une nouvelle scène de viol où Zeus abuse de Cydippé comme il se l'était promis dans le tome 5. On me dira que c'est assez fidèle à ce qu'est Zeus mais cela devient un peu récurrent dans la série. Je croyais que cela signifierait que Cydippé aurait un enfant de Zeus mais non, la vengeance de Zeus n'est pas finie.
La suite a une progression tragique mais l'unité des thèmes ne m'y apparaissent pas toujours clairement parce que la série anthropomorphise toujours les dieux et traite ses héros comme des humains parfois assez banals. On suit Belphoron d'Eretrie (île d'Eubée) qui voudrait devenir un Héros immortel et qui est assez doué pour vaincre le monstre Scylla. On va voir aussi des origines mystérieuses de Hécate et Empusa. Hécate est représentée comme une "jeune" déesse qui serait une fonctionnaire dans l'administration de Zeus, avec des fonctions plutôt positives de fertilité et de sauvetage en mer (?? comme Leucothée ?) et qui va progressivement avoir un déclin de son "portfolio" pour devenir déesse des chiennes, des carrefours et de la sorcellerie, avec sa maîtresse Empousa en première fondatrice des Vampires occidentaux classiques. Hécate est une déesse peut-être plus ancienne, pré-hellénique, mystérieuse et fascinante (même si certains mythes la réduisent parfois à un aspect d'Artémis) mais ici elle n'est guère qu'une super-ado cruelle et capricieuse.
Tome 9 Patrice Lesparre, Roberto Jorge Viacava La louve
On dirait une version très sanglante de Wonder Woman. Thalystris est la princesse orpheline des Amazones massacrées par le dieu Arès, exilé de l'Olympe pour avoir tué un fils d'Héphaïstos (dans le tome 10 ils disent que ce fut un fils de Poseidon). Elle réussira avec son armée à vaincre le dieu et ses Spartiates mais un des fils d'Arès Deimos continue de la poursuivre. Homère et Cydippé tenteront d'arrêter ce dieu fou. On revoit passer une Athéna relativement amorale et qui ne brille guère que par le fait de ne pas être Arès.
Ce doit être le volume avec le plus de massacres et membres tranchés. Viacava me semble parfois avoir des anatomies avec des anamorphoses. Les noms de certains personnages sont parfois peu grecs (Marcus, Samira).
Tome 10 Sylvain Cordurié
Dessinateur : Bojan Vukic Le déchu 2017
Homère est devenu une épave depuis l'assassinat de Cydippé. Zeus lui rend la vue et son pouvoir oraculaire pour comparaître pour le Procès d'Apollon, qui a tenté à nouveau de tuer son père. Pourtant, Homère est surpris de voir qu'Apollon, si vain, semble avoir évolué plus que bien des Olympiens. La partie "Procès" est assez fascinante mais la suite, plus violente, redevient plus prévisible.
C'est le final de la série et bien que l'album réussisse pas mal de péripéties (j'aime beaucoup l'idée d'avoir Hadès comme un des "héros" négligés parmi les Olympiens, le seul à être fidèle en amour même si Perséphone ne l'est pas), j'avais espéré un retournement plus surprenant. Je trouve la fin un peu décevante, avec son Homère en Sisyphe existentialiste haïssant les dieux et plein d'autonomie comme Oreste dans Les Mouches. Les auteurs de cette série se font une représentation très bizarre de nos premières épopées. Ils font comme s'ils souscrivaient à la conception platonicienne d'Homère en impie.
Dans la première pentalogie, j'avais préféré les volumes 5 (Cydippé), 4 (Melos), 3 (Léandre) et à présent mon favori doit être surtout le 7 (Prométhée) puis le 6 (Sisyphe) ou ce volume 10. Si vous aimez la mythologie grecque mais à condition d'avoir de la tolérance à l'ultraviolence des éditions Soleil, je recommanderais donc surtout le 5 (katabasis inspirée de Psyché et avec des graphismes originaux d'Erwan Seure-Le Bihan) et le 7 (évhémérisation de Prométhée).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire